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9 décembre 2018 7 09 /12 /décembre /2018 09:52

Face au dérèglement climatique, nous sommes beaucoup à nous sentir impuissants car trop isolés. Mais Greta Thunberg, elle, n’a pas ce genre d’état d’âme. En août dernier, cette jeune suédoise de 15 ans a démarré, (seule !) une grève dans son lycée pour dénoncer l’inaction générale. Résultat, quelques semaines plus tard :  20 000 élèves du monde entier lui ont déjà emboité le pas ! Et ce n’est qu’un début. Désormais, invitée par la COP 24 en Pologne, elle appelle tous les enfants à « se mettre en colère !« 

Mardi 4 décembre, à Katowice, l’AFP lui a tendu un micro. Regardez :

 

Greta Thunberg :

« C’est une menace existentielle à laquelle nous sommes confrontés. C’est la plus grande crise que l’humanité n’ait jamais connue. Nous devons faire quelque chose maintenant car demain il sera peut-être trop tard. J’exhorte tout le monde à faire comme moi. Tous les vendredis, j’irai m’asseoir devant le Parlement suédois, je n’irai pas à l’école pour me battre pour le climat jusqu’à ce que la Suède soit alignée sur l’accord de Paris. Je pense que nous, les enfants, devrions nous mettre en colère et faire entendre notre voix et rendre toutes les générations responsables de ce qu’elles ont créé. »

«Comme nos dirigeants se comportent comme des enfants, nous devrons assumer la responsabilité qu’ils auraient dû assumer depuis longtemps.»

Que des élèves se mettent en grève dans les écoles ?

« Cela prouve que vous n’êtes jamais trop petit pour faire une différence. »

Au départ, elle n’avait réussi à convaincre aucun de ses camarades. Pourtant, elle s’était quand même lancée, seule. Elle aime l’école, elle aime apprendre, mais, pour elle, s’instruire n’a plus aucun sens si dans le même temps, on ne se bat pas pour avoir un avenir… Depuis, les élèves du monde entier semblent de plus en plus nombreux à partager son avis.

Avis à tous les enfants.

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16 octobre 2018 2 16 /10 /octobre /2018 17:30

https://news.un.org/fr/story/2018/09/1023262

Dans un discours prononcé lundi au siège des Nations Unies à New York, le Secrétaire général de l’Organisation, António Guterres, a appelé les dirigeants mondiaux à ne plus perdre de temps pour protéger la planète et sa population des conséquences désastreuses du changement climatique, alors que « le monde change sous nos yeux ».

 

« Aujourd'hui, je lance un appel aux responsables politiques, aux dirigeants d’entreprises, aux scientifiques, et au grand public. Nous avons les outils pour rendre nos actions efficaces. Ce qui nous manque encore - même après l'Accord de Paris - c'est le leadership et l'ambition de faire ce qui est nécessaire », a déclaré M. Guterres, en référence à l’Accord sur le climat signé en 2015 à Paris.

« Il n’y a pas de temps à perdre », a ajouté le chef de l’ONU. « Je m'engage, ainsi que l'ensemble des Nations Unies, à cet effort. Nous soutiendrons tous les dirigeants qui relèvent le défi que j'ai décrit aujourd'hui ».

Selon lui, « ce qui rend cela encore plus inquiétant, c'est que nous avons été prévenus ». « Les scientifiques nous le disent depuis des décennies. Encore et encore. Beaucoup trop de dirigeants refusent d'écouter. Beaucoup trop peu ont agi avec la vision exigée par la science. Nous voyons les résultats. Dans certaines situations, ils sont proches des pires scénarios des scientifiques », a-t-il dit.

 

 

Voir la vidéo.

 

Le Changement climatique est une question cruciale et il s'agit d'un moment décisif. Aujourd'hui je lance un appel aux responsables politiques, aux dirigeants d'entreprises, aux scientifiques, et au grand public.

 

Nous avons les outils pour rendre nos actions efficaces. Ce qui nous manque encore - même après l'accord de Paris, c'est le leadership et l'ambition de faire ce qui est nécessaire? ce qui rend cela encore plus inquiétant, c'est que nous avons été prévenus. Les scientifiques nous le disent depuis des décennies. Encore et encore...

 

Beaucoup trop de dirigeants refusent d'écouter. Trop peu ont agit avec la vision exigée par la science. Nous voyons les résultats. dans certaines situations, ils sont proches des pires scénarions des scientifiques. 

 

Les pays les plus riches du monde sont les premiers responsables de la crise climatique. Pour tant les pays les plus pauvres et les popuplations et communautés les plus vulnérables en ressentent les effets les plus graves. 

 

La technologie existe pour aider à lutter contre le changement climatique. Des technologies sont disponibles : carburants plus propres, matériaux de construction alternatifs, meilleures batteries et avancées dans l'agriculture et l'utilisation des terres. Ces innovations, parmi d'autres, peuvent jouer un rôle majeur dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour nous permettre d'atteindre les objectifs de Paris et d'insuffler l"ambition dont nous avons besoin de toute urgence. 

 

Si nous ne changeons pas de cap d'ici 2020 nous risquons de rater le moment où nous pouvons éviter une accélération du changement climatique. Utilisons l'année prochaine pour des décisions cruciales dans les conseils d'administrations, les lieux de décision et les parlements du monde entier. Construisons des coalitions et obtenons de nos dirigeants qu'ils nous écoutent. Il n'y a plus de temps à perdre.

 

Alors que la férocité des incendies et des vagues de chaleur de cet été le montre, le monde change sous nos yeux. Nous nous approchons du bord du gouffre. Il n'est pas trop tard pour changer de cap, mais chaque jour qui passe signifie que le monde se réchauffe un peu plus et que le coût de l'inaction augmente.

 

Chaque jour où nous ne parvenons pas à agir est un jour où nous rapprochons un peu plus du destin qu'aucun d'entre nous ne souhaite. Un destin qui résonnera à travers les générations dans les dommages causés à l'humanité et à la vie sur terre.

 

Notre destin est entre nos mains. Le monde compte sur nous pour relever ce défi avant qu'il ne soit trop tard. Je compte sur vous tous. 

 

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Le discours du Secrétaire général intervient avant une réunion sur le climat organisée par l’Etat de Californie à San Francisco, du 12 au 14 septembre, et rassemblant des acteurs aux niveaux national, régional et local, ainsi que des entreprises et des organisations philanthropiques.

Ce discours intervient également dans la perspective du Sommet sur le climat, que le chef de l’ONU prévoit d’organiser en 2019 pour mobiliser la communauté internationale dans les domaines de la production d’énergie durable, de l’économie verte et d’une meilleure utilisation des ressources naturelles.

Cet appel en faveur d’une plus grande ambition en matière de lutte contre le changement climatique survient alors que des hausses de température record et des phénomènes météorologiques extrêmes se produisent dans le monde entier. Ces derniers mois ont été marqués par des inondations dévastatrices dans le sud de l’Inde, des feux de forêt aux États-Unis et des vagues de chaleur au Japon et en Europe.

 

 

Photo ONU/Rick Bajornas
En 2017, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, traverse un quartier détruit par des ouragans successifs dans la ville de Codrington, à Antigua-et-Barbuda. Il s'est rendu dans le pays pour constater la dévastation causée et offrir le soutien de l’ONU (archives).
L'objectif de 2 degrés Celsius

En 2015, lorsque les dirigeants mondiaux ont signé l'accord historique de Paris sur le changement climatique, ils se sont engagés à faire en sorte que la hausse des températures ne dépasse pas de 2 degrés Celsius les niveaux préindustriels et s’approche de 1,5 degré. Mais les scientifiques et une importante étude des Nations Unies indiquent que la cible est déjà loin de ces objectifs.

Selon le Secrétaire général de l’ONU, il y a une autre raison d'agir : « le devoir moral ». « Les pays les plus riches du monde sont les premiers responsables de la crise climatique. Pourtant, les pays les plus pauvres et les populations et communautés les plus vulnérables en ressentent les effets les plus graves », a-t-il souligné.

Les technologies sont là pour aider à lutter contre le changement climatique, a noté M. Guterres, qu’il s’agisse de carburants plus propres, de matériaux de construction alternatifs, de meilleures batteries et d’avancées dans l'agriculture et l'utilisation des terres. « Ces innovations, parmi d'autres, peuvent jouer un rôle majeur dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour nous permettre d’atteindre les objectifs de Paris », a-t-il dit.

« Alors que la férocité des incendies et des vagues de chaleur de cet été le montre, le monde change sous nos yeux. Nous nous approchons du bord du gouffre. Il n'est pas trop tard pour changer de cap, mais chaque jour qui passe signifie que le monde se réchauffe un peu plus et que le coût de l'inaction augmente », a déclaré le chef de l’ONU en conclusion de son discours. « Chaque jour où nous ne parvenons pas à agir est un jour où nous nous rapprochons un peu du destin qu'aucun d'entre nous ne souhaite - un destin qui résonnera à travers les générations dans les dommages causés à l'humanité et à la vie sur Terre ».

« Notre destin est entre nos mains », a-t-il conclu.

 

 
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8 octobre 2018 1 08 /10 /octobre /2018 19:06

Journal de l'Environnement.

 

La stabilisation du réchauffement à 1,5°C — l’un des objectifs de l’Accord de Paris — reste possible, au prix de profondes et rapides mutations de nos sociétés, avertissent les auteurs du dernier rapport du Giec, publié ce lundi 8 octobre.

 


 

Il s’en est fallu de peu que le Giec ne rende sa copie. Réunis depuis une semaine à Incheon (Corée du Sud), des centaines de climatologues et de représentants des Etats ont travaillé d’arrache-pied à la rédaction du résumé pour les décideurs (RPD) du nouveau rapport spécial du réseau international de climatologues.

