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20 juillet 2018 5 20 /07 /juillet /2018 12:44

On ne peut que le constater, l’État, les collectivités territoriales et les établissements publics qui leur sont rattachés sont bien loin de faire respecter le droit reconnu à chacun, par la loi, de "respirer un air qui ne nuise pas à sa santé". Mais qui le sait.

 

Qui le sait ? Beaucoup plus de personnes "qualifiées" et d'institutions que nous ne pourrions le penser. Faut-il rappeler la suite de rapports que nous avons présentés dans les chapitres précédents et dont nous donnons la liste en fin d'ouvrage ? Peut-on feindre d'ignorer les 42 000 morts prématurés, en France, chaque année ?

 

Pourtant rares sont les moments où cette connaissance descend au niveau de chacune et chacun d'entre nous et plus rares encore sont les décisions qui en découlent.

 

Savoir.

 

"Informez-vous", c'est le premier message délivré par les associations de consommateurs et de protection de l'environnement. Chacun en France peut connaître aujourd'hui, s'il le souhaite, le niveau de pollution de l'eau qu'il consomme. Le temps n'est pourtant pas si éloigné où l'ignorance était la règle. En 1993, la revue "Que Choisir" décidait d'en savoir un peu plus sur la pollution des eaux de consommation par les nitrates. Elle plaçait une bande test et une mire de comparaison des couleurs obtenues dans chaque exemplaire de la revue et demandait à ses lectrices et lecteurs de lui communiquer le résultat de leur mesure. La carte publiée, indiquant une pollution généralisée avec des pics dans certaines régions, n'a pas été sans influence sur les élus et administrations locales invitées à réagir.

 

On se souvient encore des retraits opérés sur leurs factures d'eau par les consommateurs de Guingamp et de Saint-Brieuc qui avaient constaté un excès de nitrates à leur robinet. Leur action obligea les distributeurs à leur rembourser le prix de l'eau en bouteilles qu'ils avaient dû consommer pendant plusieurs mois et les municipalités à prendre les mesures nécessaires.

 

Résultat de ces différentes mobilisations : la qualité de l'eau est mieux surveillée. Depuis 1995, les collectivités en charge de la gestion de l'eau et de l'assainissement doivent fournir un "rapport annuel sur le prix et la qualité du service". Des commissions consultatives des consommateurs d'eau existent dans les collectivités territoriales les plus importantes. Les articles de presse, les radios, les télés se saisissent du sujet. Les utilisateurs qui le souhaitent savent donc pour l'essentiel quelle eau arrive à leur robinet et peuvent agir pour obtenir qu'on en améliore la qualité, même si le chemin est encore long avant qu'on parvienne à un résultat vraiment satisfaisant.

 

Nous savons mieux pour l'eau. Mais que sait-on de la qualité de l'air. Seules les villes dépassant 100 000 habitants ont le droit à une mesure complète et régulière des polluants liés aux combustions : oxydes d'azote et de soufre, ozone, particules fines. Leurs habitants sont-ils mieux protégés ? Quand une alerte est lancée il est déjà bien tard. Le degré de pollution a atteint, depuis de nombreuses heures, un niveau pour lequel les dommages pour les personnes sensibles, en particulier les enfants, sont immédiats. L'augmentation subite du nombre d'hospitalisations en témoigne alors.

 

Quant aux habitants des villes et communes moyennes ils sont supposés ne pas être concernés. Pourtant la pollution de l'air ne les épargne pas comme le montre l'exemple de mesures faites à Landivisiau dans le Finistère.

 

Landivisiau est une commune de 9000 habitants, au bord de la voie express qui concentre toute la circulation entre Brest, Saint-Brieuc et Rennes. Ses habitants n'auraient eu aucune idée de la pollution générée par cette proximité si l'idée n'était pas venue aux élites politico-économiques régionales de vouloir implanter une centrale électrique à gaz de forte puissance dans le voisinage immédiat des zones habitées de la commune. Et ceci, comme le font remarquer les habitants opposés à ce projet, en contradiction avec tous les engagement ministériels de lutte contre l'effet de serre et la volonté affichée de développer les énergies renouvelables. Projet donc il y a, d'où enquête publique, c'est à dire, comme à Notre-Dame-des-Landes ou à Sivens, un simulacre de consultation sur une opération décidée dans les "hauts lieux" où se perd la démocratie.

 

Enquête publique signifie étude d'impact et mesure du degré initial de la pollution de l'air. C'est ainsi que, même si on s'est bien gardé de faire les mesures pendant les mois d'hiver connus pour être ceux de forte pollution, les habitants de Landivisiau constatent qu'ils subissent déjà une pollution équivalente à celle mesurée à Brest et Saint-Brieuc, les deux plus grandes villes du secteur. Et que celle-ci frôle des sommets avec, en particulier, les mêmes pics aux horaires de forte circulation automobile sur la voie express voisine.

 

La réalité bien celle là : quand les grandes villes sont polluées, le milieu rural n'est pas épargné. Si alerte il doit y avoir elle doit pouvoir être lancée de tout point de la région concernée. Le problème est que ces alertes doivent être justifiées par une mesure locale. Obtenir la multiplication des points de mesure afin de couvrir l'ensemble du territoire est le premier combat que devront mener les associations de consommateurs et de protection de l'environnement.

 

Se souvenir aussi que l'information n'est que le premier stade de la mobilisation car, si le fait de savoir essentiel, encore faut-il le transformer en action.

 

Aux Antilles : savoir et après ?

 

Sans doute n'y a-t-il pas une région française où la connaissance de la pollution et de ses effets soit mieux connue qu'aux Antilles. L'affaire du chlordécone s'y est traduite par les programmes d'étude Karuprostate, pour le cancer, ou Timoun pour l'effet sur les femmes enceintes et leurs enfants. On ne peut donc pas ignorer que les hommes contaminés par le chlordécone ont un risque accru de cancer de la prostate et que les femmes enceintes risquent de mettre au monde des enfants prématurés, de faible poids ou de développement cérébral perturbé. Mais que leur propose-t-on ? Des moyens supplémentaires sont-ils déployés dans les Antilles pour traiter ces cancers spécifiques ? Les femmes dont les enfants ont été classés "à risque" en ont-elles été informées ? Des mesures spécifiques sont-elles prévues pour les aider et suivre leurs enfants dans leur développement physique et intellectuel. Ne leur laisse-t-on, en échange de leur participation volontaire à l'étude qui les concernait, que le poids d'un sentiment de culpabilité impuissante ? Et pour ce qui concerne les femmes en désir d'enfant, faut-il leur conseiller de faire analyser au préalable leur sang pour y détecter le taux des polluants qui imprègnent leur corps. Peut-on leur indiquer un moyen de s'en débarrasser ou existe-t-il un moyen d'en prévenir les effets. Savoir sans rien pouvoir ne serait-elle pas la pire des épreuves ?

 

Et la culpabilisation ne s'arrête pas au seuil de la maternité. Comment nourrir sa famille dans une région dont on découvre que les sols sont contaminés pour des siècles.

 

Visite au jardin créole.

 

Dans les îles de la Caraïbe, le "jardin créole", qui fournit aux populations une part de leur autonomie alimentaire, est un héritage des civilisations amérindiennes et africaines. Cet élément incontournable du paysage rural et culturel des Antilles est un concentré d'agro-écologie. Sur à peine 200m2, fourmillent une multitude de plantes vivrières, fruitières, aromatiques, médicinales, destinées principalement à l'autoconsommation familiale. Comme dans une forêt, les espèces sont agencées de manière à occuper une "niche écologique" permettant leur coexistence et leur coopération. Sur un même carré de terre on voit pousser cinq légumes différents : du choux paumé, des carottes, de la patate douce, de l'igname, du céleri... Chacun attire des insectes différents qui se neutralisent les uns les autres. Certaines plantes offrent des services à leur voisine: elles peuvent capter l’azote de l'air pour le fournir aux autres plantes, ou encore couvrir le sol et éviter l’érosion et la pousse de plantes indésirables. Des chercheurs du centre Inra Antilles-Guyane, des agronomes, des mathématiciens, des informaticiens, des écologues étudient les associations végétales de ces jardins créoles et les techniques traditionnelles qui y fleurissent.

