Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 juillet 2024 3 10 /07 /juillet /2024 18:45


« Je vais vous dire qui est mon adversaire. Mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera donc pas élu. Et pourtant il gouverne. »

 


« Cet adversaire, c’est le monde de la finance. »

 


La phrase allait propulser François Hollande, lors de son meeting du Bourget, vers la victoire aux présidentielles. Chacun pouvait alors imaginer que les lobbies, en particulier ceux de l’énergie, allaient devoir compter avec le nouveau président.

 


https://youtu.be/ZE8pE2t__pc

 

Quatre mois après son élection à l’Élysée, le 14 septembre 2012, il inaugurait la première des conférences environnementales dont il annonçait la reconduction chaque année. Plus fort que Sarkozy ! Il ne s’agissait surtout pas, insistait-il, de refaire un Grenelle où « l’ambition initiale a été perdue au fil du temps et une nouvelle fois l’économie a été opposée à l’écologie ».

 

https://youtu.be/504-k9dBUbE

 


On n’allait pas faire dans la demi-mesure !
 

 

« L’enjeu, celui qui nous rassemble, c’est de faire de la France la Nation de l’excellence environnementale.

C’est un impératif pour la planète. Comment admettre la dégradation continue des ressources et du patrimoine naturel du monde, comment ne pas voir les effets du réchauffement climatique  qui n’est pas une opinion ou une hypothèse, mais un fait scientifique ? Comment ne pas comprendre que le creusement des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres constitue à l’échelle du monde un risque majeur ? Comment rester impassible face aux atteintes irréversibles à la biodiversité ? Comment laisser croître notre dette écologique envers les autres ? La question se résume finalement ainsi : serons-nous solidaires des générations à venir ou trop cupides, trop avides pour laisser à nos enfants un fardeau encore alourdi du poids de nos égoïsmes ? »

 


L’Europe s’est engagée à réduire à l’horizon 2020 les émissions de gaz à effet de serre de 20 %, à porter à 20 % la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie et à réduire la même consommation d’énergie de 20 %. Insuffisant ! Je suis prêt, déclare-t-il à aller plus loin : « Une stratégie ambitieuse sur un objectif de réduction de 40 % en 2030 puis de 60 % en 2040, telle est la position que je défendrai dans le cadre des prochaines discussions au sein des instances européennes. » A nouveau, donc, la France et son président allaient donner des leçons au Monde !
 


L’excellence environnementale, version Hollande/Ayrault.
 

 

En mai 2012, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait nommé Nicole Bricq ministre de l’Écologie, une sénatrice connue pour son combat contre le gaz de schiste. Un signe positif vis-à-vis de ses alliés écologistes entrés au gouvernement. Mais la lune de miel n’allait pas durer longtemps. Un mois plus tard elle était débarquée. La raison : elle avait voulu geler les permis de forages pétroliers en Guyane et réformer le code minier.

 


Immédiatement, les lobbies pétroliers, les élus guyanais et le Medef étaient montés au créneau. Elle était rapidement exfiltrée vers le ministère du Commerce extérieur. Mauvais départ pour le champion de « l’excellence environnementale ».

 


Place à Delphine Batho.

 


Nommée à son tour à l’écologie, Delphine Batho était présente au moment de la première conférence environnementale. Inévitablement le problème des gaz de schiste se devait d’être à l’ordre du jour : « Reste le sujet des hydrocarbures non conventionnels : le gaz de schiste, qui soulève bien des passions, bien des questions. J’entends les arguments économiques, ils existent et les considérations, souvent exagérées, sur l’ampleur des gisements. Mais soyons clairs, dans l’état actuel de nos connaissances, personne, je dis bien personne, ne peut affirmer que l’exploitation des gaz et huile de schiste par fracturation hydraulique, seule technique aujourd’hui connue, est exempte de risques lourds pour la santé et pour l’environnement.
 

 

C’est pourquoi, j’ai demandé à Delphine Batho, ministre de l’Écologie, de prononcer - sans attendre davantage - le rejet des sept demandes de permis déposées auprès de l’État, et qui ont légitimement suscité l’inquiétude dans plusieurs régions de France. S’agissant de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels, telle sera ma position durant le quinquennat. »

 

Delphine Batho prend bonne note du mandat que lui a donné le chef de l’État.


Munie d’une telle feuille de route, Delphine Batho n’avait pas à hésiter : finis les gaz de schiste. Cependant la presse faisait déjà état d’informations indiquant que le gouvernement pourrait « entrouvrir la porte » à l’exploration expérimentale de gaz de schiste et qu’il pourrait « donner un gage à Total et aux  industriels » en créant une commission réunissant toutes les parties prenantes, qui serait chargée de définir les conditions d’une telle exploration expérimentale. « Ce sont des spéculations imaginaires qui sont sans fondement » avait tranché Delphine Batho.

 


Brefs tours de piste au ministère de l’Écologie.

 


Les lobbies des énergies fossiles n’avaient pourtant pas renoncé à leur projet et restaient très actifs dans les couloirs ministériels. En juillet 2013 elle était à son tour débarquée. Officiellement pour avoir contesté publiquement le budget de son ministère. Argument peu crédible car bien avant elle d’autres ministres, Arnaud Montebourg, Cécile Duflot, avaient tenu des propos bien plus irrespectueux de la solidarité gouvernementale. En réalité elle dérangeait. Interrogée par le journal en ligne Reporterre elle s’interrogeait sur le rôle qu’avait joué sur son licenciement Philippe Crouzet, patron de l’entreprise Vallourec fortement impliquée dans le gaz de schiste, et dont l’épouse, Sylvie Hubac était directrice du cabinet du Président de la République. Elle faisait état des propos tenus par celui-ci, quinze jours avant son limogeage, devant des patrons américains, qui évoquaient déjà son départ. Rumeur largement commentée dans les milieux parisiens « bien informés ».

 


Elle est brièvement remplacée par Philippe Martin, député du Gers, qui s’emploiera à détricoter le travail de sa prédécesseure avant d’être remplacé, le 2 avril 2014,par Ségolène Royal qui n’arrive pas au ministère avec l’intention de faire figuration.

 


 L’écologie permissive de Ségolène Royal.
 

 

Pour frapper les esprits et se démarquer de ces écologistes antinucléaires, antipesticides, antibagnoles, il lui fallait un slogan et elle l’a trouvé : « non à l’écologie punitive ». AREVA, EDF, Monsanto, Total... ne pouvaient qu’applaudir, ils n’en demandaient pas tant. Place donc à « l’écologie permissive ». Même si officiellement les recherches de gaz de schiste étaient abandonnées, on apprenait qu’en septembre 2015 les ministres de l’Écologie, Ségolène Royal, et de l’Économie, Emmanuel Macron, accordaient trois nouveaux permis de recherches d’hydrocarbures liquides ou gazeux en Seine-et-Marne, dans le Bas-Rhin et dans la Marne. Dans le même temps ils prolongeaient deux autres autorisations jusqu’à fin 2018, en Moselle et sur l’île de Juan de Nova, entre Madagascar et le Mozambique.

 


Mais le moment fort du ministère de Ségolène Royal sera sa gestion calamiteuse de la crise de l’écotaxe. Interrogée pendant la crise des gilets jaunes, elle ne manquait pas de rappeler son refus de cette écologie consistant à augmenter les taxes sur les carburants et en particulier le gasoil.

 

voir la vidéo

Fort heureusement, les médias lui rappelaient le temps où elle se félicitait d’avoir été la ministre à l’origine de l’augmentation de ces mêmes taxes, en particulier celles sur le gasoil.

 


Quand Ségolène Royal taxait le gasoil.

 


« Diesel et “écologie punitive” : les amnésies de Ségolène Royal », titrait le journal Le Monde du 24 octobre 2018. Celui-ci se souvenait que, en janvier 2016, interrogée à l’Assemblée nationale sur sa politique énergétique, elle avait rappelé que, en 2015, étant ministre de l’Écologie, elle avait étendu la taxe carbone à l’ensemble des produits pétroliers avec une augmentation plus importante pour le gazole que pour l’essence et une hausse supplémentaire, spécifique au gazole, de 2 centimes d’euros par litre afin de financer les investissements dans les transports propres. Au total, concluait-elle, « la hausse s’élève, pour le gasoil, à 4 centimes par litre ». Cette évolution, ajoutait-elle,« amorce une convergence entre la  fiscalité du gasoil et celle de l’essence ».

 


Ces gilets jaunes que, trois ans plus tard, elle s’emploie à flatter, se souviennent-ils qu’elle est la responsable de la taxe sur l’essence et le gasoil contre laquelle ils manifestent. Cette taxe qu’elle avait instaurée pour remplacer la fameuse « taxe poids lourds » qu’elle avait supprimée. C’est ce que nous allons leur rappeler dans les pages suivantes.

 

Les Tartuffes et le climat. Des bonnets rouges aux gilets jaunes.

Un scandale politique et environnemental : l’affaire de l’Écotaxe.

 

Les années Hollande c'est aussi Sivens et la mort de Rémi Fraisse.

