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24 octobre 2015 6 24 /10 /octobre /2015 10:14

L'histoire des sciences et des techniques peut aussi se traiter au présent. En décembre 2015 de nombreux scientifiques seront mis à contribution dans le cadre de la COP21 qui se tiendra à Paris. Parmi ceux-ci Paul Tréguer, océanographe.

 

XXXXXXXXX

 

Un article intéressant dans le télégramme du 24 octobre 2015.

 

Paul Tréguer, océanographe, y explique que pour lutter contre le réchauffement climatique, ” il faudrait limiter l’émission de gaz à effet de serre, mener un plan d’énergies renouvelables, s’engager dans les plans d’isolation des logements et favoriser des transports plus réalistes et donc moins producteurs de CO2″.

 

Un programme que nous ne pouvons qu’approuver, cependant, la question qui s’imposait en toute logique et que le journaliste auteur de l’article a “oublié” de lui poser est : “Que pensez vous, dans ce cas, du projet de centrale électrique à gaz à Landivisiau ? ”

 

On aurait aimé entendre la réponse de Paul Tréguer qui, au moment de la lutte de Plogoff, était l’un des principaux rédacteurs du “projet alter breton” qui programmait pour 2015, et de façon très réaliste, une Bretagne “sans pétrole et sans nucléaire”.

 

L’article, pour autant, mérite la lecture. Dans les propos repris en titre, Paul Tréguer ose enfin y énoncer clairement ce que personne ne semble vouloir accepter de voir : il n’y a pas que dans le Pacifique que des îles risquent d’être submergées !

 

 

 

Professeur émérite à l’Université de Bretagne occidentale (UBO), l’océanographe Paul Tréguer est membre de l’Académie européenne des sciences, laquelle organise, mardi et mercredi, à Brest, un symposium autour du changement climatique, une manifestation en lien avec la Cop 21.

 

Pourquoi organiser un symposium sur « Les impacts du changement climatique sur l’océan, l’économie, la production de nourriture, la santé humaine et les traités internationaux » ?

 

Tous les ans, l’Académie européenne organise un événement. Cette année, et dans la perspective de la Conférence mondiale de Paris sur le climat (Cop 21), nous avons décidé de programmer un symposium sur les impacts du changement climatique. Et la ville de Brest a été retenue, en raison de la compétence internationalement reconnue des partenaires scientifiques brestois et de l’engagement financier et humain de l’UBO. Le symposium est labellisé Cop 21.


Le réchauffement de la planète a-t-il des conséquences sur les océans ?

 

Il faut savoir que l’océan est le premier régulateur du climat de la planète terre. Quand le climat est déréglé, on assiste à des impacts directs sur le fonctionnement de l’océan et de l’écosystème marin. Si l’océan se réchauffe, on constatera une réduction des ressources nutritives des couches de surface, du phytoplancton et donc du poisson. D’autre part, et d’ici la fin du siècle, il y a un risque de ralentissement du Gulf Stream si les émissions de gaz à effet de serre continuent au rythme actuel. Et si Le Gulf Stream ralentit, on risque de connaître une modification importante du climat de l’Europe occidentale, dont, bien sûr, la Bretagne.

 

Des espèces de poissons sont-elles menacées ?

 

Oui, bien sûr. Dans l’Atlantique-Nord, prenez l’exemple du cabillaud (ou morue). Le réchauffement général de la température a provoqué le déplacement de copépodes, ces petits crustacés planctoniques dont se nourrissent les larves de cabillaud. Comme les larves se déplacent au gré des courants, il y a une remontée vers le nord. Et là, les larves de cabillaud n’ont plus trouvé leur nourriture favorite. Conséquence : la production de larves s’est effondrée. La baisse de la population de cabillauds est donc due, non seulement à la surexploitation, mais aussi au réchauffement climatique.

 

Des scientifiques sont formels : avec la montée des eaux, causée par le changement climatique, la Bretagne pourrait devenir une île dans 5.000 ans. Qu’en pensez-vous ?

 

Aucune prédiction sérieuse du genre ne peut être faite. Il est impossible d’établir un tel scénario à 5.000 ans. D’ailleurs, je ne pense pas que ce soit réaliste. En revanche, nous pouvons parler de ce qui s’est passé, il y a 20.000 ans, au maximum glaciaire, où le niveau des eaux était de 100 à 120 m plus bas qu’aujourd’hui. Une époque où Ouessant n’était pas une île et où on pouvait y aller à pied. Ce que l’on sait, aujourd’hui, c’est qu’à l’échelle de quelques décennies, on peut prédire la montée générale du niveau des eaux. C’est ainsi que l’île de Sein est menacée de submersion, d’ici la fin du siècle, si on continue le régime actuel de réchauffement. [——–][/——–]

 

 

 

 

Lors de la Cop 21, pensez-vous que les 195 pays participants trouveront un accord et s’engageront à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre en vue de limiter le réchauffement en dessous de deux degrés ?

 

La Cop 21 demeure une étape importante mais vous dire qu’elle aboutira à des mesures qui seront parfaites, je ne le crois pas. Il faut donc mener des actions sur deux lignes différentes, dont l’une, auprès des gouvernements et ce, même si des lobbies sont derrière pour empêcher une mesure qui défavorisait les activités traditionnelles comme la production d’énergie par les centrales à charbon, le transport… Il faut aussi que les citoyens se mobilisent pour peser sur l’action des gouvernements en vue d’aller dans le bon sens. En fait, je ne fais pas partie de ceux qui croient qu’une signature ou qu’une réunion internationale va sauver la planète. C’est plutôt une action continue des gouvernements et un changement des comportements des citoyens qui pourront le faire.

 

Si vous étiez ministre de l’Environnement, quelle serait votre première mesure ?

 

Je ne suis pas ministre de l’Environnement. Je ne suis donc pas soumis aux lobbies. C’est toute la différence entre un ministre et un scientifique. Cependant, il faudrait limiter l’émission de gaz à effet de serre, mener un plan d’énergies renouvelables, s’engager dans les plans d’isolation des logements et favoriser des transports plus réalistes et donc moins producteurs de CO2.

 

Trouvez-vous normal que l’on ait supprimé la ligne maritime Saint-Nazaire ? Gijon, en septembre 2014, car elle n’était pas rentable ?

 

C’est tout le problème qui existe entre les intérêts financiers et ce que souhaitent les citoyens et les scientifiques. C’est dommage, car le transport par la mer est nettement moins polluant que par la route. Mais le système économique a ses propres lois.

 

Lundi, le gouvernement a annoncé un plan pour relancer le fret fluvial. Vous y croyez ?

 

Oui, j’y crois. C’est une excellente initiative car elle va dans le bon sens. C’est un transport très peu énergétique, par rapport aux camions et autres véhicules.

 

Les projets de parc éoliens offshore sont-ils une solution ou de la poudre aux yeux ?

