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19 août 2024 1 19 /08 /août /2024 15:05


Résister, de ZAD en ZAD.

 


Certaines victoires sont porteuses des luttes à venir. Celle de Notre-Dame-des-Landes, à l’évidence, en est une. Pour la littérature officielle, une ZAD est une « zone d’aménagement différée ». L’humour est souvent la plus efficace des armes. ZAD : « Zone à défendre » ont traduit les militants et militantes de Notre-Dame-des-Landes. Alors se sont ravivés les souvenirs d’autres luttes pour d’autres lieux à défendre. Celle du Larzac contre l’extension du camp militaire. Celle de Plogoff contre le projet de construction d’une centrale nucléaire à la pointe du Raz. Sainte-Soline, autoroute A69... qui pourrait s’étonner de voir se multiplier les ZAD quand le pouvoir politique, au sommet de l’État, se fait le relai des lobbys du vieux monde et tient à répondre par la force à toute contestation.

 

 


Les ZAD, le pouvoir en a peur.

 

Alors que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, peut donner l’ordre aux forces de l’ordre de rester inertes face aux exactions des troupes agricoles menées par la FNSEA, c’est un véritable guet-apens qui attend, à Sainte-Soline, les militantes et militants invités à manifester pacifiquement, à l’appel des Soulèvements de la Terre.

 


Résister avec Les Soulèvements de la Terre.

 

 


A nouveau l’imagination en actes. En 2021, à l’occasion d’une rencontre sur la ZAD de Notre-Damedes-Landes, naît un manifeste « Contre l’apocalypse climatique, les Soulèvements de la Terre ». Qui sont  ses signataires ?

 


Nous sommes des habitant·es en lutte : « attaché·es à leur territoire. Nous avons vu débouler les aménageurs avec leurs mallettes bourrées de projets nuisibles. Nous nous sommes organisé·es pour défendre nos quartiers et nos villages, nos champs et nos forêts, nos bocages, nos rivières et nos espèces compagnes menacées. Des recours juridiques à l’action directe, nous avons arraché des victoires locales. Face aux bétonneurs, nos résistances partout se multiplient. »

 


Nous sommes des jeunes révolté·es : « qui avons grandi avec la catastrophe écologique en fond d’écran et la précarité comme horizon. Nous sommes traversé·es par un désir croissant de déserter la vie qu’ils nous ont planifiée, d’aller construire des foyers d’autonomie à la campagne comme en ville. Sous état d’urgence permanent, nous avons lutté sans relâche contre la loi Travail, les violences policières, le racisme, le sexisme et l’apocalypse climatique. »
 

 


Nous sommes des paysan·nes : « La France n’en compte presque plus. Avec ou sans label, nous sommes les dernier·es qui s’efforcent d’établir une relation de soin quotidien à la terre et au vivant pour nourrir nos semblables. Nous luttons tous les jours pour produire une nourriture saine à la fois financièrement accessible et garantissant une juste rémunération de notre travail. »
 

 

« Parce que tout porte à croire que c’est maintenant ou jamais, nous avons décidé d’agir ensemble. »
 

 

Agir ensemble.

 

Cette convergence des luttes, tant de fois espérée, est enfin réalisée. Sainte-Soline en sera la première manifestation à caractère national. Ce pouvoir qui a déjà manifesté sa violence contre cet autre soulèvement qu’ont été les gilets jaunes ne peut le supporter. La répression devra à nouveau être violente et suivie d’une campagne de presse visant à discréditer le mouvement. La machination ourdie pour pouvoir déclarer la dissolution du collectif, a été bien orchestrée.

 


On ne dissout pas un soulèvement, lui répondent quarante voix, d’origines diverses, dans un ouvrage publié au Seuil. Depuis l’hiver 2001, un mouvement s’est levé, écrivent-elles, « contre l’accaparement et l’empoisonnement de la terre et de l’eau par le complexe agro-industriel. Contre la métropolisation et la bétonisation des terres agricoles nourricières et des derniers espaces naturels. Un mouvement pour résister de toutes nos forces au ravage en cours. ».

 

 


Un mouvement « Pour reprendre, mettre en commun et choyer les terres. Y déployer des expériences communales et coopératives. Réinventer des formes de vie qui imbriquent subsistance paysanne et symbiose avec l’ensemble du vivant ».

 


Ces voix rappellent Sainte Soline et les 30 000 personnes qui ont marché contre les mégabassines. « Ce jour-là, l’État a voulu écraser la lutte, en tirant massivement sur une foule diverse, mais déterminée à mettre un terme au chantier. Il était prêt à tuer. »
 

 

On n’a pas dissout le Soulèvement de la Terre. Suite aux plaintes des associations, le Conseil d’État a annulé la décision du ministre de l’Intérieur. Retour du bâton : des dizaines de comités voient le jour sur l’hexagone.

 


Résister en rebelles.

 


2018. Un logo apparaît sur les tracts, les affiches, les murs. En vert, pour le combat écologique, un cercle représentant la Terre. A l’intérieur un sablier rappelle l’urgence à agir. En noir, une signature : XR, pour « Extinction Rébellion ». Leurs revendications sont celles de l’ensemble des associations écologistes : la reconnaissance de la gravité et de l’urgence des crises écologiques actuelles - la réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre - l’arrêt immédiat de la destruction des écosystèmes océaniques et terrestres, à l’origine d’une extinction massive du monde vivant.

 

 


Le mode d’action de ces rebelles rejoint celui des nombreux groupes visant le même objectif : attirer l’attention par une action spectaculaire. Certaines font date comme celle de cette jeune militante de « Dernière Rénovation » qui a interrompu la demi-finale de Roland Garros en s’attachant au filet. Sur son t-shirt une inscription en anglais « Il nous reste 1028 jours ». 1028 jours c’est le temps qu’il reste pour « déterminer le futur de l’humanité » annonce l’organisation. L’État « a été condamné par ses propres tribunaux pour manquement à ses propres lois. C’est désormais à nous, citoyens et citoyennes ordinaires, de faire appliquer les engagements auxquels notre gouvernement refuse de se plier. C’est à nous d’entrer  en résistance civile ».

 

 


Résister dans les écoles et les universités.

 


Décembre 2018. En visite sur le campus de l’École Polytechnique à Paris-Saclay, Patrick Pouyanné, Président-directeur général de Total, annonçait le projet d’ouverture d’un nouveau centre d’Innovation et de Recherche sur le plateau de Saclay au cœur de l’École Polytechnique. Ce centre, dont l’ouverture officielle était prévue pour 2022, aurait pour objectif de placer le groupe « au cœur d’un écosystème mondial d’innovation ».

 


Le chantier devait démarrer dès l’été 2019 quand, comme le relate le journal Le Monde du 6 juillet 2021, « Le mardi 1er juin 2021 à 19 heures, un événement tout à fait inhabituel s’est produit dans la cour Vaneau de l’École polytechnique [.] une action militante à des années-lumière de la tradition militaire. ».

 

illustration Le Monde

Ce sont 350 élèves ingénieurs qui se sont regroupés pour former un« X » géant, symbole de l’école et de  ses élèves. Leur objectif : montrer leur opposition au projet de construction du groupe Total (devenu TotalEnergies) sur leur campus. Bientôt ces premiers francs-tireurs étaient rejoints par Greenpeace France, Anticor et l’association Sphinx, qui rassemble plusieurs dizaines d’anciens élèves de l’X. Ces organisations déposaient une plainte pour prise illégale d’intérêt contre Patrick Pouyanné. Les plaignants lui reprochant d’avoir profité de sa position de membre du conseil d’administration de Polytechnique pour influencer, au nom de Total, la décision finale de valider le projet d’implantation.

 


Janvier 2022. Après deux ans d’une lutte intelligemment médiatisée, Total jetait l’éponge. Les étudiants étaient les premiers à savourer leur victoire. Ils n’en restent pas moins vigilants. « Nous continuerons à nous battre pour que les relations entre l’École polytechnique et les entreprises partenaires s’inscrivent dans un cadre transparent et soient accompagnées de garanties concernant l’indépendance de la recherche et de l’enseignement », faisait savoir Thomas Vezin, secrétaire général de Sphinx. La leçon sera effectivement retenue.

 


Juin 2022. A nouveau Polytechnique.

 

Ils sont huit, étudiants et étudiantes, sur la tribune lors de la remise des diplômes des dernières promotions. Leur discours, d’une rare radicalité, rompt avec l’affichage « élitiste » de leur école. D’abord le constat : « Les rapports du GIEC sont sans appel : nous devons résoudre en trente ans le défi écologique. Un défi existentiel et civilisationnel dont l’enjeu est la possibilité même de soutenir la vie. Malgré de multiples appels de la communauté scientifique, malgré les changements irréversibles d’ores et déjà observés, nos sociétés continuent leur trajectoire vers une catastrophe environnementale et humaine.»

