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21 octobre 2019 1 21 /10 /octobre /2019 12:29

Sur la Terre au carré.

 

Réécouter

Alors que le G7 vient de se terminer à Biarritz, avec le climat et la biodiversité annoncés au cœur des discussions, Emmanuel Macron a assuré : "nous allons agir". Et ce n'est pas le premier à le dire...

En fait, si on remonte jusqu'à Pompidou, tous les présidents ont fait de grandes déclarations. Paroles, paroles ? D'Emmanuel Macron à Georges Pompidou en passant par les "jeunes" de Valéry Giscard d'Estaing, quelles sont les plus belles paroles des politiques sur l'environnement ?

 

Emmanuel Macron :

 

en 2019 : "Nous devons répondre à l'appel de l'océan et à l'appel de la forêt qui brûle, nous allons agir !"

 

en 2016 : "Make our planet great again."

 

François Hollande en 2015 :

"Le 12 décembre 2015 restera une grande date pourla planète. C'est la plus belle et la plus pacifique des révolutions qui vient d'être accomplie, la révolution pour le changement climatique. Vive les nations unies, vive la planète, vive la France."

 

Nicolas Sarkozy en 2008 :

 

"Aujourd'hui, on sait : ne rien faire ne serait rien d'autre que criminel au regard de l'avenir de la planète, quel que soit le continent."

"Le temps de l'action est venu : nous avons trop attendu, nous ne pouvons plus attendre. Ce que j'ai dit ce soir, nous le ferons."

 

Jacques Chirac :

en 2002 : "Nous devons aujourd'hui réagir : c'est vital."

en 2006 : "Il y a l'enjeu écologique et il y a l'enjeu immédiat."

 

François Mitterrand en 1989 :

 

"La détérioration de l'atmosphère est aujourd'hui certaine. Ses conséquences peuvent ruiner les possibilités même de la vie sur la planète."

 

Valéry Giscard d'Estaing en 1977 :

 

"La France va organiser à l'automne prochain les Assisses européennes de l'environnement. C'est un problème qui se pose à l'échelle de notre continent."

 

"Je crois qu'il y a dans les thèmes de l'écologie, un réservoir d'enthousiasme et d'action pour les jeunes et je compte en automne m'adresser à un grand rassemblement de jeunes sur le thème de l'écologie."

 

Et finalement Georges Pompidou au début des années 70 :

 

"Le problème c'est de travailler à faire qu'un bon environnement soit compatible avec le progrès. C'est ce que nous cherchons à faire en France. C'est pour cela en particulier que j'ai créé le ministère de l'Environnement. Mais nous ne réussirons qu'à l'échelle internationale."

 
 
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16 octobre 2019 3 16 /10 /octobre /2019 09:03

Les manifestations physiques du changement climatique se multiplient et son impact socio‑économique s’accroît. Les concentrations record de gaz à effet de serre entraînent en effet à la hausse les températures mondiales qui atteignent des niveaux inquiétants, selon un rapport que vient de diffuser l’Organisation météorologique mondiale.

La Déclaration de l’OMM sur l’état du climat mondial, dont c’est la 25e édition, met en exergue la hausse record du niveau de la mer et les températures exceptionnellement élevées observées ces quatre dernières années à la surface des terres et des océans. Cette tendance au réchauffement ne s’est pas démentie depuis le début de ce siècle et devrait se poursuivre.

"Depuis qu’a été publiée la première Déclaration sur le climat, le savoir climatologique a atteint une rigueur sans précédent. On a pu mettre ainsi en évidence de manière irréfutable la hausse de la température moyenne et ses corollaires que sont, entre autres, l’élévation du niveau de la mer à un rythme accéléré, le recul de la banquise et des glaciers et des phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur," a souligné le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.

Ces indicateurs clefs du changement climatique sont de plus en plus révélateurs: la concentration de dioxyde de carbone, qui était de 357,0 parties par million (ppm) en 1993, première année faisant l’objet de la Déclaration sur le climat, ne cesse de croître, se chiffrant à 405,5 ppm en 2017. Pour 2018 et 2019, les valeurs devraient être encore plus hautes.

La Déclaration de l’OMM sur le climat bénéficie de la contribution des Services météorologiques et hydrologiques nationaux, d’un large éventail d’experts et de scientifiques ainsi que des organismes compétents des Nations Unies. Elle décrit les risques liés au climat et l’impact de ce dernier sur la santé humaine et les conditions de vie, les mouvements migratoires et les déplacements de populations, la sécurité alimentaire, l’environnement et les écosystèmes terrestres et marins. Enfin, elle répertorie les phénomènes extrêmes survenus dans le monde.

«Les phénomènes météorologiques extrêmes se sont poursuivis au début de 2019, comme en témoigne le cyclone tropical Idai qui a provoqué tout récemment des inondations dévastatrices et fait de très nombreuses victimes au Mozambique, au Zimbabwe et au Malawi. Ce pourrait bien être une des catastrophes d’origine météorologique les plus meurtrières qu’ait connues l’hémisphère austral», a déclaré M. Taalas.

«Idai a commencé par frapper la ville portuaire de Beira, au Mozambique, ville en pleine expansion située à faible altitude sur un littoral exposé aux ondes de tempête et subissant déjà les conséquences de la hausse du niveau de la mer. L’ampleur de la catastrophe démontre la nécessité d’agir à l’échelle internationale en faveur du développement durable, de l’adaptation au changement climatique et de la prévention des catastrophes», a ajouté M. Taalas.

L’année 2019 a débuté par une douceur record, en moyennes journalières, sur le continent européen, par un froid exceptionnel en Amérique du Nord et des vagues de chaleur extrême en Australie. Quant à l’étendue de la banquise arctique et antarctique, elle est une fois encore bien inférieure à la normale.

D’après le dernier bulletin saisonnier de l’OMM sur le climat (période mars–mai), l’anomalie positive affichée par les températures de surface de la mer, en raison notamment d’un épisode El Niño de faible intensité dans le Pacifique, devrait se traduire par des températures supérieures à la normale à la surface des terres, en particulier sous les tropiques.

Sommet sur le climat

La Déclaration de l’OMM sur l’état du climat mondial sera rendue publique à l’occasion d’une conférence de presse conjointe qui sera organisée au Siège de l’ONU, à New York, et à laquelle participeront le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, António Guterres, la Présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, María Fernanda Espinosa Garcés et le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. Cette conférence de presse coïncide avec une réunion de haut niveau sur «le climat et le développement durable pour tous».

«Les données divulguées dans le présent rapport sont très inquiétantes. Les quatre dernières années sont les plus chaudes jamais répertoriées, et la température moyenne à la surface du globe en 2018 était supérieure d’environ 1 °C aux valeurs préindustrielles», a indiqué M. Guterres dans l’introduction à la déclaration.

«Ces données confirment qu’il est urgent d’agir pour le climat, comme l’a souligné récemment le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans son rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C. Le GIEC fait valoir que pour limiter à 1,5 °C le réchauffement du climat, il faudra procéder à des transitions rapides et de grande envergure dans les domaines de l’aménagement du territoire, de l’énergie, de l’industrie, du bâtiment, du transport et de l’urbanisme; les émissions mondiales nettes de dioxyde de carbone (CO2) d’origine anthropique devront être réduites d’environ 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici à 2030, et il faudra atteindre un «bilan nul» des émissions aux alentours de 2050».

«Il n’est plus temps de tergiverser», a-t-il ajouté, après avoir précisé qu’il convoquerait le 23 septembre 2019 un sommet sur le climat au niveau des chefs d’État. La Déclaration sur le climat fera partie de la contribution de l’OMM à ce sommet, dont M. Taalas présidera le Groupe consultatif scientifique.

En ma qualité de Présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, j’ai particulièrement à cœur de souligner les répercussions du changement climatique sur notre aptitude à réaliser les objectifs de développement durable, ainsi que la nécessité de considérer dans leur totalité les conséquences socio-économiques des conditions météorologiques extrêmes, qui frappent de plus en plus durement les pays du monde entier. Ce rapport très actuel représente une précieuse contribution aux efforts que nous déployons pour attirer l’attention de la communauté internationale sur cette problématique," a déclaré Mme Espinosa Garcés.

Points saillants de la Déclaration de l’OMM sur l’état du climat mondial en 2018

Incidences du climat (d’après les informations fournies par les organisations partenaires du système des Nations Unies)

Dangers naturels: En 2018, la plupart des dangers naturels, dont ont été victimes près de 62 millions de personnes, étaient liés à des extrêmes météorologiques et climatiques. Comme par le passé, ce sont les inondations qui ont touché le plus de personnes – plus de 35 millions – selon une analyse portant sur 281 phénomènes répertoriés par le Centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres (CRED) et le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes.

Les ouragans Florence et Michael font partie des 14 catastrophes ayant entraîné des milliards de dollars de pertes aux États-Unis d’Amérique en 2018. Ils ont causé des dégâts qui se chiffrent à 49 milliards de dollars de dégâts et entraîné la mort de plus de 100 personnes. Quant au super typhonMangkhut, il a touché plus de 2,4 millions de personnes et fait au moins 134 victimes, surtout aux Philippines.

Plus de 1600 décès ont été liés aux vagues de chaleur intense et aux incendies de forêt qui ont frappé l’Europe, le Japon et les États-Unis, les dommages matériels avoisinant le chiffre record de 24 milliards de dollars dans ce dernier pays. En Inde, l’État du Kerala n’avait pas connu de pluies aussi abondantes et d’inondations aussi dévastatrices depuis presque un siècle.

Sécurité alimentaire: L’exposition du secteur agricole aux extrêmes climatiques menace de compromettre les progrès réalisés dans la lutte contre la malnutrition. Il s’avère que la faim dans le monde, qui avait reculé durablement, est repartie à la hausse, selon les données récentes recueillies par plusieurs organismes des Nations Unies, dont l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM). En 2017, selon les estimations, le nombre de personnes sous-alimentées avait augmenté, atteignant 821 millions, notamment à cause des graves sécheresses liées au puissant Niño de 2015/16.

Déplacements de populations: Sur les 17,7 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays recensées par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 2 millions l’étaient en raison de catastrophes liées à des phénomènes météorologiques et climatiques (situation en septembre 2018). La sécheresse, les inondations et les tempêtes (y compris les ouragans et les cyclones) sont les phénomènes qui ont entraîné le plus grand nombre de déplacements liés à des catastrophes en 2018. Dans tous les cas, les populations déplacées ont besoin de protection et sont vulnérables.