 

Et pourtant les jardins créoles sont aujourd'hui présentés comme un danger dont il faut se prémunir. Installés à proximité des zones bananières ou sur des sols ayant été occupés par cette culture, certains sont gorgés de chlordécone. Pendant des années personne ne s'en est préoccupé mais quand a éclaté "l'affaire Belpomme", c'est à dire la tempête médiatique déclenchée par les révélations du cancérologue, la ministre de la santé Roselyne Bachelot, s’était précipitée pour annoncer le renforcement des LMR (limites maximales de résidu) les faisant passer de 50 microgrammes à 20 microgrammes par kilogramme d'aliment. Sous le prétexte de chercher à étouffer le scandale enfin dénoncé en métropole, elle raidissait les normes à défaut de pouvoir éliminer la pollution. Elle créait, ainsi, une panique dans la population antillaise : que consommer de son jardin, que vendre sur les marchés ?

 

Pour enterrer un problème politique on crée une "commission", pour noyer un problème environnemental, on rédige un "programme". Dans le cas présent le programme s'appelle JAFA (programme de santé Jardins Familiaux). Il a pour but de dissuader les Antillais de consommer les produits de leur jardin.

 

Une présentation de ce programme par le "Comité Guadeloupéen d'Éducation pour la santé" et les Directions de "la Solidarité et du Développement Social" de Guadeloupe et Martinique montre des cartes où de larges plages de points rouges ciblent les zones contaminées. L'objectif est clairement annoncé : "amener 50% des personnes à risque s’alimentant à partir de jardins familiaux ou de circuits courts de distribution, à limiter la fréquence de consommation de légumes racines (madère, patate douce, igname) à 2 fois par semaine maximum - Amener 20% des personnes à risque s’alimentant à partir de jardins familiaux à diversifier leurs cultures avec d’autres alternatives telles que : fruit à pain, poyo, banane, pois d’Angole, giromon".

 

Le paradis antillais serait donc devenu l'équivalent d'un Tchernobyl ou d'un Fukushima où il faut se munir d'un compteur Geiger avant d'aller faire son marché. Là-bas, le menu de la semaine doit être programmé en fonction de la radioactivité ingérée. Ici faudra-t-il établir, chaque semaine, le bilan du chlordécone absorbé par les membres de la famille. Sommes nous les observateurs d'une nouvelle diététique qui aurait pour fonction non plus de choisir le meilleur de l'alimentation mais d'en éliminer le pire.

 

Limiter la consommation de produits du jardin ? Mais ce sont les familles les plus modestes qui en sont les premières consommatrices. Que trouve-t-on parmi les propositions qui leur sont faites pour remplacer les moyens qu'elles s'étaient données de subvenir à leur besoins : l'assistanat sous forme de portage de repas ou d'épicerie sociale... et, cerise sur le gâteau, dans le document qu'elles ont rédigé, ces directions chargées "d'éducation à la santé" et de "développement social", osent proposer, afin d'éviter les pratiques nutritionnelles à risque, le "remplacement des ignames par des chips" !

 

Du jardin jusqu'au champ.

 

Côté agriculteurs, la situation est de même nature. Un arrêté préfectoral du 20 octobre 2003 régit les conditions de plantation et de culture de certaines productions végétales en Guadeloupe. Il rend obligatoire l’analyse du chlordécone dans le sol avant mise en culture pour tous les producteurs de produits vivriers et maraîchers (légumes racines, ignames, dachines, madères, patates douces... ). Si les résultats sont négatifs, l’agriculteur peut mettre en place sa culture sans condition. Dans le cas contraire, il est incité à choisir une autre production et, s’il persiste dans son intention, il est tenu de faire analyser ses produits avant sa mise en marché et de les détruire s'il y trouve du chlordécone.

 

Ce sont donc les agriculteurs, et eux seuls, qui doivent assumer la responsabilité de produire des légumes exempts de pollution au chlordécone. Ce que dénonce l'Union des Producteurs Agricoles de la Guadeloupe (UPG). Ils ne contestent pas la nécessité d'informer sur la présence de cette substance dans les sols, dans l’eau, les denrées alimentaires, les végétaux, les animaux. Mais il est inadmissible, disent-ils, que, aujourd’hui, "les agriculteurs soient les seuls pointés du doigt par la population dans ce problème. Il faut clairement établir les responsabilités de chacun et les divulguer car les agriculteurs sont des victimes dans cette affaire. Ce ne sont pas eux qui ont autorisé la mise en marché de cette molécule ni eux qui l’ont produite !!! ". En autorisant l'usage du chlordécone dans les Antilles, constatent-ils, "les arrêtés ministériels et les règlements phytosanitaires de 1972 appliqués en métropole ont été bafoués par des administratifs de plus haut lieu afin que les lobbies locaux commerçants puissent mettre en marché ce produit dangereux interdit depuis 1973 en métropole. L’État a commis une faute grave et par conséquent doit la réparer".

 

Réparer d'abord en indemnisant les agriculteurs pénalisés et ils rappellent les sommes allouées aux agriculteurs bretons pour réduire leurs épandages sur les zones où prolifèrent les algues vertes. Réparer en aidant à la reconversion des cultures. Réparer en établissant une cartographie précise des sols contaminés. Réparer en donnant tous les moyens humains et financiers à la recherche pour leur décontamination. Pourtant, nous le savons, la réparation devra tenir compte du temps de réaction des éléments naturels. Au moins pourrions nous accélérer le processus en appliquant la recommandation du rapport d'évaluation des plans d'action chlordécone aux Antilles présenté en octobre 2009 :

 

"Développer "une agriculture sans pesticides" sur tout le territoire devient donc indispensable".

 

A condition qu'on leur apporte toute l'aide nécessaire, nos compatriotes des Antilles, ayant subi, plus que d'autres, les effets de molécules chimiques qui affecteront plusieurs générations, peuvent gagner ce combat pour la suppression totale de l'usage des pesticides chez eux. Une première victoire qui devrait inspirer les autres régions métropolitaines.

 

Savoir en Bretagne et après ?

 

"Ce n'est pas un hasard si la même équipe d'épidémiologie qui est en train d'étudier ce qui se passe aux Antilles vient de Rennes. Donc ça veut dire que le cœur de l'épidémiologie des effets des pesticides est en Bretagne et qu'on a délocalisé une équipe sur les Antilles", déclarait le professeur Narbonne, toxicologue invité par Benoît Duquesne à l'émission "Chlordécone : poison durable" de la chaîne de télévision Public-Sénat .

 

Souvenons-nous des deux scientifiques de l'Inserm déclarant qu'il n'était pas anodin de vivre à proximité d'une zone agricole et de l'étude Pélagie qui concluait que l'exposition à l'atrazine, même à des niveaux faibles, "augmente les risques d'anomalie de croissance dans l'utérus, avec un faible poids de naissance, qui peut être un handicap pour le développement du bébé, et un périmètre crânien plus petit, ce qui n'est pas bon pour le système nerveux central".

 

Et les mêmes questions se posent. Ces mères bretonnes concernées par un résultat "à risques" en ont-elles été informées ? Traitant de la confidentialité des résultats de telles enquêtes, une publication de L'InVS (Institut de veille sanitaire) de juin 2009 rappelle que "la communication est essentielle, autant pour obtenir un véritable consentement éclairé de la part des volontaires participant aux études que pour les informer des résultats. Conformément à la Directive européenne sur la vie privée, les participants ont généralement le droit de connaître leurs résultats individuels, mais également celui de ne pas les connaître s’ils le désirent". Il faut souligner le civisme et le courage des femmes qui acceptent de participer à une telle étude mais ont-elles toutes envie de connaître une vérité aussi perturbante quand elles savent que c'est trop tard et que de toutes façons elles seront seules avec leurs proches pour accompagner le développement de leur enfant. Donnons leur au moins la satisfaction de savoir que des leçons seront tirées de leur expérience afin de permettre à d'autres de se prémunir de tels risques et surtout d'éliminer les causes de ce risque.

 

D'autres questions restent sans réponse. Les sols antillais ont été analysés, mais où sont les analyses de pesticides dans les sols métropolitains, quels taux de pesticides dans les cultures qui y sont produites ?