 

 

https://youtu.be/0DkVf39KxSM

 

Ensuite la mise au point : « Plus encore, la question écologique ne peut être dissociée de la question sociale. Il paraît inimaginable que la sobriété, qui est nécessaire, soit portée par ceux qui, en France aussi, ont déjà du mal à se loger, se chauffer, se nourrir. On nous a enseigné les théories économiques néo-libérales tout comme la physique du climat [.] On nous a bombardés de présentations de cabinets de conseil tout en nous vantant les services de l’État. Nous rappelons d’abord que non, les règles du jeu ne sont pas immuables. »

 

 

Il va falloir innover. « Non pas à la manière des greentech ou autres technologies que le capitalisme et ses startups qualifient de vertes. Mais innover dans notre manière de vivre [.] quitter nos phantasmes sur  la technique comme unique et magique source de salut face aux périls écologiques ».

 


« Nous avons besoin de nouveaux récits ».

 


Message adressé à leur jeune génération : « Nous avons besoin de nous raconter des histoires qui rendent désirable le futur qu’il nous faut à présent construire. D’avoir des imaginaires qui nous donnent envie de s’y engager non par peur mais avec enthousiasme et avec passion. Partout des gens s’éveillent, partout des gens s’engagent »


« Engageons-nous maintenant car il est déjà si tard. »

 

 


Autre discours remarqué : celui des étudiants et étudiantes de l’Agro à l’occasion de la réunion des diplômé.es de 2022. Un message adressé aux nouvelles et nouveaux diplômés : « Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fières et méritantes d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours. Nous ne nous considérons pas comme les “Talents d’une planète soutenable”. Nous ne voyons pas les ravages écologiques et sociaux comme des “enjeux” ou des “défis” auxquels nous devrions trouver des “solutions” en tant qu’ingénieur.es. »

 

 

https://youtu.be/iA4Dbg3RsaE

 

 

Une analyse lucide du « modèle » agricole dominant :

 


« Nous ne croyons pas que nous avons besoin de “toutes” les agricultures. Nous voyons plutôt que l’agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur terre. »

 


La Technique ne nous sauvera pas : « Nous ne voyons pas les sciences et techniques comme neutres et apolitiques. Nous pensons que l’innovationtechnologique ou les start-up ne sauveront rien d’autre que le capitalisme. Nous ne croyons ni au développement durable, ni à la croissance verte ni à la “transition écologique”, une expression qui sous-entend que la société pourra devenir soutenable sans qu’on se débarrasse de l’ordre social dominant. »

 


« Ne perdons pas notre temps ! ».

 

 

Invitation adressée à leurs amies et amis présents dans la salle. « Désertons avant d’être coincés par des obligations financières.

 

N’attendons pas que nos mômes nous réclament des sous pour faire du shopping dans le métavers, parce que nous  aurons manqué de temps pour les faire rêver à autre chose.


N’attendons pas d’être incapables d’autre chose qu’une pseudo-reconversion dans le même taf, mais repeint en vert.

 


Remarqué : leur appel à la bifurcation.

 


« N’attendons pas le 12e rapport du GIEC qui démontrera que les États et les multinationales n’ont jamais fait qu’aggraver les problèmes et qui placera ses  derniers espoirs dans les  populaires. Vous pouvez bifurquer  maintenant. »

 

dessin dans la "Revue Dessinée"


Juin 2023. Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, rencontrant les étudiants  et étudiantes de Sciences Po, ne leur dit pas autre chose. « Certains d’entre vous travaillent déjà et se rendent peut-être compte à quel point il peut être difficile de bouleverser le statu quo. Je vous exhorte à ne jamais abandonner.

 

https://youtu.be/kiJIVf5k9Bc

 

N’abandonnez jamais les idéaux de compréhension mutuelle, de coopération et de sens du bien commun.


Permettez-moi une observation personnelle : lorsque vous décidez de votre carrière, résistez aux appels des sirènes des entreprises qui détruisent notre planète ; qui volent notre vie privée ; et font le commerce des mensonges et de la haine. »

 


Novembre 2023. Message reçu par les étudiantes et étudiants.

 

 

Après Total, c’est BNP Paribas qui est dans leur collimateur. « Nous sommes étudiant·es et jeunes diplômé·es d’universités et d’écoles françaises [.] Nous constatons que BNP Paribas tente  d’instrumentaliser nos craintes et nos convictions et cible notre génération avec son greenwashing, dans sa publicité et sur nos campus (stands vantant ses offres bancaires et jobs à impact, par exemple). Nous ne sommes pas dupes. »

 


Ils et elles dénoncent ces banques qui financent les destructeurs de la planète. « Nous prenons ici l’engagement de ne pas travailler pour des banques qui, comme BNP Paribas, refusent de regarder la vérité climatique en face et continuent de financer des entreprises qui prévoient de nouveaux projets d’énergies fossiles. Ces bombes climatiques menacent directement notre futur, et nous affirmons haut et fort que nous ne participerons pas à une telle destruction. »
 

 


Résister dans les labos.

 


Février 2020. Constatant l’inaction des gouvernements face à l’urgence écologique et climatique, plus de 1000 scientifiques de toutes disciplines, parmi lesquels une trentaine de médaillé·es du CNRS ou de l’Académie d’Agriculture et plus de cent anciennes directrices ou directeurs d’unités, appellent les citoyens à la désobéissance civile et au développement d’alternatives.

 

 


D’abord le rappel : « Les observations scientifiques sont incontestables et les catastrophes se déroulent sous nos yeux. Nous sommes en train de vivre la 6e extinction de masse [.] les niveaux de pollution sont alarmants à tous points de vue [.] nous avons déjà dépassé le 1°C de température supplémentaire par rapport à l’ère préindustrielle, et [.] un réchauffement global de plus de 5°C ne peut plus être exclu. À ces niveaux de température, l’habitabilité de la France serait remise en question par des niveaux de température et d’humidité provoquant le décès par hyperthermie ».

 


Ensuite le constat : « depuis des décennies, les gouvernements successifs ont été incapables de mettr e en place des actions fortes et rapides pour faire face à la crise climatique et environnementale dont l’urgence croîttous les jours. Cette inertie ne peut plus être tolérée. [.] Nous refusons que les jeunes d’aujourd’hui et les générations futures aient à payer les conséquences de la catastrophe sans précédent que nous sommes en train de préparer et dont les effets se font déjà ressentir. »
 

 

Enfin l’appel : « nous appelons à participer aux actions de désobéissance civile menées par les mouvements écologistes, qu’ils soient historiques (Amis de la Terre, Attac, Confédération paysanne, Greenpeace...) ou formés plus récemment (Action non-violente COP21, Extinction Rebellion, Youth for Climate...).

 

 

Nous invitons, à se mobiliser [.] en agissant individuellement, en se rassemblant au niveau professionnel ou citoyen local [.] ou en rejoignant les associations ou mouvements existants (Alternatiba, Villes en transition, Alternatives territoriales...) ».

 


Les observations scientifiques sont incontestables, nous rappellent ces scientifiques rebelles. Incontestables effectivement sont les connaissances accumulées, rapport après rapport, par les scientifiques du monde entier rassemblés dans le GIEC.

 


Résister avec les scientifiques du GIEC.

 


Premiers lanceurs d’alerte, les scientifiques français Claude Lorius et Jean Jouzel, ont publié en 1987  la première étude établissant un lien formel entre concentration de CO2 dans l’atmosphère et réchauffement climatique. A leur suite toute une génération de climatologues a pris le relai. Plusieurs ont tenu un rôle premier dans les travaux du GIEC. Certains et certaines ont décidé de descendre dans l’arène.

 


15 Novembre 2017. Déclaration d’Emmanuel Macron, à Bonn, lors de la COP23.

 

La France a décidé « l’interdiction de tout nouveau permis d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures dans notre pays. C’est la première fois qu’un pays développé décide pour son propre territoire d’une telle politique ; nous l’assumons parce que c’est celle qui est indispensable pour être au rendez-vous du climat et de la transition que nous avons actée ».

 


Et pourtant…

 


11 février 2024. Christophe Cassou, climatologue auteur principal du 6e rapport du GIEC, était avec Greta Thunberg aux côtés des manifestantes et manifestants qui s’opposaient au projet de forage pétrolier dans le bassin d’Arcachon. « Je quitte ici mon habit de scientifique », leur dit-il. « Je vois ici des gens de tous âges, unis dans un combat non violent pour un futur climatique viable. » Indignation, engagement, résistance, ne sont pas des crimes, leur dit-il.

 


« 1. L’indignation n’est pas un crime : c’est le signe de la conscience qui fait de nous des êtres humains.


2. L’engagement n’est pas un crime. C’est ce qui fait l’honneur du citoyen.
 

3. La résistance à l’absurdité d’un projet climaticide et emblématique d’une bifurcation impossible n’est pas un crime.

 


Au contraire, le GIEC dans son évaluation de la littérature scientifique, montre que les mouvements citoyens aident à la prise de conscience et à faire évoluer le droit,aujourd’hui obsolète par bien des aspects, face aux enjeux du moment. »

 


Christophe Cassou est l’un de ces scientifiques qui, après avoir fait connaître les différents scénarios possibles d’évolution du climat et leur effet sur la Planète, ont décidé d’agir en citoyens libres. Ses messages didactiques, très suivis sur X (twitter), lui ont valu des tombereaux d’insultes qui l’ont amené, pendant une période, à suspendre ses publications.

 

 

 

Libre et courageuse également Magali Reghezza-Zitt,géographe, auteure de Anthropocène (éditions CNRS). Les insultes et menaces, qu’elle reçoit sur les réseaux sociaux, ne la font pas renoncer à sa volonté d’informer.