Voir : Rémi Fraisse, 10 ans après : l’État meurtrier n’a pas étouffé le feu de la révolte

_____________________________________________________________________________________

 

Pour aller plus loin voir :

 

De Chirac à Macron. Les Tartuffes et le Climat.

 

 

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2024 2 09 /07 /juillet /2024 12:51


Celui qui a suggéré à Nicolas Sarkozy cette idée d’un Grenelle de l’Environnement a senti le bon coup à jouer. Le mythe semblait pouvoir encore marcher même si on commençait à en savoir un peu plus de la réalité de ce soidisant moment de « concorde nationale ». L’histoire de la rencontre clandestine entre Jacques Chirac et Henri Krasucky, numéro 2 de la CGT, a maintenant été rendue publique. « Dans une chambre de bonne et avec un revolver dans ma poche » prétendra même Jacques Chirac. Le grand vent de liberté de mai 1968, si inattendu dans cette France que certains croyaient endormie, avait soulevé un vent de panique dans les rangs du patronat et du gouvernement gaulliste mais tout autant aux sommets des partis de gauche et à celui du syndicat alors dominant. L’ennemi, soudain, c’était ce « gauchiste » qui refusait le « boulot, métro, dodo » de la société productiviste et revendiquait une liberté qui secouait les vieux dogmes. Ces gauchistes qui avaient entraîné 10 millions de salariés dans la plus massive des grèves. Le « Grenelle » avait permis un retour inespéré à l’ordre. La même méthode ne pourrait-elle pas calmer ces écologistes dont l’agitation commence à devenir trop visible. Dans l’opinion publique, le Grenelle apparaît encore comme une victoire populaire, alors pourquoi  ne pas récupérer ce mythe dans un «Grenelle de l’Environnement » qui ferait une excellente publicité pour un début de mandat.

 


De Hulot à Sarkozy. Du Pacte écologique au Grenelle.

 


L’idée ne sortait pas du néant. En novembre 2006, Nicolas Hulot avait présenté son « Pacte écologique » qui réclamait, entre autres, un poste de « vice-premier ministre chargé du développement durable ». Présenté aux candidates et candidats aux présidentielles de 2007 il était signé par cinq d’entre eux dont les deux finalistes, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Le 16 mai Nicolas Sarkozy succède à Jacques Chirac. Nicolas Hulot refuse le poste de ministre de l’Environnement qui lui est proposé, ce sera donc Alain Juppé, rapidement démissionné pour cause de défaite aux législatives, puis Jean-Louis Borloo. En septembre 2007 débutait donc ce « Grenelle Environnement » qui affichait, lui aussi, la prétention de vouloir nous faire entrer « dans le monde d’après ».

 


On n’avait pas lésiné sur le spectacle. Deux prix Nobel de la Paix distingués pour leur engagement en faveur de l’environnement viendraient apporter leur caution. En tête d’affiche, Al Gore, vice-président des USA, après sa fameuse mise en scène dans le film « Une vérité qui dérange ». A ses côtés Wangari Maathai biologiste à l’initiative du « Mouvement de la ceinture verte » en Afrique.

 



Paroles, paroles...
 

 

En clôture de l’événement, le discours de Nicolas Sarkozy mérite la relecture. Il s’adresse d’abord à José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne, présent dans la salle : « La France n’est pas en retard. Mais la France veut maintenant être en avance. Et c’est tout le changement, José Manuel, que nous voulons proposer aujourd’hui en France »

 

 

https://www.dailymotion.com/video/x9qbej

 


Puis vient la plus extravagante des déclarations : « Notre ambition n’est pas d’être aussi médiocre que les autres sur les objectifs, ce n’est pas d’être dans la moyenne. Notre ambition c’est d’être en avance, d’être exemplaires. »

 


Et, afin que ces autres médiocres qui écoutent retiennent bien la leçon : « Je veux que le Grenelle soit l’acte fondateur d’une nouvelle politique, d’un New Deal écologique en France, en Europe, dans le Monde ».
 

 

Le plus alarmiste des climatologues du GIEC n’oserait pas prononcer la moitié du discours apocalyptique qui va suivre cette introduction : « Les changements climatiques, nos concitoyens ne doivent pas les réduire à la fonte des neiges sur les pistes de ski. Les changements climatiques, ce sont des centaines de millions de réfugiés climatiques. Les changements climatiques, c’est une accélération des grandes catastrophes, des sécheresses, des inondations, des cyclones, d’une certaine façon, c’est le Darfour où des millions de pauvres gens sont poussés par la faim et la soif vers d’autres régions où ils entrent en conflit avec des populations qui étaient installées de façon séculaire. Les changements climatiques, ce sont des épidémies nouvelles. Ce sont des conflits exacerbés pour accéder à l’eau et à la nourriture. Il faut donc avoir le courage de dire que la hausse des prix des hydrocarbures sera permanente. Il faut avoir le courage de dire qu’il n’y aura plus de pétrole avant la fin du siècle. Il faut avoir le courage de reconnaître que nous ne connaissons pas tous les effets à long terme des 100 000 substances chimiques commercialisées. Il faut avoir le courage de reconnaître que nous n’avons pas toujours été exemplaires. »

 


Alors cette fois, ça y est ? On y va ? Fini le soutien à nos champions des énergies fossiles, à Total, à Engie. Finis les copinages avec les potentats du pétrole ?

 


De Al Gore à Kadhafi.

 


Deux mois ne se sont pas écoulés que la France sidérée découvre que le Président de la République a invité le Libyen Mouammar Kadhafi en visite officielle. Oubliés les prix Nobel de la Paix, place au plus sanguinaire des dictateurs. Chacun se souvient qu’il est le responsable de l’attentat contre le vol UTA-722 qui a fait 170 victimes dont 54 Français en 1989. Mais que refuser à celui qui règne sur un champ de pétrole parmi les plus riches de la Planète…

 


Kadhafi arrive en France en terrain conquis, exigeant de planter sa tente dans les jardins de l’hôtel Marigny, résidence des chefs d’État étrangers en visite en France. Stupeur, y compris parmi les proches de Nicolas Sarkozy : « Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n’est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort » déclare Rama Yade, secrétaire d’État chargée des Droits de l’homme, au journal Le Parisien, avant de se faire recadrer par l’Élysée.

 


Mais pourquoi cette visite ? Simplement pour le business ? L’argent du pétrole libyen devrait alimenter les industries de l’armement et du nucléaire en France. On annonce des commandes d’avions Rafale, d’hélicoptères Tigre, de navires de guerre et même des réacteurs nucléaires. L’Élysée se plaît à afficher des contrats représentant une dizaine de milliards d’euros. Contrats qui ne seront jamais honorés par Kadhafi car trois ans plus tard l’ami de la France est devenu son ennemi numéro un. Les Rafales français iront anéantir le régime du « guide » libyen dans une guerre éclair qui aboutira à sa mort, en octobre 2011, suite à une attaque du convoi de véhicules par lequel il tentait de s’échapper.

 


Cette histoire de visite du dictateur libyen en France aurait pu être oubliée si les médias français n’avaient pas révélé l’affaire dont nous suivons encore les rebondissements : celle du « financement occulte » de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy et des valises de billets ayant circulé entre Tripoli et Paris. Le tapis rouge déployé pour Kadhafi semblait apparaître alors comme la contrepartie d’une aide providentielle pour l’élection du président français. (voir : « Cash Investigation ». Affaire Sarkozy-Kadhafi : soupçons sur des millions). Procès annoncé pour janvier 2025 « dans le cadre des soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007 » (Le Monde). Affaire à suivre.

 


Guerre humanitaire et pétrole

 


Où on apprend que le pétrole n’était pas étranger à la guerre « humanitaire » menée par la France et ses alliés en Libye. En septembre 2011, le journal Libération faisait état d’une lettre écrite 17 jours après l’adoption de la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU prenant parti pour les insurgés. Un membre important du « Conseil National de Transition » (CNT) libyen y évoquait un « accord attribuant 35 % du total du pétrole brut aux Français en échange du soutien total et permanent à [leur] Conseil. ». Fables ! diront les autorités françaises.

 

 


Fables ? En mai 2019, suite à une fâcherie avec le pouvoir français liée à la guérilla interne en Libye pour la mainmise sur les réserves de pétrole, le Gouvernement d’Union Nationale (GNA), qui a succédé au CNT, menaçait de suspendre les activités de Total dans le pays. A cette occasion nous apprenions que Total, dont la production était minoritaire avant la guerre, représentait déjà près du tiers de l’activité pétrolière dans le pays et ambitionnait de doubler sa production d’ici 2023.

 

 

Un livre chez L'harmattan.

Premières pages.

 

 

En complément.

 

 

Les volte-face de Nicolas Sarkozy sur le changement climatique

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/09/15/les-volte-face-de-nicolas-sarkozy-sur-le-changement-climatique_4998385_4355770.html

 

Invité à parler devant des chefs d’entreprise à l’Institut de l’entreprise, à Paris, mercredi 14 septembre, Nicolas Sarkozy a nié l’influence de l’homme sur le climat. Une véritable pirouette climatosceptique, qui n’avait jamais été son positionnement auparavant.