 

Si on veut moins de gaz à effet de serre, on n’a pas d’autre choix que de s’équiper avec ce type de système. C’est une voie dans laquelle plusieurs pays se sont déjà lancés, il y a bien longtemps : la Grande-Bretagne, la Norvège, les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne…

 

Quelle conclusion allez-vous tirer du symposium ?

 

Tout d’abord, une déclaration de Brest. Une disposition va être votée. En substance, elle s’articulera sur trois points : 1/L’influence de l’homme sur le système climatique est devenue incontestable. 2/L’accélération du changement climatique va conforter la probabilité d’un impact grave sur le système naturel et sur les ressources exploitées par l’homme. 3/Il y a une nécessité impérieuse de s’accorder au niveau mondial, sur des objectifs ambitieux en vue d’atténuer le changement climatique et de prendre des mesures appropriées.

 

Pratique

Symposium mardi et mercredi, au Quartz à Brest. Entrée libre. Inscriptions au préalable au 02.98.33.52.73 ou 02.98.33.54.40.

Le Télégramme
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C’était en 1980. Paul Tréguer et le projet alter breton.

 

 

Extrait de “Plogoff, un combat pour demain” :

 

“Se passer du nucléaire et même du pétrole sans revenir à la bougie, telle est la proposition du plan “Alter” breton rendu public à quelques jours du début de l’enquête d’utilité publique. Le projet, initié à l’échelle de toute la France par le “groupe de Bellevue” (un groupe de chercheurs pluridisciplinaires et de militants proches du PSU), comprend autant de volets qu’il y a de régions.

Celui qui concerne la Bretagne est le premier à être publié. Lors de sa présentation, à Audierne le 6 janvier1980, Paul Tréguer chercheur au CNEXO et Annie Le Gall, ingénieur agronome le présentent comme un “message d’espoir pour tous ceux qui craignent l’avènement du nucléaire”. L’équipe de rédacteurs regroupe des chercheurs de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), de l’institut d’études marines (IEM), du Centre national pour l’exploitation des océans (CNEXO), de l’Université de Bretagne occidentale (UBO).

” Il est temps décidément de tuer des mythes qui ont la vie dure”, annoncent ses auteurs en introduction, et en particulier celui du “modèle de développement industriel” qui apporterait le bonheur à l’humanité. Ce modèle de société “à l’américaine”, transforme l’ensemble des secteurs de l’économie pour réaliser un objectif : la croissance par la production massive de biens industriels. On produit et on vend n’importe quoi pourvu que ça rapporte. Qu’importe si les matières s’épuisent, si certaines régions sont véritablement laminées par ce rouleau compresseur…”

Pour apporter à la Bretagne l’énergie dont elle a besoin, ils ont exploré quatre voies principales : l’énergie marémotrice (13%), la biomasse (44%), les éoliennes (21%), le solaire (22%).

L’objectif n’est pas uniquement technique. Ce qui est “révolutionnaire” dans le projet ALTER, explique Paul Tréguer, “ce ne sont pas tant les éoliennes sur nos côtes ni les chauffe-eau solaires sur nos toits, mais bien le projet de société que ces techniques sous-entendent”. Une société capable de satisfaire à ses besoins tout en stabilisant sa consommation. Une société qui ne fasse pas de la consommation de biens périssables un critère de réussite sociale. Une société qui s’affirme solidaire de tous les peuples du monde.

Un projet “ALTER-mondialiste” en quelque sorte.”

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12 août 2015 3 12 /08 /août /2015 09:04

Le voyage de l'Hermione, réplique du navire qui a mené La Fayette en Amérique, est un moment important de l'histoire politique qui lie la France aux USA.

 

C'est aussi, et peut-être d'abord, un moment d'histoire des techniques.

 

Nous allons l'évoquer en quelques images.

 

2012. Dans l'atelier.

 

 

 

 

Au Bassin

 

 

Sur le table à dessin.

 

 

2015. De New-York...

 

 

...à Brest.

 

 

 

On peut lire aussi :

Sébastien Le Braz. Journal d'un chirurgien de marine, à Brest au temps de la guerre d'indépendance américaine.

 

 

Voir aussi la vidéo :

 

 

L'Hermione en images

 

 

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7 juin 2015 7 07 /06 /juin /2015 14:07

L'Unesco a fait de 2015 l'anné internationale de la lumière. Impossible à cette occasion d'oublier qu'en 1895, soit exactement 120 ans plus tôt, les frères Auguste et Louis Lumière inventaient le cimématographe.

 

 

Pour nous rappeler de cet évènement, le mieux est de relire l'article que lui consacrait le revue La Nature en août 1895.

 

 

 

On peut aussi visiter le musée qui leur est consacré à Lyon.

 

 

 

Voir aussi :

 

Le 28 décembre 1895 à Paris, Boulevard des Capucines, au sous-sol
du Grand-Café, les frères Lumière présentent l’invention qu’ils ont fait
breveter le 13 février de la même année sous le nom de Cinématogra-
phe. Cette première séance consacre le mariage de deux techniques
mûries tout au long du XIXe siècle : celle de la photographie et celle
de la restitution visuelle du mouvement.
 
 
 
 
Ce phénakistiscope a été réalisé en marqueterie par les élèves de la section marqueterie
des élèves de la spécialité marqueterie du lycée de l'Elorn à Landerneau
 
Voir La Nature 1879 (1) 1880(2) 1882(1) p71 p276 p326
 
Dans le musée des frères Lumière à Lyon.
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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 10:30

 

 

L'Année internationale de la lumière est une initiative globale vise à sensibiliser les citoyens du monde entier sur l'importance, dans leur vie quotidienne, de la lumière et des technologies qui y sont associées tels que l'optique. La Lumière et ses technologies participent pleinement au développement de la société. C'est une occasion unique d'inspirer, d'éduquer et de connecter à l'échelle mondiale.


Le 20 décembre 2013, L'Assemblée générale des Nations Unies (ONU), à sa 68e session, a proclamé 2015 comme l'Année internationale de la lumière et des technologies fondées sur la lumière (AIL 2015).

 

Cette année internationale est le fruit de l'initiative d'un grand consortium d'organismes scientifiques en partenariat avec l'UNESCO. Ce consortium regroupe de nombreux acteurs, y compris la communauté scientifique, le monde de l'enseignement, les plates-formes technologiques, les organisations à but non lucratif et des partenaires du secteur privé.

 

En proclamant une année internationale mettant l'accent sur le thème de la lumière et de ses applications, les Nations Unies ont reconnu l'importance de la sensibilisation mondiale sur la façon dont la lumière et les technologies qui y sont fondées peuvent promouvoir le développement durable et apporter des solutions aux défis mondiaux que sont l'énergie, l'éducation,l'agriculture et la santé. La lumière joue un rôle essentiel dans notre vie quotidienne et est une discipline transversale cruciale de la science au 21e siècle. Elle a révolutionné la médecine, a ouvert la communication internationale via Internet, et continue d'être un vecteur important qui lie à la fois les aspects culturels, économiques et politiques de la société mondiale.