Commandé par la COP 21, ce document vise à définir, aussi précisément que possible, les conséquences d’un réchauffement de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Pesant quelques centaines de pages, le rapport, uniquement rédigé par des chercheurs à partir de la littérature scientifique, est prêt depuis le mois de juin. Le but de la réunion de la semaine passée était de finaliser la rédaction du fameux rapport pour les décideurs, synthèse d’une trentaine de pages rédigée par les climatologues et les représentants des Etats.

A 2 OU 4 MAINS

C’est là une subtilité du fonctionnement du Giec. Si les scientifiques sont les seuls à tenir le stylo pour le rapport proprement dit, le texte du résumé est élaboré à quatre mains, en quelque sorte. Les Etats pouvant demander ajouts, retraits, à condition que la formulation du RPD soit cohérente avec les données contenues dans le rapport.

Comme souvent en pareil cas, les chancelleries préparent de nombreuses demandes de corrections qui doivent faire l’objet d’un consensus pour être acceptées. Dans l’ultime phase de rédaction, le texte final est lu sur un grand écran et doit être approuvé par l’assemblée plénière, ligne par ligne.

BLUFF SAOUDIEN

Dans la nuit de vendredi à samedi, moins d’une heure avant la clôture de la réunion, l’Arabie saoudite a fait des siennes. «Son délégué voulait biffer du résumé tout ce qui avait trait au pétrole du rapport et du résumé», explique l’un des membres de la délégation française, contacté par le JDLE. Alliance politique oblige, Ryad a été rejoint par l’Égypte. «Nous avons alors craint que de nombreux délégués se joignent à eux, ce qui aurait pu empêcher la publication du rapport», poursuit le représentant tricolore. Le bluff n’a pas duré. Le SPD a été avalisé par l’assemblée plénière. La centaine d’auteurs et d’éditeurs du rapport devront adapter, à la marge, leur texte à celui rédigé à Incheon. Le dernier opus du Giec ne devrait donc pas être disponible, dans sa version définitive (1), avant plusieurs semaines. A quelques jours, sans doute, de l’ouverture de la COP 24, à Katowice.

Derrière sa rédaction très austère, le rapport spécial contient — ce n’est pas si fréquent pour une production de l’institution onusienne — quelques bombes politiques. Après avoir épluché quelque 6.000 articles et études, les rédacteurs concluent à la faisabilité de stabiliser le réchauffement à 1,5°C. «La réponse à cette interrogation était très clivante dans le milieu scientifique», indique un climatologue. C’est finalement oui. Même si cela n’est pas gagné d’avance.

RÉDUCTION DU BUDGET CARBONE

Pas gagné car nous sommes déjà très proches de la limite. Depuis la révolution industrielle de la fin du XVIIIe siècle, nous avons, collectivement, émis environ 2.000 milliards de tonnes de CO2 (GtCO2). Notre budget carbone est désormais inférieur à 600 GtCO2. Au rythme actuel d’émission, cela nous laisse 10 à 20 ans avant d’atteindre le fameux 1,5°C de réchauffement global. Et sans doute un peu moins. Pour la première fois, le Giec estime que le dégel du permafrost pourrait relâcher une centaine de GtCO2 d’ici la fin du siècle. De quoi sensiblement réduire notre budget carbone.

KILL THE COAL

Autre nouveauté, que le JDLE avait esquissé en février dernier : stabiliser le niveau du mercure à 1,5°C passe, immanquablement par des transformations rapides et de grande ampleur de nos sociétés. À commencer par le charbon. Dans ses scénarios d’atténuation, le Giec condamne à mort l’utilisation du charbon pour la production d’électricité d’ici à 2050. Une fatwa validée par les grands producteurs et consommateurs de coke : États-Unis, Chine, Inde ou Australie.

Selon que l’on s’autorise ou non un dépassement temporaire de l’objectif, les trajectoires à suivre sont impressionnantes. Entre 2010 et 2030, notre consommation d’énergie finale devra être réduite de 15 à 40%. L’agriculture pourrait devoir baisser de moitié ses émissions de méthane (élevage et riziculture) et des deux tiers ses rejets de protoxyde d’azote (engrais azotés).

LE RETOUR DE CRO-MAGNON?

Finalement, nos sociétés devront abattre de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) en deux décennies et des trois quarts d’ici à 2050. Ce que la technologie actuelle et notre organisation ne nous permettent pas: «De telles réductions [d’émission] peuvent être obtenues grâce à des combinaisons de technologies actuelles et nouvelles, de pratiques, comme l’électrification des usages, l’hydrogène, l'agriculture biologique, des produits de substitution, et le captage et stockage (ou réutilisation) du CO2. L’efficacité de ces options est techniquement prouvée à différents niveaux mais leur déploiement à grande échelle devrait être limité par les capacités financières, financières et d’acceptation sociale ainsi que par des contraintes institutionnelles et des caractéristiques inhérentes aux grands sites industriels», souligne le Giec. «Même si nous arrêtions tout, tout de suite, et vivions dès demain comme Cro-Magnon, cela ne suffira pas», résume un climatologue.

TECHNIQUES MAL MAÎTRISÉES

Condition sine qua non de la réussite de toute politique climatique ambitieuse, nous indiquait il y a quelques semaines la climatologue Valérie Masson-Delmotte, il faudra extraire du CO2 de l’atmosphère et le stabiliser dans le sol. Et pas qu’un peu : de 100 à 1.000 milliards de GtCO2 d’ici la fin du siècle, selon les trajectoires que nous suivrons. Cela nécessite la mise en œuvre, là encore, d’une batterie de techniques plus ou moins bien maîtrisées, de la reforestion à l’amélioration des sols, en passant par l’aspiration directe du CO2.

Surtout une une grande place devra être laissée à la valorisation énergétique de la biomasse avec captage et séquestration du carbone. Cette BECCS pourrait devenir l’alpha et l’oméga de nos futures politiques énergétiques. «On l’a caché jusqu’à présent, témoigne notre membre de la délégation française, mais la plupart des scénarios compatible avec un réchauffement de 2°C intègrent la BECCS.»

Incontrôlé, ce recours accru à la biomasse se heurtera à d’autres activités, agricoles notamment. Certains scénarios imposent de consacrer 300 à 800 millions d’hectares aux cultures énergétiques. À comparer aux 1.500 millions d’hectares actuellement cultivées dans le monde.

Cette confrontation annoncée plaide en faveur d’une extension du domaine de la lutte climatique. «Il ne faut plus considérer le climat comme un sujet isolé des autres. Nous devons désormais intégrer les objectifs de développement durable (ODD)», souligne un délégué européen présent à Incheon.«Bien conduites, des politiques d’adaptation qui réduisent la vulnérabilité de l’Humanité et des écosystèmes peuvent aussi contribuer à renforcer la sécurité d’approvisionnement en eau et en denrées alimentaires. Elles peuvent aussi réduire certains risques naturels, améliorer les conditions sanitaires, maintenir les services écosystémiques et diminuer la pauvreté et les inégalités»,poursuivent les rédacteurs du RPD.

«Les politiques ne seront pas tout. Il faudra aussi faire attention à l'acceptation sociale», a insisté Hoesung Lee, le président du Giec, lors de la conférence de presse de ce matin. Un conseil rarement entendu par les gouvernements.

 

(1) Les textes validés au mois de juin sont accessibles au : http://ipcc.ch/report/sr15/

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«Même si nous arrêtions tout, tout de suite, et vivions dès demain comme Cro-Magnon, cela ne suffira pas», résume un climatologue.

 

N'est-ce pas le seul moment de lucidité de ce rapport !

 

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Voir aussi :

 

Budget carbone limité, stratégies de riposte difficiles à mettre en œuvre, conséquences du réchauffement qui s’accélèrent : les conclusions du rapport spécial du Giec sur les effets d’un réchauffement de 1,5 °C sont des plus inquiétantes.

Hervé Le Treut : C’est normal que cela soit plus inquiétant : nous ne cessons d’accroître les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Nous devons résoudre un problème que nous complexifions chaque jour un peu plus. Ce qui m’interpelle particulièrement dans ce rapport c’est qu’à force de réduire les marges d’action on est confronté à une situation vraiment nouvelle. Si nous voulons encore stabiliser le réchauffement à 1,5 °C, nous devons immédiatement engager des efforts colossaux. Des efforts qui pourront ne pas plaire à tous les acteurs de nos sociétés. 

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Climat : comment expliquer une aussi criminelle apathie
face au drame annoncé ?

 

L’empreinte colossale des activités humaines a précipité la terre dans une nouvelle ère géologique, où tous les ­écosystèmes sont affectés : le « capitalocène », explique Frédéric Joignot.

 

LE MONDE |

 

Nous avons « parfois l’impression d’observer une tragédie grecque », dans le sens où « vous savez ce qu’il va se produire, et vous voyez les choses se produire ! », confessait, le 26 septembre, sur France Info, la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, inquiète des dernières mesures sur la dégradation du climat. Il faut dire qu’un rapport publié la veille, conjointement par l’Organi­sation de coopération et de développement ­économiques (OCDE), l’ONU Environnement et le Groupe de la Banque mondiale, n’était pas fait pour rassurer : on apprenait que, sur les 180 signataires de l’accord de Paris de 2015 (COP21), neuf pays seulement ont soumis aux ­Nations unies des programmes concrets pour limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES).

