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30 janvier 2022 7 30 /01 /janvier /2022 15:01
  En direct avec MARIOTTE BORVON, Gérard
1987
12
699 (1)
  1789, dans le laboratoire de LAVOISIER BORVON, Gérard
1990
01
720
  De Dufay à AMPÈRE. Des deux espèces d'électricité aux deux sens du courant électrique BORVON, Gérard
1994
01
760 (1)
  Du phénakisticope au cinématographe BORVON, Gérard
1996
07-08-09
786

http://bupdoc.udppc.asso.fr/consultation/panier.php?Submit3=Envoyer&chkbx_0=%0D%0A8582&chkbx_1=%0D%0A7885&chkbx_2=%0D%0A1783&chkbx_3=%0D%0A5913

Voir encore :

L'Histoire des Sciences, un outil pour la classe : quatre expériences pédagogiques.

 

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10 janvier 2022 1 10 /01 /janvier /2022 20:59

Un article, dont l'actualité est brûlante, publié par le Courrier de l'Unesco en 1958, à l'occasion de la remise, à Bertrand Russell, du Prix Kalinga de vulgarisation scientifique.

 

Il fut un temps où les savants considéraient avec dédain ceux qui tentaient de rendre leurs travaux accessibles à un large  public. Mais, dans le monde actuel, une telle attitude n'est plus possible. Les découvertes de la science moderne ont mis entre les mains des gouvernements une puissance sans précédent dont ils peuvent user pour le bien ou pour le mal. Si les hommes d'Etat qui détiennent cette puissance n'ont pas au moins une notion élémentaire de sa nature, il n'est guère probable qu'ils sauront l'utiliser avec sagesse. Et, dans les pays démocratiques, une certaine formation scientifique est nécessaire, non seulement aux hommes d'Etat, mais aussi au grand public.

 

Faire acquérir cette formation au plus grand nombre n'est pas chose facile. Ceux qui savent effectivement servir de trait d'union entre les techniciens et le public accomplissent une tâche qui est nécessaire non seulement pour le bien-être de l'homme, mais simplement pour sa survie. Je crois que l'on devrait faire beaucoup plus dans ce sens, pour assurer l'éducation de ceux qui ne se destinent pas à devenir des spécialistes scientifiques. Le Prix Kalinga rend un immense service à la société, en encourageant ceux qui s'attaquent à cette entreprise difficile.

 

Dans mon pays, et, à un moindre degré, dans d'autres pays de l'Occident, on considère en général par suite d'un regrettable appauvrissement de la tradition de la Renaissance que la « culture » est essentiellement littéraire, historique et artistique. Un homme n'est pas considéré comme inculte s'il ignore tout de l’œuvre de Galilée, de Descartes et de leurs successeurs. Je suis convaincu que tout le programme d'enseignement général devrait comprendre un cour d'histoire de la science du XVII° siècle à nos jours, et donner un aperçu des connaissances scientifiques modernes, dans la mesure où celles-ci peuvent être exposées sans faire appel à des notions techniques. Tant que ces connaissances sont réservées aux spécialistes, il n'est guère possible aux nations de diriger leurs affaires avec sagesse.

 

Il existe deux façons très différentes .d'évaluer les réalisations humaines : on peut les évaluer d'après ce que l'on considère comme leur excellence intrinsèque ; on peut aussi les évaluer en fonction de leur efficacité en tant que facteurs d'une transformation de la vie et des institutions humaines. Je ne prétends pas que l'un de ces procédés d'évaluation soit préférable à l'autre.

 

Je veux seulement faire remarquer qu'ils donnent des échelles de valeur très différentes. Si Homère et Eschyle n'avaient pas existé, si Dante et Shakespeare n'avaient pas écrit un seul vers, si Bach et Beethoven étaient restés silencieux, la vie quotidienne de la plupart de nos contemporains serait à peu près ce qu'elle est. Mais, si Pythagore, Galilée et James Watt n'avaient pas existé, la vie quotidienne, non seulement des Américains et des Européens de l'Ouest, mais aussi des paysans indiens, russes et chinois serait profondément différente. Or, ces transformations profondes ne font que commencer. Elles affecteront certainement l'avenir encore plus qu'elles n'affectent le présent.

 

Actuellement, la technique scientifique progresse à la façon d'une vague de chars d'assaut qui auraient perdu leurs conducteurs : aveuglément, impitoyablement, sans idée, ni objectif. La principale raison en est que les hommes qui se préoccupent des valeurs humaines, qui cherchent à rendre la vie digne d'être vécue, vivent encore en imagination dans le vieux monde pré-industriel, ce monde qui nous a été rendu familier et aimable par la littérature de la Grèce et par les chefs-d’œuvre que nous admirons à juste titre des poètes, des artistes et des compositeurs, de l'ère pré-industrielle.

 

Ce divorce entre la science et la « culture », est un phénomène moderne. Platon et Aristote avaient un profond respect pour ce que de leurs temps on connaissait de la science. Le Renaissance s'est autant préoccupée de rénover la science que l'art et la littérature. Léonard de Vinci a consacré plus d'énergie à la science qu'à la peinture. C'est aux architectes de la Renaissance que l'on doit la théorie géométrique de la perspective. Pendant tout le XVIII° siècle, de grands efforts ont été entrepris pour faire connaître au public les travaux de Newton et de ses contemporains. Mais à partir du début du XIX° siècle, les concepts et les méthodes scientifiques deviennent de plus en plus abstrus, et toute tentative pour les rendre intelligibles au plus grand nombre apparaît de plus en plus illusoire. La théorie et la pratique de la physique nucléaire moderne ont révélé brutalement qu'une ignorance totale du monde de la science n'est plus compatible avec la survie de l'humanité.

 

Le texte ci-dessus reproduit dans sa presque totalité l'allocution prononcée par Bertrand Russell au cours de la cérémonie de remise du Prix Kalinga, le 28 janvier, à la Maison de l'Unesco.

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50 ans plus tard : Un phénomène toujours de notre temps.

2007: "Les élites dirigeantes sont incultes. Formées en économie, en ingénierie, en politique, elles sont souvent ignorantes en sciences et quasi toujours dépourvues de la moindre notion d'écologie." (Hervé Kempf, Comment les riches détruisent: la Planète, Seuil, 2007.)

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4 janvier 2022 2 04 /01 /janvier /2022 14:24

 

L’Homme est la Nature prenant conscience d’elle-même.

 

Cette Phrase annonce la préface du premier tome de "L'homme et la terre" de Élisée Reclus publié en 1905 année de sa mort.

 

 

L'introduction de l'ouvrage est explicite.

 

"Il y a quelques années, après avoir écrit les dernières lignes d’un long ouvrage, la Nouvelle Géographie universelle, j’exprimais le vœu de pouvoir un jour étudier l’Homme dans la succession des âges comme je l’avais observé dans les diverses contrées du globe et d’établir les conclusions sociologiques auxquelles j’avais été conduit. Je dressai le plan d’un nouveau livre où seraient exposées les conditions du sol, du climat, de toute l’ambiance dans lesquelles les événements de l’histoire se sont accomplis, où se montrerait l’accord des Hommes et de la Terre, où les agissements des peuples s’expliqueraient, de cause à effet, par leur harmonie avec l’évolution de la planète.

Ce livre est celui que je présente actuellement au lecteur."

 

"accord des Hommes et de la Terre... harmonie avec l'évolution de la Planète...". On peut comprendre que la mouvance écologiste considère, à juste titre, Élisée Reclus comme l'un des leurs.

 

 

La phrase cependant interroge. La place de l'homme dans la nature est-elle si positive ?

Au moment où apparaît la notion d'Anthropocène, liée à la responsabilité de l'espèce humaine dans le dérèglement climatique et l'effondrement de la biodiversité, comment encore retenir l'idée, que l'espèce "Homo Sapiens" serait l'unique détentrice d'une "conscience"  qui serait celle de la Nature dans son ensemble ? Élisée Reclus prononcerait-il cette même phrase s'il pouvait constater, comme nous le faisons à présent, le rôle destructeur de l'activité humaine.

 

De Engels à Reclus.

 

Déjà avant Reclus, l'anarchiste, la même phrase avait été écrite, presque mot pour mot, par Friedrich Engels, le communiste, en introduction de sa "Dialectique de la Nature" rédigée vers 1875 (mais publiée après sa mort en 1925). 

 

Citant la publication de Copernic comme "l'acte révolutionnaire" par lequel la science de la Nature proclamait son indépendance vis à vis des religions, il constatait que le développement des sciences avait avancé dès lors à "pas de géant". Et il ajoutait : "Il fallait, semble-t-il, démontrer au monde que, désormais, le produit le plus élevé de la matière organique, l'esprit humain, obéissait à une loi du mouvement inverse de celle de la matière organique".

 

Et pour être plus précis :

 

"A partir des premiers animaux se sont développés essentiellement par différenciation continue, les innombrables classes, ordres, familles, genres et espèce d'animaux, pour aboutir à la forme où le système nerveux atteint son développement le plus complet, celle des vertébrés, et à son tour, en fin de compte, au vertébré dans lequel la nature arrive à la conscience d'elle même : l'homme".

 

De tels propos, aujourd'hui, vaudraient à son auteur d'être taxé d'adepte de la théorie du "dessein intelligent" diffusée par les cercles conservateurs chrétiens américains. Surtout quand Engels va jusqu'à affirmer l'immortalité de la conscience humaine. Après avoir évoqué l'inévitable fin du Soleil et de la Terre, si la Nature, écrivait-il "doit sur terre exterminer un jour, avec une nécessité d'airain, sa floraison suprême, l'esprit pensant, il faut avec la même nécessité que quelque part ailleurs et à une autre heure elle le reproduise". Sacraliser ainsi "l'esprit" humain est plutôt déroutant chez un théoricien du matérialisme dialectique.

 

Revenons à Élisée reclus : "L’Homme vraiment civilisé aide la terre au lieu de s’acharner brutalement contre elle ; il apprend aussi comme artiste, à donner aux paysages qui l’entourent plus de grâce, de charme ou de majesté. Devenu la conscience de la terre, l’homme digne de sa mission assume par cela même une part de responsabilité dans l’harmonie et la beauté de la nature environnante."