 

Liens: 

Année internationale de la lumière (en anglais)

Site web de l'Année internationale de la lumière 2015 (en anglais)

 

Pages thématiques: 

Les sciences au service d’un avenir durable

Investir dans les sciences, la technologie et l'innovation

Renforcement des capacités dans les sciences et l’ingénierie

Les sciences au service de la société

Les sciences au service d’un avenir durable

Renforcement des capacités dans les sciences et l’ingénierie

Investir dans les sciences, la technologie et l'innovation

Les sciences au service de la société

 

Voir sur ce site

 

 

 

Huyghens, Young, Fresnel, Maxwell, la lumière et l'électricité.

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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 13:02
Rosetta, Philae et le carbone, du Big-bang à l'homo-sapiens.

Fred Hoyles (1915-2001), cosmologiste Britannique, n'imaginait pas le succès de son "big-bang" quand il utilisait cette expression ironique en 1950 pour désigner la théorie qui supposait une expansion de l'univers dont l'origine se situerait à 13,7 milliards d'années de notre ère.

 

Tout aurait donc commencé par un "Big-bang". C'est-à-dire une évolution de l'univers qui débute par un état dans lequel l'espace, le temps, l'énergie seraient une seule et même chose. Même si notre imagination est incapable de nous en donner une représentation, c'est du moins ce que décrivent les équations issues des théories actuelles.

 

 

A partir de cet indicible, l'univers se dilate à une vitesse prodigieuse. Arrive l'instant où se forment les premières particules : des quarks, des électrons, des neutrinos. Elles se combinent bientôt en protons et neutrons cohabitant avec leurs jumeaux d'antimatière qui peu à peu disparaîtront dans un scénario que les chercheurs modernes n'ont pas encore fini d'écrire.

 

Nous sommes alors à quelques milliers d'années de l'origine, la température est "descendue" jusqu'à 10.000 degrés. Apparaît l'atome le plus simple dont le noyau ne comporte qu'un seul proton : l'hydrogène. Vient ensuite l'hélium dont le noyau contient deux protons et deux neutrons. Chaque noyau étant associé à son cortège d'électrons. Les nuages d’hydrogène et d’hélium se refroidissent et se contractent sous l'effet de la gravité en une multitude de grumeaux : les galaxies.

 

Deux milliards d'années se sont passées. Les galaxies elles-mêmes se sont fractionnées en nuages d'hydrogène et d'hélium qui se concentrent à leur tour sous l'action de la gravitation. Leur densité augmente, leur température atteint des millions de degrés. Bientôt les chocs disloquent les atomes d'hydrogène dont les protons se regroupent quatre par quatre pour donner des noyaux d'hélium, libérant au passage d'énormes quantités d'énergie sous la forme d'un flux de particules de lumière : les photons. Ainsi naissent et brillent les premières étoiles.

 

La réserve d'hydrogène s'épuise. Faute de réactifs, le rayonnement de l'étoile fléchit et la gravitation reprend le dessus. Le cœur d'hélium atteint la centaine de millions de degrés. Dans ce formidable "Athanor" commence le rêve des alchimistes. Les noyaux d'hélium se combinent trois par trois pour former du carbone et quatre par quatre pour donner de l'oxygène. Puis se forme l'azote et ainsi naissent les quatre éléments primordiaux, ceux qui seront à l'origine de la vie : H, C, O, N.

 

Nous ne décrirons pas ici la vie mouvementée des étoiles. L'extinction des plus petites sous forme de "naine noire", l'explosion des plus grosses dans l'éclair d'une "supernova" visible même en plein jour. De ces vies naissent tous les éléments qui s'affichent dans les cases du tableau périodique et qui, expulsés lors des feux d'artifice des explosions finales, constituent la poussière interstellaire qui engendrera les planètes.

 

Naissance de la Planète bleue.

 

 

Un nuage d'hydrogène et d'hélium a pris la forme d'une élégante galaxie spirale, notre voie lactée. Parmi les étoiles qui y naissent l'une, de taille raisonnable, est située aux 2/3 de son centre, notre Soleil. Un anneau de poussières stellaires l'entoure. Celles-ci s'agrègent autour des plus gros grains. Ainsi se forment les planètes solaires elles-mêmes entourées d'anneaux et de satellites.

 

Une ségrégation s'établit. Plus proches du soleil sont les planètes telluriques : Mercure, Vénus, Terre, mars. Peu massives, elles ont un sol solide dont les roches sont composées des éléments les plus lourds. Plus loin se trouvent Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, les géantes gazeuses, essentiellement formées d'hydrogène et d'hélium.

 

La Terre, nous dit Stephen Hawking, est une suite de hasards heureux.

 

- Sa distance au soleil lui donne une température compatible avec la présence d'eau liquide.

 

- Son orbite est un cercle presque parfait, ce qui lui procure une température sensiblement constante et uniquement modulée par les saisons résultant de l'inclinaison de son axe de rotation par rapport à son plan orbital. Une orbite plus aplatie provoquerait l'ébullition des océans au moment où la Terre serait la plus proche du soleil et les ferait geler quand la Terre en serait la plus éloignée. Difficile de s'adapter !

 

- Sa masse est juste suffisante pour que la force de gravité lui conserve une atmosphère. Trop faible, elle perdrait ses gaz et aurait un ciel aussi noir que celui de la lune.

 

On sait aujourd'hui que ce hasard n'est pas unique. La traque des planètes orbitant autour de soleils étrangers a été lancée et la liste de celles tout aussi miraculeusement situées devrait s'allonger rapidement. L'hypothèse d'une vie qui pourrait s'y développer, peut-être même suivant le mode terrestre, prend corps. Et pourquoi ne pas rêver : des êtres intelligents, peut-être un jour, capteront les signaux que nous avons commencé à leur adresser.

 

Quand s'assemblent les molécules du vivant.

 

Revenons à la Terre. Vers les années 1950 on estimait son atmosphère initiale, constituée quatre milliards d'années plus tôt, comme étant composée de vapeur d'eau, d'hydrogène, de méthane et d'ammoniac. L'eau apporte l'oxygène. Le méthane apporte le carbone, l'ammoniac l'azote. L'hydrogène se présente aussi bien à l'état de simple molécule qu'associé à chacun des trois autres. Les quatre éléments constitutifs des acides aminés sont donc présents dans cette atmosphère. Est-ce suffisant pour produire ces molécules support du vivant?

 

En 1953, Le jeune chimiste Stanley Miller, encore étudiant en thèse, imaginait une expérience rappelant l'œuf de Berthelot. Dans un simple ballon de verre, un dispositif simulant le système "eau-atmosphère primitive" était soumis à l'action d'étincelles électriques reproduisant les éclairs qu'une atmosphère si chargée ne pouvait manquer de provoquer.

