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Il existe des liens intéressants entre science et magie. Elles partagent une croyance, celle que ce qui est visible n’est qu’une réalité superficielle et non la vraie réalité sous-jacente. Toutes deux tirent leur origine du besoin fondamental, basique, de trouver un sens à un monde hostile afin de pouvoir le prévoir ou le manipuler.
La magie, tout comme la science, apporte des éclairages sur le fonctionnement du cerveau humain. Trouver des points communs entre la science et la magie dépend bien sûr de la manière dont on définit la magie. L’interprétation la plus simple des pratiques magiques est qu’il s’agit de mauvaise science. Mais qui peut vraiment dire ce qu’est la bonne science ? Nombre d’idées innovantes ont attendu des années avant de se voir acceptées par la communauté scientifique. Cela signifie-t-il qu’elles se sont tout à coup transformées, passant de la magie à la science ? Pourquoi croyons-nous en la magie et la sorcellerie ? les certitudes et les prédictions scientifiques ont des limites très réelles et de nouvelles interrogations, des mystères, des énigmes continueront à se poser aussi sûrement que des mystères d’aujourd’hui seront résolus.
Magie et religion sont des recours qui opèrent dans des situations de stress émotionnel : moments de crise, blocages dans des processus de recherche, mort, initiation à des mystères, déception amoureuse… Religion et magie offrent des moyens d’échapper à de telles situations. Si la superstition est toujours florissante aujourd’hui, c’est bien parce que de nombreux aspects de l’existence demeurent hors de contrôle. La différence entre la science et la magie se situe au niveau expérimental : la connaissance scientifique conventionnelle s’obtient par un travail pénible, aride, de longue haleine. Les éclairs de génie, les « Euréka ! » sont rares. Cela peut prendre des années pour découvrir quelque chose et en apporter la confirmation à la satisfaction générale.
La recherche n’est pas une série d’illuminations nées de la douceur du bain ou d’un moment de repos sous un pommier. C’est un travail opiniâtre, qui n’exclut toutefois pas les chemins de traverse. L’une des caractéristiques de la pensée magique et de la foi religieuse qui les différencie de la science est que aucune découverte ultérieure ne peut venir ébranler la foi ou la croyance de l’adepte, car il trouvera toujours une explication pour étayer sa foi. Quand un charme magique, un sortilège, n’opère pas, la faute en revient au magicien, non au charme lui-même. Les scientifiques aussi peuvent avancer toutes sortes d’explications pour excuser les défaillances d’une théorie fausse. Mais à la différence d’autres systèmes de croyance, le système scientifique se trouve perpétuellement passé au crible de l’expérience. La science finit toujours par abandonner une théorie ou une « vérité » si elle est infirmée par des preuves indiscutables. La science est véritablement le meilleur moyen de comprendre le fonctionnement de l’univers.
Même si l’on reprenait le cours de l’histoire et qu’elle suive une autre route, les conclusions de la science seraient les mêmes : l’ADN serait toujours la molécule de l’hérédité, l’hydrogène serait toujours l’élément le plus abondant de l’univers, les étoiles seraient encore alimentées par la fusion nucléaire. Si Newton n’avait pas fait ses découvertes mathématiques, physiques, scientifiques, un autre l’aurait fait. Si Marie Curie n’avait pas existé, on aurait tout de même découvert les éléments radioactifs du radium et du polonium. Mais si J.K. Rowling n’était pas née, nous n’aurions jamais connu Harry Potter. Voilà pourquoi ce personnage a tant de signification : la science est peut-être spéciale, mais Harry Potter, comme œuvre d’art, l’est bien davantage. Il est unique.

Voir aussi :
Histoire de la chimie. Des symboles des alchimistes jusqu’aux formules des chimistes.