"Nos jeunes collègues en électricité ignoreront toujours les vicissitudes par lesquelles nous avons passé pour leur ouvrir la voie si vaste du domaine électrique et frayer un petit sentier qui aujourd’hui encore commence à peine à devenir un grand chemin"
Ainsi s’exprime un ingénieur électricien se rappelant, en 1906, ses premiers pas à l’occasion de l’exposition internationale d’électricité à Paris en 1881.
Pour l’ensemble de son témoignage, voir son article "L’électricité en 1881" , dans la revue "La Nature"
Voir aussi :
Histoire de l’électricité. L’exposition Internationale d’électricité de 1881, à Paris.
Voir aussi :
Distribution de l’énergie électrique à Paris. Revue La Nature 1902.
Pour la suite, se reporter au site "Mémoire de l’Electricité, du Gaz et de l’Eclairage public à Paris" (MEGE).
Extrait :
En 1878 une nouvelle énergie apparaît : une petite usine assure temporairement l’éclairage électrique de l’avenue de l’Opéra avec des bougies JABLOCHKOFF.
Quelques installations privées, de magasins ou de théâtres, assurent leur propre production.
Une usine au Palais Royal, une autre au Faubourg Montmartre, ont un réseau composé de canalisations passant sur les toits des immeubles.
Des applications d’éclairage : Place du Carrousel en 1881, du Parc Monceau en 1882, de l’Hôtel de Ville en 1883, du Parc des Buttes Chaumont en 1884, confirment les débuts d’une production industrielle de courant électrique.
L’incendie de l’Opéra Comique en 1887, éclairé au gaz, a pour conséquence d’interdire ce mode d’éclairage dans les salles de spectacles.
En 1888, le Conseil Municipal de PARIS, avec la perspective de l’Exposition Universelle de 1889 et sous la pression de l’opinion publique, décide la création d’un réseau de distribution d’électricité.
1889-1907 Les six secteurs électriques de Paris
L’organisation retenue consiste à diviser PARIS en parties désignées sous le nom de secteurs. Les « secteurs électriques parisiens » prennent naissance, et c’est à cette époque que remontent les concessions successivement accordées par la Ville à six sociétés qui ont assuré l’exploitation de l’électricité jusqu’en 1908, date à laquelle la concession est confiée à l’Union des Secteurs (la ville exploitant de son côté un réseau dans le quartier des Halles).
Dans chaque secteur, le type de distribution était différent :
Cie CONTINENTALE EDISON : courant continu à 2 x 110V, distribué par feeders 3 fils.
Sté d’ECLAIRAGE ET DE FORCE PAR L’ELECTRICITE A PARIS : Courant continu 110V 2 fils.
Cie VICTOR POPP(ultérieurement Cie PARISIENNE DE L’AIR COMPRIME) : courant continu 4x110V par réseau 5 fils.
Sté d’ECLAIRAGE ELECTRIQUE DU SECTEUR DE LA PLACE CLICHY : courant continu 4x110V par réseau 5 fils.
Sté CHARLES MILDE FILS ET Cie (ultérieurement Cie d’ECLAIRAGE ELECTRIQUE DU SECTEUR DES CHAMPS-ELYSEES) : courant alternatif à haute tension (3000V), abaissée à 110V par un transformateur dans chaque immeuble.
Cie ELECTRIQUE DU SECTEUR DE LA RIVE GAUCHE : mêmes caractéristiques que le secteur des CHAMPS-ELYSEES.
Chacun des concessionnaires produit l’énergie consommée dans sa zone, dans de nombreuses stations génératrices : une douzaine de petites usines et la centrale de Jemmapes à l’intérieur de Paris, les centrales de Levallois, Issy-les-Moulineaux, Saint-Denis et Saint-Ouen à l’extérieur.
Station VOLTAIRE, 14 av Parmentier - XI, S/S continu, Facade typique de l’architecte Paul Friésé
Afin de subvenir à ses besoins en électricité, la CMP (ex RATP) fait construire en 1899, une usine juste derrière son siège social, quai de Bercy. Celle ci sera designée par l’architecte Paul Friésé dont la réputation n’est plus à faire. D’une surface totale de 7000m2, la grande halle centrale atteint 145 mètres de long.
Les dates de l'électricité.
-40 ou 50 millions d'années, ambre, éocène.
-30 000 ans premier talisman d'ambre
-7000 ans sculptures de chevaux…
-1500 ans ambre en Grèce.
-625-547 av JC, Thalès.
William Gilbert. Le premier électricien.
Roger Bacon (1220-1294).