 

 

 


Également sur X, Valérie Masson-Delmotte, directrice de recherche au CEA et coprésidente du groupe n°1 du GIEC de 2015 à 2023, informe inlassablement. Le 12 avril 2023 elle intervenait à la soirée de soutien aux Soulèvements de la Terre organisée par Reporterre, Blast, Socialter et Terrestres.

 

https://youtu.be/Bch2ospO7Vw


« Je veux dire très clairement mon rejet de toute forme de violence. Je ne me reconnais pas dans une société où le dialogue est impossible, et où la violence mène à la violence », tenait-elle à dire en introduction tout en affirmant, tout aussi clairement, que les actions de résistance non violentes sont des  catalyseurs de changement.

 


Son intervention était placée sous le signe de la gravité.« La contestation de la légitimité de certains projets est perçue comme une menace à l’ordre public, conduisant à des interdictions de manifestations, mobilisant des milliers de gendarmes, et menant à des affrontements violents et graves. Mais sommes-nous réellement engagés aujourd’hui vers des transformations de fond favorables à l’intérêt général, accélérant la baisse des émissions de gaz à effet de serre, renforçant la résilience face au climat de demain, préservant la biodiversité ? »

 


Quelle est la menace la plus grave ?

 


« Est-ce la poursuite de tendances non soutenables ?L’aggravation des impacts du changement climatique qui touche de plein fouet les plus fragiles, la dégradation des écosystèmes, la perte de biodiversité, leurs conséquences pour le bien-être, les droits humains des générations actuelles et futures ? »

 


Ou est-ce cette contestation qui dérange ? « Face à l’inertie, face à l’inadéquation des réponses institutionnelles et politiques [.] Les mouvements sociaux pour la justice climatique qui prennent, dans les régions rurales comme dans les centres urbains, de nouvelles formes d’actions de résistance non violentes, parfois perturbatrices, font partie des catalyseurs. »
 

 


Résister et annoncer le monde à venir.

 


Résister est une priorité quand il faut mettre en échec les projets destructeurs du climat et du vivant qui se multiplient. Résister, c’est aussi, et peut-être d’abord, mettre en œuvre, sans attendre, ces actions qui « bifurquent ».

 


La population d’insectes, d’oiseaux s’effondre. Les cancers, les maladies neurodégénératives, les  problèmes de développement des jeunes enfants se multiplient. Responsables : les pesticides.

 

Issus, comme les nitrates, de la chimie de guerre des explosifs et des gaz de combat, l’industrie leur a trouvé un débouché massif dans l’agriculture. Seule une poignée d’agriculteurs ont alors choisi de prendre une autre voie, celle d’une agriculture sans chimie, l’agriculture biologique.

 

Ces pionniers, au début peu nombreux, ont su aller au devant des autres résistants de la société de consommation, ces protecteurs d’espaces naturels, ces empêcheurs de bétonner en rond, ces semeurs de solidarités locales et planétaires. Des magasins coopératifs se sont montés, des marchés se sont mis à revivre, des échanges équitables ont lié producteurs et consommateurs. Contre l’accaparement des terres, des associations ont créé les liens qui permettent à de jeunes agriculteurs et agricultrices de pouvoir s’installer.

 

Malgré les pressions du lobby agro-industriel et le manque de soutien des pouvoirs publics, toutes ces initiatives progressent et annoncent l’agriculture et l’alimentation du futur.
 

 


Les transports.

 

C’est une des premières causes de l’émission de gaz à effet de serre. C’est aussi la cause principale de l’émission de particules fines qui causent, en France, de l’ordre de 50 000 décès prématurés par an.

 

Il a fallu bien des manifestations cyclistes, des « vélorutions », pour que le vélo soit devenu une évidence. Les premières municipalités à rendre gratuits les transports en commun ont, d’abord, été regardées de façon suspicieuse. Elles ont fait la preuve de l’intérêt environnemental et social de leur choix. Ce sont les mobilisations citoyennes qui ont sauvé des voies ferrées secondaires menacées et obtenu la reprise des trains de nuit. Pour suppléer au manque de transports en commun, le covoiturage a d’abord été mis en place de façon « sauvage » avant que les autorités en voient l’intérêt et commencent à l’organiser.

 


L’habitat.

 

L’autre cause principale de l’émission de gaz à effet de serre. Les premiers éco-villages, écoquartiers, éco-immeubles, ont été, eux aussi, à l’initiative de pionniers.

 


L’énergie.

 

Les premiers panneaux solaires, thermiques ou photovoltaïques, les premières éoliennes, ne sont pas nés en Chine. Si les gouvernants français n’avaient pas fait le choix du tout nucléaire et bridé toutes les initiatives de ces autres pionniers qui, dès les années 70 du siècle passé, les avaient déjà mises en œuvre à leur échelle, nous aurions aujourd’hui, en France, les fabricants et artisans capables de produire localement les énergies de demain.
 


Pour autant tous ces acteurs et actrices savent que les changements ne viendront pas d’une « transition » écologique, terme derrière lequel les partisans du statu quo s’abritent pour prolonger le plus longtemps possible les énergies fossiles et les polluants chimiques. Il n’est plus le temps de faire uniquement appel à la « conscience individuelle » ou de promouvoir une politique des « petits pas ».

 


 
Il y a urgence.

 

« Gaïa se soulève », nous dit Isabelle Stengers, philosophe des sciences, l’une des « 40 voix pour les soulèvements de la Terre ». Nommer ainsi la Terre, explique-t-elle, c’est, « plutôt que d’en parler d’un phénomène climatique », faire sentir qu’il ne s’agit pas d’une simple crise mais que « quoi qu’il arrive, nous allions désormais devoir apprendre à vivre avec elle en tant que puissance ». Le capitalisme mondialisé  a déclenché un bouleversement climatique et biologique qui met en péril la vie même de nombreuses populations.

 


Seule une mutation qui touche à toutes les dimensions de la vie en société peut y répondre. Malgré la répression, les résistants et résistantes d’aujourd’hui, qui font revivre les valeurs de partage et de solidarité, la préparent.

 

Pour aller plus loin.

 

 

 

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19 juillet 2024 5 19 /07 /juillet /2024 13:37
Première publication 09/10/20022
"Le philosophe Bruno Latour, figure de proue de la pensée écologiste, est mort à l'âge de 75 ans

Le philosophe, sociologue et anthropologue Bruno Latour, considéré comme l'un des plus grands intellectuels contemporains français, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à l'âge de 75 ans."

 

Tel est le titre de l'article que lui consacre France-info.

 

Pluie d'éloges après des décennies de silences dans les médias français. En janvier 2022 il nous offrait sa dernière pensée dans un "Mémo sur la nouvelle classe écologique" aux éditions "les empêcheurs de tourner en rond". Il en parlait dans "La Terre au Carré".

 

Écouter sur la Terre au Carré.

 

 

 

Sur France Inter

Il était aussi interrogé sur France-Inter. Une superbe illustration de  l'actualité et de l'avenir possible de l'écologie politique malgré la multiplication des questions pièges du journaliste.

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=SgUWKUPKm-g&ab_channel=FranceInter

 

Sa réponse aux attaques du journaliste contre les écologistes : "je ne m'adresse pas aux activistes, eux il font  un boulot magnifique".

 

Effectivement, son livre ne s'adresse pas aux journalistes en attente de "bons mots" propres à alimenter la médiasphère mais aux "Membres des partis écologiques et leurs électeurs présent et à venir".

A l'évidence le journaliste ne fait pas partie de cette catégorie.

 

Plus d'informations sur le site de La Découverte :

 

Écouter sur la Terre au Carré.

 

 

Comment faire émerger une classe écologique consciente et fière d’elle-même ? Avec le philosophe Bruno Latour.

 

Dans son dernier livre "Mémo sur la nouvelle classe écologique. Comment faire émerger une classe écologique consciente et fière d’elle-même " Bruno Latour appelle les écologistes à tirer toutes les conséquences politiques du Nouveau Régime Climatique.

 

Écouter les entretiens avec Bruno Latour sur ARTE.TV

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Un bémol cependant ?

Faut-il vraiment imaginer une "lutte des classes" sur le modèle marxiste avec toutes les dérives observées depuis (voir la Chine et la Corée du Nord qui prétendent s'en réclamer encore) ? L'avenir ne serait-il pas plutôt aux démarches "libertaires" qui naissent spontanément ici et là. Et, ceci, sans besoin de théoriser. 

Ne pas oublier que, dans cette éventuelle "lutte des classes", l'arbitre ne sera pas un groupe humain quelconque mais la Nature terrestre dans son ensemble.

Voir aussi :

"L'Homme est la Nature prenant conscience d'elle même". Vraiment ?

Autre bémol :

Bruno Latour n'a rien à dire sur la relance du nucléaire !!!

Ce qui donne à son discours un côté "hors sol".

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19 juillet 2024 5 19 /07 /juillet /2024 12:48

 

 

Sur France Culture.