L’ancien chef d’État a déclaré à cette occasion qu’« il faut être arrogant comme l’homme pour penser que c’est nous qui avons changé le climat ». « On a fait une conférence sur le climat. On parle beaucoup de dérèglement climatique, c’est très intéressant, mais ça fait 4,5 milliards d’années que le climat change. L’homme n’est pas le seul responsable de ce changement », a-t-il ensuite affirmé.

 

Partager cet article
Repost0
8 juillet 2024 1 08 /07 /juillet /2024 18:20


 

Gauche plurielle.

 

 

L’écologie sous surveillance.

 


Après la victoire de la « gauche plurielle » aux législatives de 1997, Lionel Jospin, invite Dominique Voynet à le rencontrer pour lui proposer le ministère de l’Environnement. Il est accompagné de son directeur de cabinet Olivier Schrameck mais aussi de Claude Allègre, adversaire déclaré de tout ce qui peut ressembler à de l’écologie. Lionel Jospin ne pouvait pourtant pas ignorer quel loup il introduisait dans sa bergerie ministérielle. En 1995, l’année du deuxième rapport du GIEC et du traité de Kyoto, celui-ci écrivait, dans Le Point, une chronique intitulée « Fausse alerte ». Pour lui, l’effet de serre était tout simplement un danger imaginaire inventé par des « lobbys d’origine scientifique qui défendent avec acharnement leur source de crédits ».

 


Pourtant le personnage tient une place de choix dans l’entourage de Lionel Jospin qui lui confie un poste clé, celui de ministre de l’Éducation nationale. Inutile donc de trouver une sensibilisation à la défense de l’environnement dans les programmes scolaires sous le ministère Allègre. Impossible, par contre, d’oublier son agressivité vis-à-vis des enseignants avec pour résultat de remobiliser un milieu passablement anesthésié par le retour de la gauche au pouvoir. Une mobilisation qui obligera Lionel Jospin à le remplacer par Jack Lang afin d’appliquer aux enseignants une cure de câlinothérapie.
 

 

La parole libérée de l’ami de trente ans.

 


De son expérience ministérielle, Claude Allègre aura quand même retenu le fait que ses provocations répétées lui attiraient une publicité médiatique dont il éprouvait une évidente jouissance. Sa plus belle réussite aura été son fameux « il faut dégraisser le mammouth », visant le service de l’éducation nationale. Il retiendra la leçon dans sa campagne contre ce qu’il qualifiera « d’imposture climatique ». Quel meilleur moyen de faire la joie des médias que de qualifier Nicolas Hulot « d’imbécile » ou encore de qualifier le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, de « système mafieux ».

 


Ces saillies tournant en boucle dans les médias lui ont valu d’être l’invité régulier des plateaux de télévision. Les journalistes ne manquant pas à chaque occasion de rappeler sa qualité d’ancien ministre de Jospin.

 


Promesses d’écologie version Jospin.

 


Oublions Allègre pour retrouver Lionel Jospin. Accord électoral de « gauche plurielle » oblige, il a choisi  la Verte Dominique Voynet comme ministre de l’Environnement. En novembre 2000, elle devra représenter la France à la conférence de La Haye sur les changements climatiques (la COP6). Le 19 janvier 2000 Lionel Jospin tient donc une conférence de presse pour présenter les grandes lignes de son programme de lutte contre l’effet de serre.

 


En introduction, une figure imposée, faire valoir le « rôle éminent » de la France dans la lutte contre l’effet de serre : « dès 1992, notre pays a joué un rôle décisif qui a toujours été inspiré par la préoccupation des conséquences du réchauffement de la terre ». 1992 ? La date n’est pas anodine. Elle nous ramène à l’ère Mitterrand. La ministre de l’Environnement du gouvernement Bérégovoy était alors Ségolène Royal. En clair : on n’a pas attendu Chirac ni les Verts pour agir.

 


Encore une fois le cocorico national se doit, lui aussi, d’être au rendez-vous. Mon plan, déclare-t-il, est caractérisé « par la réaffirmation d’une forte volonté politique, qui devrait placer pour les prochaines années notre pays parmi les plus “responsables” face aux nouveaux risques qui menacent les grands équilibres écologiques ». Et d’énoncer :


 - Une politique des transports donnant la priorité au rail.


- Un alignement progressif de la taxation du gazole sur
celle de l’essence.


- Une « TGAP énergie ».

 


Cette « TGAP énergie » est une écotaxe qui entrera dans le cadre de la Taxe Générale sur les Activités Polluantes qui jusqu’à présent ne concerne pas les émissions de gaz à effet de serre : « Nous avons tranché avec les politiques précédentes en rejoignant la plupart des pays de l’Union européenne qui avaient décidé de créer une écotaxe ou de consolider leur fiscalité énergétique. Depuis six mois, nous avons procédé à une consultation des industriels, qui n’est d’ailleurs pas terminée, sur les modalités d’une “TGAP énergie”, c’est à-dire d’une écotaxe dont nous avons adopté le principe dès 1998, et qui s’esaccompagnée  d’ailleurs, selon le principe du double dividende, d’une diminution significative des charges sociales. », tient à préciser Lionel Jospin.

 


L’Écotaxe, une bonne idée.

 


Cette écotaxe faisait partie des engagements signés entre les Verts et le Parti Socialiste. Deux projets : la taxe sur le diesel et la taxe CO2. La première rétablirait une égalité entre diesel et essence. Elle s’appliquerait aux particuliers mais aussi aux poids lourds. Son produit servirait à développer les transports en commun et les modes de transports propres. La deuxième serait proportionnelle à la consommation d’énergie à base de pétrole, de charbon, de gaz, par les entreprises et les particuliers.

 


Dominique Voynet, dès le début de son mandat, en avait annoncé le contenu. Il s’agissait « de mettre en place un ensemble de taxes qui soient des signaux dissuasifs pour les pollueurs et qui orientent les choix des consommateurs et des industriels vers des comportements moins nocifs pour l’environnement. En même temps, cette taxation doit permettre de baisser les charges qui pèsent sur le travail et freinent l’embauche. Ce n’est pas un impôt supplémentaire, c’est une modernisation du système fiscal. On prépare ainsi les grands débats européens ». Le projet est ambitieux et devrait dynamiser l’ensemble de la gauche réunie. La nouvelle ministre de l’Environnement ignore encore le long combat qui l’attend et les  chaussetrappes qui seront placées sur son chemin, en particulier par certains de ses « partenaires » de la majorité.

 


Décembre 2000. « La nouvelle écotaxe retoquée »

 


Ce titre est celui d’un article du journal Libération. L’écotaxe ne sera pas étendue aux entreprises. Ainsi en a décidé le Conseil constitutionnel. Il a estimé que « l’objectif de la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) appliquée aux entreprises ne correspondait pas aux objectifs recherchés par le gouvernement, à savoir inciter ces dernières à maîtriser leur consommation de produits énergétiques afin de lutter contre l’effet de serre ».
 

 

Le journal rappelle surtout que « Pour faire admettre cette nouvelle écotaxe, les députés verts avaient dû batailler fort contre leurs alliés socialistes, souvent sensibles aux pressions des lobbies industriels et agricoles ». Et de noter qu’en privé « Laurent Fabius, ministre de l’Économie et des Finances, taxait la TGAP d’impôt « imbécile ». « Les parlementaires PS l’avaient vue d’un très mauvais œil », note encore l’auteur de l’article. « Il avait fallu de nombreuses réunions, des conciliabules sans fin, des négociations au cordeau avec les écologistes pour qu’elle voie le jour. De concessions en compromis, ces derniers ont eu du mal à retrouver leur bébé. »

 


Juillet 2001. Yves Cochet. Écotaxe le retour ?

 


Dominique Voynet quitte le gouvernement. Elle est remplacée par Yves Cochet qui compte bien reprendre le chantier de l’écotaxe. « Tenir des discours sur la lutte contre l’effet de serre c’est bien, l’action c’est mieux. Le plus urgent, chronologiquement, pour moi est d’obtenir un accord gouvernemental sur l’extension de la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) aux consommations d’énergie. Si l’on  souhaite que cette mesure puisse être inscrite dans le projet de budget de 2002, la décision doit être prise dans les jours qui viennent », déclare-t-il lors de sa première conférence de presse (journal Les Échos).

 


C’était compter sans Fabius.

 


Le ministre des Finances de Lionel Jospin, le même qui se fera gloire de sceller, par son coup de marteau, la COP21 à Paris, ne veut pas entendre parler de fiscalité écologique. Pas question de s’attaquer au diesel, pas touche au charbon ou au gaz qui pour le moment ne sont pas taxés. Pas question de nuire aux entreprises grosses consommatrices d’énergie. Toujours dans Les Échos on peut lire que le projet du ministre de l’Environnement a peu de chances de voir le jour avant les élections de 2002. « Soucieux du moral des ménages et des entreprises, le ministre des Finances ne veut pas entendre parler d’un tel projet, qui risquerait de faire repartir l’inflation et, surtout, ruinerait le message de baisse des impôts dont il a fait son cheval de bataille. L’écotaxe est donc pour Laurent Fabius un casus belli politique majeur. » Protestation des écologistes mais le temps presse et les élections présidentielles approchent.