 

"L'Homme, conscience de la Terre et acteur de son harmonie et de sa beauté"? On ne peut que la souhaiter cette humanité devenue "civilisée" que le courant écologiste s'emploie à faire naître. Élisée Reclus, qui a ouvert la voie, voudrait-il, cependant, encore honorer "L'Homme" du titre de "conscience de la Nature" devant l'étendue des dégâts que "l'inconscience" de humains des pays industrialisés provoque dans l'ensemble du monde vivant depuis le début du 19ème siècle?

 

 

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Une proposition de lecture : de l'homme et du microbe.

Quelle est la place de l'humain dans la Nature ? Marc André-Sélosse nous répond : il n'y est jamais seul.

"Au fil d’un récit foisonnant d’exemples et plein d’esprit, Marc-André Selosse nous conte cette véritable révolution scientifique. Détaillant d’abord de nombreuses symbioses qui associent microbes et plantes, il explore les propriétés nouvelles qui en émergent et modifient le fonctionnement de chaque partenaire. Il décrypte ensuite les extraordinaires adaptations symbiotiques des animaux, qu’ils soient terrestres ou sous-marins. Il décrit nos propres compagnons microbiens – le microbiote humain – et leurs contributions, omniprésentes et parfois inattendues.

 

Enfin, il démontre le rôle des symbioses microbiennes au niveau des écosystèmes, de l’évolution de la vie, et des pratiques culturelles et alimentaires qui ont forgé les civilisations."

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Une autre proposition de lecture.

 

Il faut lire de Claude Lorius et Laurent Carpentier : "Voyage dans l'anthropocène" pour y trouver la réelle place de l'humain dans la Nature.

 

"Nous avons cru que nous étions différents des autres, nous avons cru que nos divinités étaient plus fortes, nos bras plus solides, nos esprits imbattables.

 

Nous avons cru, péché mortel, que nous étions l'espèce élue. Pas le peuple élu, pas la race élue, non, bien mieux que ça : l'espèce élue !

 

C'est l'homme qui créa dieu à son image, et non l'inverse. C'est un homme qui créa l'arche où il amena tous les animaux pour les sauver du déluge. Plus fort que les lions,plus malin que les renards, plus organisé que les fourmis, plus bâtisseur que les castors, il était, tout au bout de la chaîne du vivant, l'objectif ultime de l'évolution. Juste avant l'ange. Il avait ainsi fini par oublier qu'il était mortel, en tant qu'individu, et en tant que civilisation.

 

Darwin n'a pas suffi. Même assis au bord du cimetière, nous croyons toujours en l'exception humaine. Comprendre d'une part que les espèces sont d'une façon ou d'une autre interreliées et que d'autre part l'homme n'est pas la finalité de la vie sur Terre, est un immense cheminement de la conscience qu'il est difficile, même aux plus éclairés, d'entreprendre."

 

Et en épilogue, après cette phrase d'Edgard Morin : "Le probable est la désintégration, l'improbable mais possible est la métamorphose...", ce dialogue entre Claude Lorius et Laurent Carpentier :

 

- J'ai monté du whisky. Pur malt. Pas le meilleur mais il me reste encore dans ma carrée des glaçons du glacier, spécial 100 000 ans d'âge...

 

- Mieux vaut en profiter tant qu'il en reste !

 

- A quoi buvons-nous ?

 

- A la santé du vieux monde. Qu'il en naisse un meilleur... Parce que si j'accepte d'être une virgule sur le fil du temps, crois bien que je refuse d'en être le point final."

 

 

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17 décembre 2021 5 17 /12 /décembre /2021 13:23

Une histoire à rebondissements !

En l'année 1920, la commémoration des cent ans de la découverte par Ampère de l'électro-dynamique avait  été reportée à 1921 pour cause de grippe espagnole.

 

En l'année 2020, le bicentenaire du même évènement a été reporté en 2021 pour cause de coronavirus.

 

Voir le discours tenu en 1921 à Poleymieux par M. Teissier, directeur d'un important établissement électrique de Lyon.

 

http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?4KY28.101/383/100/658/5/653

 

 

 

 

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6 décembre 2021 1 06 /12 /décembre /2021 12:28

« Nous laissons à nos descendants un lourd héritage climatique et, en supplément, en France, des centrales vieillissantes qu’il faudra démanteler et des déchets hautement radioactifs. »

 

« Le principal argument, la lutte contre le dérèglement climatique, est injustifiable. »

 

 

Gérard Borvon (Finistère) :

 

Le nucléaire, une double peine pour les générations futures en France.

 

La proximité de l’élection présidentielle donne lieu à une surenchère de candidat(e)s qui entendent faire de la relance des centrales nucléaires un point fort de leur programme.

 

Emmanuel Macron les prend de vitesse en annonçant qu’il décide de « relancer la construction de réacteurs nucléaires ». Prise encore une fois sans aucun débat, cette décision engagerait, si elle devait se confirmer, plusieurs générations de nos descendants.

 

Le principal argument, la lutte contre le dérèglement climatique, est injustifiable. Sous la pression de nos lobbies nationaux des combustibles fossiles et du nucléaire, la France a pris un retard en matière de développement des énergies renouvelables.

 

Alors que tout devrait être mis en œuvre pour rejoindre les pays les plus avancés dans ce domaine, comment accepter de consacrer 46 milliards d’euros dans un nouveau programme pharaonique de centrales nucléaires pour un fonctionnement prévu, au mieux, à l’horizon de 2040 ? C’est-à-dire bien après les mesures immédiates que réclame la lutte contre le dérèglement climatique. Or, pour le climat, il y a urgence.

 

Selon les derniers rapports du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), un réchauffement planétaire de plus de 1,5 °C provoquerait des dérèglements climatiques sans précédent : désertification, intensité des précipitations, incendies, inondations… Déjà avec 1,1 °C d’augmentation de la température planétaire depuis 1900, nous constatons dans notre pays les effets du réchauffement et nous sommes contraints à mettre en place les mesures d’adaptation qui s’imposent.

 

Il est facile d’imaginer ce que pourraient provoquer des températures mondiales encore plus élevées. Nous ne pouvons donc pas ignorer que nous laissons à nos descendants, chez nous comme ailleurs dans le monde, un lourd héritage climatique.

 

Surtout, nous ne devons pas oublier que nous leur laissons en supplément, en France, le pays le plus nucléarisé, des centrales vieillissantes qu’il faudra démanteler, des déchets hautement radioactifs à gérer, sans compter les accidents prévisibles.

 

L’industrie nucléaire inflige déjà, en France, une double peine à nos descendants. Comment accepter qu’on leur alourdisse encore le fardeau en leur léguant l’héritage empoisonné d’un nouveau programme de construction de centrales ?

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23 octobre 2021 6 23 /10 /octobre /2021 11:51

 

Henri Becquerel, Marie Curie : la découverte de la radioactivité.

 

Cette histoire commence en France avec le physicien Henri Becquerel alors qu’il étudie la phosphorescence à partir de composés particulièrement actifs : des sels d'uranium. L'Uranium est connu depuis 1789 quand le chimiste prussien Martin Heinrich Klaporth découvre dans la pechblende, un minerai présent dans certaines mines d'argent, un corps auquel il donne le nom d'Urane en référence à la planète Uranus découverte quelques années plus tôt. Son intérêt pratique est limité. On l'utilise essentiellement pour donner au verre une légère fluorescence verte. C'est pourtant cette modeste propriété qui le fera entrer, avec Henri Becquerel, dans la grande Histoire.

 

En décembre 1895, Wilhelm Röntgen fait connaître au monde l'existence des rayons X dont la propriété est de traverser les corps opaques et de pouvoir impressionner une plaque photographique. L’année suivante Henri Becquerel annonce qu’il a lui même observé que des sels d'uranium enfermés dans une enceinte de plomb peuvent impressionner une plaque photographique placée à proximité. Vient le temps de Marie Sklodowska, jeune Polonaise récemment mariée à Pierre Curie.

 

Elle a décidé de consacrer sa thèse universitaire à la découverte de Becquerel en cherchant à savoir si des corps autres que les composés de l'uranium présentaient la même propriété. C'est ainsi qu'en juillet 1898 elle annonce la découverte d'une nouvelle substance "radio-active" (le terme est d'elle) à laquelle elle donne le nom de polonium en hommage à son pays d'origine. Puis vient la découverte du radium, un composé dont l'activité est alors estimée à 100 000 fois celle de l'uranium.

 

 

Le Radium apparaît comme un produit miracle. Les rayons X ont déjà été utilisés dans le traitement du cancer, le rayonnement du radium est encore plus efficace. Une nouvelle branche de la médecine va se développer : la médecine nucléaire. En 1909 sera créé en France l'Institut du Radium. Devenu par la suite Institut Curie, il se consacre aux recherches sur l'application de la radioactivité au diagnostic et à la guérison des maladies, en particulier celle du cancer.

 

De la radioactivité à la structure de l'atome.

 

Au moment où se découvre la radioactivité, les atomes ne sont encore considérés que comme des sphères pleines d'une matière qu'on ne puisse plus diviser. Ce sont les expériences menées à partir des corps radioactifs qui amènent rapidement au modèle actuel, celui d'un noyau constitué de particules massives : les protons portant de l'électricité positive, et les neutrons électriquement neutres. Autour de ce noyau, un "nuage" de légères particules négatives, de nombre égal à celui des protons : les électrons.

 

L'ensemble de la science moderne, physique, chimie, biologie, découle de ce modèle. Évènement rare, Marie Curie se verra honorée, pour ses découvertes, de deux prix Nobel l’un en physique, l’autre en chimie. Si la connaissance de la structure de la matière s'était arrêtée à ce stade l'humanité n'aurait pu que s'en réjouir. La légitime curiosité des scientifiques allait cependant ouvrir de dangereux horizons qu'eux mêmes ne pouvaient prévoir. 

 

Quand naît la physique nucléaire.

 

Parallèlement à ces découvertes une nouvelle branche de la science se développe : la physique nucléaire. Chaque élément chimique est d'abord caractérisé par le nombre des protons qui constituent le noyau de ses atomes. Cependant certains atomes d'un même élément chimique peuvent se distinguer par un nombre différent de neutrons. Deux corps de cette nature sont appelés isotopes. Ils ont les mêmes propriétés chimiques mais certaines propriétés physiques différentes. C'est le cas de l'Uranium qui comporte deux isotopes principaux : l'uranium 238 (92 protons et 146 neutrons), le plus courant (99,28%) et l'uranium 235 (0,72%) (seulement 143 neutrons). Les deux sont radioactifs.