 

Pour en revenir au pesticide analysé dans l'étude Pélagie, l'atrazine, il est présent sur l'ensemble du territoire français. Son transfert du sol à l'animal et à l'homme a fait l'objet de plusieurs études. Extrêmement persistante, la molécule est encore présente plusieurs années après son interdiction dans les sols traités et se transmet, en particulier, aux céréales et au maïs, aliments des animaux d'élevage. Chez les mammifères elle peut passer dans le lait. Une publication du Centre National Interprofessionnel de l'économie laitière (Cniel) fait état d'une étude menée en 1989 qui a mis en évidence la présence de nombreux métabolites de l'atrazine chez des chèvres en lactation. Une autre étude menée entre 1983 et 1989 sur le lait de vache révèle des taux de triazines pouvant atteindre 0,033mg/kg soit 330 fois la dose maximale admissible dans l'eau de boisson.

 

L'essentiel du lait produit en France provient d'élevages hors-sol gros consommateurs de pesticides, faudrait-il conseiller aux familles métropolitaines, surtout aux femmes enceintes et aux enfants, de limiter leur consommation de produits lactés comme on a conseillé aux familles antillaises de limiter la consommation de produits de leur jardin ou de leur marché habituel ?

 

De plus en plus de personnes choisissent de ne consommer que du lait bio, mais c'est toute la filière qui devrait prendre conscience, dans son intérêt même, de la nécessité de mettre un terme à l'usage des pesticides. Car si l'atrazine fait l'objet de recherches, il reste à faire le bilan de tous les pesticides actuellement utilisés et qui se transmettent à l'homme par son alimentation. A commencer par le nouveau "désherbant miracle", celui qui occupe la part essentielle du marché : le glyphosate et son produit de dégradation l'AMPA.

 

 

Glyphosate, à quand les mesures de sa présence dans l'air ?

 

Nous avons déjà cité les travaux de Gilles-Éric Séralini et de Robert Bellé sur les effets mutagènes et cancérogènes des pesticides à base de glyphosate. Une étude américaine portant sur la présence de glyphosate dans le lait maternel a révélé des taux compris entre 76μg/kg et 166μg/kg soit de 760 à 1660 fois le niveau maximal admis pour l'eau. Les sources de contamination sont nombreuses : l'eau et la nourriture, mais aussi, et peut-être surtout : l'air.

 

Dans l'air, le glyphosate se trouve essentiellement sous forme de particules fines. Très soluble dans l'eau il peut être fortement absorbé par la respiration. Cette solubilité dans l'eau le rend, par ailleurs, insensible à l’extraction par solvant organique, contrairement aux autres herbicides. Sa mesure nécessite la mise en oeuvre d’une méthode spécifique. Elle existe : une campagne de mesures a été menée par l'INERIS (Institut national de l'environnement industriel et des risques) en 2012 pour la valider sur le terrain. L’objectif était également "de pouvoir disposer de données de concentrations dans l’air du glyphosate et d’étudier la dispersion effective de ce composé dans l’air, suite au traitement de parcelles agricoles".


 

Des capteurs étaient placés en limite de la parcelle traitée. Grâce à un suivi sur 24h, une évolution des concentrations ambiantes avait été notée. "Les résultats obtenus montrent des niveaux de concentrations quantifiables, avec une augmentation de la teneur en glyphosate à partir du jour de traitement (0,25 à 0,54 ng/m3) par rapport aux jours précédant le traitement (0,03 à 0,07 ng/m3). De plus, cette augmentation de la concentration a également été constatée les jours suivants le traitement, mettant en évidence une certaine rémanence de la substance dans l’air".

 

Une étude souvent citée est celle réalisée en 2007 dans l’État du Mississippi par "l’US Geological Survey". Elle révèle que le Roundup (dont, rappelons-le, la molécule active est le glyphosate) et le sous-produit toxique de sa dégradation (AMPA) ont été trouvés dans plus de 75% des échantillons d’air et de pluie testés.

 

En France, aucune obligation réglementaire n'oblige à mesurer la concentration en pesticides dans l'air malgré leur toxicité. Les initiatives qui sont prises sont le fait des seules associations régionales. Durant le printemps 2006, Airparif a réalisé une campagne exploratoire "pesticides". Plus de 5200 analyses menées sur cinq sites et 80 pesticides ont permis de mettre en évidence la présence de ces composés aussi bien en zone rurale qu’en zone urbaine. Les associations agréées pour la surveillance de la qualité de l'air de plusieurs régions ont engagé la même démarche. Faute de moyens matériels, humains et financiers, leurs résultats sont nécessairement limités. Pourtant tous indiquent une forte pollution de l'air.

 

Des molécules particulièrement agressives sont relevées, dont certaines interdites depuis plusieurs années (Lindane, atrazine...). Un absent cependant dans ces mesures : le glyphosate et son produit de dégradation l'AMPA. Ils viennent pourtant en tête des 10 substances les plus fréquemment détectées dans l'eau des rivières. Pourquoi si peu de mesures et de résultats dans l'air. Si des méthodes particulières sont nécessaires étant donné la nature du produit, nous avons vu qu'elles existent. Étudier les effets des pesticides longtemps utilisés et aujourd'hui interdits est certainement une démarche riche d'enseignements sur le plan scientifique. Mesurer ceux qui les ont remplacés, afin de se prémunir de leurs effets, est encore plus urgent.

 

Mais ce refus de savoir ne cache-t-il pas le refus de vouloir agir ?

 

Vouloir ? Le Grenelle ou l'échec en spectacle.

 

Un sommet de démagogie : le "Grenelle" de l'Environnement mis en scène par Nicolas Sarkozy avec Al Gore, en vedette américaine. Une fois les projecteurs éteints et les caméras remisées, chacun a peu constater le retour à la bonne vieille politique et le décès des illusions avec en guise de faire-part, le mot présidentiel : "l'environnement, ça commence à bien faire! "

 

Pourtant, sept ans plus tard on en parle encore : "Pesticides : constat d’échec pour le plan Ecophyto" titrait une partie de la presse en décembre 2014 après la publication d'un rapport parlementaire présenté sur le sujet par le député de Meurthe-et-Moselle, Dominique Potier. Ecophyto, plan de réduction de l’usage des pesticides, avait été lancé par le Grenelle de l’environnement en 2008. Six ans plus tard, il faisait la preuve de son incapacité à inverser la dépendance de l’agriculture française à la chimie.

 

Encore un rapport donc.

 

Le Plan Ecophyto visait à diviser de moitié, "si possible", l’usage des produits phytosanitaires aussi bien en zone agricole qu’en ville et dans les jardins. Faut-il s'en étonner, dans le couple fournisseurs/utilisateurs de pesticides, chacun avait compris le message : "cela n'allait pas être possible". Résultat : hausse de 5% en moyenne entre 2009 et 2013 avec plus de 9% pour l’année 2013. Un nouveau "plan", aussi peu contraignant que le premier, est donc proposé qui reporterait à 2025 la réduction de 50% promise en 2007.

 

Exemple de cette nouvelle "radicalité" : de nouveaux pesticides, les néonicotinoïdes, se sont révélés extrêmement nocifs pour les abeilles. Le sénateur écologiste, Joël Labbé, propose un texte au vote du Sénat qui, modestement, "Invite le Gouvernement français à agir auprès de l'Union européenne pour une interdiction de toutes les utilisations de ces substances néonicotinoïdes tant que les risques graves pour la santé humaine, animale et l'environnement ne seront pas écartés". Résultat : 64 pour, 248 contre. Le sénateur Labbé en arrache sa cravate de dépit.

 

Que propose le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, en échange ? "Reporter leur utilisation le soir, quand les abeilles ne butinent pas". Ce qui fait dire au journaliste du Canard Enchaîné qui rapporte le propos : "Le plan Ecophyto est donc bien parti. Rendez-vous en 2025 pour la poilade".

 

Inutile donc de nous attarder sur les "68 recommandations" du rapport suivies par les "nouvelles orientations" annoncées en janvier 2015 par le ministre. Cependant, plusieurs des constats qui y sont faits méritent la lecture tant ils illustrent, par contraste, l'extrême faiblesse des propositions.

 

"Air et sols : terra incognita", tel est le titre du chapitre qui met en évidence le manque de données sur la pollution de l'air et des sols par les pesticides. Ce rapport rappelle en premier lieu qu'une forte proportion de ceux qui sont épandus n'atteignent pas leur cible et sont directement reçus par le sol et l'air. Pourtant reconnaît le rapporteur, on ignore pratiquement tout de leur action et de leur devenir, en particulier dans l'air.