 


Septembre 2001. L’Écotaxe enterrée.

 


« Lionel Jospin enterre la fiscalité écologique », titre le journal Le Monde du 1er septembre 2001. Le journal rapporte son intervention télévisée du mardi 28 août dans laquelle il explique que : « Au moment  où les Français ont vu clairement que la baisse des impôts va être effective, je pense qu’il serait contre-productif et inintelligent que de donner un message d’augmentation de la fiscalité par ailleurs ».

 


Placer « notre pays parmi les plus responsables face aux nouveaux risques » avait annoncé Lionel Jospin. Oublions. L’idée de l’écotaxe resurgira pourtant avec éclat, quelques années plus tard. Mais ceci est une histoire à suivre dans les chapitres suivants.

 


Avant de quitter Jospin faut-il rappeler que c’est sous son gouvernement qu’a été réactivé le projet oublié  depuis 1963 de « réaliser un nouvel aéroport, en remplacement de Nantes-Atlantique, sur le site de Notre-Dame-desLandes afin de valoriser la dimension internationale et européenne des échanges de l’Ouest-atlantique ».

 

Un livre chez L'harmattan.

Premières pages.

 

Partager cet article
Repost0
8 juillet 2024 1 08 /07 /juillet /2024 14:07


 

 

2 septembre 2002. Sommet mondial de la Terre des Nations Unies, à Johannesburg en Afrique du Sud.

 

 

https://www.dailymotion.com/video/x80sm2x

 

Jacques Chirac, à la tribune, scande son discours par de larges mouvements des bras. Une pause, un coup d’œil sur les notes, préparées par l’un de ses collaborateurs, et vient la phrase :
 

 

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs »


 

Et pour frapper encore plus fort :


 

« Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas, pour les générations futures, celui d’un crime de l’humanité contre la vie. »
 

 

Effet garanti devant les soixante mille délégués et présidents, venus de cent quatre-vingt-sept pays, au premier rang desquels Nelson Mandela. Les médias français, le lendemain, auront compris le message du jour et ne manqueront pas de le diffuser en boucle.
 

 

Les délégués à ce sommet de Johannesburg se retrouvaient pour faire le point sur l’application des engagements pris dix ans plus tôt à la « Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement » qui s’était tenue à Rio de Janeiro, au Brésil, pendant le mois de juin de 1992. Cette conférence est restée dans les mémoires comme le « Sommet de la Terre de Rio ». 178 pays y étaient représentés, 110 chefs d’État et de gouvernement, 2000 représentants d’ONG (organisations non gouvernementales) et surtout des milliers de personnes au forum organisé en parallèle par les ONG. Un vrai succès qui s’est conclu par une « Déclaration de Rio sur l’Environnement et le Développement » énonçant 27 principes dont celui de « développement durable ». Même s’il a été depuis largement détourné par tous ceux qui ne retenaient que le « développement » oubliant le « durable », il incluait le droit reconnu à chaque humain à une vie saine en harmonie avec la Nature, l’élimination de la pauvreté, la  priorité accordée aux .pays les plus vulnérables.
 

 

Plus concrètement était adopté par les chefs d’État présents un « Agenda 21 », plan d’action pour le 21e siècle énumérant 2500 principes précisant l’application de la déclaration. Son chapitre 9 consacré à la « Protection de l’atmosphère » alertait déjà sur le bouleversement climatique.
 

 

Oui, déjà, en 1992, à Rio, on le savait. La Planète brûlait !
 

 

10 ans plus tard à Johannesburg, le point doit être fait sur la mise en application des engagements de Rio. Les représentants des États producteurs et consommateurs de combustibles fossiles qui se succèdent à la tribune ont bien retenu le vocabulaire des militants écologistes. Après le président français soudainement inspiré, chacun se doit de participer à la surenchère verbale.
 

 

La réalité de leur engagement se révèle pourtant tout autre. Le sujet le plus épineux est l’énergie : quelle part pour les renouvelables ? Les ONG se battent pour qu’un objectif chiffré et un calendrier soient fixés pour leur miseen œuvre. La montagne de discussions accouche finalement de la proposition de les accroître « substantiellement » de façon « urgente ». Il urgeait surtout de ne s’engager sur rien. De même, alors qu’il était question de supprimer toutes les subventions aux énergies fossiles, on ne parle plus dans le texte final que de faire la promotion des énergies fossiles « propres ». Propres ? Les lobbies du pétrole et du gaz ont su traduire : carte blanche pour ne rien changer tout en adoptant une novlangue écolo. Place au greenwashing !
 

 

Quant aux deux milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à des services énergétiques satisfaisants et qui seront les premières à subir les effets du dérèglement climatique, le texte final n’en  disait rien. Les véritables gagnants étaient les États-Unis, l’Arabie saoudite, le Japon, le Canada, l’Australie, qui avaient réussi à protéger leurs intérêts dans le domaine des combustibles fossiles.
 

 

Dehors les ONG manifestaient leur colère. Yves Cochet, député des Verts ironisait : « Jacques Chirac parle  d’or mais ne parle pas d’argent ». Dans l’ombre, Nicolas Hulot, le récent conseiller pour l’environnement du président français, cherchait à limiter les dégâts. De « cette immense montagne » qui, ajoutait-il, « va probablement accoucher d’une souris », il réussissait à extraire un élément positif : « sur un plan psychologique, c’est quand même important parce que là, les derniers doutes sont levés. »
 

 

Effectivement, pour les ONG, les derniers doutes avaient été levés à Johannesburg. On savait à présent qu’il n’y avait rien à attendre de ces sommets mondiaux où chacun se livre à une surenchère d’envolées lyriques sur la protection de l’environnement sans l’intention de mettre en œuvre un seul des engagements publiquement annoncés.


 

Aux armes citoyens !


 

Retour de Johannesburg, chacun a pu constater que Jacques Chirac s’est bien employé à mettre en sourdine ses déclamations écologistes. Pourtant, le 3 février 2007, l’occasion lui était donnée de récidiver. C’est par un « Appel de Paris » qu’il concluait la réunion de travail du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, qui se tenait dans la capitale française. Les rapports des experts se font de plus en plus précis. Ce rapport, le quatrième depuis la création du GIEC, est particulièrement alarmiste. Il constate que la fonte complète de l’inlandsis du Groenland pourrait entraîner une élévation du niveau de la mer de plusieurs mètres. Résultat : les terres de basse altitude seraient submergées. De nombreuses régions et même des États disparaîtraient de la carte.
 


Jacques Chirac semble trouver les rapporteurs du GIEC bien trop timides. En nouveau prophète de  l’écologie, il n’hésite pas à faire de la surenchère. « Le jour approche où l’emballement climatique échappera à tout contrôle : nous sommes au seuil de l’irréversible », assène-t-il. Cette fois le mot qui devra rester dans les annales sera : Révolution !
 

 

« Face à l’urgence, le temps n’est plus aux demi-mesures : le temps est à la Révolution. La Révolution des consciences. La Révolution de l’économie ».
 

 

Qui se souvient des « Bastilles économiques » prises par Jacques Chirac ? Les lobbies de l’automobile, de l’agrochimie et du pétrole, ont-ils eu à se plaindre de son passage au pouvoir ? Ont-ils été mis hors d’état de nuire ces ci-devant pyromanes dénoncés par ce nouveau Robespierre ?
 

 

Elf et l’argent du pétrole

 


Au moment même où, à Johannesburg, Jacques Chirac lançait sa célèbre imprécation, Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG d’Elf, préparait son procès en appel dans ce qui est devenu « l’affaire Elf ». Il a fallu toute la persévérance et le courage des juges Eva Joly et Laurence Vichnievsky pour mettre à jour l’une des affaires de corruption les plus tristement célèbres de la fin du 20e siècle : les marchés du pétrole acquis par Elf en échange de somptueux dessous de table remis aux différents chefs des États concernés. Avec à la clé une partie du butin rapatrié et partagé entre les responsables politiques du moment en France.
 

 

« Cette fois je vais tout dire » déclare Loïk Le FlochPrigent dans une interview au journal Le Parisien le 26 octobre 2002. Chirac savait, dit-il. Il a ainsi l’intention de produire une lettre « signée de la main de Jacques Chirac », établissant que ce dernier « était parfaitement au courant des commissions versées par Elf ». Interrogé par le Journal du dimanche en septembre2011, l’avocat Robert Bourgi, successeur de  Jacques Foccart, révélait à son tour « vingt-cinq ans de pratiques occultes sous Chirac ». Il a des comptes à régler et raconte les transferts de fonds entre les chefs d’État africains et Jacques Chirac. « Moi-même, j’ai participé à plusieurs remises de mallettes à Jacques Chirac, en personne, à la mairie de Paris » dit-il,  citant en particulier la présidentielle de 2002 avec les liasses de billets, trois millions de dollars, remis à Dominique de Villepin de la part de Omar Bongo.