 

En attendant que les 171 autres respectent leur engagement devant l’opinion mondiale, l’OCDE constate sombrement que « les gouvernements continuent de consacrer près de 500 milliards de dollars par an [430 milliards d’euros] pour subventionner le pétrole, le charbon et le gaz, et que la plupart d’entre eux n’ont pas su mettre fin à leur dépendance à l’égard des recettes provenant des énergies fossiles ». Ils n’ont pas non plus pris les mesures suffisantes pour placer leurs économies sur « une trajectoire “bas carbone” ». Le secrétaire général de l’organisation, Angel Gurria, prévient : « Cette inertie risque de nous faire perdre la guerre contre le réchauffement climatique », c’est-à-dire l’objectif d’un réchauffement maximal de 2 degrés.

Criminelle apathie

 

Comment expliquer une aussi criminelle apathie face au drame annoncé ? Depuis quelques années, des chercheurs, historiens, économistes, et non des moindres, avancent une explication radicale. Nous ne sommes pas entrés dans l’anthropocène avec la révolution industrielle et la mondialisation des économies, tant et si bien que l’empreinte colossale des activités humaines a précipité la terre dans une nouvelle ère géologique, où tous les ­écosystèmes sont affectés. Nous sommes entrés dans le « capitalocène » : l’ère du système capitaliste triomphant, incapable de contenir sa course effrénée au profit.

 

Ainsi, Andreas Malm, professeur au département d’écologie humaine à l’université de Lund (Suède), explique, dans L’Anthropocène contre l’histoire. Le réchauffement ­climatique à l’heure du capital (La Fabrique, 2017), que ce n’est pas tant une « espèce humaine » abstraite qu’il faut rendre responsable du désastre écologique, mais d’abord l’Empire britannique. Il retrace ainsi l’histoire de la ­machine, puis de la locomotive à vapeur, brevetée par l’Ecossais James Watt en 1784, et décrit la manière dont les capitalistes anglais les ont popularisées en Europe, dans leurs colonies, puis dans le monde entier, démarrant ainsi la révolution industrielle.

 

Malm rappelle ensuite comment l’exploitation des sources d’énergie a mené à la mise en place d’une « économie fondée sur la consommation croissante de combustibles fossiles », « en lien étroit avec le processus d’accumulation du capital qu’elle suppose ». C’est cette logique économique qui se perpétue aujourd’hui, générant « une croissance continue des émissions de gaz à effet de serre ». Pour Malm, « blâmer l’humanité du changement climatique revient à laisser le capitalisme se tirer d’affaire ».

Capitalisme mondialisé

 

De leur côté, les chimistes américain et néerlandais Will Steffen et Paul J. Crutzen (Prix Nobel 1995), inventeurs du concept d’anthropocène, rappelaient en 2008, dans le Journal of Human Environment, comment la pression destructrice des activités humaines sur l’environnement a connu une « grande accélération » à partir des années 1950 : pollution industrielle massive, sixième extinction animale, acidification des océans, désertification, ­surpêche, fonte des glaces, concentration des GES, ­réchauffement, tout s’est aggravé – mondialisé. Si bien que le sociologue américain John Bellamy Foster comme la journaliste d’investigation canadienne Naomi Klein parlent d’un capitalisme dévastateur.

 

En France, en 2016, Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences et des techniques, a ajouté un chapitre intitulé « Capitalocène » à la dernière édition de L’Evénement ­anthropocène. La Terre, l’histoire et nous (Seuil), livre qu’il a publié avec l’historien des sciences Christophe Bonneuil – popularisé par Thomas Piketty à l’Ecole d’économie de Paris. Ils expliquent que nous vivons aujourd’hui la confrontation violente du « système terre » et du « système monde » du capitalisme mondialisé, grand consommateur de matières premières et de ressources minérales, qui s’est « construit au moyen d’un accaparement des bienfaits de la terre et d’une externalisation des dégâts environnementaux, par le biais de phénomènes de dépossession et d’“échange inégal” ». Pour les auteurs, parler de « capitalocène » plutôt que d’anthropocène est stratégique : c’est désormais la fin du capitalisme qu’il faut penser, et non la fin du monde.

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Jean Jouzel, climatologue breton, confirme l’intérêt du dernier rapport du Giec, montrant les conséquences d’un réchauffement climatique entre 1,5 °C et 2 °C.

 

Le Giec a publié ce lundi son dernier rapport sur le réchauffement climatique et ses conséquences sur les espèces et les économies. Commandé à l’issue de la COP 21, le document doit servir de base de travail pour la COP 24, qui se tiendra à la fin de l’année en Pologne. Ses conclusions, alarmantes, réclament des efforts « sans précédent ». « Nous sommes dans l’extrême urgence. À un moment, il sera trop tard », lance Jean Jouzel, le climatologue breton, ancien n° 2 du Giec.

 
 

 

image: https://www.letelegramme.fr/images/2018/10/08/climat-ce-que-change-le-rapport-du-giec_4205628_540x959p.jpg

Climat. Ce que change le rapport du Giec
(Le Télégramme)

 

« Ce rapport est complètement dans la ligne avec le précédent rapport du Giec. Après la COP 21, l’objectif était un réchauffement en dessous de 2 °C, voire 1,5 °C. Ce rapport est affreusement dans la ligne puisqu’il nous montre les conséquences sur les espèces animales, le récif corallien et les populations menacées par l’élévation du niveau de la mer », souligne Jean Jouzel, qui a participé à l’écriture de précédents rapports du Giec.

 

À LIRE SUR LE SUJET 

Hausse globale des températures, notamment nocturnes, qui influent sur les possibles épisodes caniculaires, la fonte de la calotte glaciaire, la hausse du niveau de la mer, ce sont quelques-unes des conséquences d’un réchauffement climatique non maîtrisé.

 

image: https://www.letelegramme.fr/images/2018/10/08/climat-ce-que-change-le-rapport-du-giec_4205627.jpg

Climat. Ce que change le rapport du Giec
(Le Télégramme)

Ce réchauffement, de l’ordre de 1 °C depuis le début du XXe siècle, pourrait dépasser les 3 °C d’ici 2100. Le Giec a publié ce rapport à l’attention des décideurs du monde entier, dans l’espoir que ses recommandations puissent avoir un impact sur la politique environnementale.

 

À LIRE SUR LE SUJET 


© Le Télégramme https://www.letelegramme.fr/france/climat-ce-que-change-le-rapport-du-giec-08-10-2018-12101206.php#VvhqAYQmZ6tgQ0UK.99

Paroles, Paroles...

 

En France on va fermer toutes les centrales thermiques. On sera le premier pays qui ferme toutes ses centrales thermiques. Et je ne veux pas réduire ma souveraineté énergétique, c'est à dire importer du gaz de pays qui ne partagent pas forcément mes valeurs ou ré-ouvrir des centrales à charbon. 

Voir la video à partir de 26'

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3 octobre 2018 3 03 /10 /octobre /2018 08:50

Le combat contre le changement climatique n'est pas terminé. Nous n'avons pas baissé les bras. Nous ne pouvons pas." Une deuxième édition du One Planet Summit se tient, mercredi 26 septembre, à New York (Etats-Unis) afin de faire le point sur les engagements pris fin 2017 à Paris en faveur des financements climatiques et pour les relever. A l'approche de cet événement, organisé en marge de l'Assemblée générale des Nations unies avec notamment l'ancien maire de New York, Michael Bloomberg, et Emmanuel Macron, des climatologues tirent la sonnette d'alarme. 

Ballottés entre le manque d'action et d'écoute, et des résultats chaque jour plus inquiétants, ils témoignent d'une forte "charge émotionnelle", comme le décritL'Echo, d'un état de "frustration et d'angoisse", expose encore une climatologue au magazine The Monthly (en anglais). A quoi ressemble donc le quotidien de ces "annonciateurs de mauvaises nouvelles" ? Franceinfo leur a posé la question.

"Observer une tragédie grecque"

"Il y a un peu parfois l'impression d'observer une tragédie grecque. Vous savez ce qu'il va se produire et vous voyez les choses se produire", présente Valérie Masson-Delmotte, chercheuse en sciences du climat au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement de Paris-Saclay. Outre-Atlantique, le sentiment trouve écho : "Il y a peu de jour où on a l'impression que les choses vont bien", confirme Andrew Rosenberg, biologiste marin américain et directeur du Centre pour la science et la démocratie au sein de l'Union des scientifiques inquiets. 

Hausse des températures, fonte des glaciers, émissions de CO2 qui ne cessent de grimper... "On a l'impression d'être toujours annonciateurs de mauvaises nouvelles", déplore Benjamin Sultan, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Face aux résultats de leurs recherches, ils décrivent parfois des situations de stress et d'épuisement dont il est difficile de s'affranchir une fois la porte du bureau claquée, le soir.

C'est quelque chose qui prend une place importante dans ma vie quotidienne. Mon travail est très prenant. C'est quelque chose qui nous tourne dans la tête tout le temps.

A l'unanimité, ils déplorent un manque d'action de la part des pouvoirs publics."Depuis une trentaine d'années, rapport après rapport, les scientifiques montrent le changement climatique. A l'échelle globale, rien ne se passe", regrette Gilles Ramstein, directeur de recherche au CEA. "On n'a pas arrêté de lancer l'alerte ! Face à ça, il y a un manque d'action, d'ambition. Il y a une très grande frustration de voir qu'alors que l'on sait que le climat se dégrade, les décideurs et les citoyens n'agissent pas suffisamment", abonde Jean-Pascal Van Ypersele, professeur de climatologie belge et ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Le sentiment de crier "dans le désert"

Il dit avoir parfois l'impression de crier "dans le désert", seul. Un sentiment qu'a ressenti Benjamin Sultan lors de la démission de Nicolas Hulot. "Même en ayant un ministre qui est très engagé, conscient de la menace, on n'est pas capable de prendre la mesure du problème. Pour moi c'était un grand moment de solitude." Françoise Vimeux, elle aussi climatologue à l’IRD, explique cette indifférence par le sujet même des recherches réalisées dans le domaine."Nous en tant que climatologue, on parle souvent des conséquences pour la fin du XXIe siècle et ça paraît loin. Finalement il y a peu de personnes qui s’intéressent ou qui veulent prendre des responsabilités sur un temps aussi long." Mais l'urgence est là. 