 

 

 

 

 

Newton est l'un des mathématiciens les plus illustres au monde. On ne sait pas forcément qu'il est aussi philosophe, alchimiste, ami des "Platoniciens de Cambridge" et qu'il s'intéresse aussi, dans son 18e siècle, à la théologie et à la religion. Autant d'aspects à découvrir dans ce documentaire.
 

 

 

 

 

 

 

 

Avec

 

    Michel Blay Philosophe et historien des sciences
    Bernard Joly Professeur émérite de philosophie et d'histoire des sciences à l'université de Lille 3
    Jean-François Baillon Professeur de civilisation britannique à l’Université Bordeaux Montaigne

 

 

Isaac Newton, né en 1642 et mort en 1727, est une figure emblématique des sciences, s'inscrivant dans la lignée de Galilée. Alchimiste, philosophe de la nature, il fait partie de la deuxième génération des physiciens qui vont construire la nouvelle physique, celle qui va remplacer la physique aristotélicienne.

 

 

Fondateur de la mécanique classique, de la gravitation universelle, créateur du calcul infinitésimal, de la théorie de la décomposition de la lumière par un prisme, ses travaux sont à la base de bien des piliers de notre monde moderne. Il existe toutefois un Newton plus méconnu : qui lit ses œuvres littéraires ? Sait-on qu'il fut le contemporain et l'ami des "Platoniciens de Cambridge", l'un des courants les plus réactionnaires et les plus audacieux du 17e siècle européen ? Qu'il a développé tout au long de sa vie des réflexions théologiques ? Pour en parler, ce documentaire réunit quatre spécialistes de Newton : Jean-François Baillon, Michel Blay, Jean-Louis Breteau et Bernard Joly.
L’entourage intellectuel de Newton : Les Platoniciens de Cambridge

 

 

Jean-Louis Breteau rappelle les caractéristiques de la pensée des Platoniciens de Cambridge : "Ils popularisent en Angleterre les idées de Descartes, en qui ils voient un penseur et un philosophe, qui va permettre de rendre de façon satisfaisante des pensées scientifiques. Ils s'en écartent par la suite, mais leur intérêt pour les sciences les pousse à s'impliquer dans la création de la Royal Society, en 1660, dont Newton sera ensuite le président."
 

 

Les principes mathématiques de la philosophie naturelle

 

 

En 1687, Newton publie l'un des textes les plus importants de toute l’histoire mondiale de la pensée scientifique, Philosophiae naturalis principia mathematica. Michel Blay résume son contenu : "Le livre se compose de trois parties. La première est consacrée à la théorie des forces centrales ; la deuxième, à ce qu’on appellerait aujourd’hui la mécanique des fluides et la troisième, au système du monde, avec la loi de la gravitation universelle."

 


Newton alchimiste ?

 

 

Comment un pilier de la science moderne a-t-il pu consacrer une partie de sa vie à l'alchimie ? Bernard Joly remet les choses en perspective : "L’alchimie, au 17e siècle, c’est tout simplement la chimie de l’époque. Les chimistes ou alchimistes travaillent dans des laboratoires et se livrent à toutes sortes de recherches sur ce qu’on appelle les acides, sur les alcalis, sur les métaux. Ce sont des "natural philosophers" comme on dit en anglais, des philosophes de la nature, qui veulent comprendre comment marche la matière, trouver comment elle est constituée. C’est pourquoi on parle de la pierre philosophale : ce sont des philosophes tout simplement. Les alchimistes se considèrent eux-mêmes comme appartenant au clan de la "philosophie naturelle" c’est-à-dire la philosophie qui veut comprendre la matière, la nature. Et Newton s’intéresse à la chimie de son temps, parce qu’il s’intéresse à tout."

 

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10 juillet 2024 3 10 /07 /juillet /2024 18:45


« Je vais vous dire qui est mon adversaire. Mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera donc pas élu. Et pourtant il gouverne. »

 


« Cet adversaire, c’est le monde de la finance. »

 


La phrase allait propulser François Hollande, lors de son meeting du Bourget, vers la victoire aux présidentielles. Chacun pouvait alors imaginer que les lobbies, en particulier ceux de l’énergie, allaient devoir compter avec le nouveau président.

 


https://youtu.be/ZE8pE2t__pc

 

Quatre mois après son élection à l’Élysée, le 14 septembre 2012, il inaugurait la première des conférences environnementales dont il annonçait la reconduction chaque année. Plus fort que Sarkozy ! Il ne s’agissait surtout pas, insistait-il, de refaire un Grenelle où « l’ambition initiale a été perdue au fil du temps et une nouvelle fois l’économie a été opposée à l’écologie ».

 

https://youtu.be/504-k9dBUbE

 


On n’allait pas faire dans la demi-mesure !
 

 

« L’enjeu, celui qui nous rassemble, c’est de faire de la France la Nation de l’excellence environnementale.

C’est un impératif pour la planète. Comment admettre la dégradation continue des ressources et du patrimoine naturel du monde, comment ne pas voir les effets du réchauffement climatique  qui n’est pas une opinion ou une hypothèse, mais un fait scientifique ? Comment ne pas comprendre que le creusement des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres constitue à l’échelle du monde un risque majeur ? Comment rester impassible face aux atteintes irréversibles à la biodiversité ? Comment laisser croître notre dette écologique envers les autres ? La question se résume finalement ainsi : serons-nous solidaires des générations à venir ou trop cupides, trop avides pour laisser à nos enfants un fardeau encore alourdi du poids de nos égoïsmes ? »

 


L’Europe s’est engagée à réduire à l’horizon 2020 les émissions de gaz à effet de serre de 20 %, à porter à 20 % la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie et à réduire la même consommation d’énergie de 20 %. Insuffisant ! Je suis prêt, déclare-t-il à aller plus loin : « Une stratégie ambitieuse sur un objectif de réduction de 40 % en 2030 puis de 60 % en 2040, telle est la position que je défendrai dans le cadre des prochaines discussions au sein des instances européennes. » A nouveau, donc, la France et son président allaient donner des leçons au Monde !
 


L’excellence environnementale, version Hollande/Ayrault.
 

 

En mai 2012, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait nommé Nicole Bricq ministre de l’Écologie, une sénatrice connue pour son combat contre le gaz de schiste. Un signe positif vis-à-vis de ses alliés écologistes entrés au gouvernement. Mais la lune de miel n’allait pas durer longtemps. Un mois plus tard elle était débarquée. La raison : elle avait voulu geler les permis de forages pétroliers en Guyane et réformer le code minier.

 


Immédiatement, les lobbies pétroliers, les élus guyanais et le Medef étaient montés au créneau. Elle était rapidement exfiltrée vers le ministère du Commerce extérieur. Mauvais départ pour le champion de « l’excellence environnementale ».

 


Place à Delphine Batho.

 


Nommée à son tour à l’écologie, Delphine Batho était présente au moment de la première conférence environnementale. Inévitablement le problème des gaz de schiste se devait d’être à l’ordre du jour : « Reste le sujet des hydrocarbures non conventionnels : le gaz de schiste, qui soulève bien des passions, bien des questions. J’entends les arguments économiques, ils existent et les considérations, souvent exagérées, sur l’ampleur des gisements. Mais soyons clairs, dans l’état actuel de nos connaissances, personne, je dis bien personne, ne peut affirmer que l’exploitation des gaz et huile de schiste par fracturation hydraulique, seule technique aujourd’hui connue, est exempte de risques lourds pour la santé et pour l’environnement.
 

 

C’est pourquoi, j’ai demandé à Delphine Batho, ministre de l’Écologie, de prononcer - sans attendre davantage - le rejet des sept demandes de permis déposées auprès de l’État, et qui ont légitimement suscité l’inquiétude dans plusieurs régions de France. S’agissant de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels, telle sera ma position durant le quinquennat. »

 

Delphine Batho prend bonne note du mandat que lui a donné le chef de l’État.


Munie d’une telle feuille de route, Delphine Batho n’avait pas à hésiter : finis les gaz de schiste. Cependant la presse faisait déjà état d’informations indiquant que le gouvernement pourrait « entrouvrir la porte » à l’exploration expérimentale de gaz de schiste et qu’il pourrait « donner un gage à Total et aux  industriels » en créant une commission réunissant toutes les parties prenantes, qui serait chargée de définir les conditions d’une telle exploration expérimentale. « Ce sont des spéculations imaginaires qui sont sans fondement » avait tranché Delphine Batho.

 


Brefs tours de piste au ministère de l’Écologie.

 


Les lobbies des énergies fossiles n’avaient pourtant pas renoncé à leur projet et restaient très actifs dans les couloirs ministériels. En juillet 2013 elle était à son tour débarquée. Officiellement pour avoir contesté publiquement le budget de son ministère. Argument peu crédible car bien avant elle d’autres ministres, Arnaud Montebourg, Cécile Duflot, avaient tenu des propos bien plus irrespectueux de la solidarité gouvernementale. En réalité elle dérangeait. Interrogée par le journal en ligne Reporterre elle s’interrogeait sur le rôle qu’avait joué sur son licenciement Philippe Crouzet, patron de l’entreprise Vallourec fortement impliquée dans le gaz de schiste, et dont l’épouse, Sylvie Hubac était directrice du cabinet du Président de la République. Elle faisait état des propos tenus par celui-ci, quinze jours avant son limogeage, devant des patrons américains, qui évoquaient déjà son départ. Rumeur largement commentée dans les milieux parisiens « bien informés ».