Selon le Réseau pour la surveillance des retours et des dispositifs de protection du Haut‑Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), quelque 883 000 nouveaux déplacements internes ont été enregistrés entre janvier et décembre 2018, dont 32 % étaient causés par des inondations et 29 % par la sécheresse. 

Chaleur, qualité de l’air et santé: Il existe de nombreuses interconnexions entre le climat et la qualité de l’air qui sont exacerbées par le changement climatique. On estime que le nombre de personnes exposées aux vagues de chaleur a augmenté d’environ 125 millions entre 2000 et 2016, la durée moyenne des vagues de chaleur s’étant allongée de 0,37 jour par rapport à la période 1986–2008, d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ces tendances sont autant de signaux d’alerte pour le secteur de la santé publique, dans la mesure où l’intensité, la fréquence et la durée des épisodes de chaleur extrême devraient continuer d’augmenter.

Conséquences pour l’environnement: On mentionnera le blanchissement des coraux et la diminution de la teneur en oxygène de l’océan, la disparition du «carbone bleu» associé aux écosystèmes côtiers comme les mangroves, les herbiers et les marais salés, et la perturbation d’écosystèmes très divers. Le réchauffement du climat devrait contribuer à la diminution de l’oxygène qui est observée en haute mer et dans les eaux côtières, y compris dans les estuaires et les mers semi-fermées. Depuis le milieu du siècle dernier, la teneur en oxygène de l’océan à l’échelle du globe aurait baissé de 1 à 2 % d’après les estimations de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO.

Le changement climatique est devenu une grave menace pour les écosystèmes des tourbières, car il exacerbe les effets du drainage et accroît le risque d’incendie, d’après le Programme des Nations Unies pour l’environnement. Les tourbières sont importantes pour les sociétés humaines du monde entier. Elles contribuent considérablement à l’atténuation du changement climatique et au processus d’adaptation grâce à la fixation et au stockage du carbone, au maintien de la biodiversité, à la régulation du flux hydrologique et de la qualité de l’eau, et à la fourniture d’autres services écosystémiques offrant des moyens de subsistance.

Indicateurs climatiques

Sea-ice cover for sept 2018

Contenu thermique de l’océan: Ce dernier a atteint de nouveaux pics en 2018 entre 0 et 700 m de profondeur (relevés remontant à 1955) et entre 0 et 2 000 m (relevés remontant à 2005), pulvérisant les records de 2017. Les océans absorbent plus de 90 % de l’énergie piégée par les gaz à effet de serre, et leur contenu thermique traduit directement cette accumulation d’énergie dans les couches marines supérieures.

Niveau de la mer: La hausse du niveau de la mer s’est poursuivie à un rythme accéléré. En 2018, le niveau moyen de la mer dépassait de quelque 3,7 mm celui de 2017 et c’était le plus haut jamais constaté. Entre janvier 1993 et décembre 2018, le rythme annuel moyen d’élévation du niveau de la mer était de 3,15 ± 0,3 mm, l’accélération étant estimée à 0,1 mm/an2. Le rythme accru de perte de masse glaciaire des inlandsis est la cause principale de l’accélération de la hausse du niveau moyen de la mer ainsi qu’il ressort des données altimétriques transmises par satellite, d’après le Groupe sur le bilan du niveau de la mer relevant du Programme mondial de recherche sur le climat.

Acidification des océans: Ces dix dernières années, les océans ont absorbé environ 30 % des émissions anthropiques de CO2. Le CO2 absorbé réagit avec l’eau de mer et modifie le pH de l’océan. Ce processus d’acidification peut influer sur l’aptitude des organismes marins, comme les mollusques et les coraux constructeurs de récifs, à fabriquer et maintenir de la coquille et du squelette. Les observations faites en haute mer ces 30 dernières années ont clairement mis en évidence la diminution du pH. Comme l’annonçaient déjà un certain nombre de rapports et de projections, le processus d’acidification des océans se poursuit, le pH de l’océan mondial continuant de baisser, d’après la COI de l’UNESCO.

Glaces de mer: L’étendue de la banquise arctique a été bien inférieure à la normale tout au long de 2018, affichant des records à la baisse en janvier et février. Le maximum annuel a été observé à la mi-mars et la superficie moyenne pour ce mois figure au troisième rang des plus faibles qui aient été constatées pour un mois de mars depuis 1979, lorsqu’ont débuté les observations par satellite. L’étendue moyenne de la banquise arctique en septembre se classe au sixième rang des plus faibles jamais observées pour un mois de septembre, et les 12 moyennes de septembre les plus faibles sont toutes postérieures à 2006. À la fin de 2018 l’étendue des glaces de mer, en moyenne journalière, était proche des plus faibles jamais observées.

L’étendue de la banquise antarctique a atteint son maximum saisonnier à la fin du mois de septembre et au début du mois d’octobre. Après son pic du début du printemps, l’étendue de la banquise antarctique a diminué rapidement, chaque valeur mensuelle, jusqu’à la fin de l’année, se classant parmi les cinq plus faibles jamais constatées.

L’inlandsis groenlandais accuse une perte de masse glaciaire presque chaque année depuis 20 ans. Le bilan de masse en surface a enregistré une hausse en raison de chutes de neige plus abondantes que la normale, en particulier sur la partie orientale du Groenland, et d’une saison de fonte proche de la normale. Cette situation s’est traduite par une augmentation globale du bilan de masse en surface mais n’a eu guère d’incidence sur la tendance générale constatée depuis deux décennies, l’inlandsis du Groenland ayant perdu environ 3 600 gigatonnes de glace depuis 2002. Une étude récente a porté sur des carottes de glace prélevées au Groenland, qui nous renseignent sur les épisodes de fonte survenus entre aujourd’hui et le milieu du XVIe siècle. Il s’avère que la nappe glaciaire du Groenland n’avait pas connu d’épisodes de fonte d’une telle intensité depuis au moins 500 ans.

Recul des glaciers:

Le Service mondial de surveillance des glaciers suit de près le bilan de masse de ces derniers en s’appuyant sur un ensemble de glaciers de référence, répartis dans 19 régions montagneuses du monde, pour lesquels on dispose de plus de 30 ans de données d’observation sur la période 1950–2018. D’après les résultats préliminaires disponibles pour 2018, qui concernent une partie de ces glaciers de référence, l’année hydrologique 2017/18 est la 31e année consécutive affichant un bilan de masse négatif.

Notes à l’intention des rédacteurs

Les informations figurant dans la Déclaration proviennent d’un grand nombre de Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) et d’organismes apparentés, ainsi que des centres climatologiques régionaux, du Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC), de la Veille de l’atmosphère globale (VAG) et de la Veille mondiale de la cryosphère (VMC). Des renseignements ont également été fournis par d’autres organisations du système des Nations Unies, dont l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM), le Haut‑Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et la Stratégie internationale des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (SIPC).

Pour suivre l’évolution des températures à l’échelle du globe, l’OMM utilise les jeux de données (fondés sur les relevés climatologiques mensuels des stations d’observation) émanant de l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA), du Goddard Institute for Space Studies (GISS) de l’Administration américaine pour l’aéronautique et l’espace (NASA) ainsi que du Centre Hadley du Service météorologique britannique et de la Section de recherche sur le climat de l’Université d’East Anglia (Royaume-Uni).

Elle a aussi recours aux jeux de données de réanalyse émanant du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) et de son service Copernicus de surveillance du changement climatique, ainsi que du Service météorologique japonais. Elle peut ainsi combiner des millions de données d’observation météorologique et océanique, y compris par satellite, avec les résultats de modèles de façon à obtenir une réanalyse complète de l’atmosphère. Cette méthode permet d’estimer les températures partout dans le monde et à tout moment, même dans les régions où le réseau d’observation est peu dense comme au voisinage des pôles.

Présentation en images de la Déclaration sur le climat

Phénomènes météorologiques et climatiques qui ont marqué l’année 2018: carte interactive

Voir aussi le Tableau des principaux indicateurs climatiques.

Pour de plus amples renseignements, veuillez prendre contact avec Clare Nullis, attachée de presse (courriel: cnullis@wmo.int; tél. port.: +41 (0)79 709 13 97)

 

 

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29 août 2019 4 29 /08 /août /2019 15:40

 

Il faut absolument lire cette bande dessinée de Inès Léraud et Pierre Van Hove. Enfin une journaliste qui a le courage de dénoncer un demi siècle d'omerta bretonne. Elle est accompagnée d'un dessinateur qui a l'art de la mise en scène sans oublier la dose d'humour qui rend supportable le récit d'une lâcheté généralisée ayant conduit à la mort de trois personnes et d'une quarantaine d'animaux.

 

à voir et écouter : 

 

https://information.tv5monde.com/video/algues-vertes-omerta-sur-un-scandale-sanitaire-breton

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=nPWwAd-16h8

 

 https://www.youtube.com/watch?v=_V-F2kzkPIA

 

 

Voir sur Thalassa

https://www.youtube.com/watch?v=Clz_srvOVlc

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25 août 2019 7 25 /08 /août /2019 08:05

Avec ce dossier, le Courrier entend ouvrir une piste de réflexion sur ces aspects moins connus du plus grand défi planétaire de notre époque. Car parallèlement aux questions scientifiques qui font la une de tous les médias, les questions de justice et d’équité, de respect des droits de l’homme, de solidarité et d’intégrité scientifique et politique, tout comme de responsabilité individuelle et collective, doivent être les principaux jalons de notre action à l’échelle planétaire.

 

Bernard Feltz
 
Catriona McKinnon
 
Anne-Sophie Novel
 
Thiagarajan Jayaraman répond aux questions de Shiraz Sidhva
 
Zofeen T. Ebrahim
 
Victor Bwire
 
Manuel Guzmán Hennessey
 
Niels Boel et Finn Rasmussen, avec Hadra Ahmed
 
Johan Hattingh
 
Laura Ortiz-Hernández
 
Colonel répond aux questions de Niels Boel
 
Propos recueillis par Jasmina Šopova

 

Voir : https://mailchi.mp/unesco/dfis-climatiques-dfis-thiques?e=22873ed1c4

 

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16 août 2019 5 16 /08 /août /2019 11:17

Alors que la militante suédoise Greta Thunberg est venue défiler à Paris avec quelques milliers d’étudiants français, la grogne contre le laxisme climatique percole dans la population française (journal de l'environnement).