 

L'analyse des mesures éparses déjà réalisées "établit clairement l'existence d'une contamination, sinon généralisée, du moins récurrente de l'air par les phytosanitaires. Elle porte de façon très nette l'emprunte des usages agricoles, tant par la nature des molécules retrouvées que par l'allure des variations géographiques et saisonnières. De ce constat découle la double nécessité d'une évaluation des expositions par voie respiratoire de la population (et pas seulement des usagers directs des phytosanitaires)". Et cela nous ramène à nos propositions déjà énoncées pour les particules fines : la multiplication des points de mesure de la qualité de l'air et l'attribution de moyens humains et financiers aux organismes qui en sont chargés.

 

La guerre à la chimie ?

 

Le moment est peut-être venu de citer la citation inscrite en préface de ce rapport : "Le XXe siècle a été le siècle de l'hygiène bactériologique. Le XXIe siècle doit être le siècle de l'hygiène chimique".

 

Une déclaration de guerre aux pesticides et autres perturbateurs endocriniens ? On ne peut qu'applaudir ! Mais, au fait, de qui cette phrase ? Rien moins que de François Hollande, président de la République, dans son discours d'ouverture de la Conférence Environnementale du 27 novembre 2014. Après la célèbre tirade, "mon adversaire, c'est le monde de la finance", faut-il traduire "mon ennemi, c'est la chimie" ?

 

Est-il utile de rappeler que la chimie, n'est pas uniquement une activité industrielle génératrice de gaspillages et de pollutions uniquement orientée vers le profit maximal de ses actionnaires. C'est d'abord une science de la matière qui irrigue toutes les branches du savoir, dont la fonction est en premier lieu de répondre à notre curiosité concernant le fonctionnement du monde et dont les applications devraient se limiter à nous rendre la vie quotidienne plus agréable. L'hygiène "bactériologique" elle même est d'abord passée par le plus simple des produits "chimiques" : le savon, un corps issu d'une chimie conviviale, huile d'olive et cendre de salicorne, dont on attribue parfois l'invention à nos ancêtres les gaulois.


 

Pourtant l'expression présidentielle mérite d'être prise au mot si, par "hygiène chimique", le chef de l’État reconnaît la responsabilité des substances, diffusées massivement par l'industrie chimique, dans l’épidémie contemporaine de maladies telles que cancers, malformations congénitales, diabètes, troubles neurologiques et cardiovasculaires.


 

Hélas, rien ne laisse penser que cette prise de conscience amène à la décision de les interdire, aussi toxiques soient-elles.

 

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20 juillet 2018 5 20 /07 /juillet /2018 12:44

Utopie ! Le mot supposé tuer toute idée de changement. Du bio dans les cantines, vous rêvez ? Des villes, des routes, des champs, des jardins, sans désherbants chimiques, vous y croyez ? Trier ses déchets, recycler, composter dans son jardin ou au pied de son HLM, et quoi encore ? Oublier sa voiture, covoiturer, isoler son habitat, produire localement son énergie, qui allez-vous convaincre ?


 

Et pourtant tout cela entre, peu à peu et en douceur, dans le quotidien. Se nourrir en toute confiance, respirer un air qui ne nuise pas à sa santé, un air sans pesticides et sans particules fines, oui, c'est possible.


 

Des villes, des routes, des champs, des jardins, sans pesticides.


 

Faut-il encore rappeler les chiffres ? Les 75% des pesticides épandus qui se retrouvent dans l'air que nous respirons. Nous savons qu'ils contaminent déjà toute le planète et que certains le feront pendant des siècles. Qui peut imaginer de poursuivre leur usage ? Pouvons-nous laisser ce cadeau empoisonné à nos descendants ? Les promesses régulièrement repoussées de "réduction" ne trompent plus personne, l'objectif doit être leur suppression. Et ceci n'est pas une nouvelle "utopie", la voie est déjà ouverte.


 

Il semble déjà loin le temps des pionniers de l'agriculture biologique. Les modestes étals des agriculteurs bios sur les marchés se sont étoffés et multipliés. Les magasins bios, aux étagères bricolées par leurs premiers sociétaires-coopérateurs, ont laissé la place à des commerces spacieux, ayant pignon sur rue, que les grandes surfaces se sont empressées d'imiter, ajoutant un îlot "bio, solidaire, équitable" à leur océan de produits issus de l'agrochimie subventionnée. Des municipalités même ne craignent plus de se faire les promoteurs du bio.


 

L'exemple est encore trop rare en France mais il mérite d'être cité. A Lons le Saunier la cuisine centrale, établissement public géré par un syndicat intercommunal, sert 5000 repas par jour : 3000 scolaires (70 écoles), 1000 hospitaliers, 300 personnes âgées, 200 entreprises et 500 sur place, dans lesquels il y a 25% de produits bios issus de circuits courts.


 

Dans les années 90 la commune avait constaté une augmentation alarmante du taux de nitrate dans les eaux de la ville. Plutôt que de construire une usine de traitement des eaux, la municipalité et son maire Jacques Pélissard s’étaient adressés aux agriculteurs présents sur les champs captants alimentant la commune pour leur proposer de se convertir au blé bio. En échange la municipalité s’était engagée à acheter une partie de cette production en produisant du pain bio. Puis ce furent des yaourts et des fromages (depuis 2007, 100% des yaourts consommés par les enfants sont bio). Ensuite un jeune producteur de pommes de terre aidé à se lancer. Au total 14 tonnes de pommes de terre, des carottes, des navets, des choux, des radis, des betteraves produits localement et en bio sont transformés dans la cuisine centrale. Enfin la ville s'est intéressée à la valorisation de la filière d’élevage de la race locale, la Montbéliarde en achetant 200 bêtes par an à 45 éleveurs (100% de la viande consommée) à un prix supérieur au prix du marché. Le service souhaite introduire progressivement encore plus de produits bio en privilégiant les filières locales.


 

En France, la progression est déjà réelle et se lit dans les chiffres. De 3600 producteurs bios en 1995, leur nombre a dépassé le seuil des 25000 en 2013 avec une progression particulièrement forte (+104%) entre 2007 et 2012. Les surfaces cultivées passant dans le même temps de cent vint mille à un million d'hectares avec une progression de 85% dans les cinq dernières années. Certes, la production bio ne représente encore que 2,5% du marché mais la progression de 10% par an est régulière. Même constatation du côté des consommateurs avec une croissance de 10% par an de 1999 à 2005 et un doublement entre 2007 et 2012.


 

Chez les bios la petite entreprise ne "connaît pas la crise". Pas de barrages sur les routes et d'édifices publics incendiés quand les Russes arrêtent d'importer du porc français ou quand l'Arabie Saoudite décide de ne plus manger de poulets nourris au soja transgénique brésilien et poussés aux antibiotiques. Il est vrai que le "bio" ne prétend pas nourrir la Planète entière et maintenir la France sur le podium des exportateurs mondiaux en compagnie des USA, de la Hollande et du Brésil. Son credo c'est la proximité, le plus court chemin du champ à la fourchette. Mais si les "bios" du monde entier, producteurs et distributeurs, aspirent d'abord à nourrir, chez eux, la part de l'humanité au sein de laquelle ils vivent, cela ne les empêche pas d'échanger leurs productions, de façon équitable et au moindre coût environnemental, avec celles cultivées sur d'autres terres et sous d'autres cieux .


 

La Planète et le bio.


 

Une "Conférence internationale sur l'agriculture biologique et la sécurité alimentaire", s'est tenue à Rome en mai 2007 dans le cadre de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture). L'objectif de ses travaux était "de déterminer de quelle manière l’agriculture biologique pourrait contribuer à l’émergence d’un nouveau paradigme de la sécurité alimentaire". Son rapport final a jeté un pavé dans la marre.


 

Une phrase en a été retenue : "Une conversion planétaire à l’agriculture biologique, sans défrichement de zones sauvages à des fins agricoles et sans utilisation d’engrais azotés, déboucherait sur une offre de produits agricoles de l’ordre de 2640 à 4380 kilocalories par personne et par jour".


 

Sachant qu'il est admis qu'une ration calorique jugée suffisante varie, suivant la personne et son activité, entre 2000 et 3500 calories par jour, il n'est pas exagéré de traduire la phrase par : "l'agriculture biologique pourrait nourrir la planète". Même si l'expression a déclenché le tir de barrage de tous les tenants d'une agriculture dopée à la chimie, l'ensemble du rapport prouvait bien, en effet, avec sagesse et pondération, que l'hypothèse d'un passage généralisé au bio était réaliste et qu'une sortie rapide du système industriel actuel était, non seulement indispensable, mais surtout possible.