Les choses changent, oui. Mais ça va trop lentement. Le climat ne va pas attendre qu'on se décide.

Andrew Rosenberg

à franceinfo

"Le problème il est qu'entre le moment où vous allez prendre conscience et celui où vous allez agir, normalement vous avez le temps. Mais là, le temps nous est compté", renchérit Andrew Rosenberg.

"Le combat n'est pas terminé"

Malgré un quotidien éprouvant, aucun d'eux n'est décidé à baisser les bras et se laisser aller à un "catastrophisme total, une sinistrose", comme le dit Gilles Ramstein. Ni optimisme "béat", ni pessimisme donc. "Je pense qu'il faut être lucide sur ce qu'il reste à faire", défend Valérie Masson Delmotte. Sa solution ?"Etre curieux. On est dans une situation inédite, on entre dans un territoire inconnu avec le changement climatique. Alors cherchez à comprendre quelles peuvent être les conséquences du réchauffement climatique chez vous. Cherchez à vous approprier des solutions."

"L'amplitude du changement climatique, elle dépend de nous. Il y a des scénarios optimistes, il y a des scénarios pessimistes, c'est à nous de décider suivant la manière dont on souhaite vivre", martèle Françoise Vimeux.

Tribune. Quelques jours après la démission de Nicolas Hulot, nous lançons cet appel : face au plus grand défi de l’histoire de l’humanité, le pouvoir politique doitagir fermement et immédiatement. Il est temps d’être sérieux.

Nous vivons un cataclysme planétaire. Réchauffement climatique, diminution drastique des espaces de vie, effondrement de la biodiversité, pollution profonde des sols, de l’eau et de l’air, déforestation rapide : tous les indicateurs sont alarmants. Au rythme actuel, dans quelques décennies, il ne restera presque plus rien. Les humains et la plupart des espèces vivantes sont en situation critique.

Pas trop tard pour éviter le pire

Il est trop tard pour que rien ne se soit passé : l’effondrement est en cours. La sixième extinction massive se déroule à une vitesse sans précédent. Mais il n’est pas trop tard pour éviter le pire.

Nous considérons donc que toute action politique qui ne ferait pas de la lutte contre ce cataclysme sa priorité concrète, annoncée et assumée, ne serait plus crédible.

Nous considérons qu’un gouvernement qui ne ferait pas du sauvetage de ce qui peut encore l’être son objectif premier et revendiqué ne saurait être pris au sérieux.

Nous proposons le choix du politique – loin des lobbys – et des mesures potentiellement impopulaires qui en résulteront.

C’est une question de survie. Elle ne peut, par essence, pas être considérée comme secondaire.

De très nombreux autres combats sont légitimes. Mais si celui-ci est perdu, aucun ne pourra plus être mené.

 

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2 octobre 2018 2 02 /10 /octobre /2018 16:23

1907. Le suédois Arrhenius a publié en France "L'évolution des mondes". Il y développe la "théorie de la serre chaude" et imagine déjà que la quantité de gaz carbonique dans l'atmosphère "puisse être modifiée, dans le cours des siècles, par la production industrielle".

 

Qui alors, dans la population, s'en soucie quand lui même y voit, d'une certaine façon, une chance pour les futures populations de l'hémisphère nord qui pourront profiter du réchauffement planétaire par un meilleure productivité agricole.

 

Qui, dans les milieux scientifiques, pourrait en faire un objet de recherche alors que dans la même période sont faites des découvertes aussi fabuleuses que les rayons X, la radioactivité, la structure des atomes et même l'équivalence matière/énergie.

 

Qui dans la population pouvait se préoccuper, dans les premières décennies du 20ème siècle, de la qualité de l'atmosphère après les millions de morts dans les tranchées de Verdun et d'ailleurs, les régions entières dévastées, toute une jeunesse décimée. Et comment sortir des horreurs de la deuxième guerre mondiale couronnées par les camps d'extermination et la mort atomique des habitants de Hiroshima et Nagasaki ….

 

Alors parler du CO2 dans l'atmosphère quand il fallait tout reconstruire et quand l'industrie de guerre allait se reconvertir dans des activités dites "civiles" qui allaient initier ces "trente glorieuses" dont on ne commencerait à mesurer l'impact sur la planète que quelques décennies plus tard. Pour le moment c'étaient le charbon et l'acier qui étaient supposés réconcilier les peuples. La fragile Union Européenne célèbre, chaque 9 mai depuis 1985, la déclaration du 9 mai 1950 de Robert Schuman, ministre français des affaires étrangères, par laquelle : "Le Gouvernement français propose de placer l'ensemble de la production franco-allemande du charbon et d'acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe.

 

La mise en commun des productions de charbon et d'acier assurera immédiatement l'établissement de bases communes de développement économique, première étape de la Fédération européenne, et changera le destin des régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont elles ont été les plus constantes victimes".

 

Le charbon et l'acier des armes au service de la paix ? Cette première Europe dont le développement a été alimenté par l'industrie et les capitaux américains a d'abord été l'outil d'une "guerre froide" entre l'Ouest et l'Est. Une guerre dont le terrain principal a été l'escalade dans la fabrication de produits manufacturés et d'armes. Allez donc parler d'effet de serre quand la menace principale est celle d'un conflit nucléaire qui anéantirait en un instant des villes entières et des millions de vies humaines.

 

Quant au reste du monde... La production de charbon et d'acier européens étaient supposés être "offerte à l'ensemble du monde, sans distinction ni exclusion, pour contribuer au relèvement du niveau de vie et au progrès des œuvres de paix. L'Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l'une de ses tâches essentielles : le développement du continent africain". Que penser de ces pieuses paroles quand on se souvient des souffrances de la décolonisation et quand on constate la persistance des guerres pour l'accès aux ressources naturelles qui ensanglantent les populations de l'Afrique et du Moyen Orient. Parler de réchauffement climatique aux pays qui doivent se relever des années d'exploitation coloniale et des guerres qui les ont suivies ?

 

Il a fallu attendre 1979 pour qu'un groupe de neuf climatologues remettent, à la demande du président des USA, Jimmy Carter, un rapport d'une vingtaine de pages rassemblant la synthèse des connaissances du moment sur l'impact possible des activités humaines sur le climat. Le groupe à l'origine du rapport publié sous le titre "dioxyde de carbone et climat : une évaluation scientifique" était présidé par Jule Charney, professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Il est généralement présenté comme le "Rapport Charney".

 

Le rapport Charney (1979).

 

Dans un avant propos, Verney E. Suomi, considéré comme le père de la météorologie par satellite et alors président du "conseil de recherche climatique" de l'Académie des Sciences, faisait le constat que "nous avons maintenant des preuves irréfutables que l’atmosphère est en train de changer et que c'est nous-mêmes qui contribuons à ce changement. Les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone augmentent progressivement, et ces changements sont liés à l'utilisation par l'homme de combustibles fossiles. Étant donné que le dioxyde de carbone joue un rôle important dans le bilan thermique de l'atmosphère, il est raisonnable de supposer que des augmentations continues affecteront le climat."

 

Et déjà apparaît la préoccupation pour les générations futures. Il faut, écrit-il, "se pencher sur le monde de nos petits-enfants, le monde du XXIe siècle. D'ici là, combien de carburant sera brûlé, combien d'arbres seront abattus ? Comment un changement climatique affectera-t-il la société mondiale de la génération à naître ?"

 

Conclusion du rapport ? "si l'on suppose que la teneur en CO2 de l'atmosphère est doublée, l'équilibre thermique statistique étant atteint, les efforts de modélisation les plus réalistes prédisent un réchauffement global de la surface terrestre entre 2°C et 3,5°C, avec des augmentations plus importantes dans les hautes latitudes." 

Décembre 2009. Congrès d'automne de l'American Geophysical Union (AGU) à San Francisco.

Le congrès célèbre le trentième anniversaire du rapport Charney. "Rien, dans toutes les nouvelles connaissances acquises depuis trente ans, n'est venu contredire les conclusions du rapport Charney", expliquait Raymond Pierrehumbert, titulaire de la chaire de géo-sciences de l'université de Chicago, qui présidait la session. Avec une certaine amertume il constatait que ce qui était débattu actuellement dans le domaine du réchauffement climatique: "aurait pu commencer à être discuté il y a trente ans".

Qui pourrait affirmer que nous n'entendrons pas les mêmes propos dans trente ans  comme avaient déjà été oubliés, en 1979, les principes énoncés sept ans plus tôt lors de la conférence des Nations Unies sur l'Environnement réunie à Stockholm en juin1972 :

"Principe 5 : Les ressources non renouvelables du globe doivent être exploitées de telle façon qu'elles ne risquent pas de s'épuiser et que les avantages retirés de leur utilisation soient partagés par toute l'humanité.

Principe 6 : Les rejets de matières toxiques ou d'autres matières et les dégagement de chaleur en des quantités ou des concentrations telles que l'environnement ne puisse plus en neutraliser les effets doivent être interrompus de façon à éviter que les écosystèmes ne subissent des dommages graves ou irréversibles. La lutte légitime des peuples de tous les pays contre la pollution doit être encouragée. "

Il faudra attendre vingt ans après Stockholm pour que l'effet de serre et le réchauffement climatique commencent enfin à émerger à la conscience publique.