 

Quentidi 5 ventose, an 227[1]. La République de France est agitée, comme rarement elle l’a été. Chaque nonidi, depuis 4 décades, le peuple, tout de jaune vêtu, bloque les routes et envahit le centre des villes et des bourgades. Les heurts sont fréquents et parfois violents avec les forces de gendarmerie. Le but de ce mouvement est confus. Mais son origine a pris corps avec la hausse du prix des énergies fossiles, attribuée à tort à cet impôt du carbone.

D’ailleurs les Gilets jaunes, comme les appellent les publicistes, ne sont pas opposés à cette taxation ni à la transition énergétique votée en fructidor 223[2] qu’elle est censée financer. Non, ils exigent simplement que le produit de cette gabelle pétrolière soit effectivement affecté à cette transition et non au budget de la République.

DES VILLES POURRAIENT DISPARAÎTRE

Est-ce une manifestation du dérèglement climatique? La France connaît, en ce début de ventose, des températures que l’on déguste habituellement en germinal, voire en floréal. Ce qui n’est pas sans inquiéter. Voilà des années que les scientifiques du climat alertent les gouvernements du monde entier sur un réchauffement planétaire, dont les conséquences pour l’Humanité et la nature pourraient être catastrophiques. L’on évoque la fonte à un rythme effarant des glaciers et des glaces des mers. Ces mers dont le niveau ne cesse de monter, grignotant les continents et empoisonnant les nappes d’eau douce. Des villes comme Marseille ou la Nouvelle York pourraient même disparaître sous les eaux.

A terre, c’est la terreur annoncée. Le nombre et la puissance des tempêtes sont appelés à augmenter, nous dit-on. Les cultures pourraient être dévastées par des pluies assassines ou des canicules à n’en plus finir. Sous l’effet d’hivers qui s’adoucissent, des insectes exogènes ravagent les plantations. Rien de tout cela n’est, hélas, inconnu. Ces nouvelles sont d’ailleurs remontées jusqu’à Paris. Dans leur sagesse, monarchies et républiques mènent, avec entrain, et depuis trois décennies déjà, des négociations avec les pays du monde entier sur les us et coutumes à adopter pour vivre harmonieusement avec ce climat déréglé.

LES PROFESSEURS AUSSI

Mais cela ne semble plus suffire. Sensible à la harangue d’une écolière suédoise convaincue, lajeunesse de l’Europe délaisse, chaque fin de décade, ses études. Dans la rue, ce sont des milliers d’écoliers, de lycéens et d’étudiants qui se regroupent et chantent, sans trêve, ce curieux refrain: «On est plus chauds, plus chauds, plus chauds que le climat Sans être physiquement présents dans leur cortège, certains de leurs professeurs les soutiennent, pétitionnent même. Ils ne sont pas les seuls agents de la République à s’agiter sous les effets du réchauffement.

Certaines factions du ministère de la transition écologique et solidaire prient la secrétaire d’Etat Brune Poirson de leur accorder la journée du sextidi 26 ventose[3] (on fête pourtant le pissenlit, ce jour-là!) pour se joindre aux Incroyables et aux Merveilleuses du réchauffement.

Dans des gazettes, helvète, française et belge, 260 scientifiques du climat tiennent de véhéments propos à l’égard des gouvernants, tous accusés de laxisme climatique: «Nous avons sensibilisé les décideurs. Nous nous sommes parfois faits conseillers du prince. Nous avons construit des ponts avec les forces organisées dans la société civile, sensibles à la cause écologique. Nous avons alerté mille fois l’opinion publique et les citoyens. Nous avons nourri le débat public, ouvert la science à l’expertise citoyenne. Nous avons tout essayé», se désolent-ils. Et d’appeler, eux aussi, à participer à ces cortèges du 26 ventose. Une journée dont on dit déjà qu’elle remuera les peuples du monde entier.

TERRIBLE TRAGÉDIE

Les acteurs ne sont pas en reste. Dans un bulletin du soir, Philippe Torreton endosse l’habit de Cassandre: «La tragédie humaine a commencé et promet d’être terrible», annonce-t-il. Chaque soir, le théâtre parisien de Monfort fait salle comble avec Kyoto Forever 2, une comédie teintée d’amertume où l’on conte l’incapacité des gouvernements à restreindre leur appétit pour l’or noir, le charbon et le gaz.

Le peuple, ses enfants, leurs professeurs, les hommes et les femmes de la science du climat, les artistes grondent désormais. Est-ce une révolte? L’Etat est déjà la cible d’attaques. Après l’édile deGrand-Scynthe, 4 associations de salut public vont ester en justice. Les membres de curieux attelage reprochent à nos gouvernants de ne point agir contre le réchauffement, quand bien même ils s’y seraient engagés. Serait-ce possible?

 

[1] Vendredi 22 février 2017.

[2] Août 2015.

[3] 15 mars.

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11 août 2019 7 11 /08 /août /2019 09:31

Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques
(IPBES en anglais)

 

« La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l'histoire humaine - et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier », alerte le nouveau et historique rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), dont le résumé a été approuvé lors de la 7ème session plénière de l'IPBES, qui s’est réunie la semaine dernière (du 29 Avril au 4 mai) à Paris.

« Les preuves accablantes contenues dans l’évaluation globale publiée par l’IPBES et obtenues à partir d'un large éventail de domaines de connaissance, présentent un panorama inquiétant », a déclaré le président de l’IPBES, Sir Robert Watson. « La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier ».

« Le rapport nous dit aussi qu'il n’est pas trop tard pour agir, mais seulement si nous commençons à le faire maintenant à tous les niveaux, du local au mondial », a-t-il ajouté  « Grâce au « changement transformateur », la nature peut encore être conservée, restaurée et utilisée de manière durable - ce qui est également essentiel pour répondre à la plupart des autres objectifs mondiaux. Par «changement transformateur », on entend un changement fondamental à l’échelle d’un système, qui prend en considération les facteurs technologiques, économiques et sociaux, y compris en termes de paradigmes, objectifs et valeurs.

Les États membres de la plénière de l'IPBES ont reconnu que, par sa nature même, un changement transformateur peut susciter une opposition de la part de ceux qui ont des intérêts attachés au statu quo, mais également que cette opposition peut être surmontée pour le bien de tous.

Le rapport d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques est le document le plus exhaustif réalisé à ce jour. Il s’agit du premier rapport intergouvernemental de ce type. Il s’appuie sur l’évaluation historique des écosystèmes pour le millénaire (Millenium Ecosystem Assessment) de 2005 et introduit de nouveaux moyens pour d’évaluation des preuves.

Élaboré par 145 experts issus de 50 pays au cours des trois dernières années, avec des contributions additionnelles apportées par 310 autres experts, le rapport évalue les changements au cours des cinq dernières décennies et fournit un aperçu complet de la relation entre les trajectoires de développement économique et leurs impacts sur la nature. Le document propose également un éventail de scénarios possibles pour les décennies à venir.

Basé sur une revue systématique d'environ 15 000 références scientifiques et sources gouvernementales, le rapport s’appuie aussi (et pour la première fois à une telle échelle) sur les savoirs autochtones et locaux, et aborde en particulier les questions concernant les peuples autochtones et les communautés locales.

« Les contributions apportées par la biodiversité et la nature aux populations sont notre patrimoine commun et forment le plus important ’filet de sécurité’ pour la survie de l'humanité. Mais ce filet de sécurité a été étiré jusqu'à son point de rupture », a déclaré la professeure Sandra Díaz (Argentine), qui a co-présidé l'évaluation avec les professeurs Josef Settele (Allemagne) et  Eduardo S. Brondízio (Brésil et États-Unis). « La diversité au sein des espèces, entre les espèces et celles des écosystèmes, ainsi que de nombreuses contributions fondamentales qui proviennent de la nature se dégradent rapidement, même si nous avons encore les moyens d'assurer un avenir durable aux êtres humains et à la planète.»

Le rapport estime qu’environ 1 million d'espèces animales et végétales sont aujourd'hui menacées d'extinction, notamment au cours des prochaines décennies, ce qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l'histoire de l’humanité.

Depuis 1900, l'abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d'au moins 20 % en moyenne. Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d'un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. La situation est moins claire pour les espèces d'insectes, mais les données disponibles conduisent à une estimation provisoire de 10 % d’espèces menacées. Au moins 680 espèces de vertébrés ont disparu depuis le 16ème siècle et plus de 9 % de toutes les races domestiquées de mammifères utilisées pour l’alimentation et l’agriculture avaient disparu en 2016, et 1 000 races de plus sont menacées.

« Les écosystèmes, les espèces, les populations sauvages, les variétés locales de plantes et les races locales d’animaux domestiques diminuent, se réduisent ou disparaissent. Le tissu vivant de la Terre, essentiel et interconnecté,  se réduit et s’effiloche de plus en plus », a déclaré le professeur Settele. « Cette perte est la conséquence directe de l'activité humaine et constitue une menace directe pour le bien-être de l’humanité dans toutes les régions du monde. »

Pour accroître la pertinence politique du rapport, les auteurs de l'évaluation ont classé, pour la première fois à une telle échelle et sur la base d’une analyse approfondie des données disponibles, les cinq facteurs directs de changement qui affectent la nature et qui ont les plus forts impacts à l’échelle mondiale. Les facteurs responsables sont, par ordre décroissant : (1) les changements d’usage des terres et de la mer ; (2) l'exploitation directe de certains organismes ; (3) le changement climatique ; (4) la pollution et (5) les espèces exotiques envahissantes.

Le rapport souligne que, depuis 1980, les émissions de gaz à effet de serre ont été multipliées par deux, provoquant une augmentation des températures moyennes mondiales d'au moins 0,7 degré Celsius. Le changement climatique a déjà un impact sur la nature, depuis le niveau des écosystèmes jusqu’à celui de la diversité génétique - impact qui devrait augmenter au cours des décennies à venir et, dans certains cas, surpasser l'impact dû au changement d’usage des terres et de la mer et des autres facteurs de pression.