William Gilbert (1540-1603).
Premières machines.
Otto de Guericke (1602-1686).
Torricelli (1608-1647).
1631 massacre de Magdebourg.
1643 expérience de Torricelli.
1654 les hémisphères de Magdebourg.
Hauksbee (1666 ?- 1713).
1675 observation de la lumière barométrique.
1705 observation de la lumière de Hauksbee.
1733 premières expériences de Bose.
Bose (1710-1761) Premières machines à sphère.
Charles-François de Cisternay Dufay (1698-1739).
L’abbé Nollet (1700-1770).
Ramsden (1735-1800).
1768 première machine à plateau de Ramsden.
1784 machine de Van Marum.
1883 machine de Wimshurst.
Gray, Dufay, Franklin, et la conduction électrique.
Stephen Gray (1666-1736).
1729. Gray découvre conducteurs, isolants et influence électrique.
1730 expérience de l'enfant suspendu.
1731 premières publications de Gray.
Charles-François de Cisternay Dufay (1698-1739).
Benjamin Franklin (1706- 1790).
De Dufay à Ampère.
Charles-François de Cisternay Dufay (1698-1739),
1733 les deux fluides de Dufay
Benjamin Franklin (1706-1790)
1747 le fluide unique de Franklin
Robert Symmer (1707 - 1763)
1759 les deux fluides de Symmer
1765 les deux fluides de Bergman
Charles-Augustin Coulomb (1736-1806),
Franz Aepinus (1724-1802),
Jean-Baptiste Le Roy (1720 - 1800)
1791 le courant galvanique de Luigi Galvani
Christian Oersted (1777-1851),
1820 expérience de Oersted
Ampère (1775-1836)
Maxwell (1831-1879),
1746 expérience de Leyde
A la conquête du feu céleste : le paratonnerre.
1718. M. Deslandes et le tonnerre à Landerneau
1747 premières expériences de Franklin
1749 lettre sur le paratonnerre
1752 expérience de Marly
Coulomb (1736-1806)
1785 loi de coulomb
Aloysius Galvani (1737–1798)
1791 premières publications de Galvani.
Alexandre Volta (1745-1827).
1800 publication de Volta sur la pile.
Humphry Davy (1778-1829).
1806 premières électrolyses.
l'aimant
-3 siècles, la boussole chez les chinois.
1269. Pierre de Maricourt. "Epistola de magnete"
Hans Christian Œrsted (1777-1851).
1820 son expérience
Ampère (1775-1836)
Faraday et les Champs.
Michael Faraday (1791-1867).
1821.première publication de Faraday sur l'électromagnétisme.
1831. découverte des courants induits.
Giambattista Della Porta (1534-1615)
Maxwell (1831-1879),
1856. "On Faraday's lines of force".
1873. Traité sur la magnétisme de Maxwell
Maxwell et les ondes.
Christiaan Huyghens (1629–1695),
Traité de la lumière en 1678
Traité d'optique publié en 1704, Newton
Thomas Young (1773-1829).
1848 vitesse de la lumière par Fizeau
1873. Traité sur la magnétisme de Maxwell
Hertz.
Daniel Ruhmkorff (1803-1877).
1851-1856 mise au point de la bobine
1864. prix Volta à Ruhmkorff;
Heinrich Hertz (1857–1894)
1888-1889. publication de ses expériences.
1881 expérience de Michelson.
Marconi en 1897
1832 première génératrice de Prixii
1838 alphabet Morse
1844 première liaison télégraphique
1876 le téléphone
Zénobe Gramme (1826-1901),
1888 prix Volta pour Gramme
1867 pile Leclanché
1860 pile secondaire Planté
1884 dirigeable moteur électrique
1886 Robur le conquérant
1889 employé électtrocuté
1890 première exécution électrique
Les unités électriques.
7 avril 1795 système décimal
1863 système BA
1875 la "Convention du mètre"
1881 congrès des électriciens. L'ampère, le volt, l'ohm, le coulomb
1882 le joule le watt
1948 le newton
1961 le système international SI
le rayonnement cathodique
Hauksbee en 1705
William Crookes (1832-1919).
1880 Crookes exécute ses expériences devant la Société française de physique
1895 découverte des rayons X
1925 premier congrès international de radiologie
1936 monument aux morts des rayonnements
le rayonnement radioactif.