 

 

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i09036599/jacques-chirac-une-histoire-abracadabrantesque

 

Propos « abracadabrantesques » ? L’Histoire le dira mais à Johannesburg, comme plus tard à Paris, les chefs de gouvernements et diplomates, bien informés des dessous de la politique française en matière de pétrole et de corruption, ont dû être admiratifs devant l’aplomb du chef de l’État français.
 

 

La maison brûle ?
 

 

Reste pourtant la phrase-choc. Elle réapparaît à chaque nouvelle grand-messe concernant le climat. Elle a été, fort justement, détournée par l’ironie de celles et ceux qui ne peuvent que subir le double langage des grands de cemonde. Ils constatent que ce « nous » qui « regardons ailleurs » s’applique, à l’évidence en premier lieu, à laplupart des chefs d’État.

 


 - L e climat se détraque... et ils regardent ailleurs.


- Les océans s’étouffent sous les plastiques... et ils regardent ailleurs.
 

- Les oiseaux, les insectes, disparaissent... et ils regardent ailleurs.
 

- La famine menace des millions de personnes... et ils regardent ailleurs.
 

- Les canicules, les inondations, les ouragans, les incendies, font des milliers de morts... et ils regardent ailleurs.

 

 

Pour aller plus loin.

 

Partager cet article
Repost0
8 juillet 2024 1 08 /07 /juillet /2024 13:32

 

Ils parlent, ils parlent, nos présidents.

 

L’un après l’autre ils nous décrivent l’apocalypse à venir. Les canicules, les sécheresses, les inondations, les tornades dévastatrices, la montée des mers, les larges régions de la Terre devenues invivables, l’eau devenue rare, les famines, les épidémies, les migrations, les guerres pour la survie...

 

Et chacun à son tour d’afficher la France comme le phare qui éclairera la Planète dans sa lutte contre le dérèglement climatique.

 

Et chacun de reculer dès qu’un lobby, celui des pétroliers, celui des transporteurs, celui de l’automobile, celui de l’agro-industrie, menace.

 

Et les rapports de se succéder rappelant que la France ne tient pas les engagements qu’elle prétend exiger des autres nations.

 

Un discours présidentiel télévisé a pour fonction essentielle de marquer l’opinion par des phrases-chocs, suivies d’engagements dont on sait, une actualité remplaçant la précédente, qu’ils seront vite oubliés. J’ai choisi, dans cet ouvrage, de retranscrire des passages significatifs des diverses interventions des présidents français, en particulier au début de leur mandat. Ceci de Jacques Chirac à Emmanuel Macron.

 

Relire leurs transcriptions, les unes après les autres, et les comparer à la réalité des actions menées, suffit à vérifier que tous ces discours ne sont que figures de théâtre soigneusement mises en scène. Quel mot vient alors tout naturellement à l’esprit sinon celui de « Tartuffes ».

 

En l’absence de volonté des politiques, c’est fort heureusement la société civile qui se mobilise pour tenter de maintenir une planète vivable pour les générations présentes et futures et pour l’ensemble du monde vivant. En conclusion, j’ai souhaité présenter un état des lieux de cette résistance, à la fois active, joyeuse, et constructive,qui se manifeste contre la poursuite de ces trop nombreux projets destructeurs du climat et de la biodiversité.

 

*Alors que je relis une dernière épreuve de ce texte, avant publication, Emmanuel Macron a décidé d’écrire un nouvel acte du théâtre qui se joue au sommet de l’État. Le rappel des épisodes précédents, rassemblés dans cet écrit, devrait participer à éclairer notre futur proche.(Landerneau le 01/07/2024)

 

Un livre chez L'Harmattan.

Premières pages

 

Table des matières


Préface ............................................................................... 5
 

Acte 1. 2002. Chirac. Johannesburg ............................... 7

2 septembre 2002. Sommet mondial de la Terre des
Nations Unies, à Johannesburg en Afrique du Sud ............ 7
 « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » ............ 7
Aux armes citoyens ! ....................................................... 10
Elf et l’argent du pétrole .................................................. 11
La maison brûle ? ............................................................. 12

 

Acte 2. Jospin-Fabius. Oubliez cette écotaxe… ........... 15
L’écologie sous surveillance ............................................ 15
La parole libérée de l’ami de trente ans ........................... 16
Promesses d’écologie version Jospin ............................... 16
L’Écotaxe, une bonne idée ............................................... 18
Décembre 2000. « La nouvelle écotaxe retoquée » ......... 19
Juillet 2001. Yves Cochet. Écotaxe le retour ? ................. 20
C’était compter sans Fabius ............................................. 20
Septembre 2001. L’Écotaxe enterrée ............................... 21

 

Acte 3. Sarkozy, du Grenelle à Kadhafi ....................... 23
De Hulot à Sarkozy. Du Pacte écologique au Grenelle ... 24
Paroles, paroles… ............................................................ 25
De Al Gore à Kadhafi ...................................................... 26
Guerre humanitaire et pétrole .......................................... 28

 

Acte 4. Hollande et l'écologie permissive
du « président normal »
................................................. 29
L’excellence environnementale version Hollande/Ayrault 31
Place à Delphine Batho .................................................... 31
Brefs tours de piste au ministère de l’Écologie ............... 32
L’écologie permissive de Ségolène Royal ....................... 33
Quand Ségolène Royal taxait le gasoil ............................ 34

 

Un scandale politique et environnemental : l’affaire de
l’Écotaxe .
......................................................................... 37
Un vieux serpent de mer .................................................. 38
Unanimes pour taxer les poids lourds .............................. 39
La fronde des patrons ....................................................... 40
Le cadeau laissé à la gauche ............................................ 42
Les « gros bonnets » voient rouge ................................... 43
Le Drian entre en scène .................................................... 45
Le début de la fin ............................................................. 46
L’écologie punitive version Ségolène Royal ................... 48
Le puni : l’automobiliste du quotidien ............................. 49
« Un gâchis patrimonial, social et industriel » ................. 50

 

Paris. COP21 .................................................................. 53
Avant la COP21 ............................................................... 53
COP21. Le grand jour ...................................................... 55
La fronde des pays vulnérables ........................................ 58
2017, fin de mandat. Cherchez l’erreur ! ......................... 59

 

Acte 5. Macron : « Ici Paris, 1er juin 2017 » ................ 61
1er juin 2017 ..................................................................... 61
15 novembre 2017. Bonn. COP23. Sauver les peuples
menacés de disparition ..................................................... 62
Et, à nouveau, Trump appelé comme faire-valoir ............ 63

L’action, maintenant ? ...................................................... 63
L’ennemie : l’écologie ..................................................... 68

 

Résister ............................................................................ 69
Résister, de ZAD en ZAD ................................................ 69
Résister avec Les Soulèvements de la Terre .................... 70
Résister en rebelles .......................................................... 72
Résister dans les écoles et les universités ........................ 73
Résister dans les labos ..................................................... 79
Résister avec les scientifiques du GIEC .......................... 80
Résister et annoncer le monde à venir ............................. 84

 

Références ....................................................................... 87

Partager cet article
Repost0
6 juillet 2024 6 06 /07 /juillet /2024 14:35

 

« Le programme du RN est une imposture »

 

 

https://x.com/i/status/1806669097196835285

 

 

Quand je regarde le programme du Rassemblement National qui aborde les questions d'écologie j'y vois une imposture.

 

Première imposture. C'est de prétendre défendre l'indépendance et la souveraineté tout en proposant des mesures qui vont acter une plus lourde dépendance à l'approvisionnement en énergie fossile, notamment en pétrole et en gaz et donc une dépendance par rapport à d'autres puissances qui, on l'a vu avec la Russie, ne nous sont pas favorables.

 

Et puis par ailleurs, une deuxième imposture qui est de prétendre protéger les personnes sachant que ne pas agir en  fonction du changement climatique que ce soit de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou l'anticipation pour l'adaptation et la gestion de risques, c'est un énorme facteur d'inégalité, c'est la pire action à mener pour protéger les plus fragiles.

 

Et la dernière chose c'est que pour un parti qui prétend mettre en avant la transmission, ignorer les enjeux de transmission et de protection des écosystèmes, c'est une forme de patrimoine aussi, ne rien proposer pour le faire quand on voit les questions posées sur les coraux, sur le forêts, sur les glaciers, sur le littoral avec la montée du niveau de la mer, évidemment c'est se mettre la tête dans le sable. C'est du déni, non pas nécessairement du problème, mais du constat scientifique de la capacité à agir, des leviers d'action. Et une chose qui est certaine avec la changement climatique, si on se met la tête dans le sable les problèmes ne se résoudront pas, ils risquent d'être beaucoup plus, beaucoup plus difficiles à gérer.

 

 

Voir aussi la déclaration du conseil scientifique du CNRS.

 

Le Conseil scientifique du @CNRS rappelle son attachement aux principes à vocation universelle de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité, de solidarité, de tolérance et d’hospitalité.

 

 

 

 

 

Message bien reçu.

L'imposture du Rassemblement National a été rejetée.