 

Rapidement les physiciens se sont souvenus du vieux rêve des alchimistes : transformer le plomb en or. Ne serait-il pas possible d'obtenir cette transmutation en modifiant la composition du noyau des atomes. Par exemple en bombardant les noyaux d'atomes massifs, comme l'uranium, par des neutrons. Ils ne savent pas encore qu'ils se préparent à ouvrir une boîte de Pandore.

 

Tout commence en Allemagne quand deux chimistes, Otto Hahn et Fritz Strassmann, observent que des noyaux d'uranium 235 ayant capturé des neutrons se scindent en deux parties en émettant de l'énergie. C'est la découverte de la fission nucléaire. Lise Meitner et son neveu Otto Frisch calculent le dégagement d’énergie accompagnant la réaction. Elle est énorme ! L'aventure ne s'arrête pas là. A Paris, Frédéric Joliot et Irène Curie constatent que lors de cette fission plusieurs neutrons sont émis qui produiront à nouveau la fission de noyaux voisins, d'où une réaction en chaîne qui peut être explosive. Chacun parmi les physiciens a compris que le monde va entrer dans une nouvelle ère.

 

L'entrée dans l'ère de la violence nucléaire.

 

Une course aux publications et aux brevets est lancée. Frédéric Joliot et ses collaborateurs, Hans Alban, Lew Kowarski, Francis Perrin, déposent trois brevets le 4 mai 1939. L'un d'entre eux expose le détail de la réaction en chaîne et annonce clairement son usage militaire. "On a cherché, conformément à la présente invention, à rendre pratiquement utilisable cette réaction explosive, non seulement pour des travaux publics ou des travaux de mine, mais encore pour la constitution d'engins de guerre (souligné par nous), et d'une manière très générale dans tous les cas où une force explosive est nécessaire".

 

Quatre mois après ce dépôt, l'Allemagne envahit la Pologne, la France et l'Angleterre lui déclarent la guerre. La demande de brevet est mise en sommeil mais une large publicité lui a déjà été faite. Dès le deuxième semestre de 1939 la revue de vulgarisation scientifique française "La Nature" publiait un texte allant même jusqu'à donner des indications quant à la masse critique nécessaire pour déclencher une explosion : une sphère de rayon 0,65m correspondant à 10 tonnes d'oxyde d'uranium. L'article décrivait l'apocalypse qui s'en suivrait (voir) : "On s'imagine aisément quelle catastrophe représenterait une pareille déflagration portant sur 10 tonnes d'uranium ; et équivalant au dégagement instantané de l'énergie de combustion de 25 millions de tonnes de charbon ; l'effet serait sans doute celui d'un violent tremblement de terre ou d'une grande éruption volcanique : tout serait détruit dans un grand rayon autour du foyer de l'explosion". Le scénario de l'entrée dans l'ère de la violence nucléaire était écrit.

 

Hiroshima.

 

On connaît la suite. La fuite des chercheurs européens vers l'Angleterre et les USA. La lettre de plusieurs d'entre eux signée par Einstein et adressée au président Roosevelt. Le projet Manhattan et sa conclusion avec les bombardements de Hiroshima et Nagasaki. "Succès" que le parti communiste s'empresse de revendiquer pour les scientifiques français dans un article du journal l'Humanité en soulignant "la part qu'ont prise les savants français, et en particulier Frédéric Joliot-Curie, dans les travaux et les recherches qui ont permis cette conquête monumentale de l'homme". Conquête monumentale ? Seul Albert Camus sauvait l'honneur des intellectuels français dans un article resté célèbre du journal Combat. Après avoir constaté que "la civilisation mécanique" venait de parvenir "à son dernier degré de sauvagerie", il affirmait qu'il y avait "quelque indécence à célébrer ainsi une découverte qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles".

 

Hiroshima bombardée.

 

Le nucléaire : une obsession française.

 

Qui pouvait alors entendre son message ? A la sortie de la guerre, le général de Gaulle, président du gouvernement provisoire, n'a qu'une obsession : rétablir la "grandeur" de la France. Le nucléaire qui dispose encore des meilleurs spécialistes du domaine devient, dans son esprit, le principal moyen d'effacer la honte de la défaite et de rejoindre le clan des "grands". Deux mois après Hiroshima était créé le C.E.A (Commissariat à l'énergie atomique) avec pour mission de poursuivre les recherches sur l'utilisation de l'énergie atomique dans les domaines "de la science, de l'industrie" et aussi "de la défense nationale". Sous la direction de Joliot le nouvel organisme s'attachait en priorité aux applications civiles mais en coulisse le lobby militaire s'y préparait à la fabrication de la bombe et obtenait finalement l'éviction de Joliot hostile à cette orientation. Le retour de De Gaulle au pouvoir accélère le processus et amène à l'explosion de la première bombe nucléaire française dans le Sahara. 

 

Du nucléaire militaire au nucléaire "civil".

 

Il est indispensable de souligner l'imbrication totale des programmes "civils" et "militaires" de l'industrie nucléaire. Une phrase n'est pas passée inaperçue dans le discours de Emmanuel Macron en décembre 2020  au Creuzot : "Sans nucléaire civil, pas de nucléaire militaire, sans nucléaire militaire, pas de nucléaire civil". L'aveu est de taille !

 

La première pile, Zoe, qui entre en fonctionnement en décembre 1948 en France n'a qu'une faible puissance électrique mais elle permet de produire les premiers milligrammes de Plutonium, l'élément nécessaire à la fabrication de bombes nucléaires. Ici un mot sur le plutonium. L'uranium utilisé dans les réacteurs est constitué essentiellement d'uranium 238 non fissile et d'une proportion plus ou moins grande d'uranium 235 fissile. Lors de la réaction de fission de ce dernier, des neutrons viennent frapper les noyaux de l'uranium 238 et produisent un nouvel élément, absolument absent sur terre avant le début de l'industrie nucléaire : le plutonium 239. Celui-ci est lui même susceptible de réaction en chaîne avec une masse critique bien plus faible que celle de l'uranium. (8kg, la taille d'un gros pamplemousse). C'est une bombe au plutonium qui sera larguée sur Nagasaki. Obtenir du plutonium deviendra alors la principale finalité des premières centrales nucléaires construites en France.

 

Le choix par de Gaulle de l'armement nucléaire n'a pas laissé inactifs les adversaires de la force de frappe. Parmi ceux-ci, Joliot investi dans le Mouvement de la Paix, lié au parti communiste alors opposé à la bombe avant de s'y convertir en 1977. En 1963 se crée le Mouvement contre l'armement atomique (MCAA) qui deviendra par la suite le Mouvement pour le Désarmement, la Paix et la Liberté (MDPL). Le "cri d'indignation et d'espoir" du biologiste Jean Rostand, son président d'honneur, massivement diffusé sous forme d'un disque 33 tours, a largement popularisé le mouvement de résistance. Dans ce contexte de contestation de la bombe nucléaire, la construction de centrales électriques nucléaires a largement été présentée par ses promoteurs comme "un atome pour la paix", version civile opposée à la version militaire. Publicité efficace qui convaincra même, dans un premier temps, les plus attachés à la défense de l'environnement. Ce sera en particulier le cas en Bretagne lors de la construction de la petite centrale de Brennilis en 1962.

 

EDF commence alors la construction d'une série de réacteurs utilisant l'uranium naturel comme combustible, le graphite comme modérateur et le gaz carbonique sous pression comme fluide caloporteur : la filière graphite-gaz. Ainsi se succèdent, à partir de 1957,  sur le site de Chinon trois prototypes (EDF1, EDF2 et EDF3) puis deux autres à Saint-Laurent-des-Eaux (EDF4 et EDF5) suivis d'un autre à Bugey qui sera le dernier de la série.

 

Avant Tchernobyl et Fukushima, quand la France a frôlé le pire.

 

L'accident nucléaire de Tree Mile Island, en 1979 aux USA, avait largement fait la une des médias internationaux. Il avait donné lieu à une forte mobilisation en France, et en particulier en Bretagne engagée contre le projet de centrale nucléaire à Plogoff. (voir)

 

 

 

 

Qui aurait pu alors imaginer l'accident survenu le 17 octobre 1969 au premier réacteur de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux. Gardé secret pendant quarante-deux ans, il ne sera connu qu'en 2011 après une enquête du journal Le Point publiée sous le titre "Le jour où la France a frôlé le pire". Une mauvaise manipulation lors du chargement du cœur entraîne la fusion de 50 kilos d'uranium. "Je suis allé ramasser l'uranium fondu sous le réacteur avec une raclette. La radioactivité était tellement forte qu'on ne pouvait pas rester plus de deux minutes. En ressortant, on avait pris la dose autorisée pour un an." rapporte un des nettoyeurs parmi les centaines envoyés sur le site. Mais l'affaire ne s'arrête pas là. Le 13 mars 1980, au moment même où à Plogoff se termine l'enquête publique, une deuxième fusion se produit sur le réacteur n°2. Des centaines de liquidateurs sont à nouveau contaminés, des effluents radioactifs sont évacués dans la Loire. Parmi ceux-ci du plutonium dont on sait que la dose mortelle par contamination se mesure en millionièmes de gramme. Qui alors aurait pu imaginer les accidents de Tchernobyl puis de Fukushima ?

 

centrale de Fukushima après l'explosion.

 

Et qui pourrait imaginer les catastrophes futures, avec des installations nucléaires vieillissantes et mal protégées dans un monde de plus en plus instable ? Pourtant rien ne réussit à faire douter la nucléocratie française qui entend poursuivre son programme.

 

La démocratie bafouée.

 

Ni la population, ni les parlementaires n'ont été consultés quand la décision a été prise d'abandonner la filière française pour celle américaine des PWR de Westinghouse. Pierre Messmer, éphémère premier ministre après le décès de Pompidou, a profité de ce moment d'inter-règne pour lancer le fameux programme qui fera de la France le pays proportionnellement le plus nucléarisé du monde avec ses 58 réacteurs produisant les trois quart de l'électricité consommée.