1896 découvert par Becquerel
Henri Becquerel (1852-1908)
1898 Marie Curie découvre le polonium
1900 le radium
Joseph John Thomson (1856-1940)
1897 le corpuscule d'électricité
Ernest Rutherford (1871-1937)
Niels Bohr (1885-1962),
Louis de Broglie (1892-1987)
1900 Planck et le corps noir
1905 Einstein, relativité, photon
1911 expérience de Rutherford
1913 Niels Bohr et son modèle
1923/24 mécanique ondulatoire
1927 Davidson et Germer
1927 cinquième congrès Solvay
1982 expérience de Aspect
Les séances de l'Académie des technologies.
Séance du 15 mai : Courant continu : le retour, les perspectives.
Bernard Decomps fait la synthèse des débats de cette séance qui a réuni plusieurs industriels (Alstom, IFSTTAR, France Telecom, Supelec, Schneider Electric, CISCO, RRTE) autour des perspectives nouvelles pour le courant continu.
En effet, depuis une vingtaine d'années, la diversification des sources et du stockage, les impératifs du transport d'énergie à très grande distance ou dans des câbles coaxiaux capacitifs impropres au courant alternatif, la nécessité de relier des réseaux désynchronisés et, pour finir, de nouveaux usages de l'électricité -- éclairage, domotique, data centres, moyens de locomotion, etc. -- remettent en selle le développement du courant continu.
Pourquoi dès lors refuser de sauter le pas et opter pour le retour du courant continu de bout en bout ? Des raisons techniques ? L'ampleur des investissements à prévoir ? Des raisons économiques ? Des raisons culturelles quand on confronte l'allant des pays asiatiques aux petits pas de l'occident ? Parfois, une sorte de « peur du ridicule » semble expliquer la prudence des formateurs ou des chercheurs, une prudence partagée par de nombreux industriels qui se préparent sérieusement à une mutation de grande ampleur sans le reconnaître publiquement.
Rappel :
Distribution de l’énergie électrique par courant continu ou alternatif ?
Bernard Decomps professeur de physique à l'université Paris XIII Villetaneuse.
J'ai été professeur de physique et j'ai enseigné le courant alternatif. Ce qui s'est passé c'est depuis une vingtaine d'années avec la démultiplication des sources d'énergie en courant continu et en particulier le photovoltaïque qui est un exemple majeur Mais également des nécessités de stockage qui sont portées par ce que l'on appelle les énergies fluctuantes, Les énergies intermittentes qui nécessitent des capacités de stockage, et là encore du courant continu. Donc le courant continu est appelé à avoir au niveau de la production un rôle majeur. On s'aperçoit que le courant continu devient la solution, la bonne solution, pour résoudre des problèmes inconnus jusque là.
Il y avait d'abord le transport de l'énergie électrique à très longue distance et je constate que, en France, la suprématie absolue du courant alternatif est arrivée avec la création d'EDF qui était un réseau national à l'échelle d'un pays de 1000 kilomètres sur 1000 kilomètres. Autrement dit parfaitement adapté au courant alternatif. C'est depuis qu'on cherche à avoir un réseau non plus national mais européen. Depuis que l'on cherche à récupérer de l'énergie du Sahara pour l'amener jusqu'à Berlin et peut-être même jusqu'à Stockholm, Et là le courant continu offre des solutions, Mais il y a un phénomène encore plus accélérateur, c'est le fait que plus personne ne veut des lignes au dessus de la tête, Là encore il faut, nécessairement, avoir du courant continu pour pouvoir faire le transfert. Donc pour le transport d'énergie le courant continu offre des solutions que le courant alternatif n'avait pas.
Les deux autres fonctions essentielles, je crois très importantes, c'est tout d'abord tout ce qui concerne la domotique, les bâtiments et tous les gadgets électroniques depuis le téléphone portable jusqu'à l'ordinateur en passant par tous les dispositifs que l'on peut utiliser aujourd'hui, Tout cela ne fonctionne qu'en courant continu et qu'on est alimenté par une distribution en courant alternatif on est obligés d'avoir des éléments de charge qui ne fonctionnent que sur un appareil déterminé. Donc si vous avez trois appareils vous avez trois chargeurs différents. Et donc à la fois de la perte d'énergie et de la complication du système.
Je n'ai pas pris le troisième point qui est celui de tous les moyens de transport, de la voiture électrique au réseau ferré, au RER, au métro, même à l'avion et même aux navires qui utilisent aussi du courant continu pour tourner, pour avancer.
Donc on voit que la démultiplication des utilisations pousse à avoir du courant continu. Est-ce qu'on va continuer à avoir une distribution en courant alternatif. Alors qu'un nombre de plus en plus important de sources électriques est en courant continu, un nombre de plus important d'utilisation est en courant continu, on imaginerait assez bien une conjonction des deux.