En dépit des progrès réalisés pour conserver la nature et mettre en œuvre des politiques en faveur de celle-ci, le rapport met aussi en évidence que les trajectoires actuelles ne permettent pas d’atteindre les objectifs mondiaux visant à conserver et exploiter durablement la nature. Les objectifs pour 2030 et au-delà ne pourront être atteints que par un changement transformateur dans les domaines de l’économie, de la société, de la politique et de la technologie. Avec seulement quatre des vingt objectifs d’Aichi pour la biodiversité présentant des progrès réels dans leurs déclinaisons, il est probable que la plupart d’entre eux ne seront pas atteints d’ici l’échéance de 2020. Les tendances négatives actuelles concernant la biodiversité et les écosystèmes vont freiner les progrès en vue d’atteindre les objectifs de développement durable dans 80% (35 sur 44) des cas où les cibles ont été évaluées ; en particulier ceux liées à la pauvreté, la faim, la santé, l'eau, les villes, le climat, les océans et les sols (ODD 1, 2, 3, 6, 11, 13, 14 et 15). La perte de biodiversité est donc non seulement un problème environnemental, mais aussi un enjeu lié au développement, à l’économie, la sécurité, la société et l’éthique.

« Pour mieux comprendre et, plus important encore, pour s’attaquer aux principales causes des dommages causés à la biodiversité et aux contributions apportées par la nature aux populations, nous devons comprendre l'histoire et les interconnections mondiales qui existent entre les facteurs indirects complexes de changement démographiques et économiques, ainsi que les valeurs sociales qui les sous-tendent », a déclaré le professeur Brondízio. « Les principaux facteurs indirects comprennent l’augmentation de la population et de la consommation par habitant ; l'innovation technologique, dont les dommages causés à la nature ont diminué dans certains cas tandis qu’ils ont augmenté dans d’autres; et, de manière critique, les questions de gouvernance et de responsabilité. Une tendance qui émerge est celle dite de l’interconnectivité mondiale et du « telecoupling ». Dans ce cas, l'extraction des ressources et leur production ont lieu dans une partie du monde, mais servent souvent à satisfaire les besoins de consommateurs éloignés, qui vivent dans d'autres régions.»

D’autres résultats majeurs du rapport sont à prendre aussi en compte [1]:

  • Les trois quarts de l'environnement terrestre et environ 66 % du milieu marin ont été significativement modifiés par l’action humaine. En moyenne, ces tendances ont été moins graves ou évitées dans les zones qui appartiennent à ou sont gérées par des peuples autochtones et des communautés locales.
  • Plus d'un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l’agriculture ou à l’élevage.
  • La valeur de la production agricole a augmenté d'environ 300 % depuis 1970, la récolte de bois brut a augmenté de 45 % et environ 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non renouvelables sont maintenant extraites chaque année dans le monde  - quantité qui a presque doublé depuis 1980.
  • La dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la  surface terrestre mondiale ; une partie de la production agricole annuelle mondiale, d’une valeur marchande pouvant atteindre 577 milliards de dollars US, est confrontée au risque de disparition des pollinisateurs et de 100 à 300 millions de personnes sont exposées à un risque accru d'inondations et d’ouragans en raison de la perte d'habitats côtiers et de leur protection.
  • En 2015, 33 % des stocks de poissons marins ont été exploités à des niveaux non durable ; 60 % l’ont été au niveau maximum de pêche durable, et seulement 7 % à un niveau inférieur à celui estimé comme étant durable.
  • Les zones urbaines ont plus que doublé depuis 1992.
  • La pollution par les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980 ; environ 300-400 millions de tonnes de métaux lourds, solvants, boues toxiques et autres déchets issus des sites industriels sont déversés chaque année dans les eaux du monde, et les engrais qui arrivent dans les écosystèmes côtiers ont produit plus de 400 « zones mortes» dans les océans, ce qui représente environ 245.000 km2, soit une superficie totale plus grande que le Royaume-Uni.
  • Les tendances négatives de la nature continueront jusqu’en 2050 et au-delà, dans tous les scénarios politiques explorés dans le rapport, sauf dans ceux qui proposent un changement transformateur – cela en raison de l’impact qu’aura l'augmentation du changement d’usage des terres, l'exploitation de certains organismes et le changement climatique, toutefois avec des différences significatives selon les régions.

Le rapport présente également un large éventail d’exemples d'actions en faveur du développement durable et les trajectoires pour les réaliser dans des secteurs tels que l'agriculture, la foresterie, les écosystèmes marins, les écosystèmes d'eau douce, les zones urbaines, l'énergie, les finances et bien d'autres. Le document souligne combien il est important, entre autres, d'adopter une gestion intégrée et des approches intersectorielles qui prennent en compte les compromis entre la production alimentaire et celle de l’énergie, les infrastructures, la gestion de l’eau douce et des zones côtières, ainsi que la conservation de la biodiversité.

En vue de créer une économie mondiale durable, l'évolution des systèmes financiers et économiques mondiaux a également été identifiée comme un élément clé des politiques futures plus durables. Elle s'éloigne du paradigme actuel trop limité de la croissance économique.

« L’IPBES présente aux décideurs une base scientifique fiable, les connaissances et les options stratégiques pour qu’ils les analysent », a déclaré la Docteure Anne Larigauderie,  secrétaire exécutive de l’IPBES. « Nous remercions les centaines d'experts, issus du monde entier, qui ont donné de leur temps et partagé leurs connaissances pour aider à combattre la disparition des espèces, des écosystèmes et de la diversité génétique - une menace véritablement mondiale et générationnelle contre le bien-être humain. »

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1 août 2019 4 01 /08 /août /2019 08:46
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25 juillet 2019 4 25 /07 /juillet /2019 12:58

Parmi les dix personnalités qui, selon la revue scientifique Nature, ont le plus compté en 2018, une seule est française, Valérie Masson-Delmotte. Retour sur le brillant parcours d’une chercheuse — également lauréate de la médaille d’argent du CNRS 2019 — dont l’expertise sur le réchauffement climatique est écoutée sur les scènes nationale et internationale.

 

voir : https://lejournal.cnrs.fr/articles/valerie-masson-delmotte-une-voix-pour-le-climat

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15 juillet 2019 1 15 /07 /juillet /2019 16:04

Nous apprenons, en ce début de Juillet 2019, que 17 années d’archives du ministère de l’agriculture concernant les responsabilités dans l’autorisation du chlordécone aux Antilles, ont disparu !

 

 

voir la vidéo

 

Nous avons évoqué le problème du chlordécone aux Antilles dans le livre "Respirer tue, agir contre la pollution de l’air". Nous rappelons ici les passages correspondants.

 

Aux Antilles : silence on empoisonne.

 


Béatrice Ibéné, présidente de l’Association pour la Sauvegarde et la réhabilitation de la Faune des Antilles, vétérinaire, vit et travaille en Guadeloupe. Elle était à Paris le lundi 28 avril 2014, devant le Conseil d’État, pour défendre un référé contre l’arrêté autorisant les épandages aériens aux Antilles. Interrogée par le journal Reporterre, elle expliquait que cette pratique est ancienne et que l’interdiction des épandages aériens depuis 2009 n’y change rien tant les dérogations sont nombreuses. Dernier en date, l’arrêté du 23 décembre 2013 permettait aux producteurs de bananes de continuer les épandages aériens de produits dangereux sur les Antilles pendant douze mois consécutifs.

Les épandages aériens, à quand la fin ?

 

Le gros problème de l’épandage aérien, affirmait-elle, "c’est la dérive des produits car ce mode de diffusion expose tous les êtres vivants aux pesticides. On a des témoignages récurrents de gens qui sentent les émanations à plus de huit cents mètres des zones d’épandage alors que la distance de sécurité imposée en France n’est que de 50 mètres. En Guadeloupe, les habitations ne sont jamais bien loin des bananeraies".

 

Ainsi donc, dans les Antilles comme en métropole, les nuages de pesticides ne respectent pas la frontière des 50m imposée par la loi !

 

Le 6 mai 2014, Béatrice Ibéné et son association remportaient une superbe victoire. Le Conseil d’État suspendait les autorisations d’épandage et condamnait l’État à verser 1000 euros à chacune des associations requérantes.

 

La qualité des mémoires remis par les associations avait emporté la décision mais le Conseil d’État ne pouvait ignorer également le "Rapport d’évaluation des plans d’action chlordécone aux Antilles" présenté en octobre 2009 par des autorités peu soupçonnées d’activisme écologiste telles que le Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable, l’Inspection Générale des Affaires Sociales, le Conseil Général de l’Agriculture de l’Alimentation et des Espaces Ruraux, l’Inspection Générale de l’Administration de l’Éducation nationale et de la Recherche. En conclusion que nous disaient ces grandes administrations de l’État réunies ?

 

"Aux Antilles françaises, des groupes de population particulièrement exposés (les travailleurs en agriculture, les familles consommant les produits de leur jardin, les pêcheurs etc.) mais aussi, de diverses façons, l’ensemble de la population sont touchés par la contamination des sols par la Chlordécone, les produits phytosanitaires organochlorés, et tous les pesticides quels qu’ils soient (le Glyphosate par exemple).

 

En effet, les milieux naturels sont le réceptacle obligé de toutes les percolations, lixiviations, lessivages et autres formes d’érosion qui entraînent et diffusent ces molécules et leurs produits de dégradation. Alors que l’on pensait qu’elle serait prisonnière des sols des anciennes bananeraies, la molécule de Chlordécone n’est qu’un témoin de ces différentes formes de contamination inévitable...

 

Les Antilles ne font que témoigner un peu plus tôt qu’en métropole, du fait de leur échelle géographique plus réduite, des dangers et des conséquences des pesticides [,,.] Développer "une agriculture sans pesticides" sur tout le territoire devient donc indispensable, et, associée à la préservation des richesses des forêts et de la végétation tropicales dont l’attrait touristique est encore peu mis en valeur, ces objectifs pourront devenir des atouts pour un développement durable de ces îles."

 

Il nous faut parler du chlordécone (ou de la chlordécone, molécule parfois féminisée en fonction des auteurs) comme exemple flagrant de la désinformation en œuvre dès qu’il s’agit de dévoiler un réel scandale environnemental. Une leçon qu’il faudra retenir concernant cette pollution dont on commence à peine à parler : celle de l’air par les pesticides ou les particules fines.

 

Le scandale du chlordécone.

 

Le 15 mars 2014, la chaîne de télévision "Public Sénat" diffusait un documentaire réalisé par Thierry Derouet sous le titre : Chlordécone : poison durable.

 

La présentation annonçait un document sans concession : "L’affaire de la Chlordécone est le scandale sanitaire le plus retentissant de ces dix dernières années aux Antilles françaises. Cette molécule a été épandue sur les bananiers pendant plus de vingt ans, jusqu’en 1993 et sûrement un peu au-delà. Classé comme cancérigène possible, ce pesticide avait été interdit dès 1976 aux États-Unis.". Cette émission télévisée constitue l’un des témoignages les plus objectifs sur ce scandale à chaque fois étouffé dès qu’il revient sur la scène médiatique.