 


Elle est brièvement remplacée par Philippe Martin, député du Gers, qui s’emploiera à détricoter le travail de sa prédécesseure avant d’être remplacé, le 2 avril 2014,par Ségolène Royal qui n’arrive pas au ministère avec l’intention de faire figuration.

 


 L’écologie permissive de Ségolène Royal.
 

 

Pour frapper les esprits et se démarquer de ces écologistes antinucléaires, antipesticides, antibagnoles, il lui fallait un slogan et elle l’a trouvé : « non à l’écologie punitive ». AREVA, EDF, Monsanto, Total... ne pouvaient qu’applaudir, ils n’en demandaient pas tant. Place donc à « l’écologie permissive ». Même si officiellement les recherches de gaz de schiste étaient abandonnées, on apprenait qu’en septembre 2015 les ministres de l’Écologie, Ségolène Royal, et de l’Économie, Emmanuel Macron, accordaient trois nouveaux permis de recherches d’hydrocarbures liquides ou gazeux en Seine-et-Marne, dans le Bas-Rhin et dans la Marne. Dans le même temps ils prolongeaient deux autres autorisations jusqu’à fin 2018, en Moselle et sur l’île de Juan de Nova, entre Madagascar et le Mozambique.

 


Mais le moment fort du ministère de Ségolène Royal sera sa gestion calamiteuse de la crise de l’écotaxe. Interrogée pendant la crise des gilets jaunes, elle ne manquait pas de rappeler son refus de cette écologie consistant à augmenter les taxes sur les carburants et en particulier le gasoil.

 

voir la vidéo

Fort heureusement, les médias lui rappelaient le temps où elle se félicitait d’avoir été la ministre à l’origine de l’augmentation de ces mêmes taxes, en particulier celles sur le gasoil.

 


Quand Ségolène Royal taxait le gasoil.

 


« Diesel et “écologie punitive” : les amnésies de Ségolène Royal », titrait le journal Le Monde du 24 octobre 2018. Celui-ci se souvenait que, en janvier 2016, interrogée à l’Assemblée nationale sur sa politique énergétique, elle avait rappelé que, en 2015, étant ministre de l’Écologie, elle avait étendu la taxe carbone à l’ensemble des produits pétroliers avec une augmentation plus importante pour le gazole que pour l’essence et une hausse supplémentaire, spécifique au gazole, de 2 centimes d’euros par litre afin de financer les investissements dans les transports propres. Au total, concluait-elle, « la hausse s’élève, pour le gasoil, à 4 centimes par litre ». Cette évolution, ajoutait-elle,« amorce une convergence entre la  fiscalité du gasoil et celle de l’essence ».

 


Ces gilets jaunes que, trois ans plus tard, elle s’emploie à flatter, se souviennent-ils qu’elle est la responsable de la taxe sur l’essence et le gasoil contre laquelle ils manifestent. Cette taxe qu’elle avait instaurée pour remplacer la fameuse « taxe poids lourds » qu’elle avait supprimée. C’est ce que nous allons leur rappeler dans les pages suivantes.

 

_____________________________________________________________________________________

 

Pour aller plus loin voir :

 

De Chirac à Macron. Les Tartuffes et le Climat.

 

 

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8 juillet 2024 1 08 /07 /juillet /2024 14:07


 

 

2 septembre 2002. Sommet mondial de la Terre des Nations Unies, à Johannesburg en Afrique du Sud.

 

 

https://www.dailymotion.com/video/x80sm2x

 

Jacques Chirac, à la tribune, scande son discours par de larges mouvements des bras. Une pause, un coup d’œil sur les notes, préparées par l’un de ses collaborateurs, et vient la phrase :
 

 

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs »


 

Et pour frapper encore plus fort :


 

« Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas, pour les générations futures, celui d’un crime de l’humanité contre la vie. »
 

 

Effet garanti devant les soixante mille délégués et présidents, venus de cent quatre-vingt-sept pays, au premier rang desquels Nelson Mandela. Les médias français, le lendemain, auront compris le message du jour et ne manqueront pas de le diffuser en boucle.
 

 

Les délégués à ce sommet de Johannesburg se retrouvaient pour faire le point sur l’application des engagements pris dix ans plus tôt à la « Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement » qui s’était tenue à Rio de Janeiro, au Brésil, pendant le mois de juin de 1992. Cette conférence est restée dans les mémoires comme le « Sommet de la Terre de Rio ». 178 pays y étaient représentés, 110 chefs d’État et de gouvernement, 2000 représentants d’ONG (organisations non gouvernementales) et surtout des milliers de personnes au forum organisé en parallèle par les ONG. Un vrai succès qui s’est conclu par une « Déclaration de Rio sur l’Environnement et le Développement » énonçant 27 principes dont celui de « développement durable ». Même s’il a été depuis largement détourné par tous ceux qui ne retenaient que le « développement » oubliant le « durable », il incluait le droit reconnu à chaque humain à une vie saine en harmonie avec la Nature, l’élimination de la pauvreté, la  priorité accordée aux .pays les plus vulnérables.
 

 

Plus concrètement était adopté par les chefs d’État présents un « Agenda 21 », plan d’action pour le 21e siècle énumérant 2500 principes précisant l’application de la déclaration. Son chapitre 9 consacré à la « Protection de l’atmosphère » alertait déjà sur le bouleversement climatique.
 

 

Oui, déjà, en 1992, à Rio, on le savait. La Planète brûlait !
 

 

10 ans plus tard à Johannesburg, le point doit être fait sur la mise en application des engagements de Rio. Les représentants des États producteurs et consommateurs de combustibles fossiles qui se succèdent à la tribune ont bien retenu le vocabulaire des militants écologistes. Après le président français soudainement inspiré, chacun se doit de participer à la surenchère verbale.
 

 

La réalité de leur engagement se révèle pourtant tout autre. Le sujet le plus épineux est l’énergie : quelle part pour les renouvelables ? Les ONG se battent pour qu’un objectif chiffré et un calendrier soient fixés pour leur miseen œuvre. La montagne de discussions accouche finalement de la proposition de les accroître « substantiellement » de façon « urgente ». Il urgeait surtout de ne s’engager sur rien. De même, alors qu’il était question de supprimer toutes les subventions aux énergies fossiles, on ne parle plus dans le texte final que de faire la promotion des énergies fossiles « propres ». Propres ? Les lobbies du pétrole et du gaz ont su traduire : carte blanche pour ne rien changer tout en adoptant une novlangue écolo. Place au greenwashing !
 

 

Quant aux deux milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à des services énergétiques satisfaisants et qui seront les premières à subir les effets du dérèglement climatique, le texte final n’en  disait rien. Les véritables gagnants étaient les États-Unis, l’Arabie saoudite, le Japon, le Canada, l’Australie, qui avaient réussi à protéger leurs intérêts dans le domaine des combustibles fossiles.
 

 

Dehors les ONG manifestaient leur colère. Yves Cochet, député des Verts ironisait : « Jacques Chirac parle  d’or mais ne parle pas d’argent ». Dans l’ombre, Nicolas Hulot, le récent conseiller pour l’environnement du président français, cherchait à limiter les dégâts. De « cette immense montagne » qui, ajoutait-il, « va probablement accoucher d’une souris », il réussissait à extraire un élément positif : « sur un plan psychologique, c’est quand même important parce que là, les derniers doutes sont levés. »
 

 

Effectivement, pour les ONG, les derniers doutes avaient été levés à Johannesburg. On savait à présent qu’il n’y avait rien à attendre de ces sommets mondiaux où chacun se livre à une surenchère d’envolées lyriques sur la protection de l’environnement sans l’intention de mettre en œuvre un seul des engagements publiquement annoncés.


 

Aux armes citoyens !


 

Retour de Johannesburg, chacun a pu constater que Jacques Chirac s’est bien employé à mettre en sourdine ses déclamations écologistes. Pourtant, le 3 février 2007, l’occasion lui était donnée de récidiver. C’est par un « Appel de Paris » qu’il concluait la réunion de travail du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, qui se tenait dans la capitale française. Les rapports des experts se font de plus en plus précis. Ce rapport, le quatrième depuis la création du GIEC, est particulièrement alarmiste. Il constate que la fonte complète de l’inlandsis du Groenland pourrait entraîner une élévation du niveau de la mer de plusieurs mètres. Résultat : les terres de basse altitude seraient submergées. De nombreuses régions et même des États disparaîtraient de la carte.
 


Jacques Chirac semble trouver les rapporteurs du GIEC bien trop timides. En nouveau prophète de  l’écologie, il n’hésite pas à faire de la surenchère. « Le jour approche où l’emballement climatique échappera à tout contrôle : nous sommes au seuil de l’irréversible », assène-t-il. Cette fois le mot qui devra rester dans les annales sera : Révolution !
 

 

« Face à l’urgence, le temps n’est plus aux demi-mesures : le temps est à la Révolution. La Révolution des consciences. La Révolution de l’économie ».
 

 

Qui se souvient des « Bastilles économiques » prises par Jacques Chirac ? Les lobbies de l’automobile, de l’agrochimie et du pétrole, ont-ils eu à se plaindre de son passage au pouvoir ? Ont-ils été mis hors d’état de nuire ces ci-devant pyromanes dénoncés par ce nouveau Robespierre ?
 