Alors quels sont les obstacles. Il y a des obstacles technologiques très importants. Il y a un problème d'amélioration des composants. Tout n'est pas résolu. Deuxièmement le réseau maillé en courant alternatif est extraordinairement astucieux. Le troisième, je n'ai pas besoin de le dire, les investissements nécessaires pour le basculement sont considérables.
Je dirais il y a un dernier problème. C'est un problème presque culturel. Je constate que le courant continu a beaucoup plus de succès en Asie qu'il n'en a en Europe et dans les pays développés. Quand je me suis rendu compte de l'intérêt, à la fois de certains industriels et à la fois quand je me suis rendu compte des difficultés que certains industriels avaient pour en parler, je me suis dit : ça doit être un sujet stratégique pour les industries. J'aimerais bien que dans notre pays il y ait enfin quelqu'un qui dise:dites donc, en Chine, au Japon, en URSS et maintenant aux états unis c'est l'objet d'un travail colossal et il y a des investissements considérables, Alors en France nous avons quelques leaders incontestés et moi je dirais il faut aller vers un équipement qui soit compatible avec une distribution en courant contnu.
Créé en 1928 dans la maison située à Poleymieux, près de Lyon, où André-Marie Ampère (1775-1836) passa sa jeunesse, le musée de l'électricité regroupe des documents sur sa vie et celle de sa famille ainsi qu'une importante collection de tous objets ayant rapport à l'invention de l'électricité et son histoire.
La maison d'Ampère.
La maison et le musée.
Voir aussi :
L'ampère et l'histoire des unités électriques.
Un portrait de Ampère par Edgard Maxence
Le soir du 8 novembre 1895, Röntgen place divers objets entre une plaque photographique et la source de rayonnement et il se rend compte qu'ils ont une transparence variable. Il expérimente ensuite avec la main de son épouse placée sur le parcours des rayons. Au développement, il s'aperçoit que l'image est l'ombre des os de la main de son épouse, son alliance y étant visible. Les os sont entourés d'une pénombre qui représente la chair de la main, la chair est donc plus perméable aux rayons. C'est le premier « Röntgenogram ». À la suite d'autres expériences, Röntgen constate que les nouveaux rayons sont produits par l'impact des rayons cathodiques sur un objet matériel. Parce que leur nature est encore inconnue, il leur donne le nom de « rayons X».
France Inter. Les oubliettes du temps.
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Une série de textes pour en parler.
Paris 1900. Le Palais de l'électricité. Thierry Paquot.
Situé à l'extrémité de l'esplanade du Champ de Mars, en face de la tour Eiffel, le palais de l'Electricité était le "clou" de l'Exposition universelle de 1900. Oeuvre d'Eugène Hénard, architecte et théoricien connu pour ses projets de transformation de Paris, le palais abritait dans son hall de fer et de verre diverses applications de l'électricité. Il servait également à alimenter les autres pavillons. Dans l'Annuaire de l'Exposition de 1900, on peut d'ailleurs lire : "Que le palais de l'Electricité vienne, pour une cause ou pour une autre, à s'arrêter et, toute l'Exposition s'arrête avec lui […]. Dans le palais de l'Electricité se fabrique, en effet, toute l'énergie nécessaire à l'éclairage et à la marche des organes divers de l'Exposition".
Le gigantesque château d'eau de l'architecte Edmond Paulin faisait office de façade. Il s'agissait d'un étonnant décor découpé et aérien : "un diadème, un éventail ouvert, la queue d'un paon faisant la roue". De son centre jaillissait une immense cascade, tandis qu'au sommet dominait Le Génie de l'électricité, une statue haute de plus de six mètres. La nuit, cet ensemble scintillait de milliers de feux multicolores.
Cette étonnante construction a reçu l'approbation du ministre du Commerce, de l'Industrie, des Postes et des Télégraphes en 1898 par l'intermédiaire de ce dessin. Il nous transmet l'état définitif des deux palais.
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Camille Saint-Saëns : cantate "Le Feu Céleste"
Une commande pour l'exposition de 1900
Tout est conquis dans la Nature ;
Au ciel restait à conquérir
La flamme redoutable et pure ,
Le feu qui fait vivre et mourir !
Aigle s'envolant de son aire
Volta lui ravit le tonnerre
Et l'apporte à l'Humanité.
Par lui la foudre est enchaînée
Et s'appelle Electricité.
(Armand Sylvestre)
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17
Maquette du dirigeable Trouvé-Tissandier ( La Nature , 13 août 1881, p. 169)
Nous avons plusieurs fois rencontré Gustave Trouvé dans nos articles sur l'histoire de l'électricité. En particulier dans celui consacré à l'exposition internationale de Paris en 1881.