1992. Le sommet de la terre de Rio.

J'ai conservé ce numéro de la revue "La Recherche" de mai 1992. Un numéro spécial avec un seul titre en couverture "L'effet de Serre". L'éditorial est de Pierre Thuillier, le philosophe et historien des sciences dont le "Petit Savant Illustré", publié en 1980 avait fait les délices de toute une jeune génération de scientifiques en rupture avec un dogmatisme ambiant. Aujourd'hui, écrit-t-il, les climatologues lancent de sérieux avertissement.

Le ton reste prudent : "il se pourrait" écrit-il "que les hommes, à force de brûler des combustibles fossiles, de détruire les forêts et de développer des industries polluantes, dégradent dangereusement l'atmosphère". L'époque n'est pas encore aux affirmations : "Les activités humaines n'entraînent-elles pas un réchauffement excessif de la Terre ? Notre survie n'est-elle pas compromise ? Même des esprits plutôt pondérés sont amenés à envisager sinon le risque ultime, du moins des scénarios très pessimistes". Faisant suite au sommaire, sur une double page au dessus d'un paysage de cheminées d'usines fumantes, ce titre : "Un dossier scientifique épineux".

Pourtant, à relire ce numéro spécial, un quart de siècle plus tard, on constate à quel point beaucoup de ce qui n'était qu'interrogation s'est transformé en certitude. Des cartes du monde avaient été publiées qui illustraient ce que deviendrait le climat dans l'hypothèse d'un doublement du taux atmosphérique de gaz carbonique. Elles indiquent un réchauffement moyen qui pourrait atteindre 5°C et jusqu'à 8°C dans l'hémisphère Nord. Elles semblent l'exacte réplique de celles publiées vingt ans plus tard.

Ce numéro de "Le Recherche" annonce la "conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement" qui va se tenir à Rio de Janeiro, au Brésil, pendant le mois de juin. Resté dans les mémoires comme le "Sommet de la Terre de Rio", la conférence a été un réel succès médiatique : 178 pays représentés, 110 chefs d'Etats et de gouvernements présents, 2000 représentants d'organisations non gouvernementales (ONG) et surtout des milliers de personnes au forum organisé en parallèle par les ONG. La conférence se revendiquait comme le prolongement de la conférence internationale sur l’environnement humain (un premier " Sommet de la Terre" organisé en 1972 à Stockholm). Elle s'est conclue par une "Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement" énonçant 27 principes parmi lesquels était introduite la notion de "développement durable" dont l'interprétation et l'application ont donné lieu par la suite à de nombreuses controverses. Plus concrètement était adopté par les chefs d'Etat présents un "Agenda 21", plan d'action pour le 21ème siècle énumérant 2500 principes pour l'application de la déclaration.

Si cet "Agenda 21" est régulièrement cité depuis comme une référence il demeure, à y regarder de près, bien timide en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Dans on chapitre 9 consacré à la "Protection de l'atmosphère" il se contente de constater "Les préoccupations suscitées par le changement climatique et la variabilité climatique, la pollution atmosphérique et l'appauvrissement de la couche d'ozone ont suscité de nouvelles demandes d'informations scientifiques, économiques et sociales en vue de réduire les incertitudes qui subsistent dans ces domaines." Afin de "mieux comprendre et prévoir les diverses propriétés de l'atmosphère et des écosystèmes touchés, ainsi que leurs effets sur la santé et leurs interactions avec les facteurs socio-économiques" il se contente de que demander la mise en œuvre de moyens afin de "dissiper les incertitudes" et pour cela d'améliorer "la base scientifique nécessaire à la prise de décisions".

Cette insistance sur les "incertitudes", qui ne pouvait qu'alimenter le clan des "climato-sceptiques" déjà très actif, omettait ainsi les premières alertes du "Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution de climat (GIEC)" qui fonctionnait déjà depuis 1988 et dont c'étaient fait écho les rédacteurs du numéro de "La Recherche" de 1992.

1988 : Le GIEC.

Le GIEC a été créé en novembre 1988 par deux organismes de l’ONU : l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et leProgramme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). A son origine, une demande du G7, le groupement des 7 plus grandes puissances économiques mondiales. Dès 1990 il rendait public son premier rapport. Et déjà des certitudes :

"Nous avons la certitude que : Les émissions dues aux activités humaines accroissent sensiblement la concentration dans l'atmosphère des gaz à effet de serre : dioxyde de carbone, méthane, chlorofluorocarbones (CFC) et oxyde nitreux. Cette augmentation renforcera l'effet de serre, intensifiant le réchauffement général de la surface terrestre. Le principal gaz à effet de serre, c'est-à-dire la vapeur d'eau, deviendra plus abondant sous l'effet du réchauffement planétaire ce qui accentuera encore ce dernier. Les calculs nous donnent la conviction que certains gaz peuvent plus efficacement que d'autres modifier le climat et que leur efficacité relative peut être évaluée. Le dioxyde de carbone a causé dans le passé plus de la moitié du surcroît d'effet de serre, et il est probable qu'il en sera de même à l'avenir."

Après les certitudes les prévisions :

"En nous fondant sur les résultats que donnent les modèles actuels, nous prévoyons ce qui suit : La température globale moyenne augmentera en moyenne au cours du siècle à venir de 0,3 °C environ par décennie (avec une marge d'incertitude de 0,2 à 0,5 °C par décennie) si les émissions de gaz à effet de serre correspondent au scénario A du GIEC (poursuite des activités); c'est là une valeur supérieure à celle que l'on a observée au cours des 10 000 dernières années. Cela aura probablement pour conséquence que la température globale moyenne dépassera de 1 °C environ la valeur actuelle en 2025 (environ 2 °C de plus que pendant la période pré-industrielle) et de 3 °C avant la fin du siècle à venir (environ 4 °C de plus que pendant la période pré-industrielle). Cette augmentation ne se fera pas à un rythme régulier, en raison de l'incidence d'autres facteurs.

Dans le cas des autres scénarios du GIEC, qui supposent une réglementation progressivement plus stricte, le rythme d'augmentation de la température globale moyenne serait de 0,2 °C environ par décennie (scénario B), juste supérieur à 0,1 °C par décennie (scénario C) et de 0,1 °C environ par décennie (scénario D)."

Après les prévisions, le constat :

2014. Le cinquième rapport du Giec confirme que : "Chacune des trois dernières décennies a été successivement plus chaude à la surface de la Terre que toutes les décennies précédentes depuis 1850. Les années 1983 à 2012 constituent probablement la période de 30 ans la plus chaude qu’ait connue l’hémisphère Nord depuis 1 400 ans. La tendance linéaire de la moyenne globale des données de température de surface combinant les terres émergées et les océans indique un réchauffement de 0,85 [0,65 à 1,06] °C au cours de la période 1880–2012".

2017 en France.

Le ministère de la transition écologique et solidaire publie les "Indicateurs nationaux de suivi de la transition écologique vers un développement durable (2015-2020)". Il ne s'agit plus d'hypothèses mais de constats. On peut y lire que :

"La décennie 2001-2010 a été plus chaude de 0,2°C que la décennie 1991-2000 et se situe 1°C au-dessus de la moyenne 1961- 1990.

Le réchauffement de la température en France métropolitaine est très net. Les dix années les plus chaudes ont été observées durant les deux dernières décennies dont la température moyenne est supérieure de 1°C à la moyenne 1961-1990."

 

Une augmentation de 0,2°C par décennie, c'était ce que prévoyait, dès 1990, le scénario B du Giec.

 

La maison brûle mais aucun pompier ne répond à l'appel des sirènes.

 

 

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2 octobre 2018 2 02 /10 /octobre /2018 15:11

20 minutes

Des membres des délégations internationales jouent avec un globe géant, lors de la conférence de la COP22, le 18 novembre 2017 à Marrakech, au Maroc. 

Les experts parviendront-ils à trouver une solution pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C ? Les délégués des Etats de l’ONU, réunis à Incheon en Corée du Sud à partir de ce lundi 1er octobre, vont se pencher sur le dernier rapport des scientifiques du Giec consacré à la montée des dérèglements climatiques et au retard pris pour les contrer.

Ce texte, soumis à leur approbation, a été élaboré à partir de 6.000 études scientifiques et met en garde contre des impacts forts à 1,5 °C de réchauffement. Le rapport liste les options, désormais limitées, pour agir si le monde veut rester sous ce seuil (dont 1 °C est déjà acquis du fait des gaz à effet de serre déjà émis).

Rester « bien en deçà de 2°C »

C’est à la COP21 à Paris fin 2015 que l’ONU avait chargé son Groupe des experts duclimat (Giec) de produire un rapport sur l’objectif 1,5 °C. Les Etats venaient de s’engager à réduire leurs émissions pour rester « bien en deçà de 2°C » par rapport à l’ère pré-industrielle. L’ajout de l’engagement à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5 °C », arraché en dernière minute, était d’abord une revendication des Etats les plus vulnérables, comme les petites îles.

Mais la recherche en a depuis précisé les implications et revu le curseur des risques, dans un monde déjà secoué par une recrudescence de vagues de chaleur et autres feux de forêts. « Il y a trois ans il n’y avait pas beaucoup de littérature scientifique sur un réchauffement à 1,5 °C, » explique Jim Skea, professeur à l’Imperial College de Londres et co-président du Giec.