 

La sortie est indispensable : le rapport mettait d'abord en lumière l'échec du système actuel dans une introduction qui mérite d'être largement citée.


 

"Les travaux de la Conférence se sont inscrits dans le cadre du débat sur le caractère paradoxal du système alimentaire dans son ensemble, l’objectif étant de déterminer de quelle manière l’agriculture biologique pourrait contribuer à l’émergence d’un nouveau paradigme de la sécurité alimentaire.

Concrètement, le paradoxe qui caractérise le système alimentaire tient aux aspects suivants:

. les approvisionnements alimentaires mondiaux sont suffisants, mais 850 millions de

personnes souffrent de la faim;

 

. l’utilisation d’intrants agricoles chimiques n’a cessé d’augmenter ces 20 dernières

années, mais la productivité du secteur céréalier est en constant recul;

 

. le coût des intrants agricoles est en augmentation, alors que le coût des produits agricoles de base diminue régulièrement depuis 50 ans;

 

. on peut aujourd’hui avoir accès facilement et rapidement à un grand volume de connaissance grâce aux technologies de l’information, alors que, dans le même temps, les maladies liées à la malnutrition ne cessent de gagner du terrain;

 

. les systèmes alimentaires de type industriel ont un coût environnemental et social qui menace la sécurité alimentaire (décès professionnels dus à des empoisonnements aux pesticides, suicides d’agriculteurs endettés, disparition de millions d’emplois dans les zones rurales)."

 

La sortie est possible et nécessaire :

 

Face à l'échec du système agricole industriel, la Conférence constatait la possibilité et la nécessité d'un passage à l'agriculture biologique:

 

. L’agriculture biologique peut contribuer à la sécurité alimentaire, mais sa capacité à affirmer son rôle dépend en grande partie de l’existence d’une véritable volonté politique.

 

. L’agriculture biologique peut atténuer les effets des nouveaux problèmes, comme les changements climatiques, grâce à des mesures comme la fixation améliorée du carbone du sol.

 

. Elle propose également des solutions pratiques en matière d’adaptation aux effets des changements climatiques. L’agriculture biologique permet de renforcer la sécurité hydrique dans plusieurs domaines: qualité de l’eau potable, diminution des besoins en irrigation des sols biologiques et augmentation des rendements dans des conditions de stress hydrique dû à la variabilité climatique.

 

. L’agriculture biologique permet de protéger l’agrobiodiversité et d’en garantir une utilisation durable.

 

. L’agriculture biologique renforce la suffisance nutritionnelle, grâce à une diversification accrue des aliments biologiques, qui sont plus riches en micronutriments.

 

. L’agriculture biologique stimule le développement rural, en créant des revenus et des emplois dans des zones où les populations n’ont d’autre choix que de recourir à la main-d’œuvre, aux ressources et aux connaissances locales.

 

. L’agriculture biologique établit un lien entre les objectifs économiques et les objectifs environnementaux et sociaux.

 

Que dire de mieux ?

 

 

Le bio, une agriculture savante.

 

Peut-être est-il utile de rappeler que l'agriculture biologique n'est pas une agriculture conventionnelle qui se contenterait d'abandonner subitement les pesticides et les engrais industriels de synthèse. Interrogé par le groupement des agriculteurs bios de Bretagne (GAB), Marc Dufumier, Ingénieur agronome et professeur émérite à AgroParisTech, définissait l'agriculture bio comme "un système d'agriculture savante".

 

Une agriculture savante issue, comme la plupart des sciences, d'une longue tradition empirique. "Nous ne proposons pas de retourner à l’âge de pierre" déclarait Marc Dufumier en introduction à son exposé, "mais ce n’est pas inutile de regarder dans le rétroviseur, de retrouver des variétés anciennes, de se ré-intéresser à la microbiologie des sols, de s’intéresser aux pratiques associées comme l’agroforesterie". Il expliquait alors comment il avait entamé sa carrière comme coopérant dans les pays du Sud, d’abord à Madagascar, puis au Venezuela et au Laos en restant deux à trois ans dans chaque pays. Il y avait observé la façon dont les paysanneries pratiquaient des agricultures complexes, souvent bio, sans le dire ou le savoir, car tout simplement ils n'avaient pas les moyens d’acheter des intrants chimiques.

 

Ce sont ces agricultures très savantes qui lui ont, dit-il "plus appris en agronomie, là-bas sur place, que dans mon institut d’origine. Et c’est de là que j’ai découvert qu’on pouvait aller vers des systèmes intensément écologiques", c'est à dire "une utilisation intensive de toutes les énergies renouvelables, un usage raisonnable des énergies fossiles et zéro agro-toxiques". Aujourd’hui, ajoute Marc Dufumier, "il faut penser une agriculture qui ne tue pas".

 

C'est ce savoir que recherchent également les agronomes qui, dans les Antilles, s'efforcent de découvrir les secrets des jardins créoles. Ces jardins où on cherche "à utiliser de manière intensive l’énergie solaire et le carbone du CO2 atmosphérique pour fabriquer notre énergie alimentaire, à utiliser de manière intensive l’azote de l’air pour fabriquer des protéines avec des légumineuses".

 

Une agriculture déjà savante avant la chimie.

 

Savante était déjà la pratique agricole développée et popularisée par ces agronomes de la fin du 19ème siècle tel Théophile de Pompéry. Propriétaire et agriculteur dans la commune du Faou dans le Finistère, membre de "l’Association bretonne" créée en 1843 pour "hâter le développement des progrès agricoles de la Bretagne et former un centre d’études et de relations". Fouriériste convaincu, républicain sous le Second Empire, il s'était attaché à améliorer les assolements, à utiliser au mieux les fumiers et à amender la terre de ce squelette d'algue calcaire, richesse des fonds marins bretons : le maërl. Cette expérience il avait cherché à la partager dans un ouvrage Français-breton sous le titre de "Nouveau guide du cultivateur breton – Quelennou var Labour pe gonnidegues an douar". La dédicace de l'ouvrage s'adressait à ses voisins, les agriculteurs de sa commune qui l'avaient accompagné dans ses expériences. Faites partager votre savoir, leur disait-il.

 

"Vous avez adopté les instruments aratoires perfectionnés, abandonné l'ancien mode de culture, en usage parmi vous, pour lui substituer une méthode raisonnée, qui diminue vos labeurs et augmente les produits du sol. Cependant , des hommes qui ne peuvent vous connaître, parce qu'ils n'ont jamais vécu parmi vous, vous accusent de vous complaire dans la routine et d'être rebelles à toute idée de progrès et d'améliorations. Vous continuerez à démentir, par vos judicieuses innovations, ces injustes reproches, et à donner d'utiles exemples aux autres populations agricoles, qui ne tarderont pas à vous suivre dans la carrière féconde que vous leur tracez".

 

Judicieuses innovations ? C'était un temps où un "catéchisme agricole à l'usage de la jeunesse bretonne" apprenait à ceux-ci à distinguer les "terres froides" des "terres chaudes", leur enseignait la façon de semer les ajoncs et le genêt avec le seigle et l'avoine sur les brûlis d'écobuage pour nourrir les chevaux et les troupeaux et comment installer étables et écuries pour un meilleur confort et une meilleure productivité des animaux. Un temps ou des conférenciers expliquaient, en langue bretonne, l'intérêt de cultiver du trèfle blanc pour l'ajouter au fourrage habituel et enrichir en azote le sol des prairies. Un temps ou un réseau serré de voies ferrées secondaires amenait vers la Bretagne intérieure le sable coquiller nécessaire à l'amendement des terres pauvres pendant que, dans la riche "ceinture dorée" des côtes du nord Finistère, productrice des primeurs expédiés par wagons entiers à Paris, des agronomes analysaient avec précision la valeur nutritive des goémons utilisés comme engrais.