A l'occasion du 110ème anniversaire de sa mort, l'Académie de Touraine publie, sous la plume de Jacques Cattelin, un article qui pose la question : Gustave Trouvé ne serait-il pas l'Edison Français ?
Voir le texte de la communication
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Salon de l'automobile, octobre 2014. Ségolène Royal, ministre de l'écologie, est venue y faire la publicité de la voiture électrique. "J'avais un temps d'avance" affirme-t-elle, parlant de son expérimentation en Poitou-Charentes.
Un temps d'avance ? Vraiment ? Retour en 1881.
Initiée par Adolphe Cochery (1819-1900), ministre des Postes et Télégraphes, c’est la première fois qu’une exposition internationale est entièrement consacrée à l’électricité et à ses applications. Cette rencontre prendra une importance particulière avec l’organisation, pendant l’exposition, du premier congrès international des électriciens.
Les moteurs électriques y sont spectaculairement illustrés par leur application à la locomotion. Le premier Tramway électrique fait ainsi son apparition à Paris. Il circule entre la place de la Concorde et le Palais de l’Industrie. Avec le téléphone et les lampes à incandescence c’est la plus belle attraction de l’exposition.
Premier tramway électrique à Paris
Visionnaire, Edouard Hospitalier dans la revue La Nature (1882, premier semestre) l’usage à venir des accumulateurs dans des véhicules électriques individuels :
"Les études sont dirigées aujourd’hui du côté des accumulateurs, et l’on peut espérer que, on sera arrivé à les construire assez légers pour pouvoir faire fonctionner des véhicules pendant quelques heures à l’aide de l’électricité emmagasinée. Il sera facile alors d’établir en certains points de la capitale de véritables relais où l’on viendra recharger les accumulateurs en les branchant sur la canalisation générale de la distribution. On aura ainsi réalisé le cheval de fiacre électrique et la nourriture électrique.
Nous n’en sommes pas encore là au point de vue de la pratique, mais combien d’années encore cette utopie mettra-t-elle à devenir une réalité."
Combien d’années ? E. Hospitalier, comme ses contemporains, était certain que l’électricité était l’énergie de leur avenir et avec elle la locomotion électrique. (voir l'histoire des voitures électriques)
C’était compter sans le pétrole dont on commençait seulement à imaginer l’usage possible dans ces moteurs à explosion dont le premier brevet avait été déposé par les frères Niépce en 1807 à un moment où ils qui ne disposaient pas encore du combustible idéal (leur prototype fonctionnait à la poudre de lycopode, spores d’un champignon). Un siècle plus tard, effet de serre et épuisement des ressources combinés, l’idée de la voiture électrique intéresse à nouveau pouvoirs publics et industriels.
Encore faut-il que la production d'électricité ne soit pas elle même source de pollution. Or dans le même temps où la ministre de l'écologie faisait la promotion de la voiture électrique, elle déclarait son attachement aux centrales nucléaires qu'elle considérait comme "un acquis et un atout" considérant par ailleurs que "le nucléaire est le socle de la politique énergétique de notre pays".
La voiture électrique ne serait-elle alors qu'un alibi pour la poursuite de la politique nucléaire de la France ?
Au siècle de l'avant pétrole, la "transition énergétique" vers l'électricité signifiait la sortie du tout-charbon et le recours aux énergies issues de la "Nature", celles qu'aujourd'hui, dans notre époque marchande, nous désignons comme "renouvelables".
Louis Figuier, rendant compte de l’exposition de 1881 dans L’année Scientifique de 1882, expose ses propositions : utiliser les énergies des chutes d’eau, des marées, des fleuves.
"Créer de l’électricité par la force primitive, transporter cette électricité à distance au moyen d’un fil, et à cette distance changer de nouveau cette électricité en mouvement… des forces naturelles aujourd’hui perdues pourraient être utilisées en les transportant à une distance plus ou moins grande.
Il y a par exemple, dans les Alpes, dans les Pyrénées, dans les Apennins, dans les Andes, d’immenses chutes d’eau qui pourraient produire de grands effets mécaniques, et qui sont perdues parce que l’on n’a pas le moyen de les utiliser sur place. Transportez cette force du pied des Alpes, par exemple, jusque dans une usine située à 20 ou 30 kilomètres, et vous disposerez ainsi d’une puissance qui était perdue, qui ne sera pas assurément gratuite, mais qui sera un accroissement de votre énergie mécanique.