Une nette différence d’impacts entre 1,5 et 2°C

Le rapport de 400 pages décrit aujourd’hui une nette différence d’impacts entre 1,5 et 2°C, et ce partout, qu'il s'agisse d'ampleur des canicules, d'extinctions d'espèces ou de productivité agricole. « C’est important car ça clarifie la question : oui, ça fait une grosse différence (1,5 ou 2) », dit Laurence Tubiana, architecte de l’accord de Paris. « Je me souviens de discussions avec pas mal de pays avant Paris, on nous disait : pourquoi 2°C ? pourquoi pas 2,5°C ? »

Pour autant, est-il encore faisable de rester à +1,5 °C ? Et, ce, alors que 2017 a vu les émissions mondiales issues de l’énergie repartir à la hausse. « On ne donne pas de réponse simple », prévient la climatologue Valérie Masson-Delmotte, qui co-présidera cette session coréenne du Giec. Mais « on est maintenant à la croisée des chemins. Regarder 1,5 °C, c’est regarder ce qui va nous arriver, dans notre vie, pas à la génération suivante ».

Une révision des engagements de 2015 prévue à la COP24

Stabiliser à 1,5 °C exige une neutralité en émissions de CO2 au milieu du siècle, note aussi le projet de texte : ne plus émettre dans l’atmosphère plus que ce que nous sommes capables d’en retirer.

L’ONU n’a pas fixé la date de sortie de ce rapport de manière anodine : dans deux mois, aux négociations climat de la COP24, prévue en Pologne, les pays doivent entamer un processus de révision de leurs engagements de 2015, insuffisants car promesse d’un monde à +3°C. La réunion doit durer jusqu’à vendredi 5 octobre, mais le rapport doit être rendu public officiellement lundi 8 octobre.

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22 septembre 2018 6 22 /09 /septembre /2018 15:15
Qu’est-ce qu’un changement climatique ? et pourquoi il nous demande un développement durable

Jean-Claude Duplessy

Jean-Claude Duplessy, membre de l'Académie des sciences, intervient à l'Académie des sciences, devant des lycéens, dans le cadre de la semaine européenne du développement durable 2017

Les changements de conditions climatiques depuis que des relevés météorologiques systématiques existent (environ 150 ans) sont loin de représenter la variabilité naturelle du climat de notre planète. Seule la reconstitution des climats du passé et de leur évolution permet d'estimer cette variabilité, de comprendre les mécanismes entrant en jeu lorsque le climat change et d’en découvrir les conséquences.
Quelques exemples de ces leçons du passé et des problèmes en cours seront décrits :
• la reconstitution du monde glaciaire ;
• le rôle du gaz carbonique dans le passé ; 
• les variations rapides du climat à l'échelle de quelques décennies ;
• le rôle de l'océan sur le climat.
L’impact des changements climatiques passés sur l’environnement et l’ampleur des changements globaux et régionaux du climat imputables aux activités humaines que les modèles climatiques simulent conduisent à recommander la mise en oeuvre d’une politique de développement durable.

 

 

 

 Pour voir la vidéo :  https://youtu.be/7uGeZa1xzak?t=3947

 

Question d'un élève : Est-ce que vous considérez qu'il y a aujourd'hui une nouvelle ère géologique l'anthropocène ?

 

Réponse : c'est de la discussion un peu bysantine. Est-ce que c'est une ère biologique ou pas, j'en sais rien. Ce qui est certain c'est que l'impact des activités humaines est indéniable et la deuxième chose que vous pouvez penser c'est que si vous êtes capables, bon je suis sur que vous le serez, de brûler tout le charbon et tout le pétrole et tout le gaz naturel qu'il y a de disponible, je pense que malheureusement cela se produira parce que les gens les plus pauvres voudront avoir de l'énergie pas trop difficile à avoir, si vous faites ça vous aller faire grimper encore le concentration en gaz carbonique de l'atmosphère. Et si vous faites çà, ce que je crains, vous allez multiplier par 8 la concentration en gaz carbonique de l'air par rapport à ce qu'elle était sous Louis XIV. Ensuite l'océan n'absorbe que lentement le gaz carbonique. Les plantes poussent aussi lentement et on a fait des calculs assez simples qui vous montrent que dans un million d'années, la concentration en gaz carbonique de l'air sera encore supérieure à ce qu'elle était sous Louis XIV. Ce qui veut dire que les hommes auront laissé des traces de leur passage qui s'étendront sur plus d'un million d'années. Alors est-ce que vous appelez cela l'anthropocène ou autre, c'est un problème de nomenclature dans lequel je n'entre pas mais il faut bien être conscients que si on n'est pas capables de restreindre les émissions de gaz carbonique et des autres gaz à effet de serre on part vers quelque chose qui va complètement déséquilibrer l'atmosphère terrestre et on en gardera la trace pour un million d'années. C'est quand même long !  

 

Question d'une élève : Aujourd'hui on accorde de plus en plus d'importance au réchauffement climatique mais par rapport au graphique que vous avez montré tout à l'heure qui montre qu'il y a encore beaucoup de rejets de gaz à effet de serre qui sont inquiétants, je me demandais si le réchauffement climatique c'était quelque chose d'irréversible ou d'aléatoire, ou bien on peut encore faire quelque chose quoi. C'est inquiétant.

 

Réponse :  Soyons clairs... La seule façon sérieuse que nous avons d'atténuer le réchauffement climatique c'est de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il n'y en a pas d'autres. Toutes les autres c'est du baratin...

 

Question d'un élève : Selon vous. Est-ce que les engagements pris lors de la COP 21 et maintenant 22 auront une incidence sur les émissions de gaz à effet de serre ou alors c'est juste un moment où tout le monde se prend en photo et fait semblant de faire quelque chose.

 

Réponse : Je vous laisse trouver la réponse.... (applaudissement des élèves dans la salle)

 

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19 septembre 2018 3 19 /09 /septembre /2018 15:08

In 1731, in the "Philosophical Transactions", the publication of the "Royal Society", appeared a text that was to make a giant leap forward for the young electrical science. Its author, Stephen Gray, is not a character in sight. Considered an "amateur", he had to suffer the contempt of scientists in place. He will rise, however, at the level of his compatriot Gilbert in the esteem of European "electricians".

 

Stephen Gray ( 1670-1736).

 

Stephen Gray is the son of a Canterbury dyer and is a dyer himself. He made serious studies that led him to focus more specifically on astronomy. As such, he is invited to participate in the work of the Royal Astronomer John Flamsteed at Greenwich, the author of the first modern catalog of the celestial world giving the exact position of nearly 3000 stars. In 1707 he was again called to Cambridge, also for astronomical work.

 

This experience is disappointing. His relations with academics are difficult. He notes with bitterness that his communications are refused for publication, which does not prevent them from being regularly looted. He returned to his Canterbury business in 1708. Too tired to continue his business, he applied for admission to a retirement home known as "the Charterhouse". This institution, located in a former convent of Chartreux, was created to be both a day school for poor children and a pension for the elderly. His boarders were usually distinguished men with serious references. Gray had to wait eight years before being admitted, in 1719, on the recommendation of the Prince of Wales.

 

Freed from his financial worries, he intended to occupy this retreat to cultivate his interest in the various branches of science. He had, in particular, provided himself with various glass tubes and small equipment useful for electric demonstrations.

 

Already in, 1708, he had sent a memoir to the Royal Society concerning "new experiments on light and electricity". He was amazed at how easily he could reproduce Guericke's experiments using a simple glass tube. The "expulsive" virtue, in particular, manifested itself spectaculary. An  feather close of the tube was first attrected and then pushed back. It could stay a long time "hovering" above the tube and even go up and down at the rate of friction.

 

It seemed to him, however, that "expulsive" virtue, far from being a new property of sulfur or the earth, as Guericke had estimated, was, more simply, as well as attraction, a property of electric virtue.

 

Another observation merited attention : if the feather, once pushed back, reached a body outside the tube, it was attracted by this body . It then fell back on the tube to be repelled again. The carousel could last from 10 to 15 round trips before stopping. These observations led Gray to suppose that the pen, placed near the rubbed tube, must itself acquire an electric virtue.

 

Such facts should have attracted the attention of his contemporaries, but Hauksbee, to whom he addresses his memoir, does not consider it useful to publish it. Fortunately, they will continue to obsess Gray and allow him a brilliant revenge.

 

Late and fabulous discoveries.


 
In February 1729, having already been at Charterhouse for 10 years, he began experimenting with the electrification of metals. Having found that it was impossible to electrify them by friction, he proposes to achieve this by placing them, as he has already done with a feather, in the "electric vapour" surrounding a glass tube rubbed.

See : 

IV. A letter from Mr. Stephen Gray to Dr. Mortimer, Secr. R. S. Containing a farther account of his experiments concerning electricityPhil. Trans. 1731

I. Two letters from Mr. Stephen Gray, F. R. S. to C. Mortimer, M. D. Secr. R. S. con­taining farther accounts of his experiments concerning electricityPhil. Trans. 1731

 

Before starting, he decides to test his tube. The latter, which he describes with precision, is a lead glass tube three feet five inches (1 meter) long and one inch and 1/5 (3 centimeters) in diameter. This tube is closed at each end by a cork, so that dust does not enter. Gray has, indeed, noticed that this one harms the effectiveness of the tube.

 

The caps are usually removed when the tube is used. Yet this time, Gray wants to test the effectiveness of the clogged tube. He rubs the extremity of a tube clogged by its plugs and finds that it works just as well.
 
Suddenly, chance gives him a fabulous gift.
 