 

Une ambiance de progrès agricole, construit sur les ressources locales, commençait alors à se manifester dans toutes les régions françaises avant que la guerre ne vienne faucher dans les tranchées le meilleur de leur jeunesse rurale. C'est alors que l'industrie des nitrates massivement développée pour la fabrication d'explosifs est venue chercher un débouché dans l'agriculture. Les utiliser étant alors présenté comme le nouveau devoir patriotique de l'agriculteur. Un phénomène qui s'est accéléré après la deuxième guerre mondiale et le débarquement massif des nitrates de l'industrie de guerre américaine à bord de ces "liberty ships" dont l'un, 'l'Ocean Liberty", est venu exploser en rade de Brest en Juillet 1947 faisant 33 morts, des centaines de blessés et détruisant des quartiers entiers d'une ville qui commençait à peine à se redresser de ses ruines. Marée de nitrates auxquels sont venus s'ajouter les pesticides, dérivés des armes chimiques, dont les tranchées de la première guerre mondiale et les camps d'extermination nazis nous rappellent la sinistre origine.

 

Le temps du retour à l'agronomie.

 

La pression était forte. Peu d'agriculteurs ont choisi de prendre une autre voie, celle d'une agriculture sans chimie. Ces résistants font, à présent, figure de pionniers. Peu nombreux aux débuts, obligés de se serrer les coudes, ils ont su aller au devant des autres résistants de la société de consommation, tous ces protecteurs d’espaces naturels, ces empêcheurs de bétonner en rond, ces créateurs d’écoles bilingues, ces semeurs de solidarités locales et planétaires. Des magasins coopératifs se sont montés, des marchés se sont mis à revivre. Le phénomène est resté discret jusqu’au moment où ont éclaté les crises de la vache folle et des poulets à la dioxine. Les bios sont aujourd’hui dépassés par la demande. Ceux qui les regardaient avec suspicion reconnaissent enfin leur capacité technique et leur clairvoyance économique. La grande distribution s’y cherche de nouveaux créneaux. Les chambres d’agriculture, les syndicats agricoles majoritaires, les groupements de producteurs ne boudent plus ceux qu’ils traitaient encore il y a peu de temps de "jardiniers" et se sentent obligés d’accrocher un wagon "bio" à leur train productiviste.

 

Si les bios d'aujourd'hui retrouvent, souvent sans en être conscients, une partie des savoirs anciens, leurs méthodes sont loin d’être archaïques. Le tracteur, utilisé de façon conviviale, ne leur fait pas peur pas plus que internet et l'informatique. Plus savante est leur technique que celle qui consiste à cultiver, année après année, le même maïs consommateur d'engrais industriels, de lisier et de pesticides sur le même sol privé de matière organique et de vie biologique.

 

Signe d'un intérêt retrouvé, l'agriculture biologique commence à réinvestir les écoles et lycées agricoles. Témoin ce dossier sur le site du ministère de l'agriculture : "Ambition Bio 2017, un nouvel horizon pour la bio ! Apprendre autrement, la bio dans l’enseignement agricole". L'agriculture bio y revendique sa place dans l'enseignement : "Pour plus d’agriculture biologique, il faut davantage d’agriculteurs formés aux méthodes de l’agriculture biologique ! Dans cette équation mathématique somme toute très logique, l’enseignement agricole joue un rôle primordial. Dans les exploitations agricoles des établissements, où les élèves, apprentis et stagiaires acquièrent les gestes et les méthodes qu’ils utiliseront en tant que professionnels, l’agriculture biologique est bien présente ! "

 

Entre 2007 et 2012 le nombre d'exploitations scolaires ayant au moins un atelier de production bio a été multiplié par 3, ce qui porte à 54% le nombre d'établissements touchés par le bio dont 11% totalement bios. De nombreux enseignants s'en félicitent : l'agronomie a retrouvé toute sa place dans l'enseignement agricole. Exemple pour les plus jeunes, l'agriculteur bio se déclare "bien dans sa peau" et de plus en plus nombreux sont celles et ceux qui veulent les rejoindre, même si le métier nécessite un engagement permanent. Bonne nouvelle.

 

Personne ne peut ignorer la place essentielle des agriculteurs. Ils nous nourrissent, ils entretiennent l'espace rural, naturel et domestiqué. Pourtant, globalement, leur nombre diminue année après année. Au rythme de 3% par an, les petites et moyennes exploitations disparaissent au profit des grandes structures. Le rapport de la Conférence de la FAO de mai 2007 rappelle le coût social, pour les agriculteurs, de cette évolution : "décès professionnels dus à des empoisonnements aux pesticides, suicides d’agriculteurs endettés, disparition de millions d’emplois dans les zones rurales". Les dettes, le travail difficile, les crises de production, la pollution, la culpabilisation, constituent le lot de nombreux producteurs. De plus en plus nombreux sont ceux qui souhaiteraient sortir d'un système piloté, en amont et en aval, par l'industrie agroalimentaire, les grandes chaînes de distribution et des "coopératives" qui, ayant oublié leur fonction première, participent à leur exploitation. N'y aurait-il pas de politique plus salutaire que celle qui consisterait à aider à se reconvertir au bio les agriculteurs conventionnels qui le souhaitent et à libérer des terres pour les jeunes qui veulent s'installer.

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20 juillet 2018 5 20 /07 /juillet /2018 12:44

Impossible de passer sous silence le débat du moment : l'augmentation du taux de CO2 dans l'air et l'élévation de la température de la biosphère qui en résulte. Le lien est d'autant plus nécessaire que les polluants dont les effets ont été largement décrits, oxydes d'azote et de soufre, ozone, particules fines, sont, comme le CO2, issus de la combustion des composés carbonés fossiles que sont le charbon, le pétrole et le gaz naturel.

 

Dérèglement climatique, effet de serre et CO2 : personne ne peut ignorer.

 

Une abondante littérature a décrit les causes et les effets du changement climatique. Rappeler le rapport 2014 du Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'évolution du Climat (GIEC) n'est pourtant pas inutile, et d'abord ses constats :

 

. La modification du régime des précipitations, la fonte des neiges et des glaces, le recul des glaciers, perturbent les systèmes hydrologiques et influent sur le ruissellement et sur les ressources en eau. Les sols gelés fondent dans les hautes latitudes et dans les régions d’altitude élevée, libérant par la même occasion des gaz qui renforcent l'effet de serre.

 

. Les événements climatiques extrêmes, vagues de chaleur, sécheresses, inondations, cyclones et feux incontrôlés, mettent en évidence la grande vulnérabilité de nombreux écosystèmes et systèmes humains à la variabilité actuelle du climat.

 

. Les dangers liés au climat influent déjà sur la vie des pauvres à la fois directement (perturbation des moyens de subsistance, réduction des rendements des cultures, destruction des habitations) et indirectement (hausse du prix des aliments et aggravation de l’insécurité alimentaire). Cette vulnérabilité est augmentée par les conflits violents dans les zones les plus affectées.

 

Vient ensuite la longue liste des risques dont la probabilité est élevée.

 

. Risques de décès, de blessures, de maladies ou de perturbation des moyens de subsistance dans les zones côtières basses, les petits états insulaires et les petites îles, dus aux tempêtes, aux inondations côtières et à l’élévation du niveau de la mer.

 

. Risque de détérioration grave de la santé et de perturbation des moyens de subsistance au sein des grandes populations urbaines dus à des phénomènes météorologiques extrêmes conduisant à la détérioration des réseaux d’infrastructures et des services essentiels tels que l’électricité, l’approvisionnement en eau, la santé et les services d’urgence. Risques de mortalité et de morbidité pendant les périodes de chaleur extrême, en particulier pour les populations urbaines vulnérables et les personnes travaillant à l’extérieur dans les régions urbaines et rurales.

 

. Risques d’insécurité alimentaire et de rupture des systèmes alimentaires, en particulier pour les populations les plus pauvres des régions urbaines et rurales. Risques de perte des moyens de subsistance et de revenus dans les régions rurales en raison d’un accès insuffisant à l’eau potable et à l’eau d’irrigation, ainsi qu’à la diminution de la productivité agricole, en particulier pour les agriculteurs et les éleveurs disposant de moyens limités dans les régions semi-arides.

 

. Risques de destruction des écosystèmes marins, côtiers et terrestres, de leur biodiversité et des services qu’ils apportent aux moyens de subsistance des populations les plus fragiles.

 

Et ajoute le rapport : "Nombre de ces risques posent des défis particuliers pour les pays les moins développés et les collectivités vulnérables, compte tenu des capacités limitées dont ils disposent pour y faire face".

 

Le CO2 et le reste...