 

Le 5 octobre 1977, un rapport de la commission des finances de l’assemblée nationale s’attaquait clairement aux choix nucléaires. Le rapporteur général en état M. Edouard Schloesing. Il mettait l'éclairage sur le poids des "grands corps" d’État dans le choix de ce programme : "On sait, disait le rapport, que toute la politique nucléaire française est élaborée et proposée par la commission de production d’électricité d’origine nucléaire (commission dite PEON). Or cette commission est constituée pour une large part par les représentants d’EDF et du CEA ainsi que par les représentants des industriels intéressés à la réalisation du programme. Cette composition en elle-même fait problème. On n’imagine pas que la politique des constructions scolaires soit pour l’essentiel élaborée par les entreprises du bâtiment." On ne pouvait être plus clair.

 

Au même moment, Philippe Simonot dans "Les Nucléocrates" montrait l’emprise des ingénieurs de ces "grands corps", qu’ils noyautent la fonction publique ou qu’ils dirigent le secteur privé. Sur 15 fonctionnaires de la commission PEON, 11 étaient des polytechniciens du corps des mines ou de celui des Ponts. Sur 13 personnalités du secteur privé (Thomson, Péchiney, Alsthom, CGE, Framatome, Creuzot-Loire...) 9 étaient encore polytechniciens. "Les nucléocrates échappent à tout contrôle" soulignait-il "Leur existence et leur pouvoir ouvrent une faille gigantesque dans la démocratie française. Les choix qu’ils ont faits et qui engagent la France au moins jusqu’en 1985, ils n’en répondront devant aucune Assemblée...".


 

Ce sont leurs successeurs qui monopolisent encore les hauts postes dans les ministères et à la tête des grandes entreprises. Ce sont eux qui dictent leur choix au pouvoir politique et qui ont obtenu le lancement du programme EPR qui s'illustre avec le fiasco de la première centrale construite à Flamanville. Ce sont eux qui se mobilisent à nouveau, en cette fin d'année 2021, pour une relance du nucléaire en France.


A nouveau le temps du mépris.

 

Mardi 8 décembre 2020. Illustration de son mépris pour la population comme pour les institutions parlementaires, Emmanuel Macron a choisi le site de la forge de Framatome pour "dire à la filière nucléaire tout le bien qu’il pensait de cette énergie (Le Monde)" et annoncer son projet de relance d'un nouveau programme de construction de centrales nucléaires EPR.


 

En préalable à sa visite au Creuzot il avait donné un interview, destiné à un jeune public, dans le média internet Brut. Comment leur faire parvenir un message pro-nucléaire ? L'argument de l'indépendance énergétique ne tient plus. Les importations de pétrole et de gaz naturel n'ont jamais été aussi importantes. Quant à l'uranium, faut-il rappeler que la sécurisation de ses sources en Afrique, implique la France dans des conflits armés dont personne ne peut prévoir l'issue. Oubliée donc l'indépendance énergétique.


 

Pour influencer une jeunesse sensibilisée par la lutte contre le réchauffement climatique Emmanuel Macron n'hésitait pas à tirer sur la dernière des grosses ficelles imaginées par le lobby nucléaire  : "La France produit une électricité qui est parmi les plus décarbonée au monde. Grâce à quoi ? Grâce au nucléaire", osait-il. Message auquel il était très facile d'en opposer un autre par cette jeunesse, mieux informée que le président ne l'imaginait : "La France est en retard dans le développement des énergies renouvelables. La faute à quoi ? La faute au nucléaire !". Car oui, la France peut se passer du nucléaire pour répondre au défi climatique.


Les énergies renouvelables, nous en avions rêvé.

 

Le moment est venu de rappeler qu’en décembre 1979 était publié le "Projet Alter Breton" pour une Bretagne sans pétrole et sans nucléaire. L’équipe de rédacteurs était composée de scientifiques de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), de l’Institut d’études marines (IEM), du Centre national pour l’exploitation des océans (CNEXO), de l’Université de Bretagne occidentale (UBO). Ce plan s’appuyait sur un triptyque qui est toujours d’actualité : économies d’énergie, efficacité énergétique et recours aux énergies renouvelables (vent, soleil, biomasse et marées) dans un cadre décentralisé. "Il est temps décidément de tuer des mythes qui ont la vie dure", celui d’un "modèle de développement industriel" sensé apporter le bonheur à l’humanité. Un modèle de société qui "transforme l’ensemble des secteurs de l’économie pour réaliser un objectif : la croissance par la production massive de biens industriels. On produit et on vend n’importe quoi pourvu que ça rapporte. Qu’importe si les matières s’épuisent, si certaines régions sont véritablement laminées par ce rouleau compresseur...". A la place était proposée une société capable de satisfaire ses besoins tout en stabilisant sa consommation. Une société qui ne fasse pas de la croissance un critère de réussite économique et sociale. Une société qui s’affirme solidaire de tous les peuples du monde.

 

Plusieurs projets n'attendaient que d'être mis en œuvre après l'abandon de Plogoff, comme celui de l’association "Plogoff-alternatives" porteuse d’un projet de "maison autonome". On avait des raisons d'y croire après l’élection de François Mitterrand, peu avare de promesses en ce sens dans une lettre datée du 24 avril 1981 adressée au comité de défense de Plogoff.

 

"La politique de l’énergie que je mettrai en place reposera sur la recherche d’une croissance d’économie en énergie et sur la diversification de nos sources d’approvisionnement. Les crédits économisés par la réduction du programme nucléaire permettront d’augmenter fortement les moyens accordés aux économies d’énergie et aux énergies nouvelles. Ces investissements, à la différence du programme nucléaire, sont décentralisés, fortement créateurs d’emploi et réduisent tout de suite nos importations."

 

On connaît la suite. Plogoff c'est fini annonce Louis Le Pensec, ministre de la mer, à l’issue du premier conseil des ministres du gouvernement Mauroy, le 28 mai 1981. Mais hélas, hormis Plogoff, le programme nucléaire entamé par Giscard sera mené jusqu'au bout par le nouveau pouvoir socialiste. Oubliées les promesses de loi-cadre et de référendum sur la politique énergétique. Les travaux reprendront à Golfech, à Chooz, à Flamanville, à la Hague. Nous y étions pour protester aux côtés des militantes et militants locaux. Nous nous sommes encore mobilisés jusqu’à la victoire quand reviendront sur le tapis des projets de centrales nucléaires en Bretagne, à Saint-Jean-du-Doigt (29), à Plouézec (22), au Carnet (44) près de Saint-Nazaire et les projets d’enfouissement de déchets nucléaires à Quintin (22) et Fougères (35).

 

Et les énergies nouvelles ? Oubliées elles aussi. Rien pour le financement du projet de maison autonome de Plogoff. Rien pour aider les centres de recherches associatifs nés pendant la lutte. Rien pour aider les pionniers tentés par l’énergie éolienne. Les nucléocrates au sommet de l’Etat et leurs relais dans les partis majoritaires ne laisseront aucun espoir aux partisans des alternatives.

 

Quarante ans après, la France peine à combler son retard sur les pays voisins. Il a fallu attendre 2015 pour que l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (l'Ademe) et la Direction générale de l’énergie et du climat du ministère de l’écologie publient un rapport qui prouve qu’il est possible en France de sortir du nucléaire et d’arriver, à moyen terme, à un mix électrique 100 % renouvelables. Lueur d’espoir tout de même, la conscience d'une nécessaire alternative aux énergies fossiles et nucléaire progresse enfin dans la population.

 

Ce n'est qu'un début, le combat continue.

 

Malgré les forces de répression déployées à chaque manifestation, malgré la collusion de l'ensemble des partis institutionnels favorables au programme nucléaire, droite et gauche confondus, la mobilisation s’est développée. La répression violente de la manifestation de Malville n'a pas arrêté la contestation sans laquelle la fermeture du surrégénérateur Super-phénix n'aurait pas été obtenue en 1997. La poursuite des Travaux à Flamanville n'a pas découragé les militants du CRILAN qui ont empêché que les déboires de la construction de l'EPR ne soient restés occultés. Sans les incursions de Greenpeace sur les sites nucléaires que saurions nous de leur fragilité et des risques qu'ils font courir en cas de malveillance. Comment sans le CRIRAD aurait été dénoncée la fable du nuage de Tchernobyl s'arrêtant à nos frontières. Sans la mobilisation transfrontalière, la centrale de Fessenheim serait-elle arrêtée aujourd'hui. Sans la pression de l'opinion publique les gouvernements successifs se seraient-ils engagés à la réduction de 75 % à 50 % du poids du nucléaire d’ici 2025. La mesure est insuffisante, bien éloignée de l'engagement de nos voisins allemands de sortir définitivement du nucléaire. On peut douter de sa sincérité après l'annonce de la relance des EPR.

 

Mais la fin de l'histoire n'est pas encore écrite. La sortie du nucléaire reste l'objectif. Avec l'espoir qu'un accident majeur ne viendra pas, auparavant, confirmer nos craintes. 

 


 

 

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21 octobre 2021 4 21 /10 /octobre /2021 20:41

Gérard Borvon. première mise en ligne mai 2015.

 

La vie affiche sa singularité : sur la centaine de corps inscrits dans le tableau périodique des éléments chimiques, quatre seulement lui servent de support et un seul est indispensable : le carbone ! Qui aurait pu imaginer, au temps des alchimistes, que le résidu noir qui restait au fond de leur cornue quand toutes les matières utiles en avaient été dégagées, était, en réalité, le principe organisateur du vivant, le "mercure" de la véritable "pierre philosophale" capable de transformer la matière inerte en organisme vivant.

 

Le programme du chimiste, après Lavoisier, semblait tout tracé : étudier les corps en séparant les éléments qui les constituent, c'est-à-dire les analyser.

 

Une nouvelle question se posait alors. Le chimiste allait-il pouvoir reproduire l'œuvre de la nature et faire renaître, à partir du carbone, de l'oxygène, de l'azote et de l'hydrogène les corps organiques dont ils étaient issus ?

 

La chimie devient "organique".