 

Après plusieurs jours d'exposition, les parois du ballon présentaient des traces huileuses et l'eau qu'il contenait était devenue brune. Dans cette "soupe primitive" l'étudiant trouvait trois acides aminés. La découverte faisait l'effet d'un coup de tonnerre et l'idée s'imposait : l'origine de la vie est terrestre !

 

Mais bientôt la terre quitte son statut privilégié.

 

Les astronomes ont détecté dans le gaz interstellaire une multitude de molécules composées des quatre éléments du vivant, C, H, O, N. On y trouve essentiellement des molécules de dihydrogène H2, d'eau H2O. On y trouve aussi des molécules construites sur un squelette de carbone : du monoxyde de carbone CO, du méthane CH4, de l'ammoniac NH3, toutes molécules que l'on retrouve dans l'atmosphère initiale de la terre. On y détecte surtout une bonne centaine de molécules particulièrement complexes dont des acides aminés qui se concentrent sur les météorites. Une nouvelle proposition rencontre la faveur des scientifiques : la vie est née de l'espace, la Terre n'ayant été qu'un support fertile !

 

Mais faut-il exclure totalement une origine terrestre ? La Terre, avec ses volcans ou ses sources hydrothermales enfouies dans les fonds océaniques est riche en milieux où pressions et températures peuvent provoquer des synthèses proches de celles naissant dans l'univers stellaire. Il est admis que les acides aminés, produits aussi bien sur terre que dans l'espace, ont trouvé sur notre planète, et en particulier dans ses océans, les conditions des réactions chimiques propices à la naissance de la vie. L'eau est en effet essentielle. Elle concentre les molécules qu'elle reçoit et favorise les occasions de rencontres. Elle protège les nouvelles combinaisons des rayons ultraviolets issus d'un soleil encore particulièrement actif.

 

En quelques centaines de millions d'années les molécules se complexifient, les acides aminés s'assemblent en protéines de plus en plus longues jusqu'à atteindre les millions d'atomes de l'ADN. La vie s'installe dans une atmosphère sans oxygène jusqu'à ce qu'apparaissent les premiers organismes utilisant le rayonnement solaire pour puiser leur carbone dans le gaz carbonique de l'atmosphère en y rejetant un déchet, l'oxygène, qui rend l'atmosphère toxique pour la plupart des organismes vivant alors sur terre.

 

Une autre forme de vie va naître et une longue évolution mènera à l'être humain. Un être humain qui s'interroge encore sur la nature de cette vie qui anime la matière carbonée et sur la suite de hasards qui a fait s'allumer, chez lui, cette conscience qui lui a permis d'imaginer toute cette histoire. Ailleurs, peut-être, sur d'autres planètes tournant autour d'autres soleils, d'autres êtres vivent.

 

Des êtres qui pourraient nous être proches ? Comme Jacques Monod il est difficile de l'imaginer. "L'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'Univers d'où il a émergé par hasard", écrivait-il en conclusion de son essai sur le "hasard et la nécessité".

 

Chacune des espèces vivant sur terre est elle-même seule dans "l'immensité indifférente de l'Univers" mais on sait, à présent, que toutes sont interdépendantes. Le hasard les a fait naître mais le hasard n'est plus nécessairement la première cause de leur disparition. Un espèce, l'espèce humaine, est devenue, en moins de deux siècles, le premier des animaux terrestres capable de modifier, profondément, les conditions de la vie sur la planète. Au point d'y menacer l'existence des autres espèces, y compris de la sienne.

 

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Le livre d'où est extrait cet article :

 

 

 

 

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L’auteur nous fait suivre la longue quête qui, depuis les philosophes de la Grèce antique jusqu’aux chimistes et biologistes du XVIIIe siècle, nous a appris l’importance du carbone et celle du CO2.

 

L’ouvrage décrit ensuite la naissance d’une chimie des essences végétales qui était déjà bien élaborée avant qu’elle ne s’applique au charbon et au pétrole. Vient le temps de la « révolution industrielle ». La chimie en partage les succès mais aussi les excès.

 

Entre pénurie et pollutions, le « carbone fossile » se retrouve aujourd’hui au centre de nos préoccupations. De nombreux scientifiques tentent maintenant d’alerter l’opinion publique.

 

Seront-ils entendus ?

 

 

 

Un livre chez Vuibert.

 

feuilleter

 

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12 Novembre 2014.

 

 

14h20. Au moment où cet article, issu du livre "Histoire du Carbone et du CO2", est retranscrit sur ce site, la sonde Philaë s'approche de la comète Churyumov-Gerasimenko. Bientôt nous devrions en savoir un peu plus sur l'origine de la vie.

 

 

 

En direct du CNES.

Rosetta, Philae et le carbone, du Big-bang à l'homo-sapiens.
Philae devrait s'être posée. Attente anxieuse de son premier signal.

Philae devrait s'être posée. Attente anxieuse de son premier signal.

La tension monte.

La tension monte.

17h05. C'est gané !

17h05. C'est gané !

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3 novembre 2014 1 03 /11 /novembre /2014 09:12

 

COPENHAGUE, le 2 novembre

 

L’influence de l’homme sur le système climatique est claire et en augmentation, avec des incidences observées sur tous les continents. Si on ne les maîtrise pas, les changements climatiques vont accroître le risque de conséquences graves, généralisées et irréversibles pour l’être humain et les écosystèmes. Nous disposons toutefois d’options pour nous adapter à ces changements et des activités rigoureuses d’atténuation peuvent limiter les conséquences de l’évolution du climat à une gamme gérable, d’où un avenir meilleur et plus viable.

 

Il s’agit là des principales conclusions du Rapport de synthèse publié dimanche par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ce rapport condense et intègre les conclusions du cinquième Rapport d’évaluation du GIEC, produit par plus de 800 scientifiques et publié au cours des 13 derniers mois, qui constitue l’évaluation la plus complète des changements climatiques jamais entreprise.

 

Selon M. R. K. Pachauri, président du GIEC, « Nous avons les moyens de limiter les changements climatiques. Il existe de nombreuses solutions qui permettent un développement économique et humain continu. Nous n’avons besoin que de la volonté d’évoluer, qui, nous l’espérons, sera motivée par la connaissance et par la compréhension de la science des changements climatiques. »

 

Le Rapport de synthèse confirme que de tels changements sont observés dans le monde entier et que le réchauffement du système climatique est sans équivoque. Nombre des changements constatés depuis les années 50 sont sans précédent depuis des dizaines d’années, voire des millénaires. D’après M.Thomas Stocker, coprésident du Groupe de travail I du GIEC, « Selon notre évaluation, l’atmosphère et les océans se sont réchauffés, la quantité de neige et de glace a diminué, le niveau de la mer s’est élevé et la concentration de dioxyde de carbone a augmenté jusqu’à un niveau sans précédent depuis 800 000 ans. »

 

Le Rapport affirme avec une certitude plus grande que les évaluations précédentes que les émissions de gaz à effet de serre et d’autres facteurs anthropiques ont été la cause prédominante du réchauffement observé depuis le milieu du XXe siècle. Les incidences des changements climatiques se sont faites sentir sur l’ensemble des continents et des océans au cours des dernières décennies. Plus les activités humaines perturbent le climat, plus les risques sont élevés.