 

Le rapport du GIEC, rappelons le, ne tient compte que des risques liés à l'émission de CO2 et des gaz à effet de serre. Mais ceci ne doit pas faire oublier l'autre risque lié à la combustion du carbone fossile : l'émission de gaz toxiques (oxydes d'azote, de soufre, ozone...) et de particules fines. Quitte à nous répéter, rappelons encore le constat du rapport de la Commission de la Science et de la technologie du parlement européen :

 

"les particules fines seraient responsables chaque année en Europe de centaines de milliers de cas de maladie et d'hospitalisations ainsi que de dizaines de milliers, peut-être même de centaines de milliers de décès."

 

Cette menace n'est pas une projection pour le siècle à venir. Ces dizaines ou centaines de milliers de décès se mesurent aujourd'hui et en une seule année ! Alors, que ce soit pour la fin de la pollution de l'air par les pesticides, les gaz toxiques, les particules fines où contre l'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, l'époque des colloques, des rapports et des conférences internationales est révolue.

Par tous les moyens il est temps d'agir, un monde respirable est encore possible.

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20 juillet 2018 5 20 /07 /juillet /2018 12:43

Les documents suivants peuvent être retrouvés par internet.

 

01.Ces pesticides que l'on respire.

 

. Sénat. Travaux parlementaires. . Audition du Dr René SEUX, Professeur à l'école nationale de santé publique.

 

. Air Breizh. La qualité de l'air en Bretagne. Les pesticides.

 

. Cellule de prospective et stratégie. Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, Agriculture, monde rural et environnement. Qualité oblige. Jean-Luc Pujol, Dominique Dron.

 

. Airparif. Des pesticides dans l'air, en ville comme à la campagne.

 

. Air Pays de Loire. Mesures de produits phytosanitaires dans l’air en zone arboricole et en milieu urbain, campagne de mesure printemps-été 2007.

 

. Reporterre. En Bourgogne les hélicoptères à pesticides sont de retour.

 

. Arrêté du 15 septembre 2014 relatif aux conditions d'épandage par voie aérienne des produits mentionnés à l'article L. 253-8 du code rural et de la pêche maritime

 

. Atmo. Contamination de l'air par les pesticides : nouvelle composante de la pollution de l'air (page 31)

 

 

02.Le Glyphosate. Une nouvelle espèce envahissante.

 

. Eau et Rivières de Bretagne.Roundup : le mensonge publicitaire de Monsanto confirmé par la cour d’appel de Lyon.

 

. Gilles-Eric Séralini Republished study: long-term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize.

 

. Robert Bellé. Glyphosate-based pesticides affect cell cycle regulation.

 

. Les Amis de la Terre. L'herbicide le plus vendu dans le monde, le glyphosate, contamine notre organisme.

 

 

03. Pollution de l'air, une bien tardive préoccupation.

 

. Loi n° 96-1236 du 30 décembre 1996 sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie.

 

. Lignes directrices OMS relatives à la qualité de l’air : particules, ozone, dioxyde d’azote et dioxyde de soufre.

 

. Qualité de l'air : les associations de surveillance inquiètes pour leur financement.

 

 

04. Les particules fines, l'ennemi numéro un de notre santé.

. Le Monde.  La pollution à Paris aussi nocive que le tabagisme passif.
. Organisation Mondiale de la Santé. La pollution atmosphérique une des premières causes environnementales de décès par cancer.

Lignes directrices OMS relatives à la qualité de l’air : particules, ozone, dioxyde d’azote et dioxyde de soufre Mise à jour mondiale 2005

. http://www.airparif.asso.fr/_pdf/normes-OMS-revision-2005-resume-2006-VF.pdf
. InVs. Impact à court terme des particules en suspension (PM10) sur la mortalité dans17 villes françaises, 2007-2010.
. Aphecom. Improving Knowledge and Communication for Decision Making on Air Pollution and Health in Europe.
. ESCAPE. L’exposition à la pollution atmosphérique augmente le risque de donner naissance à des bébés de petit poids.
. Assemblée Nationale. Rapport d'information sur la stratégie européenne en matière de perturbateurs endocriniens.
. Conseil de l'Europe. Commission de la science et de la technologie. Emissions de particules fines et santé humaine.

. Rapport "Air pur pour l'Europe".

. Deuxièmes Assises de la Qualité de l'Air.

05.Silence on empoisonne.

. Reporterre. Les Antilles se battent contre les pesticides aériens.

. Rapport d'évaluation des plans d'action Chlordécone aux Antilles (Martinique, Guadeloupe)

. Rapport sur la présence de pesticides dans les eaux de consommation humaine en Guadeloupe.

. Rapport d’expertise et d’audit externe concernant la pollution par les pesticides en Martinique. Conséquences agrobiologiques, alimentaires et sanitaires et proposition d’un plan de sauvegarde en cinq points.

. Chlordécone. Commission des affaires économiques, de l’environnement et du territoire.

. Rapport Inserm. Exposition au chlordécone et risque de survenue du cancer de la prostate.


 

06. Les enfants, première victimes de la pollution.

. Facteurs de risque de prématurité en Guadeloupe : résultats de la cohorte Timoun.

. Impact de l’exposition au chlordécone sur le développement des nourrissons.

. Pesticides durant la grosses, bébé trinque.

. Environmental determinants of the urinary concentrations of herbicides during pregnancy: the PELAGIE mother-child cohort (France)

. Epandage pesticides. article L.253-7-1

. Loi Labbé de février 2014. Visant à mieux encadrer l'utilisation des produits phytosanitaires sur le territoire national.


 

07. Savoir.

. Inra Antilles-Guyane. Le jardin créole, un modèle d’agroécologie.

. Programme de santé Jardins Familiaux : JAFA

. Organochlorés en Guadeloupe : Les propositions de l'UPG.

. Pacte d'Avenir pour la Bretagne. Plan agricole et agroalimentaire pour l’avenir de la Bretagne.

. Méthodologie de prélèvement et d'analyse du glyphosate dans l'air ambiant.

. Ecophyto. Rapport de Dominique Potier au premier ministre.

. Interdiction néonicotinoïdes. Débat au Sénat.


 

08. Utopies ?

. FAO. Conférence internationale sur l'agriculture biologique et la sécurité alimentaire.

. Marc Dufumier : « Penser une agriculture qui ne tue pas »

. La scolarisation de l’apprentissage agricole en France : les fermes-écoles au service de l’agriculture et de son enseignement (19e siècle-début 20esiècle).

. Apprendre autrement, la bio dans l’enseignement agricole.


 

09.Pollution de l'air, effet de serre. Le temps presse.

. Rapport 2014 du Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'évolution du Climat (GIEC)

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14 juin 2018 4 14 /06 /juin /2018 08:36
 Hello,

I’m contacting you to present you our new start-up : AIR - Art in research, the first art gallery dealing with scientific photography.

Let me explain you: the ambition of our collective of artist/gallery of art is to put forward the scientific culture through the esthetics of researchers-artists' photos. Our objective is to reveal the fascinating beauty of the scientific objects through the look of our researchers-artists and to offer an unpublished artistic experience.

So, by buying one or several of our works, you can directly contribute to fund scientific researchs and convey our artistic and philantropic vision.

To have an overview of the works which we propose, you can consult the catalog of our last exhibition: http://www.artinresearch

If our project interests you, I invite you to speak about it around you and why not to the social networks: Facebook, Twitter or Instagram.

Our Facebook: https: // www.facebook.com / artinresearch/

Our Instagram: https: // www.instagram.com / air_artinresearch/

Our Twitter: https: // twitter.com / Art_in_Research

Don’t hesitate to come back to me if you want more information on our project, I leave you my email adress: romane.quelard@artinresearch.com or in my phone number : 06 22 59 61 57

Looking forward to your return I wish you a very good day.

Romane Quélard
Communication manager
 
 
 -- envoyé par Romane QUELARD (romane.quelard@artinresearch.com) 
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8 juin 2018 5 08 /06 /juin /2018 12:13

Toute réflexion naît d’une histoire personnelle. Je ne présenterai bien sûr ici que ce qui est nécessaire à prévenir toute interprétation erronée de mon propos. C’est que la matière de l’essai est délicate. J’ai multiplié les précautions pour bien distinguer la science du scientisme, ainsi que les chercheurs des scientistes.