 

Dans "la chimie organique fondée sur le synthèse" (1860) Marcellin Berthelot (1827-1907) consacre un chapitre à "la synthèse des matières organiques". Il y pose clairement le problème : "A partir du jour où Lavoisier fonda la chimie sur la base définitive des corps simples, le domaine minéral de cette science ne tarda pas à être parcouru dans tous les sens, ses limites furent tracées, ses lois générales découvertes. Bientôt on put à volonté décomposer toute substance minérale, la résoudre par l'analyse des éléments qui la constituent ; puis, à l'inverse, on réussit presque toujours à reconstituer le composé primitif par l'union des corps simples que l'analyse avait mis en évidence ; il devint en général facile d'expliquer et de reproduire les conditions naturelles dans lesquelles ce composé pouvait avoir pris naissance.

Lorsqu'on essaya d'aborder par les mêmes méthodes l'étude des matières organiques, on reconnut aussitôt une différence radicale. A la vérité, on parvint aisément à décomposer ces matières et à les ramener à leurs éléments. Ceux-ci se trouvèrent même bien moins nombreux que les éléments des minéraux ; car ils se réduisent presque exclusivement à quatre corps, savoir : le carbone, l'hydrogène, l'oxygène et l'azote. Mais, dès qu'il s'agit de recomposer les matières organiques à l'aide des éléments mis en évidence par l'analyse, dès que l'on tenta de reproduire, par l'art, la variété infinie de leurs états et de leurs métamorphoses naturelles, tous les efforts demeurèrent infructueux. Une barrière, en apparence insurmontable s'éleva dès lors entre la chimie organique et la chimie minérale".

 

Pour la plupart des contemporains de Berthelot la cause était, en effet, entendue : la Nature agissait par un moyen qui échappait au chimiste : une "force vitale" dirigeait la matière vivante.

 

"Il n'y a que les tissus végétaux vivants, il n'y a que leurs organes végétants, qui puissent former les matières qu'on en extrait, et aucun instrument de l'art ne peut imiter les compositions qui se font dans les machines organisées des plantes", déclarait Fourcroy, collaborateur de Lavoisier. L'opinion du très respecté Berzelius n'était pas différente. Plus radical encore le chimiste Charles Gerhardt déclarait : "le chimiste fait tout le contraire de la nature vivante ; il brûle, détruit, opère par analyse ; la force vitale opère par synthèse, elle reconstitue l'édifice abattu par les forces chimiques" (Précis de chimie organique, 1844). Le terme "d'organique" utilisé pour décrire cette nouvelle chimie illustrait d'ailleurs le fait qu'elle était supposée n'être mise en œuvre que par les seuls "organismes" vivants.

 

De la synthèse organique à la génétique.

 

Berthelot est de ceux qui refusent cette distinction. "La synthèse, dit-il, nous conduit à la démonstration de cette vérité capitale, que les forces chimiques qui régissent la matière organique sont réellement et sans réserve les mêmes que celles qui régissent la matière minérale" (La Chimie organique fondée sur la synthèse, 1860).

 

Preuve à l'appui, son expérience de "l'œuf électrique", présentée en 1862 devant l'Académie des sciences, est restée célèbre. Un ballon équipé de deux électrodes de carbone est rempli d'hydrogène. Des décharges électriques y étant répétées, le carbone et l'hydrogène se combinent pour former de l'acétylène C2H2. L'addition d'hydrogène puis d'eau sur la triple liaison liant les deux atomes de carbone de l'acétylène conduira ensuite à l'éthylène, C2H4, puis à l'alcool éthylique, C2H5OH, corps "organique" produit naturellement par la fermentation du glucose contenu, entre autre, dans le jus du raisin ou le malt des brasseries.

 

De la petite molécule d'alcool éthylique à la complexité de l'ensemble des corps organiques il y aura bien des étapes à franchir mais, devant une assemblée d'industriels de la chimie, Berthelot osait quand même une prophétie pour l'an 2000, date symbolique qui alimentait déjà nombre de fictions de l'époque.

 

"Un jour viendra où chacun emportera pour se nourrir sa petite tablette azotée, sa petite motte de matière grasse, son petit morceau de fécule ou de sucre, son petit flacon d'épices aromatiques, accommodés à son goût personnel ; tout cela fabriqué économiquement et en quantités inépuisables par nos usines ; tout cela indépendant des saisons irrégulières, de la pluie ou de la sécheresse, de la chaleur qui dessèche les plantes, ou de la gelée qui détruit l'espoir de fructification ; tout cela exempt de ces microbes pathogènes origine des épidémies et ennemis de la vie humaine". Rêve d'hier pour une "malbouffe" d'aujourd'hui, ainsi vivent les prophéties.

 

Plus conférencier que chercheur, Berthelot laissera à d'autres le soin de franchir les étapes de cette voie royale qu'il annonçait. Son obstination à refuser les atomes, et à imposer ce refus dans l'enseignement de la chimie en France, laissera le champ libre à la chimie allemande qui deviendra la première en Europe, en particulier sous l'impulsion de Friedrich August Kekulé (1829-1896). C'est ce dernier qui établira les différents modes de liaison des atomes de carbone, en particulier dans la molécule de benzène. La légende, véhiculée par le savant lui-même, est trop belle pour ne pas être rapportée : ce serait en rêvant une nuit à l'Ouroboros, le serpent se mordant la queue, symbole des alchimistes, qu'il aurait eu la vision de la structure cyclique du benzène.

 

 

L'Ouroboros

(voir aussi : Berthelot, Les origines de l'Alchimie, 1885)

 

Les élèves et successeurs de Kekulé, les Körner, Van't Hoff, Fischer, Baeyer, Friedel, Crafts… engagent alors la chimie dans l'extraordinaire aventure de la synthèse organique "acte de création qui mobilise toutes les facultés – raisonnement, intuition, goût esthétique" (Bernadette Bensaude-Vincent, Isabelle Stengers, Histoire de la chimie, La découverte, 1993).

 

La synthèse organique, nous l'avons déjà évoquée avec la houille et le pétrole. Elle a alimenté une industrie productrice de plastiques, de biocides et autres produits dont on peut discuter de l'intérêt et de la nocivité. Mais qui peut refuser de voir que, dans le même temps, la chimie organique, associée à la biologie, a fait faire un bond extraordinaire à la connaissance des mécanismes de la vie.

 

Depuis Lamarck et Darwin l'évolution du monde vivant alimente les débats des scientifiques et agite "l'opinion publique". En 1970, Jacques Monod (1910-1976) publie "Le hasard et la nécessité, essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne". L'ouvrage était, pour beaucoup de lectrices et lecteurs, l'occasion d'une prise de conscience des avancées de la connaissance dans le domaine de la biologie depuis près d'un siècle.

 

Jacques Monod devait alors sa notoriété au Prix Nobel de physiologie ou médecine qu'il avait partagé en 1965 avec François Jacob et André Lwoff pour leurs découvertes concernant le "contrôle génétique des synthèses enzymatiques et virales".

 

Faut-il décrypter ? Il y était question d'ADN, acide désoxyribonucléïque et de son messager l'ARN, acide ribo nucléique. Difficile de résumer en quelques lignes une histoire qui nous mène jusqu'au gène, ce groupe de molécules dont on sait aujourd'hui qu'il commande la mécanique du vivant. Elle commence en l'année 1869, quand le biologiste suisse, Friedrich Miescher, isole une substance riche en phosphore dans le noyau des cellules à laquelle il donne le nom de nucléine. Plus tard, l'allemand Richard Altmann montre que ce corps est la combinaison d'un acide, qu'il nomme acide nucléique et de protéines, un acide aminé.

 

Les trois lettres, ADN, devenues aussi banales dans le langage courant que peut l'être la formule CO2, représentent cet acide : l'acide désoxyribonucléïque. En 1896, Albrecht Kossel montre que l'acide se compose de quatre éléments, adénine, cytosine, thymine, guanine, désignées par les lettres A, C, T et G. Nous retiendrons seulement que ces quatre lettres, et les quatre molécules qu'elles désignent, constituent, associées sous formes de gènes, l'alphabet du code qui régit les mécanismes de la vie.

 

La génétique, associant les outils et les concepts de la biologie, de la chimie, de la physique, est certainement la plus grande aventure scientifique du 20ème siècle. De l'archéologue à qui elles apprennent le nom des parents de Toutânkhamon jusqu'au médecin qui cherche le remède à une maladie génétique, ses applications sont trop popularisées pour que nous en fassions ici la liste.

 

Posant la question "que sommes-nous", la génétique amène l'autre question : "d'où venons-nous".

 

Le carbone, du Big-bang à l'homo-sapiens.

 

Fred Hoyles (1915-2001), cosmologiste Britannique, n'imaginait pas le succès de son "big-bang" quand il utilisait cette expression ironique en 1950 pour désigner la théorie qui supposait une expansion de l'univers dont l'origine se situerait à 13,7 milliards d'années de notre ère.

 

Tout aurait donc commencé par un "Big-bang". C'est-à-dire une évolution de l'univers qui débute par un état dans lequel l'espace, le temps, l'énergie seraient une seule et même chose. Même si notre imagination est incapable de nous en donner une représentation, c'est du moins ce que décrivent les équations issues des théories actuelles.

 

A partir de cet indicible, l'univers se dilate à une vitesse prodigieuse. Arrive l'instant où se forment les premières particules : des quarks, des électrons, des neutrinos. Elles se combinent bientôt en protons et neutrons cohabitant avec leurs jumeaux d'antimatière qui peu à peu disparaîtront dans un scénario que les chercheurs modernes n'ont pas encore fini d'écrire.

 

Nous sommes alors à quelques milliers d'années de l'origine, la température est "descendue" jusqu'à 10.000 degrés. Apparaît l'atome le plus simple dont le noyau ne comporte qu'un seul proton : l'hydrogène. Vient ensuite l'hélium dont le noyau contient deux protons et deux neutrons. Chaque noyau étant associé à son cortège d'électrons. Les nuages d’hydrogène et d’hélium se refroidissent et se contractent sous l'effet de la gravité en une multitude de grumeaux : les galaxies.