 

Treize années plus tôt, en juillet 2001 était remis, à la ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, Dominique Voynet, un "rapport sur la présence de pesticides dans les eaux de consommation humaine en Guadeloupe". La ministre n’ayant pas eu le temps de l’exploiter, car elle quittait son ministère le même mois, il semblait s’être perdu dans l’un ou l’autre des services ministériels. Il méritait pourtant mieux que cet oubli.

 

Il avait pour auteurs Henri Bonan de l’Inspection Générale des Affaires Sociales et Jean-Louis Prime de l’Inspection Générale de l’Environnement. Ce travail leur avait été demandé à la suite des résultats d’une campagne renforcée de contrôle des teneurs en pesticides dans l’eau, menée par la DDASS de Guadeloupe en 1999. Les mesures avaient montré des taux très élevés de pesticides organochlorés (Chlordécone, Dieldrine et β-hexachlorocyclohexane) dans l’eau distribuée et même dans l’eau embouteillée. Pourtant ces produits, utilisés sur les cultures de canne à sucre et surtout de bananes, étaient interdits d’usage depuis, respectivement, 1993, 1972 et 1987. Les taux de pollution mesurés avaient amené la fermeture d’une usine d’embouteillage d’eau de source et de captages alimentant plusieurs communes.

 

Parmi les pesticides retrouvés dans l’eau, les auteurs relevaient particulièrement la pollution par le chlordécone. En vingt ans au moins quatre rapports s’étaient succédés qui en décrivaient la présence et les effets, mais sans aucun succès. Pourtant depuis le grave accident survenu aux USA sur une usine fabricant du chlordécone et son interdiction dans ce pays en 1977, on connaît la nocivité de ce produit considéré comme cancérigène et facteur de troubles neurologiques. On sait aussi qu’il est fortement rémanent, on estime à plusieurs siècles sa persistance dans les sols traités où il contamine les plantes qui y poussent ainsi que les animaux et humains qui les consomment.

 

Informées du contenu du rapport Bonan-Prime les associations de consommateurs et de protection de l’environnement de Guadeloupe et Martinique sont les premières à se mobiliser mais tout est fait pour les dissuader.

 

Aux Antilles la justice coûte cher.

 

Le 24 février 2006, quatre associations guadeloupéennes, l’Union des producteurs agricoles de Guadeloupe, l’Association Agriculture-Société-Santé-Environnement, l’Union régionale des consommateurs, l’Association SOS Environnement Guadeloupe, portaient plainte contre X pour "Mise en danger d’autrui (risque immédiat de mort ou d’infirmité) par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence. Administration de substance nuisible ayant porté atteinte à l’intégrité d’autrui ".

 

Suite à ce dépôt de plainte, chacune a reçu du Doyen des juges d’instruction au tribunal de grande instance de Basse Terre une "Ordonnance fixant une consignation (partie civile)" ainsi libellée :

"Attendu que le plaignant a manifesté l’intention de se constituer partie civile, le plaignant ne bénéficiant pas de l’Aide Juridictionnelle, fixons à 1500 euros le montant de la consignation"

 

Au total ce sont donc 6000 euros qui sont demandés à ces associations, dont les moyens sont limités, pour que leur plainte soit simplement retenue ! Sachant que l’objectif légal d’une telle consignation est de garantir le paiement de l’amende susceptible d’être prononcée contre les associations pour le cas où leur constitution de partie civile serait jugée abusive par le tribunal correctionnel, cette mesure était clairement perçue par les associations comme une tentative de dissuasion.

 

La suite devait confirmer leurs craintes. Les associations ont choisi pour avocat Harry Durimel. Fervent défenseur de l’écologie et de la nature, il a été à la pointe de tous les combats pour la défense de l’environnement, des droits de l’Homme et des libertés. C’est en partie sous son impulsion qu’une plainte avec constitution de partie civile a été déposée. Rejoint depuis par une dizaine de ses confrères dans ce combat, il bataille pour vaincre la résistance qu’oppose le Procureur de la République à la recevabilité de ladite plainte.

 

Le 16 Mai 2007, Harry Durimel recevait une convocation pour le 4 Juin 2007 devant un Juge d’Instruction à Pointe-à-Pitre, en vue de son éventuelle mise en examen pour des prétendus faits de violation du secret de l’instruction et entrave à sa bonne marche remontant à Février et Mars 2004, c’est-à-dire plus de 3 ans plus tôt. Une vieille et banale affaire sur fond d’écoutes téléphoniques et dans laquelle l’avocat n’était en rien concerné.

 

De l’avis unanime des avocats qui ont eu accès au dossier, (plus d’une cinquantaine d’avocats se sont constitués pour sa défense), le dossier instruit ne contenait aucun élément probant permettant de mettre en cause leur confrère et s’analysait comme "une violation massive et systématique de toutes les règles de droit". L’ordre des avocats de Guadeloupe décidait de façon unanime d’apporter son soutien inconditionnel à Harry Durimel et appelait l’ensemble des avocats à se mobiliser le lundi 4 juin 2007 en suspendant toutes activités judiciaires quelles qu’elles soient.

 

Leur motion était transmise à la Ministre de la Justice, au Conseil National des Barreaux, à la Conférence des Bâtonniers de France et d’Outremer, au Bâtonnier de Paris, à la Confédération Nationale des Avocats, à la FNTJJA, au Syndicat des Avocats de France (SAF), aux Syndicats d’Avocats de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Guyane, la Ligue des Droits de l’Homme (LDH). Sous l’effet de la mobilisation l’affaire finalement se dégonflait.

 

Dans le même temps, en Martinique, une plainte pour empoisonnement était déposée par l’Association de Sauvegarde du Patrimoine Martiniquais (ASSAUPAMAR). Sept ans se sont passés et l’instruction est toujours en cours.

 

Quand l’affaire du chlordécone se transforme en affaire Belpomme.

 

Le 18 septembre 2007, le Professeur Dominique Belpomme, cancérologue, rendait public un "Rapport d’expertise et d’audit externe concernant la pollution par les pesticides en Martinique. Conséquences agrobiologiques, alimentaires et sanitaires et proposition d’un plan de sauvegarde en cinq points."

 

A la demande d’élus et d’associations de la Martinique, le Professeur Belpomme s’était rendu sur place pendant une courte semaine début mai. Il avait pu mesurer la détresse de la population et celle des élus qui malgré les demandes adressées aux autorités métropolitaines constataient le poids d’une Omerta généralisée. Le rapport qu’il rédige alors est essentiellement une compilation de ce qui n’est déjà que trop connu sur la nocivité du chlordécone et la pollution généralisée des Antilles. Tout en regrettant que ces études n’aient pas été menées également en Martinique, il reprend les premières conclusions des études épidémiologiques menées en Guadeloupe : Karu-prostate (sur le cancer de la prostate), Hibiscus (sur le taux de contamination de la population), Timoun (sur les femmes enceintes et les nouveaux-nés).

 

En résumé il conclut que :
"Les Antilles traversent actuellement une crise extrêmement grave liée à l’utilisation massive de pesticides depuis de nombreuses années. Cette crise revêt en Martinique deux aspects principaux :
(1) Au plan agricole, la détérioration progressive des sols avec pour conséquences leur stérilisation et la possibilité de sérieux problèmes alimentaires.
(2) Au plan de la santé publique, la très forte augmentation d’incidence des cancers de la prostate et du sein, et possiblement une augmentation du nombre des cas de malformations congénitales et de pertes de fécondité."

 

Dans l’un et l’autre cas, ajoute-t-il " ces phénomènes risquent d’être à l’origine, dans l’immédiat, de problèmes économiques et sanitaires sérieux et, à terme, d’un dépérissement de l’île et de sa population".

 

D’où son appel à l’action :

 

"Pour sauver les Antilles du désastre économique et sanitaire qui s’annonce et protéger les générations futures, il est urgent d’agir non seulement en gérant efficacement la crise actuelle, mais aussi en faisant en sorte qu’elle ne se renouvelle pas, autrement dit en réformant les pratiques agricoles et économiques actuelles, en vertu du principe de précaution."

 

Rien de bien révolutionnaire. Tout cela a déjà été écrit et publié. Mais le Professeur Belpomme est une personnage "médiatique" qui ne rechigne pas à s’exposer aux feux de la rampe. Par ailleurs, les titres à scandale font recette : "Cancer aux Antilles : publication du rapport Belpomme" titrait un grand hebdomadaire national relayé par ses confrères de la grande presse, par les radios, les télévisions. Les gros titres et les extraits qui les accompagnaient ne rendaient pas réellement compte du contenu du rapport mais le cancer fait parler et fait vendre. Cette publicité surfaite a pourtant atteint son objectif : on ne peut plus ignorer en métropole le drame qui se vit aux Antilles. L’accusation est grave : on a empoisonné la Guadeloupe et la Martinique !

 

Ici commence "l’affaire Belpomme".

 

Rapidement une mobilisation se développe pour discréditer une étude qui pourtant ne mérite pas tant d’honneurs. Le journal Ouest-France, daté du 21 septembre 2007 soit trois jours après la publication du rapport, titre : "Pas de catastrophe sanitaire aux Antilles". Sont interrogés les chercheurs du laboratoire Inserm de Rennes qui mènent les études sur le chlordécone en Guadeloupe. Manifestement la mission est d’étouffer le scandale.

 

Trop de cancers de la prostate ? Réponse des chercheurs : "l’indice élevé de cancers de la prostate se retrouve dans les autres îles caraïbes et dans la population noire américaine. En revanche, il y a moins de cancers du testicule que dans la population blanche". Perte de fertilité masculine ? "les chercheurs ont capturé des rats sauvages vivant sur des sols contaminés : leur reproduction semble partiellement altérée. Mais on ne retrouve pas ce résultat chez les ouvriers dont le sperme a été analysé". Problème sur les femmes enceintes ? "on ne voit pas émerger un facteur de risque qui dépasserait les autres".

 

En résumé : circulez il n’y a rien à voir dans les Antilles. Plus grave, l’article prête à l’un des scientifiques, le professeur Multigner, des propos clairement diffamatoires : "je conçois que des scientifiques puissent avoir des opinions différentes, mais je trouve inadmissible que l’on utilise le mensonge".