 

 

Partager cet article
Repost0
23 mai 2024 4 23 /05 /mai /2024 13:57

 

 

Traditionnellement l'eau est traitée, dans les programmes scolaires, sous les formes liquide ou solide. Pourtant c'est sous forme de gaz (la vapeur d'eau) qu'elle est primordiale dans le cycle de l'eau sur la planète. Le dérèglement climatique nous en fait prendre une conscience aigüe. En particulier par les pluies diluviennes des récents printemps. Pourquoi ces phénomènes ?

 

 

 

"À l’augmentation de température de 1 °C, correspond une augmentation de l’humidité de l’atmosphère de 7 %" nous informe le climatologue Robert Vautard, directeur de l’Institut Pierre-Simon-Laplace. "Autrement dit, à mesure que le climat se réchauffe, la vapeur d’eau stockée au-dessus de nos têtes se multiplie. » Or, l’air ayant une certaine capacité à contenir celle-ci, une fois le seuil dépassé, elle finit par se condenser, former des nuages et se transformer en pluie. « Résultat : le cycle de l’eau est accéléré par le changement climatique et les précipitations sont plus fréquentes. » (Reporterre)

 

Un oubli dans la composition de l'air : l'eau.

 

Traditionnellement il est enseigné que l'air est composé de 78% de diazote N2 de 21% de dioxygène O2 et de 1% de gaz divers. Une précision est rarement apportée : cette proportion est celle de l'air "sec". Mais l'air, ce gaz que nous respirons et qui constitue l'atmosphère, n'est jamais sec. Ainsi, à 18°C, un air saturé en humidité contient, en volume, environ 2% de vapeur d'eau et 98% d'"air sec" (diazote, oxygène...).

 

Comment oublier que cette eau à l'état de gaz se condense en ces nuages, maillon essentiel du cycle terrestre de l'eau. Sans eux pas de pluie, pas de neige, pas de sources ni de rivières et pas de vie à la surface du globe. Mais son rôle va bien au delà.

 

 

 

L'eau vapeur protège la terre du froid intersidéral.

 

Comment ne pas signaler aussi que le gaz "eau" est d'abord essentiel au maintien d'une température qui rend notre Terre  habitable. Un propriété découverte il y a plus de 150 ans.

 

John Tyndall (1820-1893), le découvreur des gaz à "effet de serre".

 

John Tyndal est né en Irlande et y a vécu sa jeunesse. Autodidacte, comme Faraday dont il a été l'élève, ses travaux scientifiques lui valent une solide renommée, tant en Europe que dans les Etats d'Amérique. Excellent vulgarisateur, il donne, en 1864 à Cambridge, une conférence, sous le titre "La radiation", dans laquelle il expose ses travaux sur l'absorption des rayons lumineux par différents gaz. Sa traduction par l'Abbé Moigno est publiée en France dès l'année suivante. Son traducteur est enthousiaste : "Le motif de sa dissertation lui était imposé par par l'immense retentissement des ses admirables découvertes dans le domaine des radiations lumineuses et caloriques. Il l'a traité avec une lucidité, une sobriété, une élégance, une aisance magistrales ; et nous ne nous souvenons pas d'avoir lu avec plus de plaisir d'autres dissertations scientifiques".

 

Le texte est court (64 pages) et l'éloge justifié. Il mérite d'être lu dans sa totalité. Qui le lirait y trouverait l'essentiel de ce que nous enseignent les climatologues aujourd'hui. Son exposé s'attache d'abord à établir l'existence de lumières invisibles à l'oeil. Il est acquis, depuis Fresnel, que la lumière solaire est composée de multiples radiations. En particulier il s'intéresse à celle qu'il désigne sous le terme "d'ultra-rouge" et que nous désignons aujourd'hui comme "infra-rouge". Il expose comment son existence a été révélée par l'astronome britannique Wiliam Herschel. L'expérience est belle, elle mérite d'être rappelée.

 

"Forçant un rayon solaire à passer à travers un prisme, il le résolu dans ses éléments constituants, et le transforma en ce qu'on appelle techniquement le spectre solaire (souligné par lui). Introduisant alors un thermomètre au sein des couleurs successives, il détermina leur pouvoir calorifique, et trouva qu'il augmentait du violet, ou du rayon le plus réfracté, au rouge ou rayon le moins réfracté du spectre. Mais il ne s'arrêta pas là. Plongeant le thermomètre dans l'espace obscur au delà du rouge, il vit que, quoique la lumière eût entièrement disparu, la chaleur rayonnante qui tombait sur l'instrument était plus intense que celle que l'on avait mise en évidence à tous les points du spectre visible."

 

Mentionnant les travaux de Ritter et Stokes sur les "ultraviolets" Tyndall pouvait alors présenter le rayonnement solaire comme composé de "trois séries différentes".

  1. des rayons ultra-rouges d'une très grande puissance calorique, mais impuissants à exciter la vision.

  2. Des rayons lumineux qui déploient la succession suivante de couleurs : rouge, orangé, jaune, vert, bleu, indigo, violet

  3. des rayons ultra-violets, impropres à la vision comme les rayons rouges, dont le pouvoir calorifique est très-faible, mais qui en raison de leur énergie chimique, jouent un rôle très important dans le monde organique.

 

Suit un exposé sur la nature des radiations. Quel est le lien entre la chaleur dégagée dans un fil de platine chauffé au rouge ou au blanc par un courant électrique le traversant et la perception de cette lumière par l'oeil ? Son compatriote Maxwell a émis récemment l'hypothèse selon laquelle la lumière serait une onde électromagnétique se déplaçant dans un hypothétique éther. Sa réponse est conforme au modèle. Il existe dit-il un "éther lumineux" qui comme l'air transmet les sons, est "apte à transmettre les vibrations de la lumière et de la chaleur". Ainsi "chacun des chocs de chacun des atomes de notre fil excite en cet éther une onde qui se propage dans son sein avec la vitesse de 300 000 kilomètres par seconde". C'est cette onde, reçue par la rétine, qui provoque chez nous la sensation de lumière.

 

Le chapitre qui suit a pour titre "Absorption de la chaleur rayonnante par les gaz". Son objet concerne particulièrement notre sujet, à savoir ce que nous désignons par "effet de serre".

 

"Limitant tout d'abord nos recherches au phénomène de l'absorption, nous avons à nous figurer une succession d'ondes issues d'une source de rayonnement et passant à travers un gaz. Quelques-unes de ces ondes viennent se heurter contre des molécules gazeuses et leur cèdent leur mouvement ; d'autres glissent autour des molécules, ou passent à travers leurs espaces intermoléculaires, sans obstacle sensible. Le problème consiste à déterminer si de semblables molécules libres ont à un degré quelconque le pouvoir d'arrêter les ondes de la chaleur, et si les différentes molécules possèdent ce pouvoir à différents degrés".

 

Le montage expérimental consiste en un plaque de cuivre chauffée jusqu'à incandescence. La lumière produite est transmise à un tube fermé par deux plaques de sel gemme "seule substance solide qui offre un obstacle presque insensible au passage des ondes calorifiques". Le tube peut être rempli de gaz divers sous la même pression de 1/30 d'atmosphère. La température y est mesurée par une "pile thermo-électrique", instrument d'une invention récente.

 

 

 

Les résultats sont publiés dans un tableau qui exprime les quantités de radiations absorbées respectivement par les différents gaz, "en prenant pour unité la quantité absorbée par l'air atmosphérique".

 

 

On y retrouve la plupart des gaz dont la nuisance nous préoccupe aujourd'hui. En particulier le dioxyde de carbone (acide carbonique), le protoxyde d'azote, l'acide nitreux.

 

Un dernier résultat "incroyable" !

 

Une dernière partie vient compléter ce tableau. Elle concerne l'étude "des vapeurs aqueuse de l'atmosphère dans leurs rapports avec les températures terrestres". L'importance des résultats mérite une mise en scène. Après les premières mesures effectuées sur différents gaz, "nous voici préparés à accepter un résultat qui sans ces préliminaires serait apparu complètement incroyable", annonce le conférencier.

 

Le nouveau gaz étudié n'est autre que la vapeur d'eau. C'est "un gaz parfaitement impalpable, diffusé dans toute l'atmosphère même les jours les plus clairs". La quantité de cette vapeur est infinitésimale comparée à la composition de l'air en oxygène et azote. Pourtant les mesures effectués montrent que son effet est 200 fois supérieur à celui de l'air qui la contient. Ce fait, note-t-il, "entraîne les conséquence les plus graves relativement à la vie sur notre planète".

 

Conséquences les plus graves ? C'est exactement ce que seraient tentés de dire la plupart de nos contemporains mais John Tyndall y voit en réalité une chance. La chaleur du sol échauffé par les rayons du soleil se communiquent à l'atmosphère sous formes de ces ondes de lumière "ultra-rouges" de grande puissance calorique. L'air seul serait insuffisant pour les retenir. Heureusement, constate Tyndall "les vapeur aqueuses enlèvent leur mouvement aux ondes éthérées, s'échauffent et entourent ainsi la terre comme d'un manteau qui la protège contre le froid mortel qu'elle aurait sans cela à supporter".

 

La vapeur d'eau protège la terre du froid des espaces célestes.