 

Deux milliards d'années se sont passées. Les galaxies elles-mêmes se sont fractionnées en nuages d'hydrogène et d'hélium qui se concentrent à leur tour sous l'action de la gravitation. Leur densité augmente, leur température atteint des millions de degrés. Bientôt les chocs disloquent les atomes d'hydrogène dont les protons se regroupent quatre par quatre pour donner des noyaux d'hélium, libérant au passage d'énormes quantités d'énergie sous la forme d'un flux de particules de lumière : les photons. Ainsi naissent et brillent les premières étoiles.

 

La réserve d'hydrogène s'épuise. Faute de réactifs, le rayonnement de l'étoile fléchit et la gravitation reprend le dessus. Le cœur d'hélium atteint la centaine de millions de degrés. Dans ce formidable "Athanor" commence le rêve des alchimistes. Les noyaux d'hélium se combinent trois par trois pour former du carbone et quatre par quatre pour donner de l'oxygène. Puis se forme l'azote et ainsi naissent les quatre éléments primordiaux, ceux qui seront à l'origine de la vie : H, C, O, N.

 

Nous ne décrirons pas ici la vie mouvementée des étoiles. L'extinction des plus petites sous forme de "naine noire", l'explosion des plus grosses dans l'éclair d'une "supernova" visible même en plein jour. De ces vies naissent tous les éléments qui s'affichent dans les cases du tableau périodique et qui, expulsés lors des feux d'artifice des explosions finales, constituent la poussière interstellaire qui engendrera les planètes.

 

Naissance de la Planète bleue.

 

Un nuage d'hydrogène et d'hélium a pris la forme d'une élégante galaxie spirale, notre voie lactée. Parmi les étoiles qui y naissent l'une, de taille raisonnable, est située aux 2/3 de son centre, notre Soleil. Un anneau de poussières stellaires l'entoure. Celles-ci s'agrègent autour des plus gros grains. Ainsi se forment les planètes solaires elles-mêmes entourées d'anneaux et de satellites.

 

Une ségrégation s'établit. Plus proches du soleil sont les planètes telluriques : Mercure, Vénus, Terre, mars. Peu massives, elles ont un sol solide dont les roches sont composées des éléments les plus lourds. Plus loin se trouvent Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, les géantes gazeuses, essentiellement formées d'hydrogène et d'hélium.

 

La Terre, nous dit Stephen Hawking, est une suite de hasards heureux.

 

- Sa distance au soleil lui donne une température compatible avec la présence d'eau liquide.

 

- Son orbite est un cercle presque parfait, ce qui lui procure une température sensiblement constante et uniquement modulée par les saisons résultant de l'inclinaison de son axe de rotation par rapport à son plan orbital. Une orbite plus aplatie provoquerait l'ébullition des océans au moment où la Terre serait la plus proche du soleil et les ferait geler quand la Terre en serait la plus éloignée. Difficile de s'adapter !

 

- Sa masse est juste suffisante pour que la force de gravité lui conserve une atmosphère. Trop faible, elle perdrait ses gaz et aurait un ciel aussi noir que celui de la lune.

 

On sait aujourd'hui que ce hasard n'est pas unique. La traque des planètes orbitant autour de soleils étrangers a été lancée et la liste de celles tout aussi miraculeusement situées devrait s'allonger rapidement. L'hypothèse d'une vie qui pourrait s'y développer, peut-être même suivant le mode terrestre, prend corps. Et pourquoi ne pas rêver : des êtres intelligents, peut-être un jour, capteront les signaux que nous avons commencé à leur adresser.

 

Quand s'assemblent les molécules du vivant.

 

Revenons à la Terre. Vers les années 1950 on estimait son atmosphère initiale, constituée quatre milliards d'années plus tôt, comme étant composée de vapeur d'eau, d'hydrogène, de méthane et d'ammoniac. L'eau apporte l'oxygène. Le méthane apporte le carbone, l'ammoniac l'azote. L'hydrogène se présente aussi bien à l'état de simple molécule qu'associé à chacun des trois autres. Les quatre éléments constitutifs des acides aminés sont donc présents dans cette atmosphère. Est-ce suffisant pour produire ces molécules support du vivant?

 

En 1953, Le jeune chimiste Stanley Miller, encore étudiant en thèse, imaginait une expérience rappelant l'œuf de Berthelot. Dans un simple ballon de verre, un dispositif simulant le système "eau-atmosphère primitive" était soumis à l'action d'étincelles électriques reproduisant les éclairs qu'une atmosphère si chargée ne pouvait manquer de provoquer.

 

Après plusieurs jours d'exposition, les parois du ballon présentaient des traces huileuses et l'eau qu'il contenait était devenue brune. Dans cette "soupe primitive" l'étudiant trouvait trois acides aminés. La découverte faisait l'effet d'un coup de tonnerre et l'idée s'imposait : l'origine de la vie est terrestre !

 

Mais bientôt la terre quitte son statut privilégié. Les astronomes ont détecté dans le gaz interstellaire une multitude de molécules composées des quatre éléments du vivant, C, H, O, N. On y trouve essentiellement des molécules de dihydrogène H2, d'eau H2O. On y trouve aussi des molécules construites sur un squelette de carbone : du monoxyde de carbone CO, du méthane CH4, de l'ammoniac NH3, toutes molécules que l'on retrouve dans l'atmosphère initiale de la terre. On y détecte surtout une bonne centaine de molécules particulièrement complexes dont des acides aminés qui se concentrent sur les météorites. Une nouvelle proposition rencontre la faveur des scientifiques : la vie est née de l'espace, la Terre n'ayant été qu'un support fertile !

 

Mais faut-il exclure totalement une origine terrestre ? La Terre, avec ses volcans ou ses sources hydrothermales enfouies dans les fonds océaniques est riche en milieux où pressions et températures peuvent provoquer des synthèses proches de celles naissant dans l'univers stellaire. Il est admis que les acides aminés, produits aussi bien sur terre que dans l'espace, ont trouvé sur notre planète, et en particulier dans ses océans, les conditions des réactions chimiques propices à la naissance de la vie. L'eau est en effet essentielle. Elle concentre les molécules qu'elle reçoit et favorise les occasions de rencontres. Elle protège les nouvelles combinaisons des rayons ultraviolets issus d'un soleil encore particulièrement actif.

 

En quelques centaines de millions d'années les molécules se complexifient, les acides aminés s'assemblent en protéines de plus en plus longues jusqu'à atteindre les millions d'atomes de l'ADN. La vie s'installe dans une atmosphère sans oxygène jusqu'à ce qu'apparaissent les premiers organismes utilisant le rayonnement solaire pour puiser leur carbone dans le gaz carbonique de l'atmosphère en y rejetant un déchet, l'oxygène, qui rend l'atmosphère toxique pour la plupart des organismes vivant alors sur terre.

 

Une autre forme de vie va naître et une longue évolution mènera à l'être humain. Un être humain qui s'interroge encore sur la nature de cette vie qui anime la matière carbonée et sur la suite de hasards qui a fait s'allumer, chez lui, cette conscience qui lui a permis d'imaginer toute cette histoire. Ailleurs, peut-être, sur d'autres planètes tournant autour d'autres soleils, d'autres êtres vivent.

 

Des êtres qui pourraient nous être proches ? Comme Jacques Monod il est difficile de l'imaginer. "L'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'Univers d'où il a émergé par hasard", écrivait-il en conclusion de son essai sur le "hasard et la nécessité".

 

Chacune des espèces vivant sur terre est elle-même seule dans "l'immensité indifférente de l'Univers" mais on sait, à présent, que toutes sont interdépendantes. Le hasard les a fait naître mais le hasard n'est plus nécessairement la première cause de leur disparition. Un espèce, l'espèce humaine, est devenue, en moins de deux siècles, le premier des animaux terrestres capable de modifier, profondément, les conditions de la vie sur la planète. Au point d'y menacer l'existence des autres espèces, y compris de la sienne.

 

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voir aussi : Carbone et CO2. De l'origine de la vie au dérèglement climatique. Toute une histoire.

 

 

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14 octobre 2021 4 14 /10 /octobre /2021 20:16

 

Par un jugement du 14 octobre 2021, le tribunal administratif de Paris a, pour la première fois, enjoint à l’Etat de réparer les conséquences de sa carence en matière de lutte contre le changement climatique. A cette fin, le tribunal a ordonné que le dépassement du plafond des émissions de gaz à effet de serre fixé par premier budget carbone (2015-2018) soit compensé au 31 décembre 2022, au plus tard.

 

En mars 2019, les associations de défense de l’environnement Oxfam France, Notre Affaire à tous, Fondation pour la Nature et l’Homme et Greenpeace France ont introduit quatre requêtes devant le tribunal administratif de Paris afin de faire reconnaître la carence de l’Etat français dans la lutte contre le changement climatique, d’obtenir sa condamnation à réparer non seulement leur préjudice moral mais également le préjudice écologique et de mettre un terme aux manquements de l’Etat à ses obligations.

 

Par un jugement du 3 février 2021, le tribunal a considéré que l’Etat devait réparer le préjudice écologique causé par le non-respect des objectifs fixés par la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il a également ordonné un supplément d’instruction avant de statuer sur l’évaluation et les modalités de réparation concrètes de ce préjudice.

 

Par son jugement rendu le 14 octobre 2021, le tribunal indique tout d’abord qu’il lui revient de vérifier si le préjudice né du dépassement du premier budget carbone perdure et s’il a déjà fait l’objet de mesures de réparation à la date du jugement. En revanche, il ne lui appartient pas de se prononcer, ainsi que le demandaient les associations, sur le caractère suffisant de l’ensemble des mesures susceptibles de permettre d’atteindre l’objectif de réduction de 40 % des gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990, cette question ayant été examinée par le Conseil d’Etat dans sa décision du 1er juillet 2021, Commune de Grande-Synthe.

 

Le tribunal relève ensuite que le plafond d’émissions de gaz à effet de serre fixé par le premier budget carbone pour la période 2015-2018 a été dépassé de 62 millions de tonnes « d’équivalent dioxyde de carbone » (Mt CO2eq). L’évaluation du préjudice se faisant à la date du jugement, le tribunal relève que la réduction substantielle des émissions de gaz à effet de serre en 2020, bien que liée de façon prépondérante aux effets de la crise sanitaire de la covid-19 et non à une action spécifique de l’Etat, doit être prise en compte en tant qu’elle permet, pour partie, de réparer le préjudice. En définitive, le tribunal constate que le préjudice perdure à hauteur de 15 Mt CO2eq.

