Salon de l'automobile, octobre 2014. Ségolène Royal, ministre de l'écologie, est venue y faire la publicité de la voiture électrique. "J'avais un temps d'avance" affirme-t-elle, parlant de son expérimentation en Poitou-Charentes.
Un temps d'avance ? Vraiment ? Retour en 1881.
Initiée par Adolphe Cochery (1819-1900), ministre des Postes et Télégraphes, c’est la première fois qu’une exposition internationale est entièrement consacrée à l’électricité et à ses applications. Cette rencontre prendra une importance particulière avec l’organisation, pendant l’exposition, du premier congrès international des électriciens.
Les moteurs électriques y sont spectaculairement illustrés par leur application à la locomotion. Le premier Tramway électrique fait ainsi son apparition à Paris. Il circule entre la place de la Concorde et le Palais de l’Industrie. Avec le téléphone et les lampes à incandescence c’est la plus belle attraction de l’exposition.
Premier tramway électrique à Paris
Visionnaire, Edouard Hospitalier dans la revue La Nature (1882, premier semestre) l’usage à venir des accumulateurs dans des véhicules électriques individuels :
"Les études sont dirigées aujourd’hui du côté des accumulateurs, et l’on peut espérer que, on sera arrivé à les construire assez légers pour pouvoir faire fonctionner des véhicules pendant quelques heures à l’aide de l’électricité emmagasinée. Il sera facile alors d’établir en certains points de la capitale de véritables relais où l’on viendra recharger les accumulateurs en les branchant sur la canalisation générale de la distribution. On aura ainsi réalisé le cheval de fiacre électrique et la nourriture électrique.
Nous n’en sommes pas encore là au point de vue de la pratique, mais combien d’années encore cette utopie mettra-t-elle à devenir une réalité."
Combien d’années ? E. Hospitalier, comme ses contemporains, était certain que l’électricité était l’énergie de leur avenir et avec elle la locomotion électrique. (voir l'histoire des voitures électriques)
C’était compter sans le pétrole dont on commençait seulement à imaginer l’usage possible dans ces moteurs à explosion dont le premier brevet avait été déposé par les frères Niépce en 1807 à un moment où ils qui ne disposaient pas encore du combustible idéal (leur prototype fonctionnait à la poudre de lycopode, spores d’un champignon). Un siècle plus tard, effet de serre et épuisement des ressources combinés, l’idée de la voiture électrique intéresse à nouveau pouvoirs publics et industriels.
Encore faut-il que la production d'électricité ne soit pas elle même source de pollution. Or dans le même temps où la ministre de l'écologie faisait la promotion de la voiture électrique, elle déclarait son attachement aux centrales nucléaires qu'elle considérait comme "un acquis et un atout" considérant par ailleurs que "le nucléaire est le socle de la politique énergétique de notre pays".
La voiture électrique ne serait-elle alors qu'un alibi pour la poursuite de la politique nucléaire de la France ?
Au siècle de l'avant pétrole, la "transition énergétique" vers l'électricité signifiait la sortie du tout-charbon et le recours aux énergies issues de la "Nature", celles qu'aujourd'hui, dans notre époque marchande, nous désignons comme "renouvelables".
Louis Figuier, rendant compte de l’exposition de 1881 dans L’année Scientifique de 1882, expose ses propositions : utiliser les énergies des chutes d’eau, des marées, des fleuves.
"Créer de l’électricité par la force primitive, transporter cette électricité à distance au moyen d’un fil, et à cette distance changer de nouveau cette électricité en mouvement… des forces naturelles aujourd’hui perdues pourraient être utilisées en les transportant à une distance plus ou moins grande.
Il y a par exemple, dans les Alpes, dans les Pyrénées, dans les Apennins, dans les Andes, d’immenses chutes d’eau qui pourraient produire de grands effets mécaniques, et qui sont perdues parce que l’on n’a pas le moyen de les utiliser sur place. Transportez cette force du pied des Alpes, par exemple, jusque dans une usine située à 20 ou 30 kilomètres, et vous disposerez ainsi d’une puissance qui était perdue, qui ne sera pas assurément gratuite, mais qui sera un accroissement de votre énergie mécanique.
Les marées sont une force naturelle immense, mais dont on ne peut tirer parti sur les rivages de l’océan. Transformez en électricité, au moyen d’une machine dynamo-électrique, la force mécanique de l’influx marin recueilli sur les côtes, et transportez au loin cette électricité… et vous aurez tiré parti d’une force naturelle qui jusqu’ici n’a jamais pu être utilisée sérieusement…
La roue d’un modeste moulin peut même être employée à produire de l’électricité, et cette électricité transporter au loin l’énergie mécanique de la chute d’eau"
Nous trouvons dans cette énumération une grande partie des énergies renouvelables que nous exploitons aujourd’hui ou que nous souhaitons exploiter dans l’avenir. En y ajoutant l’énergie du vent et surtout l’énergie solaire on aura complété la panoplie des alternatives aux énergies fossiles qui constitueront une part essentielle de notre futur.
Mais pour en revenir à la locomotion, plutôt que de développer un nouveau moyen de déplacement individuel à coup de subventions publiques (1), sans doute faudrait-il consacrer celles-ci en priorité à l'amélioration et au développement des transports collectifs moins coûteux en énergie et à l'isolation de l'habitat.
(1) Voir de Hervé Kempf : Loi sur l’énergie : un cadeau de 40 milliards d’euros au lobby de l’auto électrique.
_________________________________________________________
On parle des premières voitures électriques, du règne du tout pétrole et de transition énergétique dans :
Dérèglement climatique, fonte des glaces, cyclones, sécheresses…
Coupable : le dioxyde de carbone.
Pourtant sans ce gaz il n’y aurait aucune trace de vie sur Terre.
L’auteur nous fait suivre la longue quête qui, depuis les philosophes de la Grèce antique jusqu’aux chimistes et biologistes du XVIIIe siècle, nous a appris l’importance du carbone et celle du CO2.
L’ouvrage décrit ensuite la naissance d’une chimie des essences végétales qui était déjà bien élaborée avant qu’elle ne s’applique au charbon et au pétrole.
Vient le temps de la « révolution industrielle ». La chimie en partage les succès mais aussi les excès.
Entre pénurie et pollutions, le « carbone fossile » se retrouve aujourd’hui au centre de nos préoccupations. De nombreux scientifiques tentent maintenant d’alerter l’opinion publique.
Seront-ils entendus ?