 

Plus tard, dans sa conclusion, le texte de Tyndall prend des proportions lyriques. "La toile d'araignée tendue sur une fleur suffit à la défendre de la gelée des nuits ; de même la vapeur aqueuse de notre air, tout atténuée qu'elle soit, arrête le flux de la chaleur rayonnée par la terre, et protège la surface de notre planète contre le refroidissement qu'elle subirait infailliblement, si aucune substance n'était interposée entre elle et le vide des espaces célestes". Il en veut pour preuve que partout où l'air est sec (déserts, sommets des hautes montagnes) cela entraîne des températures diurnes extrêmes. Inversement "pendant la nuit, la terre rayonne sans aucun obstacle la chaleur vers ses espaces célestes et il en résulte un minimum de température très-basse".

 

La découverte est d'importance et il la revendique. S'il reconnaît à ses prédécesseurs, de Saussure, Fourier, Pouillet, Hopkins, d'avoir "enrichi la littérature scientifique" sur ce sujet, il fait le constat que ce n'est pas, à présent, à l'air, comme ils l'ont fait, qu'il faut s'intéresser mais à la vapeur d'eau qu'il contient. Ceci d'autant plus que, dans un air saturé d'eau, à 18°c sous la pression de 1 atmosphère, l'eau "gaz" peut occuper 2% du volume de l'air..

 

 

 

Ainsi donc la terre est protégée par la vapeur d'eau ? Nous sommes dans la première période du développement industriel de l'Europe, comment Tyndall pourrait-il imaginer que cet équilibre qui dure depuis des milliers d'années sera rompu dans le siècle suivant. Non pas par la vapeur d'eau mais par le CO2 (l'acide carbonique).

 

Que dit-il de ce gaz ? Il a déjà mesuré que son pouvoir d'absorption des rayons lumineux est près de 1000 fois supérieur à celui de l'air. Il constate également qu'il existe un nombre de rayons "pour lesquels l'acide carbonique est impénétrable". Il en fait même un moyen de mesure du taux de CO2 dans l'air expiré par les poumons. Il ne percevra pas son rôle prépondérant dans le réchauffement de l'atmosphère. Ce sera la contribution de Svante Arrhenius.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
4 mai 2024 6 04 /05 /mai /2024 13:17

Complément d'enquête

Juillet 2022. La France suffoque et connaît l'été le plus chaud jamais enregistré. Au même moment, une vague de climatoscepticisme inonde les réseaux sociaux. Glaciologues, climatologues et experts du GIEC subissent un tel déversement de haine et de menaces qu'ils prendront la décision de quitter les réseaux. Au pied des glaciers des Alpes, qui reculent année après année, "Complément d'enquête" a rencontré des Français qui ne voient dans ce phénomène que la main de la nature, comme le prétendent des "experts" "climato-réalistes" qui détournent les résultats d'études scientifiques pour servir leur contre-discours sur le climat. Aux Etats-Unis, où l'industrie fossile opère dans l'ombre pour troubler l'opinion, rencontre avec ceux qui considèrent le réchauffement climatique comme une "opportunité" de business.

Partager cet article
Repost0
20 avril 2024 6 20 /04 /avril /2024 12:54

Comprendre les enjeux du réchauffement

 

L'état des connaissances sur les changements climatiques, leurs causes et leurs impacts sont évalués depuis plus de 30 ans par le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat : le GIEC. La principale mission de ces scientifiques est de se partager la lecture de toutes les études et de les synthétiser sans aucun parti pris. Surtout, le GIEC met ses rapports à disposition des décideurs politiques et du grand public. Pourtant nous sommes nombreux et nombreuses à en ignorer les contenus ou ne pas savoir comment s'emparer des connaissances de ces rapports. C’est le cas de Xavier lorsqu’il croise Iris, jeune docteure en sciences du climat qui va le guider à la rencontre de neuf experts, auteurs et autrices de certains de ces rapports. Xavier va peu à peu changer sa façon de voir le monde et passer par toutes ces émotions qui accompagnent notre douloureuse et nécessaire prise de conscience (choc, déni, colère, acceptation…) sur ce sujet majeur du changement climatique et de son urgence.

 

À travers la parole des neuf scientifiques, dont Jean Jouzel et Valérie Masson-Delmotte, cette bande dessinée documentaire nous offre une synthèse très claire des derniers rapports du GIEC. On y découvre les connaissances actuelles sur l'évolution du climat, les risques et inégalités sociales associés ainsi que des pistes de solutions réalisables, tout en abordant la légitimité de la science et le rôle des chercheurs. Iris-Amata Dion et Xavier Henrion nous livrent un véritable travail de vulgarisation scientifique dans cet ouvrage remarquable par sa structure et ses intervenants, et encouragent une réflexion individuelle et collective afin d'imaginer un chemin politique viable. Une lecture accessible, à mettre entre toutes les mains pour s’informer, comprendre et agir.

Les scientifiques :


Valérie Masson Delmotte, Christophe Cassou, Roland Séférian, Hervé Douville, Wolfgang Cramer, Virginie Duvat, Céline Guivarch, Henri Waisman, Jean Jouzel

 

Lire sur Reporterre :

Les climatologues en BD : « J’ai des collègues qui partent six mois pour écoanxiété »

 

Céline Guivarch, économiste, autrice dans le groupe n°3 du sixième rapport de Giec.

 

Rapport de synthèse du GIEC :

les risques sont beaucoup plus élevés que dans les prévisions antérieures.

 

Le 20 mars 2023, le GIEC a publié le très attendu rapport de synthèse du sixième cycle d'évaluation (AR6), intitulé AR6 Synthesis Report: Climate Change 2023. Ce document condense et intègre les principales conclusions des trois contributions des groupes de travail, ainsi que les trois rapports spéciaux produits au cours du cycle actuel de l'AR6 :

    les éléments scientifiques (2021)
    l'atténuation des changements climatiques (2022)
    l'impact, l'adaptation et la vulnérabilité (2022).

Le rapport a été adopté ligne par ligne lors de la 58e session plénière du GIEC qui s'est tenue du 13 au 19 mars 2023 à Interlaken, en Suisse. Le président du GIEC, Hoesung Lee, a présidé la session, à laquelle ont participé plus de 500 représentants de gouvernements, d'organisations non gouvernementales et de membres du bureau du GIEC.

Les événements en Ukraine n'ont pas perturbé la session. Les délégations ukrainienne et russe ont participé de manière constructive. Des positions ont été prises en faveur de l'Ukraine. En signe de respect, une minute de silence a été observée à deux reprises : en hommage aux victimes du conflit en Ukraine et en mémoire des victimes d'autres catastrophes et conflits dans le monde. L'achèvement du rapport a été retardé de six mois, reportant sa publication à mars 2023. Ce retard est principalement dû aux conséquences de la pandémie de COVID-19.

Le rapport complet peut être téléchargé. Un résumé pour les décideurs politiques, est également disponible en anglais.

Partager cet article
Repost0
20 avril 2024 6 20 /04 /avril /2024 12:23
 

 

 

En plein conflit Iran-Israël, Benoît Pélopidas, spécialiste en savoirs nucléaires, évoque notre « vulnérabilité » face à la menace d’une guerre atomique : « Il n’est plus possible d’assurer de protection contre une frappe. » (Reporterre)

 

Depuis que l’Iran a attaqué Israël dans la nuit du 13 au 14 avril, la crainte d’un conflit ouvert entre ces deux pays s’intensifie. Si, pour l’heure, Téhéran ne dispose pas d’arme nucléaire, elle continue d’augmenter sa production d’uranium enrichi. L’Agence internationale de l’énergie atomique dit craindre une attaque d’Israël sur les installations nucléaires iraniennes et l’Iran a d’ores et déjà déclaré qu’elle riposterait en s’attaquant aux sites nucléaires de son adversaire. Car l’État hébreu fait partie des neuf pays actuellement dotés des armes nucléaires. Tout comme la Russie, qui depuis son invasion de l’Ukraine en 2022, menace régulièrement l’Europe de frappes nucléaires.

 

Benoît Pélopidas est fondateur du programme d’étude des savoirs nucléaires à Sciences Po Paris, premier programme de recherche sur ce sujet qui refuse tout financement porteur de conflits d’intérêts, et auteur du livre Repenser les choix nucléaires. La séduction de l’impossible (Presses de Sciences Po, 2022). Reporterre l’a interrogé sur le risque de conflit nucléaire dans ce contexte de très fortes tensions internationales.

 

Reporterre — La Russie et Israël, tous deux détenteurs de la bombe, sont désormais en conflit ouvert. Risque-t-on la guerre atomique ?

 

Benoît Pélopidas — Oui, la guerre nucléaire reste possible. En matière d’armes nucléaires, surtout dans le discours français, il y a toujours ce sentiment que tout ira bien, parce qu’il n’est pas rationnel d’employer cette arme et qu’on peut compter sur la rationalité des dirigeants. C’est problématique. Ces mêmes personnes disaient qu’il n’était pas rationnel pour la Russie d’envahir l’Ukraine. La décision de riposter peut ne pas être prise de manière rationnelle mais reposer sur ce que Rose McDermott appelle la rage et le désir de revanche. Des dirigeants, persuadés que la fin était proche, ont choisi l’escalade. Dans une lettre datée du 26 octobre 1962, pendant la crise des fusées de Cuba, Fidel Castro a demandé à Khrouchtchev de lancer une « première frappe » nucléaire contre les États-Unis dans le cas où ils envahiraient l’île.