Les marées sont une force naturelle immense, mais dont on ne peut tirer parti sur les rivages de l’océan. Transformez en électricité, au moyen d’une machine dynamo-électrique, la force mécanique de l’influx marin recueilli sur les côtes, et transportez au loin cette électricité… et vous aurez tiré parti d’une force naturelle qui jusqu’ici n’a jamais pu être utilisée sérieusement…
La roue d’un modeste moulin peut même être employée à produire de l’électricité, et cette électricité transporter au loin l’énergie mécanique de la chute d’eau"
Nous trouvons dans cette énumération une grande partie des énergies renouvelables que nous exploitons aujourd’hui ou que nous souhaitons exploiter dans l’avenir. En y ajoutant l’énergie du vent et surtout l’énergie solaire on aura complété la panoplie des alternatives aux énergies fossiles qui constitueront une part essentielle de notre futur.
Mais pour en revenir à la locomotion, plutôt que de développer un nouveau moyen de déplacement individuel à coup de subventions publiques (1), sans doute faudrait-il consacrer celles-ci en priorité à l'amélioration et au développement des transports collectifs moins coûteux en énergie et à l'isolation de l'habitat.
(1) Voir de Hervé Kempf : Loi sur l’énergie : un cadeau de 40 milliards d’euros au lobby de l’auto électrique.
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On parle des premières voitures électriques, du règne du tout pétrole et de transition énergétique dans :
Dérèglement climatique, fonte des glaces, cyclones, sécheresses…
Coupable : le dioxyde de carbone.
Pourtant sans ce gaz il n’y aurait aucune trace de vie sur Terre.
L’auteur nous fait suivre la longue quête qui, depuis les philosophes de la Grèce antique jusqu’aux chimistes et biologistes du XVIIIe siècle, nous a appris l’importance du carbone et celle du CO2.
L’ouvrage décrit ensuite la naissance d’une chimie des essences végétales qui était déjà bien élaborée avant qu’elle ne s’applique au charbon et au pétrole.
Vient le temps de la « révolution industrielle ». La chimie en partage les succès mais aussi les excès.
Entre pénurie et pollutions, le « carbone fossile » se retrouve aujourd’hui au centre de nos préoccupations. De nombreux scientifiques tentent maintenant d’alerter l’opinion publique.
Seront-ils entendus ?
Volta a réservé la primeur de sa découverte de la pile électrique à la Royal Society.
Sa lettre du 20 mars 1800 adressée à Joseph Banks parvient à Londres dans les premiers jours d’avril et, avant même sa publication officielle en juin, est communiquée aux membres de la compagnie. Dès lors chacun s’emploie à reproduire les expériences décrites et à en imaginer de nouvelles.
Parmi les premiers auditeurs, un chirurgien, Anthony Carlisle est très attentif à l’invitation expresse de Volta : rechercher tout ce que la pile, "organe électrique artificiel" comparable à celui des poissons torpilles, peut apporter à la médecine et à la physiologie.
Des monnaies d’argent, des rondelles de zinc et des rondelles de carton imprégnées d’eau salée lui permettent de monter une colonne de 17 couples. Avec son ami Nicholson, physicien averti, il se propose d’abord de vérifier la polarité de son montage à l’aide d’un électroscope et du condensateur à plateau de Volta. Voulant améliorer le contact entre le fil relié à l’un des pôles de la pile et le plateau du condensateur de l’électroscope, il dépose sur celui-ci une goutte d’eau dans laquelle il plonge le fil.
Bons observateurs, les deux amis ne manquent pas de remarquer, autour du fil, un dégagement de fines bulles d’un gaz dont l’odeur leur fait soupçonner qu’il s’agit d’hydrogène. L’eau serait-elle décomposée par le fluide électrique ? Le 2 mai de l’année 1800, ils le vérifient en reliant les deux pôles de la pile à un tube de verre de 30 centimètres de longueur et de quinze millimètres de diamètre, rempli d’eau de source et fermé par deux bouchons de liège traversés par un fil de cuivre.
Le tube est vertical, son électrode inférieure est reliée à la plaque d’argent, l’autre à la plaque de zinc. Dans un premier temps rien ne se passe. On rapproche les fils de cuivre et quand ils ne sont plus distants que de cinq centimètres :
"une longue traînée de bulles excessivement fines, s’éleva de la pointe du fil inférieur de cuivre qui communiquait avec le disque d’argent, tandis que la pointe du fil de cuivre opposé devenait terne, puis jaune orangé, puis noire".