Gray says:

"As I held a down feather over the upper end of the tube, I saw that it wanted to go to the cork, and that it was attracted and repulsed by him, just as by the tube, when it had been excited by friction. I therefore held the down near the flat surface of the cork, which attracted and repulsed it several times in a row, to my great surprise, whence I concluded that the excited tube had certainly communicated to the cork an attraction virtue."

 

The following experiences have a "surrealist" side:


 
"Having on me a ball of ivory, about an inch and a third in diameter, pierced from side to side, I fastened it on a piece of fir wood, about four inches long, and I made to enter the other end of the piece of wood into one of the corks. Rubbing the tube, I saw that the ball attracted and repulsed the feather with more force than the cork had done; attractions and repulsions repeating themselves a very large number of times right away. "

 

Stems of wood of 8, then 24 inches, driven into the cork, are tried with the same success. How far can we reach? After several tries, Gray makes a combination of reeds and fir rods totaling more than 18 feet long, which corresponds to the length of his room. The result is convincing, the attraction is as strong as that obtained with shorter stems.

 

Then comes the turn of a hemp rope three feet in length. Attached to the tube, it is ballasted by the ivory ball that attracts the copper sheets with just as much ease.

 

A rope is a convenient fastener. It will soon be ballasted by a ball of lead, a piece of gold, a piece of tin, a shovel, a silver vase, a kettle of copper sometimes empty and sometimes full of water, hot or cold. All these metal bodies attract the copper sheets to the height of several inches when the glass tube is rubbed. Metals, which can not acquire electric "virtue" by simple friction, can therefore receive it from a rubbed glass tube to which they communicate. In the same way pebbles, bricks, a magnet, tiles, chalk, vegetables.

 

Gray knows that a royal road has just opened before him, he engages there enthusiastically. A question naturally comes to his mind: how far can he transmit electrical virtue?


 
A first answer was given to him in May 1729 at his friend John Godfrey's home in Norton-Court, Kent. A stem 32 feet long is made from hollow canes and fir stems, all finished by the usual ivory ball: the electric virtue is transmitted at this distance. A string 26 feet long, hung in the air, from a balcony also works. Similarly, a 34-foot rope suspended from an 18-foot stem, a total of 52 feet.

 

The successes are spectacular, but the first failure occurs!


 
Wanting to transmit the electric virtue horizontally by means of a string, Gray supports it by ropes fixed to the beams of the room where the experiment is practiced. The result is negative.

 

 

 

Gray is not particularly surprised. The fixing ropes, he thinks, transmit an essential part of the electrical virtue to the beams and there is only a tiny part left that can reach the ball. He will have to imagine another device.
 

The opportunity is given to him on July 2, 1729. He is then at his friend Granvil Wheler. In order to stretch the string, silk threads are fixed between the side walls of a long gallery. Why silk? It is the thread that combines the best resistance with the greatest finesse. But Gray, alerted by his first failure, is persuaded "that such a thread, expected its small size, could make the experiment succeed, since it would divert less the electrical virtue of the line of communication" constituted by the string.

 

The hypothesis seams to be true. Electric virtue can thus be worn up to a distance of 147 feet. The gallery becomes too short, one passes in a barn where the distance of 293 feet (nearly 100 meters) is easily reached. At this moment, an incident disrupts this race to the record and brings a new course for the observations.


 
One can easily imagine the agitation that could accompany such an experiment. One of the silk threads does not resist. Very opportunely, Gray is equipped with a brass wire (alloy of copper and zinc) having the required fineness while being more solid. He replaces the defective silk crossbar with this brass wire. But with this system, Gray must observes his failure: " What ever the vivacity of the rubbing  to the cylinder, the ball did not produce any movement, and did not excite any attraction."

 

The obviousness imposed then  on both observers:


 
"We were convinced that we owed the success of our previous experiences to the silk threads, not because they were small, as I had first imagined, but because they were silk"


 
Thus the string and the brass have a behavior different from the silk. With this new data, Gray and Wheler take back their experiences. They know now that silk threads, even of a respectable diameter, will perfectly isolate the string they will bear. After passing from the gallery to the barn, the experimenters go to the garden and reach a distance of 650 feet, more than 200 meters.

 

Engaged in this race for the record, Gray discovers a new effect of the "electric virtue": it can be transmitted without contact! Meticulous, he notes that this revelation was made to him on August 5, 1729. That day he had suspended a lead weight of 14 pounds on a rope of Crin. Under the mass of lead, copper sheets were arranged. He approaches the glass tube and, suddenly:


 
"The pipe having been rubbed and held near the rope, but without touching it, the weight attracted and repelled the leaves several times in succession to the height of three inches, if not four. "

 

From then the experiments take a new course. We can transmit the electric virtue without having to be encumbered with a cork, a stick or a string. The simple approach of the rubbed tube will suffice. The place is left free to the imagination. His most spectacular demonstration will inspire generations of electricians. Let him speak:
 


"On the 8th of April, 1730, I did the following experience of an 8 to 9 year old boy, who weighed all dressed 47 pounds 10 ounces. I hung it horizontally on two ropes of horsehair, (similar to those on which the linen is dried) 13 feet long.


 
These strings suspended from the ceiling, each with two hooks, are presented as two loops close to each other.

 

 

 

"On these two cords the child was laid face down, one of the cords passing under his breast, the other under his thighs. The copper sheets were placed on a small pedestal, round, one foot in diameter, covered with white paper, and supported by a stem one foot high.
 

 

As soon as the tube had been rubbed, and presented to the little boy's feet, but without touching them, his face attracted the copper sheets with great force, until the raise to the height of 8 and sometimes 10 inches. "
 

 

A human can therefore, without damage, receive and transmit the electric virtue!

 

Gray has just inaugurated the experimental staging most often repeated in the "physics salons" European. If we were to keep only an image of the 18th century electricity works, it would be that of a damsel richly dressed and lying on a plateau held in the ceiling by silk cords. A young abbot moves near to his feet a glass tube rubbed while young people present to her, on a silver tray, gold leaves she attracts at a distance.
 

Gray is not short of imagination. He even manages to electrify the soap bubbles Dufay: first ranking. by means of a pipe.


 
After a last experiment "to see how far the electrical virtue could be carried in a straight line, without the tube touching the string", the record is reached. It is 886 feet, almost 300m!

 

 

 

Dufay: first ranking.

 

Gray is enthusiastic but untidy. The account of his experiences, however, holds the attention of Charles-François de Cisternay Dufay (1698-1739), a young French physicist who, at age 35, is already a member of the Paris Academy of Sciences.

 

Using a rigorous method, he first takes up the problem of the electrification of bodies: does the faculty of attraction at a distance exist in all bodies?

 

The question is not new. Gilbert, the first, had approached it. Dufay, of course, takes up the impressive list of bodies already tested by Gray and his predecessors: amber, resins, precious stones, glasses of all kinds, sulfur, wool, silk, feathers, hair. He added bodies as diverse as marble, granite, sandstone, slate, ivory, bone, tortoiseshell, and animal hair.

 

These bodies do not always react to a simple friction. Some have to be heated, sometimes even to burn your fingers. All, however, especially if one has them thoroughly dry, can be electrified by friction.

 

All? Not exactly. There remains a category that resists: that of metals: "whatever pain I have given myself," he says, "and in any way that I took it, I could not succeed to make them electric; I heated them , rubbed, filed, beaten without noticing sensible electricity.

 

It follows from these observations a first conclusion:

 

"With the exception of metals and bodies which their fluidity or their softness makes it impossible to be rubbed, all the others which are in the nature are endowed with a property which has been thought for a long time peculiar to the amber and which, until now, had been recognized only in a small number of subjects. "

 

As Gilbert had already pointed out, electricity is more than a magic virtue confined to amber and precious stones. It is a general property of matter worthy of a systematic study.

 

There are therefore two classes of bodies: Dufay proposes to designate under the name of "electrical bodies", those which, like glass, can be electrified by friction. Those who, like metals, can not be, will constitute the class of "non-electric" bodies.

 


"Electrical" and "non-electric" bodies, what differences?

 

First, the problem of attraction. Are these two types of bodies, the "electrics" and the "non-electrics", different in the way they are attracted?

 

Dufay moves his glass tube rubbed near to amber powder, shellac, crushed glass, wood sawdust, crushed brick, these bodies being "as much as possible, of the same volume and same weight compared to each other ". He finds that bodies "that are not electric by themselves" such as metals, wood or even brick are more strongly attracted than those that are electrics, such as amber, glass, wax.

 

In our current experiments, cotton fragments or pieces of paper will be suitable as they are light and "conductive" (as we now call "non-electric" bodies). The ideal body of the 18th century experimentalists to show attractions and repulsions will be the gold leaf both very conductive, very light and offering a large surface to the electric influence.

 

Franklin: the vocabulary.


 
Before following Dufay on the path of new discoveries, let us pause for a moment on the concept of electric conductor and insulator. If it is clearly analyzed by Dufay, it is necessary to wait for Franklin (1706-1790) so that the vocabulary agrees with the idea.


 
We will then detail Franklin's contributions to electrical science. Suffice it for the moment to know that, from his contact with electricity, in 1747, he creates a real break.


 
Electricity, he says, is not created by friction on "electric bodies". Nor is it a "virtue" proper to these bodies alone. It is a fluid that permeates all bodies and is able to pass from one body to another.


 
This intuition naturally leads him to dress the old categories in a new vocabulary:


 
What is the difference between an electric body and a non-electric body The terms electric by itself and non-electric were first used to distinguish the bodies, in the false assumption that the only bodies called electric by themselves The same contained in their substance the electric matter which could be excited by the movement, that it came from and was drawn from it, and communicated to those who were called non-electric, which was supposed to be devoid of this material. I now suspect that it (the electrical matter) is spread fairly evenly throughout the earth's matter.