Malgré cela, plusieurs lecteurs pourraient craindre que la distinction ne soit pas encore suffisante et que, voulant dénoncer le scientisme, je n’atteigne la science elle-même. C’est que les scientistes, comme tout bon preneur d’otage, se sont saisis de la science et l’utilisent constamment comme «bouclier humain».

 

Lire la suite sur : http://docs.eclm.fr/pdf_livre/348LettreOuverteAuxScientistes.pdf

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22 février 2018 4 22 /02 /février /2018 16:59

Montage de diapositives présentées à la foire bio 2018 de Landerneau.

 

 

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8 février 2018 4 08 /02 /février /2018 12:50

Pourquoi avons-nous tant de mal à changer nos styles de vie alors que plus personne ne peut nier que notre modèle de développement a un impact destructeur sur le plan écologique et social ni douter de l’intensité des violences infligées aux animaux ?

Relever ce défi implique de combler l’écart entre la théorie et la pratique en développant une éthique des vertus. Au lieu de se focaliser sur les principes ou sur les conséquences de nos actes, celle-ci s’intéresse à nos motivations concrètes, c’est-à-dire aux représentations et aux affects qui nous poussent à agir. Quels traits moraux peuvent nous conduire à être sobres et à avoir du plaisir à faire le bien, au lieu d’être constamment déchirés entre le bonheur et le devoir ?

L’éthique de la considération prend sa source dans les morales antiques, mais elle rejette leur essentialisme et s’appuie sur l’humilité et sur la vulnérabilité. Alors que Bernard de Clairvaux fait reposer la considération sur une expérience de l’incommensurable supposant la foi, Corine Pelluchon la définit par la transdescendance. Celle-ci désigne un mouvement d’approfondissement de soi-même permettant au sujet d’éprouver le lien l’unissant aux autres vivants et de transformer la conscience de son appartenance au monde commun en savoir vécu et en engagement. La considération est l’attitude globale sur laquelle les vertus se fondent au cours d’un processus d’individuation dont l’auteur décrit les étapes.

 

De livre en livre, la philosophe insiste sur la nécessité de faire place aux autres, humains et animaux. Pour, enfin, hâter la transformation de soi et de la société, au centre de son nouvel essai.

 

NOUS AVONS L’HABITUDE de séparer. Nous dissocions, notamment, vie intime et vie sociale, raison et émotions, humains et animaux… L’éthique de la considération veut, au contraire, les réunir, opérer le passage de la théorie à la pratique, de la pensée à l’action, et aider les individus à sortir du nihilisme pour préparer « l’âge du vivant ». Car « c’est dans la conscience individuelle que la société joue son destin », indique la première phrase du livre.

Cette « considération » consiste, avant tout, à regarder avec attention ce que l’on est soi-même, ce que sont les autres vivants, et le monde commun qui nous unit, indépendamment des attributs sociaux et des oripeaux de convention. Au terme du périple, séparations, clivages et morcellements s’estompent ou s’évanouissent : « Incluant le souci des autres et de la nature dans le souci de soi, le sujet s’élargit et se perçoit comme une partie de l’univers. »

Cet essai exigeant, dense et ambitieux, vaut d’être lu. Il convoque tour à tour philosophes antiques et classiques, éthique des vertus, théorie politique, psychologie et écologie pour repenser – autour de ce « sujet élargi » attentif au « monde commun » – ces questions vitales : environnement, cause animale, démocratie. Même si on ne partage pas tous les engagements et partis pris exposés, cette tentative est trop rare pour être ignorée. Et quelques formules méritent une postérité. Par exemple : « On ne se répare vraiment qu’au-delà de soi. » p r.-p. d.

 

Voir l'article dans Le Monde

Tag(s) : #actualités.
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11 janvier 2018 4 11 /01 /janvier /2018 10:46

Un article au sujet de Prat ar Coum, de ses huîtres et de Jane Birkin, a attiré notre attention. (C'est à Prat-ar-Coum que la chanteuse s'est enracinée. Là où, pendant la guerre, son père, jeune officier, exfiltrait les pilotes anglais. Là où s'est forgée, avec les familles Tanguy et Madec, une si discrète amitié.)

 

Il parle d'un inventeur peu connu du moteur à explosion dont la maison est aujourd'hui la propriété de Jane Birkin :  Édouard Delamare-Deboutteville, inventeur du moteur à explosion.

 

Maison de jane Birkin à Prat ar Coum.

 

Pour Jane, ce lieu "honnête et magique" fut un havre dans la tourmente intime. Quand elle y a posé ses malles dans les années 1990, "quelque chose en elle était cassé. Elle s'est accrochée à cet endroit", témoigne un ami. À l'abri de cette bâtisse érigée fin XIXe par Édouard Delamare-Deboutteville, l'inventeur du moteur à explosion, celui qui a introduit l'ostréiculture dans les abers. Renaud, l'arrière-petit-fils du grand homme, a tous ses souvenirs dans cette maison au charme biscornu. "La salle à manger occupait le rez-de-chaussée, on n'était jamais moins de 20 à table. La véranda donne sur la rivière. À l'étage, les enfants étaient réunis dans le dortoir…"

 

 

La Delamarre-Deboutteville de 1884.

 

 

Voir sur wikipédia

 

 

Machine Delamare Deboutteville et Malendrin. Grand Prix à l'exposition universelle de 1900.

 

Voir encore sur ce site :

 

Et la voiture fut.

 

En cette même année 1884 une voiture à vapeur De Dion-Bouton- Trépardoux était présentée aux parisiens.

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10 décembre 2017 7 10 /12 /décembre /2017 09:22

Ils sont partout

... dans la terre, les océans et les déserts. Ils vivent d’incroyables épopées sous nos pieds. Ils ont beaucoup de pouvoirs… et en particulier celui de donner la vie, car sans eux nous ne sommes rien. Ils … sont invisibles pourtant. Ce sont les microbes

Marc- André Selosse, professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle va nous embarquer aujourd’hui dans le monde microscopique des bactéries et des champignons. Ce sont eux les véritables héros du royaume du vivant.

Ecouter : Les Savanturiers

 

Jamais seul

Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations

Nous savons aujourd’hui que les microbes ne doivent plus seulement être associés aux maladies ou à la décomposition. Au contraire, ils jouent un rôle en tous points essentiel : tous les organismes vivants, végétaux ou animaux, dépendent intimement de microbes qui contribuent à leur nutrition, leur développement, leur immunité ou même leur comportement. Toujours pris dans un réseau d’interactions microbiennes, ces organismes ne sont donc… jamais seuls.
Au fil d’un récit foisonnant d’exemples et plein d’esprit, Marc-André Selosse nous conte cette véritable révolution scientifique. Détaillant d’abord de nombreuses symbioses qui associent microbes et plantes, il explore les propriétés nouvelles qui en émergent et modifient le fonctionnement de chaque partenaire. Il décrypte ensuite les extraordinaires adaptations symbiotiques des animaux, qu’ils soient terrestres ou sous-marins. Il décrit nos propres compagnons microbiens – le microbiote humain – et leurs contributions, omniprésentes et parfois inattendues. Enfin, il démontre le rôle des symbioses microbiennes au niveau des écosystèmes, de l’évolution de la vie, et des pratiques culturelles et alimentaires qui ont forgé les civilisations.
Destiné à tous les publics, cet ouvrage constitue une mine d’informations pour les naturalistes, les enseignants, les médecins et pharmaciens, les agriculteurs, les amis des animaux et, plus généralement, tous les curieux du vivant. À l’issue de ce périple dans le monde microbien, le lecteur, émerveillé, ne pourra plus porter le même regard sur notre monde.
 
Professeur du Muséum national d’Histoire naturelle, Marc-André Selosse enseigne dans plusieurs universités en France et à l’étranger. Ses recherches portent sur les associations à bénéfices mutuels (symbioses) impliquant des champignons, et ses enseignements, sur les microbes, l’écologie et l’évolution. Il est éditeur de revues scientifiques internationales et d’Espèces, une revue de vulgarisation dédiée aux sciences naturelles. Il est aussi très actif dans ce domaine par des conférences, vidéos, documentaires et articles.
 

« Marc-André Selosse écrit de façon précise, dense, sans mot inutile, refusant le jargon, dans un style élégant et plein d'humour (...). Cet ouvrage a un mérite supplémentaire, assez rare pour qu'il importe de le signaler : il ne contient jamais rien d'ennuyeux. »

Francis Hallé, extrait de la postface

 

 

 

 

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