Théâtre rock, concert de mots, Prométhée poème électrique est un dialogue rythmique où la voix du Titan se mêle au son des guitares, touchant au cœur nos faillites contemporaines, alors que jamais l’homme n’a autant confondu la lumière et le feu.
S’appuyant sur le mythe fondateur, travaillant la figure d’un Prométhée contemporain revenu nous demander ce que nous avons fait de son feu, le texte interroge notre époque, à travers les thèmes de la connaissance et le pouvoir, du progrès, de l’inhumanité et de la répartition des richesses.
Dans les pulsations d’une poésie électrique et mal élevée, la voix se tresse dans les cordes d’une guitare aux mille sonorités, formant en elle un dit poétique et combustible, une pulsation verbale et mélodique.
Prométhée : — Tôt ou tard vous brûlerez. Vous appuierez sur le bouton rouge des atomes et vous brûlerez. Vous ferez de la terre une ordure et dans l’incendie de vos pourritures, vous brûlerez. Vous laisserez la machine penser à votre place et vous brûlerez. Vous vous clonerez en dragons, et vous brûlerez, vous brûlerez, vous brûlerez !
Le système : — Elle est belle ta chanson, mais l’avenir ne dure longtemps que pour les étoiles, et toute la bricole mythologique. Nous sommes d’une autre race, notre existence est celle des bâtisseurs, nous conjuguons l’avoir plutôt que l’être ; c’est bien assez pour oublier qui nous sommes en face de l’éternité.
Prométhée : — Salauds ! Vous avez remplacé l’espérance par le cynisme, plastifié la lumière : l’homme agonise entre vos certitudes.
Le système : — Mais Prométhée, par nous les hommes ne désirent plus l’éternité : juste une place devant la télé, une bonne bière et de la tranquillité… Dis-moi, es-tu prêt à nouveau à souffrir pour chacun des hommes ?
Prométhée : — Parce qu’il n’y a pas d’issue, je trouverai l’issue… J’attendrai l’aube, et le matin. Que le soleil sorte des eaux noires, que la lumière reprenne sa respiration… Casse-toi, rapace, ta voix est tranchante comme ta figure ; mon ventre s’est ouvert, je saigne encore, putain, je saigne encore…
Le système : — Vous gueulez, oui, petits rebelles, et nous aimons bien entendre vos gémissements, nous sommes tolérants, allez-y, gueulez, nous vous localisons plus facilement, tout est sous contrôle. Regarde, Prométhée, le chaos danse avec nous, il danse avec nous !
Prométhée : — Vous connaîtrez l’humiliation, et peut-être l’humilité. Pour chaque système existe un grain de sable…