 

Mensonge ? Interrogé le 7 novembre 2007 par la commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale, Luc Multigner ne reprenait pas le propos mais regrettait simplement que "aucune concertation préalable n’ait été faite avec un certain nombre d’experts de santé publique ayant dans leur domaine déjà travaillé sur cette question, tels ceux, par exemple, de l’unité 625 de toxicologie de l’Inserm, de l’unité 292 "Fertilité" du même institut, ou les services de néonatalogie et de pédiatrie du CHU de Pointe-à-Pitre, ou encore des urologues s’agissant de l’évolution des cas de cancers de la prostate". Pas de mensonge donc mais un crime de lèse majesté : on n’avait pas consulté les "experts".

 

Mais que nous disaient alors ces "experts" ? Question déontologie le chercheur de l’Inserm aurait pu, lui aussi, recevoir quelques leçons car au moment même où il accusait son confrère de mensonge il avouait que lui même n’était pas en mesure d’affirmer quoi que ce soit : " Dans un an à dix huit mois, nous pourrons répondre aux interrogations les plus urgentes. Personne n’est en mesure d’affirmer qu’il y a catastrophe sanitaire. Il est possible qu’il y ait certains effets, mais personne n’a la réponse". Donc, si on le comprenait bien, l’équipe de l’Inserm ne saurait pas avant un an au minimum s’il y avait, ou pas, "catastrophe sanitaire" aux Antilles mais cela ne l’empêchait pas cependant d’affirmer qu’il n’y en avait pas. Nous verrons par la suite que les résultats définitifs se montreront pourtant bien préoccupants et viendront contredire cet optimisme de commande.

 

Notons que la leçon n’a pas été retenue et que, quelques années plus tard, le même déchaînement médiatique allait s’abattre sur le professeur Séralini et son étude sur les effets du Roundup.

 

L’affaire Belpomme et après.

 

Décrire toutes les études actuellement réalisées aux Antilles sur le problème de la pollution par le chlordécone, rapporter la détresse des populations concernées et la lutte des associations pour obtenir des mesures de protection et de retour à la normale prendrait plusieurs volumes. Contentons nous de jeter un rapide coup d’œil sur ce qui est aujourd’hui avéré.

 

Dans une publication de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm) du 22 juin 2010, on lit sous le titre : "Exposition au chlordécone et risque de survenue du cancer de la prostate", l’introduction suivante :


"des chercheurs de l’Inserm (Unité Inserm 625 - Groupe d’Étude de la reproduction chez l’homme et les mammifères, Université Rennes 1), du CHU de Pointe-à-Pitre (Service d’urologie, Université des Antilles et de la Guyane) et du Center for Analytical Research and Technology (Université de Liège, Belgique) montrent que l’exposition au chlordécone, un insecticide perturbateur endocrinien employé aux Antilles françaises jusqu’en 1993, est associée significativement à une augmentation du risque de survenue du cancer de la prostate."

 

On été suivis, entre 2004 et 2007, des hommes originaires de la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique, Haïti, Dominique). Leur exposition au chlordécone avait été évaluée par une méthode originale d’analyse de la molécule dans le sang. La réponse aux interrogations de 2007 était donc claire et le journal Libération pouvait titrer "Le Chlordécone augmente le risque de cancer", ce que le journal Le Monde traduisait plus tard par "Guadeloupe : monstre chimique" sans risquer cette fois de s’attirer les foudres des "autorités scientifiques".

 

Moments de vérité à l’émission Public-Sénat.

 

Revenons à l’émission de Cécile Everard et Thierry Derouet, sur le " Chlordécone : poison durable". Parmi les personnes interrogées se trouvaient Luc Multigner (Inserm U625, Rennes et Pointe-à-Pitre) et Pascal Blanchet (Service d’Urologie du CHU de Pointe-à-Pitre/Abymes) deux des coauteurs de l’article cité précédemment.

 

Moments de vérité :

 

Luc Multigner : "le chlordécone était arrivé à contaminer la majorité voire l’ensemble de la population essentiellement par voie alimentaire."

Pascal Blanchet (au sujet du cancer de la prostate) : "c’est un cancer qui est beaucoup plus fréquent que dans les autres régions de France. Deux fois plus de cancers et on en meurt deux fois plus. C’est celui qui saute aux yeux de toutes les familles parce que chaque famille a un membre homme de sa famille qui a été touché et il représente à lui tout seul chaque année 500 nouveaux cas en Guadeloupe 500 nouveaux cas en Martinique ce qui fait la moitié des nouveaux cancers tous sexes confondus. Le chlordécone est un facteur de risque supplémentaire de survenue du cancer de la prostate dans nos deux régions."

 

Luc Multigner : "parallèlement on s’est intéressé aux effets sur l’enfant pendant la vie intra-utérine et pendant la vie extra-utérine ce que l’on appelle le développement postnatal. Ce que nous avons constaté c’est que l’exposition prénatale a une influence sur le développement et en particulier sur deux aspects, l’un que l’on appelle la mémoire récente chez les enfants de 7 ans et puis l’autre ce qu’on appelle la motricité fine, la motricité fine étant la capacité à pouvoir articuler, jouer avec des jeux c’est toute cette capacité d’appréhension des objets. Alors ce que l’on a constaté c’est que plus les mamans étaient exposées au chlordécone plus les scores qu’on pouvait déduire de ces différents tests étaient moins bons. Est-ce que c’est grave docteur ? En soit non. Mais pour nous c’est un signal , une alarme car on sait de plus en plus que des petites modifications subtiles peuvent éventuellement perdurer dans le temps et être des signes précurseurs d’effets, alors cette fois ci d’effets de santé importants qui vont se manifester uniquement à un âge avancé".

 

Ce jour là ces chercheurs ne parlent pas la langue de bois. Sans doute, dans ce moment de vérité, faut-il s’efforcer d’oublier les propos anciens de Luc Multigner à l’encontre de Dominique Belpomme. Certainement faut-il surtout regretter, sans s’en étonner, que son témoignage d’aujourd’hui ne rencontre pas la même couverture médiatique que celui de Belpomme qui, sans avoir le même poids scientifique, avait quand même réussi à alerter l’opinion publique.

 

Luc Multigner est d’ailleurs le premier à stigmatiser l’indifférence hexagonale à ce problème antillais :

 

"Imaginez un instant que le chlordécone, au lieu d’être utilisé aux Antilles, ait été utilisé dans une région comme la région bretonne et que une bonne partie des sols agricoles soient pollués pendant des décennies voire pendant des centaines d’années avec un contaminant qui est quand même d’un potentiel toxique très important et qui contaminerait 90% de la population bretonne. Vous imaginez l’impact ou la perception que cela aurait eu. Alors peut-être que parce que les Antilles sont loin, parce que l’Outremer est loin, on a du mal à percevoir l’étendue de ce problème. Et comme le problème est relativement nouveau il faut faire preuve d’imagination et cette imagination ne doit pas être partagée, seulement par le scientifique, mais par tous les acteurs du dossier et, bien sur, par la puissance publique".

 

Nous reparlerons de la Bretagne qui ne connaît pas le chlordécone mais n’est pas épargnée par d’autres polluants et nous quitterons provisoirement les Antilles en citant le commentaire qui conclut ce superbe moment de télévision :

 

"Avec une échelle géographique réduite les Antilles ne font que témoigner un peu plus tôt qu’en métropole des dangers et des conséquences insoupçonnées de l’emploi des pesticides, Le mal est fait, les générations futures devront se débrouiller avec la nature mais aujourd’hui chaque Antillais porte en lui une parcelle de la pollution dans son sang et dans son âme."

 

Les enfants, premières victimes de la pollution.

 


Retrouvons cette émission télévisée, décidément très riche, de Public-Sénat. Dans le débat qui suit le reportage réalisé aux Antilles, Benoît Duquesne a invité, entre autres, le professeur Narbonne, toxicologue. Pour répondre à l’avocat des associations guadeloupéennes qui déclarait que "si ça s’était passé en Bretagne, les choses n’auraient pas évolué de la même façon", il répondait : "il y a la même contamination en Bretagne. Il y a la même étude qui se fait en Bretagne aujourd’hui sur les femmes enceintes pour regarder les effets de l’exposition aux pesticides puisque la Bretagne est un pays agricole qui a beaucoup utilisé de pesticides. On a vu là aussi les problèmes d’élevage avec les proliférations d’algues, les résidus d’antibiotiques dans l’eau et donc la Bretagne est extrêmement polluée".

 

Et à Benoît Duquesne qui remarquait que dans le film "il y a quelqu’un qui dit regardez ce qui se passe en Bretagne, il suffit qu’il y ait quelques algues vertes, un cheval qui meurt et c’est une affaire nationale ! ", il répondait : "ce n’est pas un hasard si la même équipe d’épidémiologie qui est en train d’étudier ce qui se passe aux Antilles vient de Rennes, Donc ça veut dire que le cœur de l’épidémiologie des effets des pesticides est en Bretagne et qu’on a délocalisé une équipe sur les Antilles".

 

Ainsi donc la Bretagne et les Antilles sont les sujets principaux des épidémiologistes qui étudient les effets de la pollution par les pesticides sur les femmes enceintes et leurs enfants. En Guadeloupe l’étude s’appelle Timoun, un joli mot du créole guadeloupéen signifiant enfant. En Bretagne elle s’appelle Pélagie. Pélagie comme la déesse de la mer ? Non, Pélagie comme "Perturbateurs Endocriniens : Étude Longitudinale sur les Anomalies de la Grossesse, l’Infertilité et l’Enfance" ! C’est moins poétique mais c’est beaucoup plus parlant.

 

Timoun, grossesse et chlordécone aux Antilles.

 

L’étude Timoun a été menée sur une "cohorte mères-enfants" incluant 1068 femmes (ne pas s’effrayer, la "cohorte" est ici un terme scientifique bien pacifique). Ces futures mères ont été vues en consultation en fin de grossesse dans les maternités de Guadeloupe entre 2004 et 2007. Les données sociodémographiques, médicales et celles concernant l’alimentation pendant la grossesse ont été recueillies par questionnaire et dans les dossiers médicaux. La concentration de chlordécone a été mesurée dans le sang maternel recueilli à l’accouchement.

 

Conclusion : "Nos résultats suggèrent un impact possible de l’exposition chronique par le chlordécone sur une diminution de la durée de gestation. Elle est plausible compte tenu de l’action du chlordécone sur les récepteurs aux œstrogènes et/ou à la progestérone in vitro et in vivo, lesquels jouent un rôle déterminant dans le déclenchement de l’accouchement. Cette association est observée après prise en compte des autres facteurs de risque de prématurité et ce risque, s’il est avéré, est susceptible de contribuer au taux de prématurité élevé présent dans cette population. Des recommandations ont été mises en place depuis plusieurs années en vue de réduire les apports alimentaires en chlordécone et donc l’imprégnation globale de la population".