Après deux heures et demie de ce fonctionnement, le sommet du tube contenait environ un demi-centimètre cube d’un gaz qui, en détonnant avec un mélange d’air, se révélait être de l’hydrogène. La base du tube recevait pour sa part un dépôt filamenteux tombant du fil supérieur et qui se révélait être de l’oxyde de cuivre. On pouvait soupçonner que ce composé était le résultat d’une combinaison du métal avec l’oxygène issu de la décomposition de l’eau. Pour le vérifier il suffisait de remplacer le cuivre par deux fils d’un métal inoxydable comme le platine. Ce qui fut fait.
Comme espéré, un dégagement de gaz se développa, alors, sur chaque électrode. En modifiant le montage il était possible de les recueillir séparément et de constater que le premier était de l’hydrogène et le second de l’oxygène. Possible aussi de mesurer leur volume et de retrouver les proportions établies par Lavoisier pour la composition de l’eau.
Par le moyen de l’étincelle électrique, Lavoisier avait provoqué la synthèse de l’eau. Par l’usage de la pile électrique Nicholson et Carlisle en avaient donc réalisé la décomposition.
Etait-ce si simple ? L’expérience reprise dans toute l’Europe scientifique donnait lieu à débat. L’eau était-elle réellement le corps décomposé ? Les problèmes soulevés sont nombreux :
A l’évidence une eau additionnée de certains acides ou de certains composés alcalins donne de bien meilleurs résultats que l’eau pure. Le corps dissout ne pourrait-il pas être l’agent essentiel de l’apparente décomposition ?
De l’eau soigneusement distillée continue à être décomposée mais le phénomène n’est-il pas lié à la dissolution, dans cette eau, de l’air ou même de la matière du récipient qui sert à l’expérience ?
Rapidement, l’interprétation de l’électrolyse d’une solution aqueuse apparaît comme étant extrêmement complexe. Mais cette complexité est plutôt stimulante pour la nouvelle génération de chimistes européens formée à l’école des Priestley, Cavendish ou Lavoisier. Parmi ceux-ci Humphry Davy.
Humphry Davy (1778-1829).
Davy a vingt deux ans quand il prend connaissance des travaux de Volta. Il est alors le collaborateur du docteur Beddoès qui dans "l’institution pneumatique" qu’il a fondée à Boston, étudie les propriétés anesthésiantes du protoxyde d’azote identifié par Priestley vers 1774.
Chimiste dans un établissement qui se livre à des recherches médicales, c’est donc en chimiste qu’il aborde le problème de l’électricité "galvanique". Dès sa première publication du 26 octobre 1800, avec la hardiesse propre à la jeunesse, il met à mal la théorie de Volta. Le phénomène, dit-il, n’est pas le résultat d’une différence dans la "tension électrique" propre à chaque métal. Ayant constaté l’oxydation du zinc pendant le fonctionnement de la pile, il en déduit que "le galvanisme est un procédé purement chimique" qui "dépend entièrement de l’oxydation de surfaces métalliques".
Il constate ensuite que "si les plaques de zinc sont humectées avec de l’eau pure, la pile n’agit pas" mais que l’action de la pile est infiniment plus puissante quand on emploie de l’acide nitrique :
" Cinq couples avec de l’acide nitrique donnent des étincelles égales à celles de la pile ordinaire ; avec vingt couples la secousse est insupportable."
Volta n’avait attribué, au liquide imbibant ses rondelles de carton, que le rôle modeste d’un conducteur. Il lui faudra à présent admettre que le moteur de sa découverte se trouvait dans ce "détail" expérimental. C’est, en réalité, l’action chimique du liquide employé qui est essentielle. Après une suite d’observations heureuses mais d’interprétations erronées était venu le temps de "l’électrochimie".
De cette nouvelle conception allaient sortir d’autres modes de construction des appareils "électromoteurs". Cruikshank, collaborateur de Carlisle et Nicholson choisit de rendre horizontale la pile verticale. Dans une boîte de bois recouverte d’un vernis isolant, il place des plaques rectangulaires de cuivre et de zinc glissées dans des rainures aménagées dans la boîte et scellées au mastic. Les couples délimitent ainsi des cases régulières dans lesquelles est versée la solution conductrice choisie. On peut ainsi associer un nombre important de plaques de grande surface.
Certainement aurait-il été plus judicieux de conserver pour ce nouveau montage le terme "d’électromoteur" proposé par Volta, mais on continuera, comme aujourd’hui encore, à nommer "pile" cette construction qui n’en est plus une.