 

Elf et l’argent du pétrole

 


Au moment même où, à Johannesburg, Jacques Chirac lançait sa célèbre imprécation, Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG d’Elf, préparait son procès en appel dans ce qui est devenu « l’affaire Elf ». Il a fallu toute la persévérance et le courage des juges Eva Joly et Laurence Vichnievsky pour mettre à jour l’une des affaires de corruption les plus tristement célèbres de la fin du 20e siècle : les marchés du pétrole acquis par Elf en échange de somptueux dessous de table remis aux différents chefs des États concernés. Avec à la clé une partie du butin rapatrié et partagé entre les responsables politiques du moment en France.
 

 

« Cette fois je vais tout dire » déclare Loïk Le FlochPrigent dans une interview au journal Le Parisien le 26 octobre 2002. Chirac savait, dit-il. Il a ainsi l’intention de produire une lettre « signée de la main de Jacques Chirac », établissant que ce dernier « était parfaitement au courant des commissions versées par Elf ». Interrogé par le Journal du dimanche en septembre2011, l’avocat Robert Bourgi, successeur de  Jacques Foccart, révélait à son tour « vingt-cinq ans de pratiques occultes sous Chirac ». Il a des comptes à régler et raconte les transferts de fonds entre les chefs d’État africains et Jacques Chirac. « Moi-même, j’ai participé à plusieurs remises de mallettes à Jacques Chirac, en personne, à la mairie de Paris » dit-il,  citant en particulier la présidentielle de 2002 avec les liasses de billets, trois millions de dollars, remis à Dominique de Villepin de la part de Omar Bongo.

 

 

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i09036599/jacques-chirac-une-histoire-abracadabrantesque

 

Propos « abracadabrantesques » ? L’Histoire le dira mais à Johannesburg, comme plus tard à Paris, les chefs de gouvernements et diplomates, bien informés des dessous de la politique française en matière de pétrole et de corruption, ont dû être admiratifs devant l’aplomb du chef de l’État français.
 

 

La maison brûle ?
 

 

Reste pourtant la phrase-choc. Elle réapparaît à chaque nouvelle grand-messe concernant le climat. Elle a été, fort justement, détournée par l’ironie de celles et ceux qui ne peuvent que subir le double langage des grands de cemonde. Ils constatent que ce « nous » qui « regardons ailleurs » s’applique, à l’évidence en premier lieu, à laplupart des chefs d’État.

 


 - L e climat se détraque... et ils regardent ailleurs.


- Les océans s’étouffent sous les plastiques... et ils regardent ailleurs.
 

- Les oiseaux, les insectes, disparaissent... et ils regardent ailleurs.
 

- La famine menace des millions de personnes... et ils regardent ailleurs.
 

- Les canicules, les inondations, les ouragans, les incendies, font des milliers de morts... et ils regardent ailleurs.

 

 

Pour aller plus loin.

 

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8 juillet 2024 1 08 /07 /juillet /2024 13:32

Un livre chez L'Harmattan.

Premières pages

 

Ils parlent, ils parlent, nos présidents.

 

L’un après l’autre ils nous décrivent l’apocalypse à venir. Les canicules, les sécheresses, les inondations, les tornades dévastatrices, la montée des mers, les larges régions de la Terre devenues invivables, l’eau devenue rare, les famines, les épidémies, les migrations, les guerres pour la survie...

 

Et chacun à son tour d’afficher la France comme le phare qui éclairera la Planète dans sa lutte contre le dérèglement climatique.

 

Et chacun de reculer dès qu’un lobby, celui des pétroliers, celui des transporteurs, celui de l’automobile, celui de l’agro-industrie, menace.

 

Et les rapports de se succéder rappelant que la France ne tient pas les engagements qu’elle prétend exiger des autres nations.

 

Un discours présidentiel télévisé a pour fonction essentielle de marquer l’opinion par des phrases-chocs, suivies d’engagements dont on sait, une actualité remplaçant la précédente, qu’ils seront vite oubliés. J’ai choisi, dans cet ouvrage, de retranscrire des passages significatifs des diverses interventions des présidents français, en particulier au début de leur mandat. Ceci de Jacques Chirac à Emmanuel Macron.

 

Relire leurs transcriptions, les unes après les autres, et les comparer à la réalité des actions menées, suffit à vérifier que tous ces discours ne sont que figures de théâtre soigneusement mises en scène. Quel mot vient alors tout naturellement à l’esprit sinon celui de « Tartuffes ».

 

En l’absence de volonté des politiques, c’est fort heureusement la société civile qui se mobilise pour tenter de maintenir une planète vivable pour les générations présentes et futures et pour l’ensemble du monde vivant. En conclusion, j’ai souhaité présenter un état des lieux de cette résistance, à la fois active, joyeuse, et constructive,qui se manifeste contre la poursuite de ces trop nombreux projets destructeurs du climat et de la biodiversité.

 

*Alors que je relis une dernière épreuve de ce texte, avant publication, Emmanuel Macron a décidé d’écrire un nouvel acte du théâtre qui se joue au sommet de l’État. Le rappel des épisodes précédents, rassemblés dans cet écrit, devrait participer à éclairer notre futur proche.(Landerneau le 01/07/2024)

 

 

 

Table des matières


Préface ............................................................................... 5
 

Acte 1. 2002. Chirac. Johannesburg ............................... 7

2 septembre 2002. Sommet mondial de la Terre des
Nations Unies, à Johannesburg en Afrique du Sud ............ 7
 « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » ............ 7
Aux armes citoyens ! ....................................................... 10
Elf et l’argent du pétrole .................................................. 11
La maison brûle ? ............................................................. 12

 

Acte 2. Jospin-Fabius. Oubliez cette écotaxe… ........... 15
L’écologie sous surveillance ............................................ 15
La parole libérée de l’ami de trente ans ........................... 16
Promesses d’écologie version Jospin ............................... 16
L’Écotaxe, une bonne idée ............................................... 18
Décembre 2000. « La nouvelle écotaxe retoquée » ......... 19
Juillet 2001. Yves Cochet. Écotaxe le retour ? ................. 20
C’était compter sans Fabius ............................................. 20
Septembre 2001. L’Écotaxe enterrée ............................... 21

 

Acte 3. Sarkozy, du Grenelle à Kadhafi ....................... 23
De Hulot à Sarkozy. Du Pacte écologique au Grenelle ... 24
Paroles, paroles… ............................................................ 25
De Al Gore à Kadhafi ...................................................... 26
Guerre humanitaire et pétrole .......................................... 28

 

Acte 4. Hollande et « l’excellence environnementale »
du « président normal »
................................................. 29
L’excellence environnementale version Hollande/Ayrault 31
Place à Delphine Batho .................................................... 31
Brefs tours de piste au ministère de l’Écologie ............... 32
L’écologie permissive de Ségolène Royal ....................... 33
Quand Ségolène Royal taxait le gasoil ............................ 34

 

Un scandale politique et environnemental : l’affaire de
l’Écotaxe ..
........................................................................ 37
Un vieux serpent de mer .................................................. 38
Unanimes pour taxer les poids lourds .............................. 39
La fronde des patrons ....................................................... 40
Le cadeau laissé à la gauche ............................................ 42
Les « gros bonnets » voient rouge ................................... 43
Le Drian entre en scène .................................................... 45
Le début de la fin ............................................................. 46
L’écologie punitive version Ségolène Royal ................... 48
Le puni : l’automobiliste du quotidien ............................. 49
« Un gâchis patrimonial, social et industriel » ................. 50

 

Paris. COP21 .................................................................. 53
Avant la COP21 ............................................................... 53
COP21. Le grand jour ...................................................... 55
La fronde des pays vulnérables ........................................ 58
2017, fin de mandat. Cherchez l’erreur ! ......................... 59

 

Acte 5. Macron : « Ici Paris, 1er juin 2017 » ................ 61
1er juin 2017 ..................................................................... 61
15 novembre 2017. Bonn. COP23. Sauver les peuples
menacés de disparition ..................................................... 62
Et, à nouveau, Trump appelé comme faire-valoir ............ 63

L’action, maintenant ? ...................................................... 63
L’ennemie : l’écologie ..................................................... 68

 

Résister ............................................................................ 69
Résister, de ZAD en ZAD ................................................ 69
Résister avec Les Soulèvements de la Terre .................... 70
Résister en rebelles .......................................................... 72
Résister dans les écoles et les universités ........................ 73
Résister dans les labos ..................................................... 79
Résister avec les scientifiques du GIEC .......................... 80
Résister et annoncer le monde à venir ............................. 84

 

Références ....................................................................... 87

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6 juillet 2024 6 06 /07 /juillet /2024 14:35

 

« Le programme du RN est une imposture »

 

 

https://x.com/i/status/1806669097196835285

 

 

Quand je regarde le programme du Rassemblement National qui aborde les questions d'écologie j'y vois une imposture.

 

Première imposture. C'est de prétendre défendre l'indépendance et la souveraineté tout en proposant des mesures qui vont acter une plus lourde dépendance à l'approvisionnement en énergie fossile, notamment en pétrole et en gaz et donc une dépendance par rapport à d'autres puissances qui, on l'a vu avec la Russie, ne nous sont pas favorables.