 

Et les nouveaux nés ?

 

Sur le site de l’Inserm un article de septembre 2012 indique que 153 nourrissons, garçons et filles, ont fait l’objet d’un suivi à l’âge de 7 mois. La conclusion mérite d’être citée :

 

"L’exposition prénatale au chlordécone a été estimée par son dosage sanguin dans le sang du cordon. L’exposition post-natale a, quant à elle, été estimée par son dosage dans le lait maternel ainsi que par la fréquence de consommation par les nourrissons de denrées alimentaires susceptibles d’être contaminées par le chlordécone. Puis, la mémoire visuelle, l’acuité visuelle et le développement moteur des nourrissons ont été testés."
 

Les scientifiques notent un lien entre exposition prénatale au chlordécone et perturbations de l’attention et de la motricité du nouveau né. L’exposition postnatale, quant à elle, a été retrouvée associée à des troubles de la mémoire visuelle et de la capacité d’attention.

 

"En conclusion, l’exposition prénatale au chlordécone ou postnatale via la consommation alimentaire est associée à l’âge de 7 mois a des effets négatifs sur le développement cognitif et moteur des nourrissons".

 

Les chercheurs rapprochent ces troubles de certaines particularités décrites dans le passé chez des adultes exposés professionnellement au chlordécone et caractérisées par un appauvrissement de la mémoire à court terme. Ils et elles s’interrogent aussi sur la possibilité que ces observations, faites chez les nourrissons à l’âge de 7 mois, puissent annoncer de troubles permanents à un âge plus avancé. Pour Sylvaine Cordier et Luc Multigner, "seul le suivi des enfants au cours des années à venir permettra de répondre à ces interrogations". Les enfants de la cohorte Timoun font l’objet actuellement d’un suivi à l’âge de 7 ans.

 

Aux Antilles : savoir et après ?

 


Sans doute n’y a-t-il pas une région française où la connaissance de la pollution et de ses effets soit mieux connue qu’aux Antilles. L’affaire du chlordécone s’y est traduite par les programmes d’étude Karuprostate, pour le cancer, ou Timoun pour l’effet sur les femmes enceintes et leurs enfants. On ne peut donc pas ignorer que les hommes contaminés par le chlordécone ont un risque accru de cancer de la prostate et que les femmes enceintes risquent de mettre au monde des enfants prématurés, de faible poids ou de développement cérébral perturbé. Mais que leur propose-t-on ? Des moyens supplémentaires sont-ils déployés dans les Antilles pour traiter ces cancers spécifiques ? Les femmes dont les enfants ont été classés "à risque" en ont-elles été informées ? Des mesures spécifiques sont-elles prévues pour les aider et suivre leurs enfants dans leur développement physique et intellectuel. Ne leur laisse-t-on, en échange de leur participation volontaire à l’étude qui les concernait, que le poids d’un sentiment de culpabilité impuissante ? Et pour ce qui concerne les femmes en désir d’enfant, faut-il leur conseiller de faire analyser au préalable leur sang pour y détecter le taux des polluants qui imprègnent leur corps. Peut-on leur indiquer un moyen de s’en débarrasser ou existe-t-il un moyen d’en prévenir les effets. Savoir sans rien pouvoir ne serait-elle pas la pire des épreuves ?

 

Et la culpabilisation ne s’arrête pas au seuil de la maternité. Comment nourrir sa famille dans une région dont on découvre que les sols sont contaminés pour des siècles.

 

Visite au jardin créole.

 

Dans les îles de la Caraïbe, le "jardin créole", qui fournit aux populations une part de leur autonomie alimentaire, est un héritage des civilisations amérindiennes et africaines. Cet élément incontournable du paysage rural et culturel des Antilles est un concentré d’agro-écologie. Sur à peine 200m2, fourmillent une multitude de plantes vivrières, fruitières, aromatiques, médicinales, destinées principalement à l’autoconsommation familiale. Comme dans une forêt, les espèces sont agencées de manière à occuper une "niche écologique" permettant leur coexistence et leur coopération. Sur un même carré de terre on voit pousser cinq légumes différents : du choux paumé, des carottes, de la patate douce, de l’igname, du céleri... Chacun attire des insectes différents qui se neutralisent les uns les autres. Certaines plantes offrent des services à leur voisine : elles peuvent capter l’azote de l’air pour le fournir aux autres plantes, ou encore couvrir le sol et éviter l’érosion et la pousse de plantes indésirables. Des chercheurs du centre Inra Antilles-Guyane, des agronomes, des mathématiciens, des informaticiens, des écologues étudient les associations végétales de ces jardins créoles et les techniques traditionnelles qui y fleurissent.

 

Et pourtant les jardins créoles sont aujourd’hui présentés comme un danger dont il faut se prémunir. Installés à proximité des zones bananières ou sur des sols ayant été occupés par cette culture, certains sont gorgés de chlordécone. Pendant des années personne ne s’en est préoccupé mais quand a éclaté "l’affaire Belpomme", c’est à dire la tempête médiatique déclenchée par les révélations du cancérologue, la ministre de la santé Roselyne Bachelot, s’était précipitée pour annoncer le renforcement des LMR (limites maximales de résidu) les faisant passer de 50 microgrammes à 20 microgrammes par kilogramme d’aliment. Sous le prétexte de chercher à étouffer le scandale enfin dénoncé en métropole, elle raidissait les normes à défaut de pouvoir éliminer la pollution. Elle créait, ainsi, une panique dans la population antillaise : que consommer de son jardin, que vendre sur les marchés ?

 

Pour enterrer un problème politique on crée une "commission", pour noyer un problème environnemental, on rédige un "programme". Dans le cas présent le programme s’appelle JAFA (programme de santé Jardins Familiaux). Il a pour but de dissuader les Antillais de consommer les produits de leur jardin.

 

Une présentation de ce programme par le "Comité Guadeloupéen d’Éducation pour la santé" et les Directions de "la Solidarité et du Développement Social" de Guadeloupe et Martinique montre des cartes où de larges plages de points rouges ciblent les zones contaminées. L’objectif est clairement annoncé : "amener 50% des personnes à risque s’alimentant à partir de jardins familiaux ou de circuits courts de distribution, à limiter la fréquence de consommation de légumes racines (madère, patate douce, igname) à 2 fois par semaine maximum - Amener 20% des personnes à risque s’alimentant à partir de jardins familiaux à diversifier leurs cultures avec d’autres alternatives telles que : fruit à pain, poyo, banane, pois d’Angole, giromon".

 

Le paradis antillais serait donc devenu l’équivalent d’un Tchernobyl ou d’un Fukushima où il faut se munir d’un compteur Geiger avant d’aller faire son marché. Là-bas, le menu de la semaine doit être programmé en fonction de la radioactivité ingérée. Ici faudra-t-il établir, chaque semaine, le bilan du chlordécone absorbé par les membres de la famille. Sommes nous les observateurs d’une nouvelle diététique qui aurait pour fonction non plus de choisir le meilleur de l’alimentation mais d’en éliminer le pire.

 

Limiter la consommation de produits du jardin ? Mais ce sont les familles les plus modestes qui en sont les premières consommatrices. Que trouve-t-on parmi les propositions qui leur sont faites pour remplacer les moyens qu’elles s’étaient données de subvenir à leur besoins : l’assistanat sous forme de portage de repas ou d’épicerie sociale... et, cerise sur le gâteau, dans le document qu’elles ont rédigé, ces directions chargées "d’éducation à la santé" et de "développement social", osent proposer, afin d’éviter les pratiques nutritionnelles à risque, le "remplacement des ignames par des chips" !

 

Du jardin jusqu’au champ.

 

Côté agriculteurs, la situation est de même nature. Un arrêté préfectoral du 20 octobre 2003 régit les conditions de plantation et de culture de certaines productions végétales en Guadeloupe. Il rend obligatoire l’analyse du chlordécone dans le sol avant mise en culture pour tous les producteurs de produits vivriers et maraîchers (légumes racines, ignames, dachines, madères, patates douces... ). Si les résultats sont négatifs, l’agriculteur peut mettre en place sa culture sans condition. Dans le cas contraire, il est incité à choisir une autre production et, s’il persiste dans son intention, il est tenu de faire analyser ses produits avant sa mise en marché et de les détruire s’il y trouve du chlordécone.

 

Ce sont donc les agriculteurs, et eux seuls, qui doivent assumer la responsabilité de produire des légumes exempts de pollution au chlordécone. Ce que dénonce l’Union des Producteurs Agricoles de la Guadeloupe (UPG). Ils ne contestent pas la nécessité d’informer sur la présence de cette substance dans les sols, dans l’eau, les denrées alimentaires, les végétaux, les animaux. Mais il est inadmissible, disent-ils, que, aujourd’hui, "les agriculteurs soient les seuls pointés du doigt par la population dans ce problème. Il faut clairement établir les responsabilités de chacun et les divulguer car les agriculteurs sont des victimes dans cette affaire. Ce ne sont pas eux qui ont autorisé la mise en marché de cette molécule ni eux qui l’ont produite !!! ". En autorisant l’usage du chlordécone dans les Antilles, constatent-ils, "les arrêtés ministériels et les règlements phytosanitaires de 1972 appliqués en métropole ont été bafoués par des administratifs de plus haut lieu afin que les lobbies locaux commerçants puissent mettre en marché ce produit dangereux interdit depuis 1973 en métropole. L’État a commis une faute grave et par conséquent doit la réparer".

 

Réparer d’abord en indemnisant les agriculteurs pénalisés et ils rappellent les sommes allouées aux agriculteurs bretons pour réduire leurs épandages sur les zones où prolifèrent les algues vertes. Réparer en aidant à la reconversion des cultures. Réparer en établissant une cartographie précise des sols contaminés. Réparer en donnant tous les moyens humains et financiers à la recherche pour leur décontamination. Pourtant, nous le savons, la réparation devra tenir compte du temps de réaction des éléments naturels. Au moins pourrions nous accélérer le processus en appliquant la recommandation du rapport d’évaluation des plans d’action chlordécone aux Antilles présenté en octobre 2009 :

 

"Développer "une agriculture sans pesticides" sur tout le territoire devient donc indispensable".