 
That being so, the terms "electric by itself" and "non-electric" could be abandoned as improper; and since the whole difference is that some bodies conduct the electric material and the others do not conduct it, we could substitute for them the terms "conductor" and "non-conductor".


 
One can not perfect science without perfecting language, had later asserted Lavoisier in the introduction to his elementary treatise on chemistry (1789). "Whatever may be the facts, no matter what the ideas they might have produced, they would still transmit only false impressions, if we did not have exact expressions to render them," he added.


 
Franklin, who will regularly attend his laboratory during his stay in Paris, will have preceded him in this way. The facts have given birth, in his mind, the idea that electricity is a "fluid" that permeates all bodies. The facts, the idea, require a precise vocabulary: the bodies do not share into "electrics" or "non-electrics", but in "conductors" and "non-conductors" (we say today insulators).


 
Let us stop here on what might seem like a paradox: the first electric conductor known , a string of hemp, is rather considered, today, as an insulator. To understand it, it must be remembered that, if the quantities of electricity used in the electrostatic phenomena are minute, the corresponding voltages are themselves thousands or tens of thousands of volts. Under the effect of such tensions even hemp becomes conductive. Therefore, it is recommended not to play with a kite near a high-voltage line, or to touch an electric cable dropped to the ground by means of a wooden rod. Because in this case the high voltage would be accompanied by high currents and electrocution would be at the rendezvous.


 
The concepts of electrical fluid, conductor and insulator are born. The idea, of course, had also already sprung up in several English authors, but Franklin is the one who will have taken the step with the most boldness. Those who, on the old continent, will know how to adopt his views will only have to congratulate themselves on it.

see : History of the electricity, from amber to electron. Gérard Borvon

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16 septembre 2018 7 16 /09 /septembre /2018 08:34

Un trésor scientifique redécouvert, tel est le nom du nouvel ouvrage venant de paraître et recensant la collection d’instruments scientifiques de la faculté des sciences de Rennes (1840-1900).

Histoire des instruments scientifiques 

La sortie du livre Un trésor scientifique redécouvert arrive à point nommé tandis que les Journées Européennes du Patrimoine auront lieu à Rennes les 15 et 16 septembre prochains. Mais quel est donc ce fameux trésor ?

Il s’agit de la collection d’instruments scientifiques de la faculté des sciences de Rennes (1840-1900), un travail de recensement historique effectué durant une vingtaine d’années par le physicien Dominique Bernard. Une démarche qui allie l’aspect scientifique et patrimonial et qui a valu à son auteur différentes reconnaissances prestigieuses, à savoir :

  • Un second prix (UMAC Award 2017 à Helsinki) attribué par la fédération internationale des universités  possédant des collections et des musées,
  • Une invitation à présenter la reconstitution de l’expérience de Curie et ce livre au dernier congrès international de la Scientific Instrument Commission à Leyden (septembre 2018)
  • La rédaction de l’introduction à ce livre par deux experts internationaux, MM. Paolo Brenni et Marta Lourenço.

Ainsi, Un trésor scientifique redécouvert confère à ses lecteurs une double approche, historique et scientifique, des instruments présentés. Une collection qui symbolise par ailleurs une partie de la richesse patrimoniale de Rennes.

Un millier d’instruments en 250 pages

À travers cet ouvrage, le lecteur découvrira l’histoire d’un millier d’instruments scientifiques conservés à l’université de Rennes 1. Et, avec eux, croisera les noms de scientifiques célèbres tels Héron d’Alexandrie, Léon Foucault, Pierre, Marie et Jacques Curie ou encore Pierre Weiss. Dominique Bernard présente ainsi leurs inventions en insistant sur le génie des grands constructeurs français d’instruments scientifiques qui les ont conçues.

Toutefois, des personnages locaux et plus confidentiels sont aussi mis en avant par l’auteur. C’est le cas du zoologiste Dujardin, du chimiste Malaguti, mais aussi des professeurs de physique Morren et Gripon.

Enfin, le physicien Dominique Bernard jette un regard neuf sur ces instruments d’une autre époque, montre leur intérêt à la fois historique et pédagogique et analyse les concepts parfois très modernes qui accompagnent leur fabrication. Au final, 250 pages à découvrir, illustrées par 150 photos en couleur.

Trésor scientifique
Source : ©Rennes en Sciences

Édité par l’association Rennes en SciencesUn trésor scientifique redécouvert est disponible sur commande au prix de 30 euros (prix public : 23 euros + 7 euros de frais de port).

Contacts : 

Rennes en sciences, 6 allée du champ Garnier, 35135 Chantepie – France
06 76 29 76 21
www.rennesensciences.fr
rennesenseciences@orange.fr
Twitter : @RennesSciences

Crédit photo : Wikimedia Commons (CC BY SA 2.0/Rama)
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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14 septembre 2018 5 14 /09 /septembre /2018 16:40

Le monde a deux ans pour agir contre le changement climatique sinon il affrontera des « conséquences désastreuses », a averti l’ONU, en appelant la société civile à réclamer « des comptes » aux dirigeants de la planète.

C’est un compte à rebours qu’il a lancé. Et qui sonne comme une annonce de fin du monde.

Lundi, le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a prononcé un discours particulièrement alarmiste, autour de la question climatique. « Nous sommes confrontés à une menace existentielle directe », dit-il. « Le changement climatique est la question déterminante de notre époque – et nous sommes à un moment décisif. Le changement climatique évolue plus vite que nous et sa rapidité a provoqué un séisme à travers le monde. »

Pour lui, c’est clair : « Si nous ne changeons pas de cap d’ici 2020, nous risquons de manquer le moment où nous pouvons éviter un changement climatique incontrôlé, avec des conséquences désastreuses pour les humains et tous les systèmes naturels qui nous soutiennent. »

Le secrétaire général de l’ONU dresse un bilan particulièrement inquiétant de l’état de la planète : « Nous connaissons des températures record dans le monde entier », dit-il. « Selon l’Organisation météorologique mondiale, au cours des deux dernières décennies, 18 des années les plus chaudes depuis 1850 ont été enregistrées et cette année s’annonce comme la quatrième plus chaude.  Les vagues de chaleur extrêmes, les incendies, les tempêtes et les inondations laissent une trace de mort et de dévastation. »

 

Trop de dirigeants ont refusé d’écouter

 

Il estime encore que « nous avons été prévenus. Les scientifiques nous le disent depuis des décennies », mais que « beaucoup trop de dirigeants ont refusé d’écouter. » Et selon lui, les résultats sont déjà visibles. « Dans certaines situations, ils ressemblent aux pires scénarios des scientifiques. »

Le chef des Nations unies cite ainsi la banquise arctique qui « disparaît plus vite que nous ne l’avions imaginé » ; le fait que cette année, pour la première fois, des glaces de mer épaisses et permanentes au nord du Groenland ont commencé à se fragmenter ; un réchauffement « spectaculaire dans l’Arctique qui affecte les conditions météorologiques dans l’hémisphère nord » ; ou encore des feux de forêt durent plus longtemps et se propagent davantage.

Autre conséquence qu’il décrit : « Les océans deviennent de plus en plus acides, et menacent les fondements des chaînes alimentaires qui soutiennent la vie. Et, sur terre, le niveau élevé de dioxyde de carbone dans l’atmosphère rend les cultures de riz moins nutritives, menaçant le bien-être et la sécurité alimentaire de milliards de personnes. »

 

La société doit interpeller les dirigeants

 

Face à ce désastre annoncé, Antonio Guterres estime qu’il est encore possible d’agir. Même si manque selon lui la volonté politique des dirigeants. « Nous savons ce que nous devons faire. Et nous savons même comment le faire. Nous avons les outils pour rendre nos actions efficaces. »

L’Accord de Paris , signé il y a trois ans, qui qui prévoit de contenir d’ici à 2100 le réchauffement climatique « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels », était « vraiment le strict minimum pour éviter les pires impacts du changement climatique ». Mais même ces objectifs ne seront pas tenus. « Ce qui nous manque encore, même après l’Accord de Paris, c’est le leadership et l’ambition de faire ce qui est nécessaire. »

Antonio Guterres en appelle aux dirigeants, et appelle chacun à se mobiliser. « Il est impératif que la société civile -jeunes, groupes de femmes, secteur privé, communautés religieuses, scientifiques et mouvements écologiques dans le monde– demande des comptes aux dirigeants », a insisté le secrétaire général des Nations unies. Dans son discours, il cite plusieurs pistes : « Nous devons arrêter la déforestation, restaurer les forêts détériorées et changer notre manière de cultiver ». Il faut aussi revoir « la manière de chauffer, de refroidir et d’éclairer nos bâtiments pour gaspiller moins d’énergie ».

 

Antonio Guterres brandit aussi

l’argument du porte-monnaie

« Des avantages énormes attendent l’humanité si nous pouvons relever le défi climatique. Un grand nombre de ces avantages sont économiques. » Selon lui, l’action climatique et le progrès socio-économique se renforcent mutuellement : des terres dégradées restaurées signifient de meilleurs niveaux de vie pour des agriculteurs qui ne migrent plus vers les villes, l’assainissement de l’eau sauverait la vie de 360.000 bébés, l’air pur qui a un impact sur la santé publique… Il estime que ce combat produirait « des gains de 26 trillions de dollars d’ici 2030 par rapport au statu quo ». Sera-t-il entendu ? Son discours survient en tout cas deux jours avant un sommet mondial inédit pour l’action climatique qui doit réunir à San Francisco des milliers d’élus, de maires, de responsables d’ONG et d’entreprises.

Sources – Agences

 

 

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