 

Selon le Rapport, des émissions constantes de gaz à effet de serre vont provoquer un réchauffement supplémentaire et des altérations de longue durée de tous les éléments du système climatique, augmentant ainsi le risque de conséquences vastes et profondes qui toucheront toutes les strates de la société et le milieu naturel.

 

Le Rapport de synthèse indique clairement que de nombreux risques représentent des problèmes particuliers pour les pays les moins développés et les collectivités vulnérables, vu leur capacité limitée d’y faire face.

 

Les personnes marginalisées sur le plan social, économique, culturel, politique, institutionnel ou autre sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques. La limitation des effets des changements climatiques pose des problèmes d’équité et de justice, mais elle est nécessaire pour aboutir à un développement durable et à l’élimination de la pauvreté.

 

Selon M.Pachauri, « Nombre des personnes les plus vulnérables aux changements climatiques ont contribué et contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre. Il ne sera pas possible de faire face à ces changements si des organismes particuliers mettent en avant leurs propres intérêts de façon indépendante. On ne pourra lutter contre les changements climatiques que grâce à des réponses coopératives et notamment à une coopération internationale. »

 

D’après M.Vicente Barros, coprésident du Groupe de travail II du GIEC, « L’adaptation est très importante du fait qu’elle peut être intégrée à la poursuite du développement et qu’elle peut contribuer à nous préparer aux risques, ce à quoi nous nous sommes déjà engagés du point de vue des émissions passées et de l’infrastructure actuelle. »

 

Toutefois, l’adaptation ne suffit pas en elle-même. Des réductions importantes et soutenues des émissions des gaz à effet de serre sont primordiales pour limiter les risques dus aux changements climatiques. Et comme l’atténuation réduit le rythme et l’ampleur du réchauffement, elle accroît, possiblement de plusieurs dizaines d’années, le temps dont nous disposons pour nous adapter à un niveau donné d’évolution du climat. Il existe de nombeux ’atténuation permettant d’aboutir, au cours des décennies à venir, aux réductions importantes des émissions nécessaires pour limiter, avec une probabilité de plus de 66%, le réchauffement à 2°C, objectif fixé par les gouvernements. Cependant, selon le Rapport, si l’on retarde une nouvelle atténuation à 2030, cela accroîtra sensiblement les problèmes techniques, économiques, sociaux et institutionnels que pose la limitation du réchauffement à moins de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels d’ici la fin du XXIe siècle.

 

D’après M.Youba Sokona, coprésident du Groupe de travail III du GIEC, « Il est possible, sur le plan technique, de passer à une économie à faible teneur en carbone. Mais ce qui manque, ce sont des politiques et des institutions appropriées. Plus nous attendrons pour prendre des dispositions, plus l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de ceux-ci coûteront cher. »

 

Selon le Rapport de synthèse, les évaluations quant au prix de l’atténuation varient, mais la croissance économique mondiale n’en serait pas affectée outre mesure. Dans les scénarios prévoyant une situation inchangée, la consommation – indicateur indirect de la croissance économique – continuera d’augmenter de 1,6 à 3 % par an au cours du XXIe siècle. Une atténuation ambitieuse permettrait de réduire ce taux de 0,06 point de pourcentage.

 

D’après M.Sokona, « Par comparaison avec le risque imminent d’une évolution irréversible due aux changements climatiques, les risques de l’atténuation sont gérables. »

 

Ces évaluations économiques du prix de l’atténuation ne tiennent compte ni des avantages d’une réduction des changements climatiques, ni des nombreux bénéfices secondaires en matière de santé, de conditions de vie et de développement.

 

Selon M.Pachauri, « La justification scientifique de la priorité à accorder aux mesures de lutte contre l’évolution du climat est plus claire que jamais. Nous disposons de peu de temps avant que la conjoncture permettant de limiter le réchauffement à 2°C ne prenne fin. Pour que nous ayons une bonne chance de rester au-dessous de 2°C à un prix gérable, nos émissions, sur le plan mondial, devraient diminuer de 40 à 70% entre 2010 et 2050, et tomber à zéro ou moins d’ici 2100. Nous avons cette possibilité, et le choix nous incombe. »

 

Une évaluation globale.

 

Le Rapport de synthèse, rédigé sous la direction de M.R.K.Pachauri, président du GIEC, forme la pierre angulaire du cinquième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts. Les trois premiers volumes, fondés sur les grandes lignes approuvées en octobre 2009 par les 195 gouvernements membres du GIEC, ont été publiés au cours des 14 derniers mois : The Physical Science Basis (Les bases scientifiques physiques) en septembre 2013, Impacts, Adaptation and Vulnerability (Conséquences, adaptation et vulnérabilité) en mars 2014, et Mitigation of Climate Change (L’atténuation des changements climatiques) en avril 2014.

 

Les rapports du GIEC sont le fruit des nombreuses années de labeur de toute la communauté scientifique qui fait des recherches sur les changements climatiques. Plus de 830auteurs coordonnateurs principaux, auteurs principaux et réviseurs représentant plus de 80 pays et ayant diverses opinions et compétences scientifiques, techniques et socio-économiques ont produit l’apport des trois groupes de travail, soutenus par plus de 1000 contributeurs et par plus de 2000 réviseurs experts, lors d’un processus répétitif d’examen et de révision. Les auteurs ont évalué plus de 30 000 documents scientifiques pour produire le cinquième Rapport d’évaluation. Une soixantaine d’auteurs et d’éditeurs appartenant au Bureau du GIEC et aux équipes d’auteurs des groupes de travail ont participé à la rédaction du Rapport de synthèse. Ils ont pu accomplir leur œuvre grâce à l’apport et au dévouement du Service d’appui technique au Rapport de synthèse.

 

M.Pachauri a déclaré : « Je tiens à remercier les centaines d’experts de la communauté scientifique mondiale qui ont fait don de leur temps et de leur compétence pour produire l’évaluation la plus exhaustive de l’évolution du climat produite à ce jour. J’espère que ce rapport va répondre aux besoins des gouvernements du monde entier et servir de base scientifique aux négociateurs qui s’efforceront de conclure un nouvel accord mondial sur le climat. »

 

 

 

 

On parle du changement climatique dans :

 

 

 

 

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L’auteur nous fait suivre la longue quête qui, depuis les philosophes de la Grèce antique jusqu’aux chimistes et biologistes du XVIIIe siècle, nous a appris l’importance du carbone et celle du CO2.