Ces piles d’un nouveau style ont des effets prodigieux. Celle de Pepys construite en 1802 comporte soixante paires de plaques carrées, zinc-cuivre, de six pouces de côté, plongeant dans une solution d’acide nitrique. Le courant obtenu fait fondre des fils de fer ayant jusqu’à trois millimètres de diamètre. La même année Davy en fait construire une qui exigeait d’être manipulée avec de nombreuses précautions. Elle se compose de quatre cents paires métalliques de cinq pouces carrés associées à quarante paires de un pied carré. Ce sont plusieurs centaines de volts qui sont ainsi disponibles entre ses pôles !
Son appareil construit, Davy se met au travail et livre ses premiers résultats le 29 décembre 1806 lors d’une lecture faite devant la "Royal Society". Après avoir étudié dans le détail l’expérience dite de "décomposition de l’eau", il s’attaque à l’action de la pile sur les solutions acides, alcalines ou salines.
Cherchant à décomposer la potasse et voulant éliminer l’influence de l’eau, il parvient à électrolyser le corps en fusion. Il voit alors apparaître, au pôle négatif, de petits globules, semblables à du mercure, et qui, très oxydables se recouvrent rapidement d’une couche terne.
Une course aux nouveaux éléments.
Davy vient de découvrir un métal nouveau auquel sera donné le nom de potassium. Il donne ainsi le départ d’une course à la recherche de nouveaux éléments. Lui-même découvre rapidement le sodium, le baryum, le strontium et le calcium.
Le laboratoire de Davy (Louis Figuer, Les Merveilles de la Science)
La renommée de Davy gagne le continent et, en 1808, l’Institut français des Sciences trouve enfin le successeur de Franklin et Volta et lui attribue le prix fondé par le Premier Consul et qui n’avait, jusqu’à présent, pu être attribué faute de candidat sérieux.
Cette réussite anglaise incite aussi Napoléon à faire construire au sein de l’école polytechnique une pile gigantesque de 600 couples cuivre/zinc de neuf décimètres carrés pour chaque plaque. L’ensemble avait 54 mètres carrés de surface et fut mis à la disposition des chimistes Gay-Lussac et Thénard.
La grande pile de l’Ecole Polytechnique (1813) (Louis Figuier, Les Merveilles de la Science)
Les Anglais ne voulant pas être en reste, une souscription permettait de construire, pour Davy, une nouvelle pile encore plus puissante. D’un type imaginé par Wollaston, elle associait deux cents éléments de dix plaques chacun associés en batterie soit un total de deux mille plaques. Trois fois plus que la pile de l’école polytechnique.
La pile de Wollaston construite en 1807 et utilisée par Davy (Louis Figuier, Les Merveilles de la Science)
Avec ce dispositif Davy découvrait l’arc électrique. En reliant les pôles de la pile par des charbons taillés en pointe, il observe la naissance d’une étincelle à l’éclat incomparable quand on approche ces deux pointes de quelques millimètres. En écartant ensuite les charbons on obtient un "arc" de plusieurs centimètres. La lumière obtenue peut, la nuit, éclairer, d’une lumière de plein jour, une pièce obscure. La chaleur de l’étincelle est suffisante pour volatiliser toute matière, aussi réfractaire soit-elle. Et ne parlons pas de la certitude d’être foudroyé si par inconscience on touchait, à la fois, les deux pôles de cette batterie.
La pile de Volta et ses premières applications ont totalement bouleversé la science électrique. La voie ouverte n’a rien à voir avec les approches passées. Finis les tubes et les sphères que l’on frotte pour observer des phénomènes que seuls les meilleurs manipulateurs sont capables d’obtenir. Il suffit d’une solution de sel ou d’acide et de plaques de métal réunies dans un montage à la portée de chacun pour obtenir des effets prodigieux.
Il est difficile d’imaginer que l’électricité n’a, pourtant, encore révélé qu’une modeste partie de son pouvoir. Et pourtant…
Voici un ouvrage à mettre entre toutes les mains, celles de nos élèves dès les classes de premières S et STI de nos lycées, et entre les mains de tous les futurs enseignants de sciences physiques et de physique appliquée (tant qu’il en reste encore !).
L’auteur est un collègue professeur de sciences physiques, formé à l’histoire des sciences, et formateur des enseignants en sciences dans l’académie de rennes. Bref quelqu’un qui a réfléchi tant à l’histoire de sa discipline qu’à son enseignement et sa didactique, et cela se sent. Le style est fluide et imagé, bref plaisant au possible...
...voici donc un bon ouvrage permettant de se construire une culture scientifique sans l’âpreté des équations de la physique.
extrait du commentaire paru dans le Bulletin de l’Union des Physiciens.