 

S’agissant des modalités de réparation du préjudice, le tribunal ordonne au Premier ministre et aux ministres compétents de prendre toutes les mesures sectorielles utiles de nature à réparer le préjudice à hauteur de la part non compensée d’émissions de gaz à effet de serre au titre du premier budget carbone. Le tribunal ajoute que le contenu de ces mesures relève de la libre appréciation du gouvernement à laquelle il ne lui appartient pas de se substituer.

 

Le tribunal précise que le préjudice écologique né d’un surplus d’émissions de gaz à effet de serre présente un caractère continu et cumulatif dès lors que le dépassement du premier budget carbone a engendré des émissions supplémentaires de gaz à effet de serre, qui s’ajouteront aux précédentes et produiront des effets pendant toute la durée de vie de ces gaz dans l’atmosphère, soit environ 100 ans. Par conséquent, la réparation de ce préjudice implique non seulement l’adoption de mesures propres à le faire cesser mais également que celles-ci soient mises en œuvre dans un délai suffisamment bref pour prévenir l’aggravation des dommages constatés. Le tribunal ordonne en conséquence que la réparation du préjudice constaté de 15 MtCo2eq soit effective au 31 décembre 2022 au plus tard. Et, à ce stade, il n’assortit pas cette injonction d’une astreinte.

 

Lire le jugement n° 1904967-1904968-1904972-1904976

Contact Presse : Florence Demurger, florence.demurger@juradm.fr

                                                     documentation.ta-paris@juradm.fr

 

 

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11 octobre 2021 1 11 /10 /octobre /2021 15:48

Quand, en ces dernières années du 20ème siècle, j'enseignais les sciences physiques au lycée de l'Elorn à Landerneau, je conduisais mes élèves au  centre des archives qui se trouvait au manoir de Keranden proche du lycée (voir). Là se trouvait une collection de la revue "La Nature" qui était une source fabuleuse pour un retour sur l'histoire des sciences. Un des exercices imposé chaque année était la rédaction d'un ouvrage collectif sous le titre de "Les sciences il y a 100 ans". En binômes, chacune et chacun choisissait alors la découverte qui lui semblait la plus illustrative. Rayons X, radioactivité, début du cinéma... bien des sujets ont été ainsi explorés.

En cette année 2021 marquée par le confinement pour cause de Covid, l'idée m'est venue de reprendre l'exercice et d'en livrer le résultat aux éventuels lecteurs et lectrices de ce site.

 

1921. Premier semestre.

 

Alors que l'extraction de gaz et de pétrole de schiste fait l'objet de débats en cette période de dérèglement climatique, je ne pouvais que m'arrêter sur l'article : Huiles et essences de schiste, une richesse inexploitée de notre sol (P. MAISONS) (p.254).

 

Une introduction qui invite à lire la suite.

 

Extrait : "La France possède actuellement deux centres principaux d'extraction de ces schistes : le Bourbonnais et l'Autunois, en outre desquelles il existe diverses concessions de schistes dans les Basses-Alpes, le Puy-de-Dôme, la Vendée et le Var, mais, sauf dans cette dernière région où les mines de Boson, près de Fréjus, viennent d'être mises en exploitation, ces concessions sont à peine exploitées.

 

En 1913, d'après une statistique du ministère des travaux publics, on n'extrayait en France que 221 000 t. de schiste d'où étaient tirées 133 000 hectolitres d'huile brute, dont la moitié pour le Bourbonnais et l'Autunois ; mais dans un rapport sur les ressources de la France en carburant établi pendant la guerre par Messieurs Périssié et Guiselin, ceux-ci estimaient qu'on pourrait sans difficultés extraire annuellement de notre sol 420 000 tonnes de schistes donnant 300 000 hl d'huiles brutes. D'après d'autres estimations plus récentes, le seule production du Bourbonnais et de l'Autunois pourrait être décuplée et atteindre annuellement un million de tonnes de schiste."

 

Cent ans plus tard : Controverses sur le gaz de schiste

 

_____________________________________________________________________

 

1921 : Quarante-neuvième année, deuxième semestre.

 

Étonnant pour le breton que je suis : un article sur les Bigoudenn !

 

 

http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?4KY28.101/421/80/658/5/653

 

 

On peut y lire que la population bigoudenn soulève "un curieux problème d'ethnographie, dont peu de savants jusqu'ici se sont préoccupés : quelle est l'origine de ces bigoudenn ? Sont-ce des blancs, comme les autres bretons, ou bien quelque enclave de race jaune primitive, finalement repoussée vers l'extrémité du continent ? Ne peut-on retrouver dans leur si curieux costume des traces de ces origines lointaines ?"

 

Une hypothèse que l'auteur de l'article, le breton Auguste Dupouy, s'emploie à détruire : " la population bigoudenn n'est nullement une enclave touranienne parmi les Aryens, à peine une enclave celtique parmi d'autres celtes. On peut admettre qu'il y a eu superposition ou juxtaposition de tribus dans l'Armorique, distinguer, par exemple, des autochtones et des insulaires, tous de même race fondamentale."

 

 

 

La légende bigoudène aura encore une longue vie...

 

 

 

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2 octobre 2021 6 02 /10 /octobre /2021 11:40

 

C’est par hasard que nous avons rencontré Pierre Gane.

 

Cela s’est fait au détour d’un article publié le 26 novembre 1946 dans Ouest-France qui nous parlait d’une des premières éoliennes installées en Bretagne.

 


 

Cet article se trouvait dans les archives familiales d’amis finistériens particulièrement sensibilisés à la nécessité d’’économiser l’énergie et de mettre en œuvre des énergies renouvelables.

 

On imagine leur satisfaction en se souvenant que c’était dans la ferme de leur enfance qu’avait tourné l’une des premières éoliennes installées en Bretagne.

 

 

Quand la fée électricité vient, enfin, visiter la campagne, elle est reçue avec les honneurs dus à son rang. Le ton du journaliste est enthousiaste :

 

"Le vent soufflait dur sur le plateau de Ker-Deniel, en Landudal quand, en compagnie de Pierre Gane, nous arrivâmes à la ferme de M. Le Naour, puis de celle de M. Quintin. Une portée de fusil sépare les deux habitations. Entre-elles, ailes rabattues, l’éolienne ne s’inquiétait pas du vent qui sifflait dans son fuselage. Les 28 éléments de la batterie d’accus avaient fait leur plein d’électricité. Les moteurs tournaient dans les fermes, des lampes versaient une belle lumière blanche dans les pièces sombres et l’eau sous pression s’échappait avec force des tuyaux d’acier.

 

Voilà, nous déclara M. Quintin ce que nous devons à l’éolienne. Depuis son installation, nous possédons une nouvelle richesse.

 

Pierre Gane, l’ingénieur-constructeur, ne soufflait mot. Il enregistrait avec modestie, mais satisfaction, les propos du fermier qu’il n’avait pas provoqués."

 

 

Monsieur Quintin, Pierre Gane... et l'éolienne.

voir aussi

 

Pierre Gane, adepte du verlan, a inversé son nom pour baptiser ses éoliennes du nom de "Enag". Elles sont réputées simples, solides et faciles à monter. Les pales sont en duralumin, un alliage d’aluminium qui commence à être utilisé. La dynamo, conçue pour avoir un bon rendement à bas régime, alimente des accumulateurs au plomb.

 

Le journaliste semble en avoir rajouté dans le lyrisme. Si les enfants de M. Quintin se souviennent des lampes électriques il n’ont pas le souvenir de la longue liste de machines décrites :

 

"Les lampes ont été montées au grenier ; une pression sur un bouton, l’écrémeuse ronronne, le broyeur d’ajoncs, le coupe-racines, le hache-paille entrent en action... la scie électrique chante et crie sous la grange".

 

Ces belles machines agricoles qu’on ne trouve plus que dans les musées ne pouvaient à l’évidence pas être toutes alimentées par la modeste éolienne installée. Au moins le journaliste concède-t-il que la faiblesse de la batterie ne permettrait pas d’alimenter la cuisinière électrique qui plairait à la fermière.

 

Le fermier, lui, est sensible à l’idée d’être un maillon dans la chaîne des utilisateurs du vent :

 

"Nos grands-pères utilisaient le vent pour broyer le grain, nos pères, pour monter l’eau ; à notre stade nous en sommes à fabriquer de l’électricité avec application immédiate aux besoins de la maison et de la profession. Qu’inventerons nos fils ?"

 

Des projets d’invention, l’ingénieur Pierre Gane n’en manque pas.

 

Pierre Gane, l’ingénieur.

 

Quand Pierre Gane a-t-il commencé à s’intéresser à l’électricité et aux éoliennes ? En 1943, on le dit occupé à en construire à Quimper en faisant travailler des réfractaires au S.T.O. et en se débrouillant pour trouver les matériaux. ( Cahier d’éole n° 2 page 13). Deux mille machines, dont beaucoup exportées, auront ainsi été fabriquées par Enag dans le demi siècle qui a suivi.

 

L’éolienne qu’il installe à Landudal doit être proche de ses premiers prototypes.

 

En 1948, on sait que cinq de ses éoliennes ont été choisies pour équiper des maisons forestières à Châlons-sur-Marne.

 

"L’éloignement de la majorité de nos Maisons Forestières crée, dans les circonstances économiques actuelles, une impossibilité pratique absolue d’envisager leur électrification par l’Électricité de France.

En effet, les dépenses occasionnées par l’électrification des « écarts » se montent à un ou plusieurs millions dès que les distances sont de l’ordre de 1 à 2 km., ce qui représente cependant des éloignements courants pour des logements forestiers...

 

Notre attention fut alors attirée sur la solution éolienne, par un de nos agents qui eut l’initiative de procéder à l’installation d’une éolienne sur son logement (Maison forestière appartenant aux Hôpitaux- Unis de Châlons-sur-Marne).

 

Réalisée à l’époque pour une dépense relativement peu élevée (70.000 francs en 1946), cette installation fonctionna un an avec la plus complète régularité. Il s’agissait d’une éolienne 12 volts du type « Enag », placée au sommet d’un épicéa de 32 à 35 m. de hauteur, équipée d’une simple batterie d’auto de 12 volts.