 

L’ouvrage décrit ensuite la naissance d’une chimie des essences végétales qui était déjà bien élaborée avant qu’elle ne s’applique au charbon et au pétrole. Vient le temps de la « révolution industrielle ». La chimie en partage les succès mais aussi les excès.

 

Entre pénurie et pollutions, le « carbone fossile » se retrouve aujourd’hui au centre de nos préoccupations. De nombreux scientifiques tentent maintenant d’alerter l’opinion publique.

 

Seront-ils entendus ?

 

 

 

Un livre chez Vuibert.

 

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 15:59

Les produits contenant des nanoparticules envahissent de plus en plus vite notre quotidien. Rappelons qu’1 nanomètre est 1000 millions de fois plus petit qu’un mètre. Ces nouvelles nano molécules hightech sont développées dans de nombreux domaines. En métallurgie, en chimie comme en biologie et ainsi, aussi, dans leurs utilisations médicales. C’est à ces dernières que nous nous intéressons. Souvent, les ingénieurs en recherche et développement qui inventent de nouvelles applications des Nanos sont commercialisés sans le moindre contrôle, au mépris de la réglementation qui les oblige à tester la toxicité des substances avant de les vendre. Or, il s’avère que ces nanoparticules sont souvent redoutables – elles sont si petites que certaines peuvent traverser tous les organes, jouer avec notre ADN et provoquer de nombreux dégâts. Or on peut dire, sans exagération, que cette opération « nano », menée à l’échelle planétaire, souvent avec le pire cynisme, continue de se déployer pour capter des profits mirobolants au détriment de notre santé.

 

Continent sciences par Stéphane Deligeorges

 

Invité : Roger Lenglet, Philosophe, journaliste

 

Ecouter l’émission

 

 

http://www.franceculture.fr/emission-continent-sciences-quand-le-nocif-se-fait-nanometrique-2014-10-27


Le livre :

 

Les produits contenant des nanoparticules envahissent notre quotidien. Invisibles à l’oeil nu, ces nouvelles molécules hightech laissent parfois deviner leur présence par les accroches publicitaires : aliments aux “saveurs inédites”, “cosmétiques agissant plus en profondeur”, “sous-vêtements antibactériens”, fours et réfrigérateurs “autonettoyants”, articles de sports “plus performants”, et armes plus destructrices…

 

Sans cesse, les ingénieurs en recherche et développement inventent de nouvelles applications des nanos qui sont commercialisées sans le moindre contrôle, au mépris de la réglementation les obligeant à tester la toxicité des substances avant de les vendre. Or, il s’avère que ces nanoparticules sont souvent redoutables – elles sont si petites que certaines peuvent traverser tous les organes, jouer avec notre ADN et provoquer de nombreux dégâts.

 

Grâce à son enquête aussi rigoureuse qu’explosive, Roger Lenglet a retrouvé les principaux acteurs des nanotechnologies. Il livre ici leurs secrets et les dessous de cette opération menée à l’échelle planétaire qui, avec le pire cynisme, continue de se déployer pour capter des profits mirobolants au détriment de notre santé.

 

Avec ce premier livre en français sur la toxicité des nanoparticules, Roger Lenglet tente de prévenir un nouveau scandale sanitaire d’une ampleur inimaginable.

 

Pour voir des extraits.


La vidéo :

http://www.youtube.com/watch?v=TM8wumsICxI

 

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Ecouter sur France Culture :

 

Terre à terre par Ruth Stégassy. Les Nanotoxiques

 

Avec Roger Lenglet, philosophe et journaliste d’investigation auteur de "Nanotoxiques.

 

 

 

 


On parle aussi des nanoparticules dans :

 

Histoire du carbone et du CO2. De l’origine de la vie jusqu’au dérèglement climatique.

 

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Dérèglement climatique, fonte des glaces, cyclones, sécheresses...

 

Coupable : le dioxyde de carbone.

 

Pourtant sans ce gaz il n’y aurait aucune trace de vie sur Terre.

 

Histoire du carbone et du CO2.

 

Un livre chez Vuibert.

 

feuilleter

 

L’auteur nous fait suivre la longue quête qui, depuis les philosophes de la Grèce antique jusqu’aux chimistes et biologistes du XVIIIe siècle, nous a appris l’importance du carbone et celle du CO2.

 

L’ouvrage décrit ensuite la naissance d’une chimie des essences végétales qui était déjà bien élaborée avant qu’elle ne s’applique au charbon et au pétrole. Vient le temps de la « révolution industrielle ». La chimie en partage les succès mais aussi les excès.

 

Entre pénurie et pollutions, le « carbone fossile » se retrouve aujourd’hui au centre de nos préoccupations. De nombreux

scientifiques tentent maintenant d’alerter l’opinion publique.

Seront-ils entendus ?

 

Voir l’introduction et la table des matières

 

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13 août 2014 3 13 /08 /août /2014 15:30

 

Physicienne reconnue et personnalité politique de premier plan en Tunisie, Faouzia Farida Charfi offre avec ce livre un vibrant plaidoyer pour la science et l’autonomie de la pensée.

Puisant dans l’actualité récente mais aussi dans l’histoire, elle retrace ici les relations entretenues par l’islam et la science. Des relations qui, après un véritable âge d’or des sciences arabes et la période réformiste du XIXe siècle, sont désormais marquées du sceau de l’ambiguïté : oscillant entre le rejet et la fascination, les islamistes se livrent aujourd’hui à des tentatives pour concilier les théories scientifiques et le Coran, dénaturant ainsi et la science et l’islam sous prétexte de modernité.

Faouzia Farida Charfi analyse aussi le créationnisme pour dénoncer l’alliance objective des fondamentalismes – anglo-saxons ou musulmans – et le sort qu’ils réservent aux femmes. Elle rappelle enfin qu’on peut les combattre et ouvre quelques pistes en ce sens.

Un appel pour que la Tunisie se donne les moyens de son avenir.

Faouzia Farida Charfi est physicienne et professeur à l’Université de Tunis. Militante de la première heure, dès la présidence de Habib Bourguiba, elle a été nommée secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur dans le gouvernement provisoire issu de la révolution du 14 janvier 2011. Elle en a démissionné peu après pour reprendre sa liberté de parole et d’action.

 

Un extrait de la conclusion de son ouvrage :

 

" ... la science est basée sur l'analyse de l'observation des faits de la nature ou des résultats d'expérience et sur leur traduction en termes de théories dont la validité peut constamment être remise en cause. Elle réunit autour d'elle un monde parlant le même langage et offre un cadre de discussions à une échelle autre que nationale et dans une certaine mesure, à l'abri des clivages idéologiques et politiques.

