Physicienne reconnue et personnalité politique de premier plan en Tunisie, Faouzia Farida Charfi offre avec ce livre un vibrant plaidoyer pour la science et l’autonomie de la pensée.
Puisant dans l’actualité récente mais aussi dans l’histoire, elle retrace ici les relations entretenues par l’islam et la science. Des relations qui, après un véritable âge d’or des sciences arabes et la période réformiste du XIXe siècle, sont désormais marquées du sceau de l’ambiguïté : oscillant entre le rejet et la fascination, les islamistes se livrent aujourd’hui à des tentatives pour concilier les théories scientifiques et le Coran, dénaturant ainsi et la science et l’islam sous prétexte de modernité.
Faouzia Farida Charfi analyse aussi le créationnisme pour dénoncer l’alliance objective des fondamentalismes – anglo-saxons ou musulmans – et le sort qu’ils réservent aux femmes. Elle rappelle enfin qu’on peut les combattre et ouvre quelques pistes en ce sens.
Un appel pour que la Tunisie se donne les moyens de son avenir.
Faouzia Farida Charfi est physicienne et professeur à l’Université de Tunis. Militante de la première heure, dès la présidence de Habib Bourguiba, elle a été nommée secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur dans le gouvernement provisoire issu de la révolution du 14 janvier 2011. Elle en a démissionné peu après pour reprendre sa liberté de parole et d’action.
Un extrait de la conclusion de son ouvrage :
" ... la science est basée sur l'analyse de l'observation des faits de la nature ou des résultats d'expérience et sur leur traduction en termes de théories dont la validité peut constamment être remise en cause. Elle réunit autour d'elle un monde parlant le même langage et offre un cadre de discussions à une échelle autre que nationale et dans une certaine mesure, à l'abri des clivages idéologiques et politiques.
Le statut que la science a acquis lui vient de la persévérance des savants, de leur travail souvent solitaire, de leur résistance aux attaques dont ils ont été l'objet, de leur enthousiasme aussi par rapport au bonheur que procure la découverte. Ils laissent un legs scientifique dont la richesse est le fruit d'un questionnement libre et sans limite, excluant les dogmes. "
Et un autre message qui s'adresse à la jeunesse tunisienne mais qui pourrait s'adresser à la jeunesse d'Europe et en particulier de la France qui voit son enseignement scientifique déserté par les étudiants.
La jeunesse tunisienne "pourrait être en mesure de créer de nouveaux concepts scientifiques générant de nouvelles avancées dans différents domaines, tels que l'informatique, la biologie, les énergies renouvelables, et contribuer à la construction du savoir scientifique.
Cela implique que le savoir ne soit pas conçu comme un produit "utile", mais comme l'aventure d'un esprit libre et critique. Cela implique que la science entre par la grande porte, afin d'être appropriée, valorisée et enrichie. Et non pas des bouts de science repris, déformés, mis en avant pour donner un vernis de modernisme, l'illusion d'être dans le monde actuel de la technologie. Ces bouts de sciences ne peuvent être générateurs de connaissances.
Un long chemin reste encore à faire dans l'ensemble du monde arabe. Ma conviction est qu'il vaut la peine d'être parcouru malgré les obstacles et je nourris l'espoir que bientôt les pays arabes se hisseront au rang de ceux qui ont accès au monde de la connaissance et contribueront au savoir universel."
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