 

Et puis par ailleurs, une deuxième imposture qui est de prétendre protéger les personnes sachant que ne pas agir en  fonction du changement climatique que ce soit de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou l'anticipation pour l'adaptation et la gestion de risques, c'est un énorme facteur d'inégalité, c'est la pire action à mener pour protéger les plus fragiles.

 

Et la dernière chose c'est que pour un parti qui prétend mettre en avant la transmission, ignorer les enjeux de transmission et de protection des écosystèmes, c'est une forme de patrimoine aussi, ne rien proposer pour le faire quand on voit les questions posées sur les coraux, sur le forêts, sur les glaciers, sur le littoral avec la montée du niveau de la mer, évidemment c'est se mettre la tête dans le sable. C'est du déni, non pas nécessairement du problème, mais du constat scientifique de la capacité à agir, des leviers d'action. Et une chose qui est certaine avec la changement climatique, si on se met la tête dans le sable les problèmes ne se résoudront pas, ils risquent d'être beaucoup plus, beaucoup plus difficiles à gérer.

 

 

Voir aussi la déclaration du conseil scientifique du CNRS.

 

Le Conseil scientifique du @CNRS rappelle son attachement aux principes à vocation universelle de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité, de solidarité, de tolérance et d’hospitalité.

 

 

 

 

 

Message bien reçu.

L'imposture du Rassemblement National a été rejetée.

 

 

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21 juin 2024 5 21 /06 /juin /2024 15:29

 

Deuxième fils du Duc de Devonshire, Henry Cavendish, reçoit, de son oncle, un riche héritage qui lui permet de constituer un laboratoire bien équipé qu’il utilise avec une rigueur peu commune parmi ses contemporains.

 

matériel de laboratoire de Cavendish.


 

En 1766, il présente devant l’Association Royale de Londres une communication sur les airs factices.


 

 

"Par air factice, je désigne, en général, toute sorte d'air contenu dans d'autres corps sous forme non-élastique, et qui en est extrait par l'action de l'art".

 

La découverte de l’air inflammable (notre hydrogène) constitue, par sa nouveauté, la partie la plus remarquable de son travail. Voir : Philosophical Transactions, 1766 page 144.

 

 

Le zinc, le fer et l'étain sont donc les trois métaux, à partir desquels Cavendish produit de l'air inflammable (notre hydrogène), par leur dissolution dans les acides. Et ceci uniquement dans l'acide vitriolique dilué (notre acide sulfurique), ou dans l'esprit de sel (notre acide chlorhydrique). Le zinc, précise-t-il se dissout avec une grande rapidité.

 

C'est ainsi que l'action de l'acide chlorhydrique sur le zinc deviendra, jusque aujourd'hui, la façon de préparer de l'hydrogène dans les laboratoires de nos lycées au moyen de l'appareil de Kipp.

 

 

Il note aussi que ces réactions se font avec une grande production de chaleur.

 

Quelle explication pour le phénomène ?

 

Quand les métaux sont dissous dans les acides, leur "phlogistique" s'échappe, sans que sa nature soit modifiée par l'acide, et forme "l'air inflammable".

 

Un mot sur le phlogistique.

 

Georg Ernst Stahl (1659-1734) nomme ainsi un "principe du feu" qui serait présent dans tous les corps combustibles.

 

Ce phlogistique, Stahl le reconnaîtra dans le soufre mais aussi dans le charbon et les corps combustibles comme les résines, les huiles et graisses végétales ou animales. Car, dit-il, ce principe se trouve dans les trois règnes de la Nature "au point qu’il passe immédiatement sans nulle difficulté et en un instant, du règne végétal et du règne animal dans le règne minéral et dans les substances métalliques".

 

Que se passe-t-il quand brûle un morceau de charbon ? La combustion libère le "phlogistique" qui ira imprégner l’air ambiant, le transformant en "air phlogistiqué". Mais, d’abord, Stahl le verra en œuvre dans les métaux, eux mêmes combustibles. C'est donc ce phlogistique qui s'échappe de ceux-ci quand ils sont dissous dans les acides. La théorie rencontre le succès et il faudra attendre Lavoisier pour qu'elle soit abandonnée.

 

Place aux expériences.

 

De l'air inflammable est mélangé à de l'air commun dans des proportions différentes dans des flacons par les différentes méthodes représentées sur les montages présentés en ce début d'article. Quand une flamme est présentée à l'orifice du flacon, une flamme se produit accompagnée d'un bruit plus ou moins fort.  Résultats :

- Avec une part d'air inflammable et neuf parts d'air commun, aucune inflammation quand on approche un papier enflammé de l'orifice du flacon.

- Avec deux parts pour huit, une flamme et un léger bruit/

- Avec trois parts pour sept, un très fort bruit.

- Avec quatre parts pour six, un bruit légèrement plus fort. 

- Avec des parts égales, sensiblement le même son.

- Avec 6 parts pour quatre, une flamme et un son faible.

- Avec 7 puis 8 puis 9 parts d'air inflammable, un son de plus en plus faible et une flamme à l'intérieur du flacon.

 

Proposition d'exercice pour apprenties et apprentis chimistes.

Sachant que la proportion d'oxygène dans l'air est de 21%, quel mélange vous semble le plus favorable à une combustion complète et donc à un fort bruit.

 

Quelle densité pour l'air inflammable ?

Cavendish s'est fait une spécificité dans la mesure de la densité des gaz. Nous ne décrirons pas ici les méthodes utilisées. La faible densité du gaz inflammable rend la mesure délicate. Notons que l'expérimentateur conserve comme dernière valeur une densité 8760 fois plus faible que celle de l'eau ou 11 fois plus faible que celle de l'air.

 

Autre proposition d'exercice : comparer ces résultats avec ceux que nous donneraient nos connaissances actuelles.

 

En conclusion : Cavendish ne se contente pas de découvrir l'existence de cet "air inflammable" qui deviendra notre hydrogène, il nous en apprend déjà beaucoup sur ses propriétés chimiques et physiques. Il mérite, à plus d'un titre, celui de "découvreur" de l'hydrogène.

 

 

 

 

 

 

 

 

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23 mai 2024 4 23 /05 /mai /2024 13:57

 

 

Traditionnellement l'eau est traitée, dans les programmes scolaires, sous les formes liquide ou solide. Pourtant c'est sous forme de gaz (la vapeur d'eau) qu'elle est primordiale dans le cycle de l'eau sur la planète. Le dérèglement climatique nous en fait prendre une conscience aigüe. En particulier par les pluies diluviennes des récents printemps. Pourquoi ces phénomènes ?

 

 

 

"À l’augmentation de température de 1 °C, correspond une augmentation de l’humidité de l’atmosphère de 7 %" nous informe le climatologue Robert Vautard, directeur de l’Institut Pierre-Simon-Laplace. "Autrement dit, à mesure que le climat se réchauffe, la vapeur d’eau stockée au-dessus de nos têtes se multiplie. » Or, l’air ayant une certaine capacité à contenir celle-ci, une fois le seuil dépassé, elle finit par se condenser, former des nuages et se transformer en pluie. « Résultat : le cycle de l’eau est accéléré par le changement climatique et les précipitations sont plus fréquentes. » (Reporterre)

 

Un oubli dans la composition de l'air : l'eau.

 

Traditionnellement il est enseigné que l'air est composé de 78% de diazote N2 de 21% de dioxygène O2 et de 1% de gaz divers. Une précision est rarement apportée : cette proportion est celle de l'air "sec". Mais l'air, ce gaz que nous respirons et qui constitue l'atmosphère, n'est jamais sec. Ainsi, à 18°C, un air saturé en humidité contient, en volume, environ 2% de vapeur d'eau et 98% d'"air sec" (diazote, oxygène...).

 

Comment oublier que cette eau à l'état de gaz se condense en ces nuages, maillon essentiel du cycle terrestre de l'eau. Sans eux pas de pluie, pas de neige, pas de sources ni de rivières et pas de vie à la surface du globe. Mais son rôle va bien au delà.

 

 

 

L'eau vapeur protège la terre du froid intersidéral.

 

Comment ne pas signaler aussi que le gaz "eau" est d'abord essentiel au maintien d'une température qui rend notre Terre  habitable. Un propriété découverte il y a plus de 150 ans.

 

John Tyndall (1820-1893), le découvreur des gaz à "effet de serre".

 

John Tyndal est né en Irlande et y a vécu sa jeunesse. Autodidacte, comme Faraday dont il a été l'élève, ses travaux scientifiques lui valent une solide renommée, tant en Europe que dans les Etats d'Amérique. Excellent vulgarisateur, il donne, en 1864 à Cambridge, une conférence, sous le titre "La radiation", dans laquelle il expose ses travaux sur l'absorption des rayons lumineux par différents gaz. Sa traduction par l'Abbé Moigno est publiée en France dès l'année suivante. Son traducteur est enthousiaste : "Le motif de sa dissertation lui était imposé par par l'immense retentissement des ses admirables découvertes dans le domaine des radiations lumineuses et caloriques. Il l'a traité avec une lucidité, une sobriété, une élégance, une aisance magistrales ; et nous ne nous souvenons pas d'avoir lu avec plus de plaisir d'autres dissertations scientifiques".