 

Dans les exercices et les simulations militaires, les dirigeants recourent régulièrement aux armes nucléaires. Sous l’administration Obama, un exercice de simulation de crise a été mené sur la base d’un scénario d’invasion d’un État balte par la Russie. Si les adjoints ont répondu par des frappes conventionnelles, les membres du Conseil de sécurité nationale, eux, ont opté pour des représailles nucléaires.

 

Dans le camp des optimistes, on mise sur le fait qu’il y a plusieurs personnes dans la chaîne de commandement russe et que si un ordre de frappe était donné, il ne serait pas exécuté. C’est ce que j’appelle le pari sur la désobéissance opportune. Mais on oublie que le président russe peut démettre les désobéissants de leurs fonctions et les remplacer jusqu’au moment où l’un d’eux ne désobéira pas.

 

Vous interrogez plus généralement la stratégie de dissuasion nucléaire...

 

Les neuf États dotés d’armes nucléaires justifient cette possession en invoquant un objectif de dissuasion. La dissuasion, c’est tenter de convaincre un ennemi de renoncer à une agression parce qu’il croit qu’il subirait des représailles inacceptables en retour. Cette stratégie semble réserver les armes nucléaires à la riposte, à l’emploi « en second ». Mais quand le président étasunien Joe Biden avait fait campagne sur le non-emploi en premier, ce changement doctrinal n’a pas eu lieu. Parmi les États et alliances dotés d’armes nucléaires, seuls l’Inde et la Chine ont adopté une doctrine de non-emploi en premier.

 

Par ailleurs, la totalité de l’hémisphère sud est couverte par des accords de zones exemptes d’armes nucléaires. Les États signataires ont demandé aux États dotés d’armes nucléaires de ne pas les cibler. Tous les États dotés n’ont pas pris ces engagements.

« Tout ceci nous place en situation de vulnérabilité fondamentale »

Tout ceci nous place en situation de vulnérabilité fondamentale. Car depuis le couplage de missiles balistiques intercontinentaux aux têtes thermonucléaires au début des années 1960, il n’est plus possible d’assurer de protection contre une frappe nucléaire.


Pour autant, une stratégie de dissuasion nucléaire strictement défensive ne permettrait-elle pas d’éviter des conflits ?

 

Ce sont deux questions distinctes. Affirmer que la dissuasion nucléaire est strictement défensive oublie que c’est au nom de la crédibilité de la dissuasion que les essais nucléaires ont été conduits dans l’atmosphère puis sous terre. Plus de 2 000 au total avec une capacité de destruction agrégée de 29 000 fois Hiroshima, avec des conséquences substantielles pour les populations affectées. D’après les résultats de mon équipe de recherche, rapportés dans le livre Toxique. Enquête sur les essais nucléaires français en Polynésie (Sébastien Philippe et Tomas Statius, aux Presses universitaires de France, 2021), plus de 90 000 Polynésiens ont été contaminés lors du seul essai nucléaire français Centaure en juillet 1974 à un niveau qui leur donnerait droit à compensation d’après la loi Morin de 2010.

 

« Plus de 90 000 Polynésiens ont été contaminés »

 

Quant à l’effet des armes nucléaires sur les conflits, il ne faut pas oublier que dans plusieurs cas, elles ont encouragé voire rendu possible des conflits. Quand la Russie a attaqué l’Ukraine, elle était convaincue que l’Otan serait dissuadée de s’impliquer par la menace de représailles nucléaires. Le Pakistan, qui dispose de l’arme nucléaire, a à plusieurs reprises soutenu des actions violentes en Inde, elle-même dotée d’un arsenal nucléaire. Il existe donc plusieurs cas où les armes nucléaires donnent confiance à celui qui les possède et rendent possibles les agressions.

 

La dissuasion nucléaire ne peut pas non plus mettre à son crédit toutes les absences d’explosions non désirées. Mon équipe a découvert que certaines explosions avaient été évitées non grâce au succès de pratiques de contrôle, mais par ce que j’appelle la chance : le fait que quelqu’un a désobéi, que la technologie a failli ou que des facteurs externes ont empêché l’explosion.

 

Il est faux de dire qu’on est en situation de contrôle parfait sur la totalité des arsenaux. Mais le secret qui entoure les armes nucléaires– en juillet 2008, la France a voté une loi rendant possible la classification à perpétuité des documents relatifs au nucléaire militaire au nom de la non-prolifération – empêche les institutions nucléaires d’apprendre de leurs erreurs et contribue à créer une illusion rétrospective de contrôle.



Pourquoi nous est-il si difficile d’appréhender le risque de conflit nucléaire ?

 

Il y a plusieurs raisons à cela. Cet aveuglement vient pour partie d’instructions expresses de ne pas aborder le problème de la vulnérabilité nucléaire. En février 1950, le ministère de l’Éducation nationale a émis une circulaire portant « interdiction d’inspirer aux élèves l’horreur de la guerre atomique ». À l’époque, le ministre l’a justifié en disant que c’était pour éviter la propagande communiste. Plus tard, ce choix politique de ne pas informer les citoyens a perduré pour servir la dissuasion, puis pour ne pas effrayer la population.

 

Un autre problème vient du fait qu’on ne peut pas s’en remettre aux experts et aux professionnels du secteur. Comme nous l’avons montré, la plupart sont en situation de conflit d’intérêt car financés par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), le ministère de la Défense ou l’industrie de l’armement. Ils mobilisent les catégories d’analyse du discours officiel comme s’il s’agissait de catégories neutres. Or, quand on en vient à appeler « force de dissuasion » l’arsenal nucléaire, on suppose les effets de cette politique sans les évaluer. Un grand penseur de la dissuasion nucléaire aujourd’hui décédé, le général Lucien Poirier, a écrit dans l’un de ses livres que « dire les limites de la dissuasion nucléaire, c’est faire le jeu de l’adversaire ». Dans ces conditions, comment un expert peut-il dire autre chose que la dissuasion marche parfaitement et qu’il n’y a aucun problème ?

 

« La culture populaire ne nous aide plus à croire à notre condition de vulnérabilité nucléaire »

 

À cela s’ajoute le problème que nous avons du mal à croire à ce que nous savons. J’ai mené des entretiens avec des architectes de la dissuasion, des partisans de la guerre nucléaire, des militants du désarmement ; la plupart m’ont dit qu’ils n’arrivaient pas à croire à la possibilité d’une guerre nucléaire. Il est devenu d’autant plus difficile d’y croire que depuis le début des années 1990, la culture populaire ne nous aide plus à croire à notre condition de vulnérabilité nucléaire. C’est pourquoi la recherche indépendante est indispensable.
 

Le contexte actuel, où le risque de conflit nucléaire est si fort, ne peut-il pas susciter une prise de conscience ?

 

Nous assistons à la confrontation entre une coalition qui considère que les armes nucléaires sont des instruments indispensables à la sécurité nationale et internationale, et une autre qui considère qu’elles sont une menace. La seconde a voté en faveur de l’adoption d’un traité d’interdiction des essais nucléaires en 2017 que la première refuse de signer.

 

Depuis 2010, tous les États dotés d’armes nucléaires sont dans une dynamique de prolongation voire d’augmentation de taille de leurs arsenaux. Aujourd’hui, on compte environ 12 500 têtes nucléaires sur la planète. C’est beaucoup moins que les 70 000 du pic de la Guerre froide, mais c’est très au-delà des exigences de la dissuasion telles que définies par les militaires des États dotés et même de ce qui est nécessaire pour mettre fin à la civilisation telle qu’on la connaît sur la totalité de la planète.

 

Ce qui sera déterminant, ce sont les leçons que nous tirerons de la guerre en Ukraine et du conflit en Israël. Si l’on retient que les armes nucléaires ont permis l’agression russe et n’ont empêché ni l’attaque du 7 octobre, ni l’attaque iranienne contre Israël, alors la stratégie de dissuasion nucléaire va sembler moins pertinente. Si, au contraire, on considère – ce qui est démontrablement faux – que l’Ukraine n’aurait pas été attaquée si elle avait gardé sur son sol les armes nucléaires héritées de l’Union soviétique, la dissuasion nucléaire sera revalorisée.

 

Voir encore :

Refuser l'arme nucléaire, de la Bretagne à la Polynésie.

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog d'histoire des sciences
  • : Comme l'art ou la littérature,les sciences sont un élément à part entière de la culture humaine. Leur histoire nous éclaire sur le monde contemporain à un moment où les techniques qui en sont issues semblent échapper à la maîtrise humaine. La connaissance de son histoire est aussi la meilleure des façons d'inviter une nouvelle génération à s'engager dans l'aventure de la recherche scientifique.
  • Contact

Recherche

Pages

Liens