 

A condition qu’on leur apporte toute l’aide nécessaire, nos compatriotes des Antilles, ayant subi, plus que d’autres, les effets de molécules chimiques qui affecteront plusieurs générations, peuvent gagner ce combat pour la suppression totale de l’usage des pesticides chez eux. Une première victoire qui devrait inspirer les autres régions métropolitaines.

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12 juin 2019 3 12 /06 /juin /2019 12:27

Au moment où le tramway et les voitures électriques font l’actualité parisienne couplés avec le problème de la pollution de l’air et celui de la lutte contre l’effet de serre, il peut être instructif de se pencher sur l’histoire des débuts de la locomotion automobile qui, comme nombre de nouveautés, commence à Paris.

 

Une période où la principale pollution parisienne était due au crottin de cheval, où le pétrole servait essentiellement à alimenter les lampes et où les tenants du "progrès" espéraient beaucoup de la traction électrique.

 

(première mise en ligne 22 février 2007.)

 


Les premiers Tramways : le choix de l’électricité.

 

Parlons d’abord du Tramway.

 

Ce n’était pas une invention nouvelle : des voitures sur rail transportant de nombreux voyageurs et tractées par des chevaux circulent déjà sur des lignes exploitées par plusieurs compagnies privées. Cependant, à partir de 1892, la préfecture de Paris autorise les compagnies exploitantes à adopter des véhicules pourvus d’une traction autonome.

 

L’air comprimé

 

La "Compagnie générale des omnibus" qui exploite les lignes Cours-de-Vincennes-saint-Augustin, Louvre-Versailles et Louvre-Saint-Cloud, choisit des moteurs à air comprimé qui fonctionnent déjà sur les tramways nogentais. Une méthode non polluante dont on parle encore aujourd’hui sans oser l’adopter massivement alors qu’elle est tout à fait réaliste.

 

L’électricité

 

La "Compagnie des tramways de Paris et du département de la Seine" adopte la traction électrique sur les lignes qui lui sont concédées à savoir : Madeleine-Saint-Denis, Neuilly-Saint-Denis, Saint-Denis-Châtelet.

 

Ces élégantes voiture de 56 places disposent d’une impériale couverte. Chacun de ses essieux sera muni d’une dynamo Gramme ou Siemens de 15 chevaux et seront autorisées à rouler à une vitesse de 12 km/h à Paris et de 16 km/h au-delà des fortifications.

 

Les voitures fonctionneront sur batteries d’accumulateurs. La station centrale pour la charge des accumulateurs est établie à Saint Denis, au dépôt des tramways route de Gonesse. Un frein électrique puissant permettra d’arrêter le véhicule sur une distance de 3 mètres. Sécurité et respect de la qualité de l’air font partie des impératifs du moment.

 

En 1898 la Compagnie exploite une nouvelle ligne joignant République à Aubervilliers et à Pantin. L’alimentation se fait par accumulateurs en ville et par trolleys aériens extra muros. L’usine d’alimentation électrique se trouvant à Aubervilliers.

 

 

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2007. Le tramway revient à Paris.
 
Quand le moteur remplace les chevaux des fiacres.

 

Entre le 1er et le 12 Juin 1898, l’automobile club de France organise un "concours de fiacres automobiles". Le programme impose un parcours varié, au minimum de 60 km par jour sur une durée de 16 heures. Il est précisé que tous les véhicules doivent offrir le confort maximum aux passagers, qu’ils doivent être munis d’un compteur kilométrique, de deux freins (l’un progressif, l’autre instantané) et d’une marche arrière.

 

Sur les 26 véhicules inscrits, 16 sont électriques, 10 à essence de pétrole. Après 11 jours de tests sévères, une parade est prévue pour le 12 Juin jusqu’à Versailles avec retour par le bois de Boulogne. Le 15 juin ils seront livrés à l’admiration de parisiens dans une des premières expositions automobiles.

 

Le premier jour du concours seules 12 automobiles seront au rendez vous : 11 électriques et une seule à pétrole.

 

La voiture à essence de pétrole a fonctionné correctement avec une vitesse supérieure à celle indiquée mais elle ne reçoit aucun prix : elle consomme de trop à un moment où l’essence de pétrole coûte cher. D’autre part, son prix de construction est très élevé.

 

"Il semble désormais acquis par l’expérience que le fiacre à moteur à essence de pétrole ne saurait constituer un système d’exploitation de voitures publiques dans une grande ville" devait déclarer le jury.

 

Un propos que, cent ans après et pour d’autres raisons, nous pouvons reprendre à notre compte : le moteur à essence n’a plus sa place dans une grande ville. Dans moins de cent ans il n’aura d’ailleurs plus sa place nulle part car il n’y aura plus de pétrole. Moins de deux siècles auront suffi pour transformer une richesse accumulée dans le sol pendant des millions d’année en un dangereux déchet atmosphérique.

Les voitures électriques sur le podium.

 

Le premier prix de 1000 francs a été attribué à deux constructeurs. M. Kriéger pour un "coupé à galerie" et M. Jeantaud pour un "cab". Il s’agit encore de voitures à chevaux, coupé ou cabriolet, mais sans chevaux. Elles en ont gardé la forme et le nom.

 

 

Le fiacre de la compagnie des transports automobiles a reçu le second prix de 600 francs. On imagine déjà pour l’année suivante un concours d’accumulateurs afin d’améliorer le poids et l’autonomie des véhicules. Pour le moment le champion est l’accumulateur "fulmen" du constructeur Brault.

 

Une affaire sérieuse

 

Il ne faut pas un an avant que les premiers fiacres électriques roulent à Paris. La "compagnie générale des voitures" a mis au point un modèle de série dont l’originalité réside dans le fait que les accumulateurs sont amovibles. Au lieu de les recharger sur le véhicule lui-même, et donc d’immobiliser celui-ci, ils le sont à l’usine. La capacité des accumulateurs est de 135 ampère-heure et permet un trajet de 60 km. Un simple passage par l’usine sur le trajet permet de ne pas interrompre le service.

 

L’usine est construite à Aubervilliers, rue du pilier, sur un terrain de quatre hectares. Près de l’usine de charge des batteries, un circuit parsemé d’obstacle permet de former les conducteurs. La piste est formée des sections de nature variable : pavés de bois, de grès, macadam, asphalte, bitume, pavés gras… avec des rampes de 5, 8 et 10%. Sur la route des silhouettes de femmes, d’enfants, une poussette, une bicyclette…

 

Les industriels initiateurs du projet ont fait un pari. Bientôt se tiendra à Paris l’exposition universelle de 1900 qui devrait être le clou du siècle. Ils espèrent mettre 1000 véhicules en circulation.

 

La première voiture de tourisme est, elle même, électrique

 

Un public riche et "moderne" existe pour des véhicules autonomes à faire parader au bois de Boulogne. Les constructeurs sauront répondre à cette demande.

 

 

La voiture électrique ci-dessus peut même se recharger en chemin. Dans le coffre, un petit moteur à pétrole permettra de recharger la batterie défaillante.

 

La suite de l’histoire ?

 

Le moteur à explosion a, lui aussi une vieille histoire. C’était d’ailleurs l’objet principal de la recherche du français Nicéphore Niepce, plus connu pour avoir "inventé" la photographie.

 

Dès le début du siècle il avait été capable de faire circuler sur la Tamise une barque propulsée par une hélice reliée à un moteur à explosion. Si le principe était bon, il manquait le combustible commode. Niepce pour sa part utilisait les spores très fins d’un champignon, le lycopode, dont la poudre, très inflammable, était utilisée au théâtre pour simuler la foudre.

L’invention eut peu de succès mais l’idée n’était pas perdue. Vers 1890 des mécaniciens habiles imaginaient d’utiliser les vapeurs d’essence de pétrole pour déclencher l’explosion. En 1896, un certain Diésel proposait un moteur astucieux.

 

Ces moteurs bruyants et malodorants avaient un avantage : ils autorisaient des véhicules plus légers et plus rapides. Exactement ce qu’il fallait pour organiser, hors des villes, les premières grandes courses automobiles.

 

Rapidement, la faveur de ces courses amènera à améliorer les performances des moteurs. A la sagesse du transport en commun urbain allait succéder la folle aventure de la vitesse et du tourisme et l’emballement du transport routier.

 

A présent qu’un nouveau cycle commence, qui verra la fin de l’ère du tout pétrole, la "belle époque" semble vouloir nous faire un clin d’œil.

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Une voiture électrique en 2007 qui garde bien des caractéristiques de son ancêtre de 1898.

Mieux encore. L’alliance de deux inventions des années 1900 : la bicyclette et la voiture électrique.

 

Un vélo-taxi "hybride" (moitié sueur, moitié kwh), croisé dans Paris le 3 juillet 2008.



Voir encore :

diaporama

ou :

1925, voiture électrique, le retour.


 

Voiture électrique ou voiture nucléaire ?

 

Pour alimenter les voitures électriques faudra-t-il de nouvelles centrales nucléaires ?

 

 

Ne peut-on lier le développement des voitures électriques avec celui de l’électricité renouvelable ?

 

Par exemple avec des voitures solaires ?

 

 

Pour lutter contre l’effet de serre ne faudrait-il pas plutôt limiter les voitures individuelles et développer les transports en commun ?

 

Le débat est ouvert.


Voir aussi :

 

Histoire de l’électricité. L’exposition Internationale d’électricité de 1881, à Paris.


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On parle aussi des premières voitures électriques dans :

 

Histoire du carbone et du CO2.
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Dérèglement climatique, fonte des glaces, cyclones, sécheresses…,


coupable : le dioxyde de carbone.

 

Pourtant sans ce gaz il n’y aurait aucune trace de vie sur Terre.

 

L’auteur nous fait suivre la longue quête qui, depuis les philosophes de la Grèce antique jusqu’aux chimistes et biologistes du XVIIIe siècle, nous a appris l’importance du carbone
et celle du CO2.

 

L’ouvrage décrit ensuite la naissance d’une chimie des essences végétales qui était déjà bien élaborée avant qu’elle ne s’applique au charbon et au pétrole.

 

Vient le temps de la « révolution industrielle ». La chimie en partage les succès mais aussi les excès.

 

Entre pénurie et pollutions, le « carbone fossile » se retrouve aujourd’hui au centre de nos préoccupations. De nombreux scientifiques tentent maintenant d’alerter l’opinion publique.
 

Seront-ils entendus ?

 

Un livre chez Vuibert.

 

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