 

Le statut que la science a acquis lui vient de la persévérance des savants, de leur travail souvent solitaire, de leur résistance aux attaques dont ils ont été l'objet, de leur enthousiasme aussi par rapport au bonheur que procure la découverte. Ils laissent un legs scientifique dont la richesse est le fruit d'un questionnement libre et sans limite, excluant les dogmes. "

 

Et un autre message qui s'adresse à la jeunesse tunisienne mais qui pourrait s'adresser à la jeunesse d'Europe et en particulier de la France qui voit son enseignement scientifique déserté par les étudiants.

 

La jeunesse tunisienne "pourrait être en mesure de créer de nouveaux concepts scientifiques générant de nouvelles avancées dans différents domaines, tels que l'informatique, la biologie, les énergies renouvelables, et contribuer à la construction du savoir scientifique.

 

Cela implique que le savoir ne soit pas conçu comme un produit "utile", mais comme l'aventure d'un esprit libre et critique. Cela implique que la science entre par la grande porte, afin d'être appropriée, valorisée et enrichie. Et non pas des bouts de science repris, déformés, mis en avant pour donner un vernis de modernisme, l'illusion d'être dans le monde actuel de la technologie. Ces bouts de sciences ne peuvent être générateurs de connaissances.

 

Un long chemin reste encore à faire dans l'ensemble du monde arabe. Ma conviction est qu'il vaut la peine d'être parcouru malgré les obstacles et je nourris l'espoir que bientôt les pays arabes se hisseront au rang de ceux qui ont accès au monde de la connaissance et contribueront au savoir universel."

 

__________________________ ____________________________________________

 

 

 

 

Suivre l'interview de Faouzia Farida Charfi

 

Ecouter également sur RFI :

Peut-on espérer une révolution du savoir en Tunisie ?

 

 

 

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4 août 2014 1 04 /08 /août /2014 07:07

En cette année 2014 du centenaire du début de le première guerre mondiale chacun, de part et d'autre du Rhin, se plait à dénoncer le massacre de millions d'hommes et de femmes.

 

C'est seulement un an avant le début de cette guerre, le 1er avril 2013, que paraissait le premier numéro d'une revue promise à un long succès : "La Science et la Vie", devenu "Science et Vie".

 

Côté "Vie", on pouvait y lire un article sur "Les grands chirurgiens français d'aujourd'hui" ou encore, et déjà, un article sur "La répression des fraudes alimentaire". Mais, dès les premières pages de la revue le lecteur était invité à suivre "La naissance, la vie et la mort d'un canon". La couverture de la revue représentait d'ailleurs l'usinage de ce fameux canon, avec, au premier plan, un officier, sabre au côté, surveillant l'opération.

 

 

Poursuivant leur lecture jusqu'aux dernières pages, un lecteur ou une lectrice, pouvaient y lire un article de Gabriel Lippmann, prix Nobel de Physique en 1908. Celui-ci, sous le titre "La science et la vie", entendait montrer comment "la science joue dans notre vie un rôle immense" et à quel point "elle fait essentiellement partie de notre avenir comme de notre passé".

 

L'invention de la roue, du bateau, de l'imprimerie, ont, écrivait-il, "créé l'époque moderne". Mais il y ajoutait la poudre :

 

"Car il n'est pas jusqu'à l'artillerie qui ne soit un instrument de progrès, j'allais dire de paix et de progrès, à condition qu'elle soit de plus en plus savante".

 

Gabriel Lippmann

 

Le discours était dans l'esprit du temps : la science devait être au service de la guerre et la guerre au service de l'industrie, du commerce… et de la science ! La démonstration qu'en faisait Lippmann mérite qu'on y jette un coup d'œil.

 

"Le boulet rond et le canon de bois, écrivait-il, ont suffit pour détruire le morcellement féodal et donner l'essor aux grandes nations. Aujourd'hui nous sommes plus avancés : nous avons une technique si perfectionnée que pour en tirer parti et surtout pour les perfectionner davantage, ce qui devient pour chacun une nécessité, il faut à chaque pays une foule de soldats suffisamment intelligents, d'officiers instruits, et par conséquent de corps savants et des écoles de haut enseignement bien organisées.

 

De plus, tout cela coûte horriblement cher, même en temps de paix. Aussi faut-il, pour porter le fardeau croissant des milliards, des revenus considérables ; c'est-à-dire une forte industrie ; c'est-à-dire un grand nombre d'industriels éclairés, de commerçants qui comprennent leur siècle ; il faut, en un mot, une classe bourgeoise cultivée".

 

Une science au service de la guerre

 

 A ce texte effarant d'un "savant", mettant la science au service du massacre qui allait, dans peu de temps, engloutir des millions d'hommes, il faut opposer le "discours à la jeunesse" de Jaurès, lu le 10 juillet 1903 devant les élèves du lycée d'Albi et la célèbre phrase :

 

"L’humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement".

 

Jean Jaurès

 

Un texte dont l'actualité ne peut nous échapper :

 

"Quoi donc ? La paix nous fuira-t-elle toujours ? [.] J’ose dire, avec des millions d’hommes, que maintenant la grande paix humaine est possible, et si nous le voulons, elle est prochaine. Des forces neuves y travaillent : la démocratie, la science méthodique, l’universel prolétariat solidaire.

 

La guerre devient plus difficile, parce qu’avec les gouvernements libres des démocraties modernes, elle devient à la fois le péril de tous par le service universel, le crime de tous par le suffrage universel.

 

La guerre devient plus difficile parce que la science enveloppe tous les peuples dans un réseau multiplié, dans un tissu plus serré tous les jours de relations, d’échanges, de conventions ; et si le premier effet des découvertes qui abolissent les distances est parfois d’aggraver les froissements, elles créent à la longue une solidarité, une familiarité humaine qui font de la guerre un attentat monstrueux et une sorte de suicide collectif".

 

Dans le siècle qui allait suivre c'est, hélas, le sombre tableau dressé par Lippmann,  d'une science au service de la guerre, qui allait s'imposer.

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23 avril 2014 3 23 /04 /avril /2014 21:03
Au moment où l'Europe se souvient du début de la première guerre mondiale, il faut relire le discours de Jaurès à la jeunesse. Noter, en particulier, son espoir d'une science au service de la paix.
"La guerre devient plus difficile parce que la science enveloppe tous les peuples dans un réseau multiplié, dans un tissu plus serré tous les jours de relations, d'échanges, de conventions ; et si le premier effet des découvertes qui abolissent les distances est parfois d'aggraver les froissements, elles créent à la longue une solidarité, une familiarité humaine qui font de la guerre un attentat monstrueux et une sorte de suicide collectif. "
Espoir hélas démenti par les faits.

 

MESDAMES,
MESSIEURS,
JEUNES ÉLÈVES,

 

C'est une grande joie pour moi de me retrouver en ce lycée d'Albi et d'y reprendre un instant la parole. Grande joie nuancée d'un peu de mélancolie ; car lorsqu'on revient à de longs intervalles, on mesure soudain ce que l'insensible fuite des jours a ôté de nous pour le donner au passé. Le temps nous avait dérobés à nous mêmes, parcelle à parcelle, et tout à coup c'est un gros bloc de notre vie que nous voyons loin de nous. La longue fourmilière des minutes emportant chacune un grain chemine silencieusement, et un beau soir le grenier est vide.