 

Le texte est court (64 pages) et l'éloge justifié. Il mérite d'être lu dans sa totalité. Qui le lirait y trouverait l'essentiel de ce que nous enseignent les climatologues aujourd'hui. Son exposé s'attache d'abord à établir l'existence de lumières invisibles à l'oeil. Il est acquis, depuis Fresnel, que la lumière solaire est composée de multiples radiations. En particulier il s'intéresse à celle qu'il désigne sous le terme "d'ultra-rouge" et que nous désignons aujourd'hui comme "infra-rouge". Il expose comment son existence a été révélée par l'astronome britannique Wiliam Herschel. L'expérience est belle, elle mérite d'être rappelée.

 

"Forçant un rayon solaire à passer à travers un prisme, il le résolu dans ses éléments constituants, et le transforma en ce qu'on appelle techniquement le spectre solaire (souligné par lui). Introduisant alors un thermomètre au sein des couleurs successives, il détermina leur pouvoir calorifique, et trouva qu'il augmentait du violet, ou du rayon le plus réfracté, au rouge ou rayon le moins réfracté du spectre. Mais il ne s'arrêta pas là. Plongeant le thermomètre dans l'espace obscur au delà du rouge, il vit que, quoique la lumière eût entièrement disparu, la chaleur rayonnante qui tombait sur l'instrument était plus intense que celle que l'on avait mise en évidence à tous les points du spectre visible."

 

Mentionnant les travaux de Ritter et Stokes sur les "ultraviolets" Tyndall pouvait alors présenter le rayonnement solaire comme composé de "trois séries différentes".

  1. des rayons ultra-rouges d'une très grande puissance calorique, mais impuissants à exciter la vision.

  2. Des rayons lumineux qui déploient la succession suivante de couleurs : rouge, orangé, jaune, vert, bleu, indigo, violet

  3. des rayons ultra-violets, impropres à la vision comme les rayons rouges, dont le pouvoir calorifique est très-faible, mais qui en raison de leur énergie chimique, jouent un rôle très important dans le monde organique.

 

Suit un exposé sur la nature des radiations. Quel est le lien entre la chaleur dégagée dans un fil de platine chauffé au rouge ou au blanc par un courant électrique le traversant et la perception de cette lumière par l'oeil ? Son compatriote Maxwell a émis récemment l'hypothèse selon laquelle la lumière serait une onde électromagnétique se déplaçant dans un hypothétique éther. Sa réponse est conforme au modèle. Il existe dit-il un "éther lumineux" qui comme l'air transmet les sons, est "apte à transmettre les vibrations de la lumière et de la chaleur". Ainsi "chacun des chocs de chacun des atomes de notre fil excite en cet éther une onde qui se propage dans son sein avec la vitesse de 300 000 kilomètres par seconde". C'est cette onde, reçue par la rétine, qui provoque chez nous la sensation de lumière.

 

Le chapitre qui suit a pour titre "Absorption de la chaleur rayonnante par les gaz". Son objet concerne particulièrement notre sujet, à savoir ce que nous désignons par "effet de serre".

 

"Limitant tout d'abord nos recherches au phénomène de l'absorption, nous avons à nous figurer une succession d'ondes issues d'une source de rayonnement et passant à travers un gaz. Quelques-unes de ces ondes viennent se heurter contre des molécules gazeuses et leur cèdent leur mouvement ; d'autres glissent autour des molécules, ou passent à travers leurs espaces intermoléculaires, sans obstacle sensible. Le problème consiste à déterminer si de semblables molécules libres ont à un degré quelconque le pouvoir d'arrêter les ondes de la chaleur, et si les différentes molécules possèdent ce pouvoir à différents degrés".

 

Le montage expérimental consiste en un plaque de cuivre chauffée jusqu'à incandescence. La lumière produite est transmise à un tube fermé par deux plaques de sel gemme "seule substance solide qui offre un obstacle presque insensible au passage des ondes calorifiques". Le tube peut être rempli de gaz divers sous la même pression de 1/30 d'atmosphère. La température y est mesurée par une "pile thermo-électrique", instrument d'une invention récente.

 

 

 

Les résultats sont publiés dans un tableau qui exprime les quantités de radiations absorbées respectivement par les différents gaz, "en prenant pour unité la quantité absorbée par l'air atmosphérique".

 

 

On y retrouve la plupart des gaz dont la nuisance nous préoccupe aujourd'hui. En particulier le dioxyde de carbone (acide carbonique), le protoxyde d'azote, l'acide nitreux.

 

Un dernier résultat "incroyable" !

 

Une dernière partie vient compléter ce tableau. Elle concerne l'étude "des vapeurs aqueuse de l'atmosphère dans leurs rapports avec les températures terrestres". L'importance des résultats mérite une mise en scène. Après les premières mesures effectuées sur différents gaz, "nous voici préparés à accepter un résultat qui sans ces préliminaires serait apparu complètement incroyable", annonce le conférencier.

 

Le nouveau gaz étudié n'est autre que la vapeur d'eau. C'est "un gaz parfaitement impalpable, diffusé dans toute l'atmosphère même les jours les plus clairs". La quantité de cette vapeur est infinitésimale comparée à la composition de l'air en oxygène et azote. Pourtant les mesures effectués montrent que son effet est 200 fois supérieur à celui de l'air qui la contient. Ce fait, note-t-il, "entraîne les conséquence les plus graves relativement à la vie sur notre planète".

 

Conséquences les plus graves ? C'est exactement ce que seraient tentés de dire la plupart de nos contemporains mais John Tyndall y voit en réalité une chance. La chaleur du sol échauffé par les rayons du soleil se communiquent à l'atmosphère sous formes de ces ondes de lumière "ultra-rouges" de grande puissance calorique. L'air seul serait insuffisant pour les retenir. Heureusement, constate Tyndall "les vapeur aqueuses enlèvent leur mouvement aux ondes éthérées, s'échauffent et entourent ainsi la terre comme d'un manteau qui la protège contre le froid mortel qu'elle aurait sans cela à supporter".

 

La vapeur d'eau protège la terre du froid des espaces célestes.

 

Plus tard, dans sa conclusion, le texte de Tyndall prend des proportions lyriques. "La toile d'araignée tendue sur une fleur suffit à la défendre de la gelée des nuits ; de même la vapeur aqueuse de notre air, tout atténuée qu'elle soit, arrête le flux de la chaleur rayonnée par la terre, et protège la surface de notre planète contre le refroidissement qu'elle subirait infailliblement, si aucune substance n'était interposée entre elle et le vide des espaces célestes". Il en veut pour preuve que partout où l'air est sec (déserts, sommets des hautes montagnes) cela entraîne des températures diurnes extrêmes. Inversement "pendant la nuit, la terre rayonne sans aucun obstacle la chaleur vers ses espaces célestes et il en résulte un minimum de température très-basse".

 

La découverte est d'importance et il la revendique. S'il reconnaît à ses prédécesseurs, de Saussure, Fourier, Pouillet, Hopkins, d'avoir "enrichi la littérature scientifique" sur ce sujet, il fait le constat que ce n'est pas, à présent, à l'air, comme ils l'ont fait, qu'il faut s'intéresser mais à la vapeur d'eau qu'il contient. Ceci d'autant plus que, dans un air saturé d'eau, à 18°c sous la pression de 1 atmosphère, l'eau "gaz" peut occuper 2% du volume de l'air..

 

 

 

Ainsi donc la terre est protégée par la vapeur d'eau ? Nous sommes dans la première période du développement industriel de l'Europe, comment Tyndall pourrait-il imaginer que cet équilibre qui dure depuis des milliers d'années sera rompu dans le siècle suivant. Non pas par la vapeur d'eau mais par le CO2 (l'acide carbonique).

 

Que dit-il de ce gaz ? Il a déjà mesuré que son pouvoir d'absorption des rayons lumineux est près de 1000 fois supérieur à celui de l'air. Il constate également qu'il existe un nombre de rayons "pour lesquels l'acide carbonique est impénétrable". Il en fait même un moyen de mesure du taux de CO2 dans l'air expiré par les poumons. Il ne percevra pas son rôle prépondérant dans le réchauffement de l'atmosphère. Ce sera la contribution de Svante Arrhenius.

 

 

 

 

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4 mai 2024 6 04 /05 /mai /2024 13:17

Complément d'enquête

Juillet 2022. La France suffoque et connaît l'été le plus chaud jamais enregistré. Au même moment, une vague de climatoscepticisme inonde les réseaux sociaux. Glaciologues, climatologues et experts du GIEC subissent un tel déversement de haine et de menaces qu'ils prendront la décision de quitter les réseaux. Au pied des glaciers des Alpes, qui reculent année après année, "Complément d'enquête" a rencontré des Français qui ne voient dans ce phénomène que la main de la nature, comme le prétendent des "experts" "climato-réalistes" qui détournent les résultats d'études scientifiques pour servir leur contre-discours sur le climat. Aux Etats-Unis, où l'industrie fossile opère dans l'ombre pour troubler l'opinion, rencontre avec ceux qui considèrent le réchauffement climatique comme une "opportunité" de business.

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