Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 mai 2023 7 21 /05 /mai /2023 11:34

 

 

Le Bronx, 1945. Par une moite après-midi d'août, un gamin dont la famille a fui le nazisme écoute la radio. Surgit la voix du président Truman : une seule bombe, « atomique », a rasé Hiroshima. « Le plus grand succès de la science organisée de toute l'histoire. » De cet événement, le petit garçon retiendra notamment la photo d'une absence?: un homme retiré de son ombre par la déflagration.  Adulte, le gamin deviendra physicien : ancien directeur de laboratoire au CNRS, Harry Bernas est aujourd'hui un scientifique reconnu dans le domaine des nanosciences, et son histoire n'a cessé de croiser celle de la science nucléaire. Jusqu'à Fukushima. Fruit d'un programme nucléaire ayant occulté les risques d'un tsunami pourtant documentés, le drame de 2011 a agi comme un révélateur de la cécité volontaire des hommes sur les conséquences de leurs choix techniques et sociaux.

 

Dans ce captivant récit qui entremêle souvenirs personnels et réflexions scientifiques, Harry Bernas tente de comprendre d'où vient cet aveuglement délibéré. Lucidement, mais sans aucun fatalisme, il met au jour comment, du projet Manhattan aux réacteurs GEN-IV en passant par la politique « Atomes pour la paix » d'Eisenhower, on en est venu à modifier insensiblement la finalité même de la science, dont l'objet ne consiste plus à connaître le monde, mais à la rendre perméable au pouvoir.

 

Ou comment Newton et Einstein ont été supplantés par Jeff Bezos et Elon Musk. Nous pensions vivre paisiblement sur l'île au Bonheur. En japonais, « île au Bonheur » se dit Fukushima...

 

Lire du même auteur :

 

La bombe française bloque le débat sur le nucléaire.

 

"Si le débat français sur l’énergie nucléaire n’avance guère depuis 30 ans, c’est qu’il a un point aveugle. Le nucléaire est au cœur du lien entre trois stratégies : industrielle, politique, et militaire.

 

Faire silence sur l’effet de cette dernière, c’est ignorer la réalité et mettre en péril notre adaptation aux changements du monde."

 

Le nucléaire, archétype de la "cécité volontaire".

 

" Comment se manifeste cette cécité volontaire, dans le nucléaire civil en France ?

Il y a d’abord la remise aux générations futures, pendant plus de 40 ans, des enjeux liés aux déchets nucléaires. On a laissé de côté les implications, pour l’avenir même du nucléaire civil, des risques liés à leur accumulation ou retraitement éventuels, de leur stockage.

Ensuite, il y a ce que je qualifierais de « schizophrénie résurgente à partir des années 70 en France » : la plupart des scientifiques concernés font l’impasse sur les rapports entre nucléaire militaire et civil. Il faut 5 à 6 kilos de plutonium (Pu) pour faire une bombe. Un réacteur civil en produit deux tonnes par an, et à La Hague on effectue un recyclage systématique qui isole et accumule une partie du Pu : le stock actuel est d’une cinquantaine de tonnes. Les risques sont multiples, entre protection du stock, risque terroriste, problèmes de transport… Comment négliger le contexte actuel de tensions au niveau mondial ?"

 

 

Lire encore :

 

Entre Hiroshima et Fukushima. Une histoire du nucléaire en France.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog d'histoire des sciences
  • : Comme l'art ou la littérature,les sciences sont un élément à part entière de la culture humaine. Leur histoire nous éclaire sur le monde contemporain à un moment où les techniques qui en sont issues semblent échapper à la maîtrise humaine. La connaissance de son histoire est aussi la meilleure des façons d'inviter une nouvelle génération à s'engager dans l'aventure de la recherche scientifique.
  • Contact

Recherche

Pages

Liens