Encouragés par cette expérience, nous avons donc proposé et pu réaliser en 1948, 5 installations d’éolienne « Enag », en vue d’assurer l’électrification de 5 maisons forestières doubles ou simples." (REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE)

 

Les responsables des maisons forestières font à cette occasion mention d’une méthode de stockage de l’énergie éolienne se substituant éventuellement aux batteries :

 

"La génératrice envoie le courant dans un bac d’eau, l’électrolyse de l’eau donne : à l’anode de l’oxygène, à la cathode de l’hydrogène. Ces deux gaz sont emmagasinés automatiquement sous pression.

 

L’oxygène peut être vendu sur la base de 25 francs le mètre cube à la production ; l’hydrogène sert à actionner un moteur à gaz pauvre qui, aux heures d’accalmie, entraîne la génératrice, assurant ainsi la continuité de la production de l’électricité."

 

L’idée n’est pas irréaliste. Elle fait partie des solutions proposées par de savantes études contemporaines.

 

Voir encore :

 

 

Un lecteur nous communique que Pierre Gane avait équipé la première expédition de Paul Emile Victor en Terre Adelie d'au moins une éolienne. Par ailleurs à la fin des années 70 et au début des années 1980 il avait mis au point et réalisé une voiture électrique d'une autonomie de 400KM avec des vitesses de l'ordre de 110 à 120 km/H : il avait réussi à réduire la taille des batteries et commençait à envisager un réseau permettant de changer les batteries pour faire le plein. Il existait au moins deux voitures électriques conçues par Pierre Gane en état de marche. Une à Quimper et l'autre dans les Landes où il avait un client un général en retraite qu'il avait équipé d'une Turbine pour recharger sa voiture. 

 

 

Après Plogoff, les éoliennes, on y croyait !

 

 

Faire de la Bretagne une vitrine des énergies renouvelables, nous en avons rêvé après la victoire de Plogoff. Les éoliennes ENAG y auraient eu leur rôle pour peu que cette activité industrielle ait été encouragée.

 

La création du "Centre national d’essais éoliens de Lannion" en 1983 (voir la vidéo de son inauguration) avait suscité un véritable espoir

suivi d’une vraie déception quand il a été fermé.

 

1998 :  Fondateur de la société ENAG Pierre Gane n'est plus.


le Télégramme

 

Il était malade depuis l'été dernier. Il s'est éteint dans la nuit de jeudi à vendredi à son domicile de la cité Kerguélen à Quimper. Il venait d'avoir 94 ans, puisqu'il est né le 22 janvier 1904 à Eymoutiers (Haute Vienne) près de Limoges, tout comme son épouse, née Jeanne Champeaux, disparue l'année dernière.

 

Pierre Gane était arrivé à Quimper avant-guerre. Il faisait du cinéma ambulant dans les salles de danse. A Quimper, son point de chute était l'hôtel Moderne où, finalement, en 1936, il ouvrit une vraie salle de projection qu'il baptisa le Rex, puis le Korrigan, 20 ans plus tard, à l'occasion de travaux de rénovation. Après-guerre, il créa le Cornouaille, au dernier étage duquel il installa son appartement, cité Kerguélen.

Mais Pierre Gane était plus qu'un exploitant de salle de cinéma. Inventif et infatigable, en 1946, il ouvrit un atelier d'électro-mécanique, rue de Pont-l'Abbé, à la hauteur de la rue Bourg-lès-bourgs. Cette entreprise, qu'il baptisa ENAG, anagramme de GANE, connut vite le succès et c'est une usine qu'il fallut bientôt construire. Elle employa jusqu'à plus de 80 salariés.

 

La société ENAG fournissait la Marine et l'Aviation. Celle là même que Pierre Gane céda en 1984, à 70 ans, au repreneur qui l'exploite encore aujourd'hui. Homme indépendant, épris de liberté, Pierre Gane se flattait d'être le seul patron quimpérois d'importance adhérent d'aucune organisation patronale et sans syndicat dans son entreprise.

 

Autre facette de l'industriel quimpérois, l'élevage de chevaux de course dans sa ferme de Fao Glaz à Plonéour-Lanvern. Il n'y a pas si longtemps encore il en possédait une vingtaine. Plusieurs de ses pur-sang connurent des succès flatteurs sur les champs de course. Son meilleur crack avait été baptisé Fao Glaz.

 

Toute une époque ! Mais n'est-ce pas une autre époque qui s'en va avec ce Limougeot qui aura vécu les deux tiers du siècle à Quimper ? Les obsèques de Pierre Gane seront célébrées lundi à 14 h à Saint-Corentin. Son corps sera inhumé au cimetière Saint-Louis où reposent déjà son épouse, ainsi que son fils qu'une maladie emporta dans son jeune âge. Pierre Gane, à 90 ans, continuait de cultiver sa passion pour les chevaux dans sa ferme de Fao Glaz à Plonéour-Lanvern.

 

ENAG aujourd’hui.

 

D’autres repères viendront peut-être, par la suite, nous permettre d’en savoir un peu plus sur Pierre Gane. Une chose est certaine : l’aventure ENAG s’est poursuivie.

 

"Forte de plus de 60 ans d’expérience, ENAG innove, conçoit et réalise des produits destinés à la conversion d’énergie statique et dynamique."

 

 

"Un peu d’histoire...

 

1946 Naissance d’ENAG (anagramme du nom de son fondateur, Pierre Gane).

 

2009 Déménagement des sociétés ENAG et CRISTEC dans une usine neuve, nettement plus grande et facile d’accès, en zone industrielle de Kerdroniou Est à Quimper."

 

Des éoliennes aux hydroliennes.

 

C’est une des génératrices Enag qui a équipé le premier essai d’hydrolienne dans l’Odet.

 

 

Voir encore en Juin 2015

Cet été, une partie de l’électricité de l’île d’Ouessant sera produite par l’hydrolienne Sabella D10 immergée dans le Fromveur. Une première nationale !


 

voir aussi :

 

Le jour où l’électricité est arrivée dans le Finistère.

 

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Voir encore :

Avel kentoc’h eget gaz.

 

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Décembre 2017.  Quimper. La société Enag met le train sur pile (Le Télégramme

 

L'entreprise quimpéroise Enag, spécialisée dans la conversion d'énergie, a développé un système de traction sur batterie pour locomotives.

Une innovation qui pourrait permettre aux trains de circuler sur des tronçons non électrifiés, sans utiliser de diesel.

 

 

 

Imaginons un train, qui, sur une portion du réseau non électrifiée, pourrait circuler sans faire tourner son moteur diesel, sans bruit ni pollution. L'entreprise quimpéroise Enag, pionnière, depuis 1946, dans la conversion d'énergie l'a fait. En moins d'un an, elle a mis au point un système de traction alimenté par batterie pour les locomotives diesel. « Un opérateur qui réalise des travaux sur les voies, dont je ne peux pas encore dévoiler le nom, nous a commandé un train de travaux à propulsion hybride », annonce Henri Le Gallais, le président d'Enag.

 

Pour l'instant, une seule unité est sortie des ateliers de fabrication, situés zone de Kerdroniou à Quimper (29), pour un montant « inférieur au million d'euros ». Elle débutera, lundi, sa deuxième session de certification pour une mise en service en janvier prochain. Le système, composé d'une batterie lithium ion, d'une armoire de commande, d'un moteur électrique et d'une prise à quai, équipe une locomotive de travaux, destinée à tracter les trains contenant le matériel : grues, ballasts, rails, traverses... « Lors d'un chantier sur voie, les caténaires sont coupées, la locomotive est donc obligée d'utiliser la traction au diesel. Cela pose des problèmes, notamment dans les tunnels, à cause des émissions de gaz, et dans les zones urbaines où le moteur produit des nuisances sonores », poursuit celui qui a pris la direction de la société en 2014.

 

 

Expérience en milieu hostile

Avec ce système, les locomotives pourront circuler une heure, à une vitesse d'environ 10 km/h, le moteur électrique délivrant une puissance de deux fois 250 kW. Suffisant pour passer tous les types de pentes et « arracher » le train, terme utilisé pour désigner sa mise en mouvement. Quatre procédés sont utilisés pour charger la batterie : le branchement électrique à quai, le freinage, l'alternateur du moteur diesel et un groupe électrogène. « Le système est parfaitement autonome, le conducteur ne doit pas avoir à le gérer, c'est tout l'intérêt ».

 

Pour cette quasi-innovation - « à ma connaissance il y a déjà eu quelques trains hybrides, fabriqués par des géants comme Alsthom » - la « petite » entreprise de 90 salariés a pu s'appuyer sur une solide expérience dans la conversion d'énergie en milieu sévère. Déjà, en 1950, Enag fournissait une éolienne à l'explorateur français Paul-Émile Victor pour son expédition polaire au Groënland. Depuis les innovations se sont succédé dans le monde ferroviaire, maritime ou de la défense. « Nous avons réalisé la propulsion hybride des deux nouveaux patrouilleurs commandés par l'État pour la Guyane ». Au moment d'imaginer l'avenir de la batterie pour train, Henri Le Gallais avoue « ne pas avoir encore étudié le marché », mais une société suisse pourrait déjà être intéressée.

 

Histoire. Il y a un siècle, les éoliennes prenaient déjà place dans les paysages de l’Ouest.

 

« C’est le vent qui m’éclaire »

 

Déjà une éolienne. La lubie d’un bricoleur inspiré ? Pas vraiment. Au lendemain de la guerre, en 1946, Ouest-France s’intéresse aussi à cette grande roue qui tourne avec le vent, cette fois dans une exploitation agricole de Landudal (Finistère). À l’époque, l’électricité ce n’est pas aussi simple que d’appuyer sur un bouton, surtout à la campagne. Si en ville, le problème de l’électricité ne se pose pas, il devient entier dans nombre de villages éloignés des grandes routes et des lignes à basse tension​, rappelle Ouest-France.

Ici aussi, dans cette ferme sur le plateau de Ker-Deniel, une éolienne entre en action. Elle permet de faire tourner les machines agricoles comme d’éclairer les bâtiments de la ferme. On ne connaît pas les coupures de courant sur le plateau de Ker-Deniel​, résume le journal.


 

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