 

Mais qu'importe que le temps nous retire notre force peu à peu, s'il l'utilise obscurément pour des oeuvres vastes en qui survit quelque chose de nous ? Il y a vingt deux ans, c'est moi qui prononçais ici le discours d'usage. Je me souviens (et peut-être quelqu'un de mes collègues d'alors s'en souvient-il aussi) que j'avais choisi comme thème : les Jugements humains. Je demandais à ceux qui m'écoutaient de juger les hommes avec bienveillance, c'est-à-dire avec, équité, d'être attentifs dans les consciences les plus médiocres et les existences les plus dénuées, aux traits de lumière, aux fugitives étincelles de beauté morale par où se révèle la vocation de grandeur de la nature humaine. Je les priais d'interpréter avec indulgence le tâtonnant effort de l'humanité incertaine.

 

Peut-être dans les années de lutte qui ont suivi, ai-je manqué plus d'une fois envers des adversaires à ces conseils de généreuse équité. Ce qui me rassure un peu, c'est que j'imagine qu'on a dû y manquer aussi parfois à mon égard, et cela rétablit 1'équilibre. Ce qui reste vrai, à travers toutes nos misères, à travers toutes les injustices commises ou subies, c'est qu'il faut faire un large crédit à la nature humaine ; c'est qu'on se condamne soi-même à ne pas comprendre l'humanité, si on n'a pas le sens de sa grandeur et le pressentiment de ses destinées incomparables.

 

Cette confiance n'est ni sotte, ni aveugle, ni frivole. Elle n'ignore pas les vices, les crimes, les erreurs, les préjugés, les égoïsmes de tout ordre, égoïsme des individus, égoïsme des castes, égoïsme des partis, égoïsme des classes, qui appesantissent la marche de l'homme, et absorbent souvent le cours du fleuve en un tourbillon trouble et sanglant. Elle sait que les forces bonnes, les forces de sagesse, de lumière, de justice, ne peuvent se passer du secours du temps, et que la nuit de la servitude et de l'ignorance n'est pas dissipée par une illumination soudaine et totale, mais atténuée seulement par une lente série d'aurores incertaines.

 

Oui, les hommes qui ont confiance en l'homme savent cela. Ils sont résignés d'avance à ne voir qu'une réalisation incomplète de leur vaste idéal, qui lui-même sera dépassé ; ou plutôt ils se félicitent que toutes les possibilités humaines ne se manifestent point dans les limites étroites de leur vie. Ils sont pleins d'une sympathie déférente, et douloureuse pour ceux qui ayant été brutalisés par l'expérience immédiate ont conçu de pensées amères, pour ceux dont la vie a coïncidé avec des époques de servitude, d'abaissement et de réaction, et qui, sous le noir nuage immobile, ont pu croire que le jour ne se lèverait plus ; Mais eux-mêmes se gardent bien d'inscrire définitivement au passif de l'humanité qui dure les mécomptes des générations qui passent. Et ils affirment avec une certitude qui ne fléchit pas, qu'il vaut la peine de penser et d'agir, que l'effort humain vers la clarté et le droit n'est jamais perdu. L'histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l'invincible espoir.

 

Dans notre France moderne, qu'est-ce donc que la République ? C'est un grand acte de confiance. Instituer la République, c'est proclamer que des millions d hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action ; qu'ils sauront concilier la liberté et la loi, le mouvement et l'ordre ; qu'ils sauront se combattre sans se déchirer ; que leurs divisions n'iront pas jusqu'à une fureur chronique de guerre civile, et qu'ils ne chercheront jamais dans une dictature passagère une trêve funeste et un lâche repos. Instituer la République, c'est proclamer que les citoyens des grandes nations modernes, obligés de suffire par un travail constant aux nécessités de la vie privée et domestique, auront cependant assez de temps et de liberté d'esprit pour s'occuper de la chose commune. Et si cette République surgit dans un monde monarchique encore, c'est assurer qu'elle s'adaptera aux conditions compliquées de la vie internationale, sans entreprendre sur l'évolution plus lente des autres peuples, mais sans rien abandonner de sa fierté juste et, sans atténuer l'éclat de son principe.

 

Oui, la République est un grand acte de confiance et un grand acte d'audace. L'invention en était si audacieuse, si paradoxale, que même les hommes hardis qui, il y a cent dix ans, ont révolutionné le monde, en écartèrent d'abord l'idée. Les constituants de 1789 et de 1791, même les législateurs de 1792 croyaient que la monarchie traditionnelle était l'enveloppe nécessaire de la société nouvelle. Ils ne renoncèrent à cet abri que sous les coups répétés de la trahison royale. Et quand enfin ils eurent déraciné la royauté, la République leur apparut moins comme un système prédestiné que comme le seul moyen de combler le vide laissé par la monarchie. Bientôt cependant, et après quelques heures d'étonnement et presque d'inquiétude, ils l'adoptèrent de toute leur pensée et de tout leur coeur. Ils résumèrent, ils confondirent en elle toute la Révolution. Et ils ne cherchèrent point à se donner le change. Ils ne cherchèrent point à se rassurer par l'exemple des républiques antiques ou des républiques helvétiques et italiennes. Ils virent bien qu'ils créaient une oeuvre, nouvelle, audacieuse et sans précédent. Ce n'était point l'oligarchique liberté des républiques de la Grèce, morcelées, minuscules et appuyées sur le travail servile. Ce n'était point le privilège superbe de servir la république romaine, haute citadelle d'où une aristocratie conquérante dominait le monde, communiquant avec lui par une hiérarchie de droits incomplets et décroissants qui descendait jusqu'au néant du droit, par un escalier aux marches toujours plus dégradées et plus sombres, qui se perdait enfin dans l'abjection de l'esclavage, limite obscure de la vie touchant à la nuit souterraine. Ce n'était pas le patriciat marchand de Venise et de Gênes. Non c'était la République d'un grand peuple où il n'y avait que des citoyens et où tous les citoyens étaient égaux. C'était la République de la démocratie et du suffrage universel. C'était une nouveauté magnifique et émouvante.

 

Les hommes de la Révolution en avaient conscience. Et lorsque dans la fête du 10 août 1793, ils célébrèrent cette Constitution, qui pour la première fois depuis l'origine de l'histoire organisait la souveraineté nationale et la souveraineté de tous, lorsque artisans et ouvriers, forgerons, menuisiers, travailleurs des champs défilèrent dans le cortège, mêlés aux magistrats du peuple et ayant pour enseignes leurs outils, le président de la Convention put dire que c'était un jour qui ne ressemblait à aucun autre jour, le plus beau depuis que le soleil était suspendu dans l'immensité de l'espace Toutes les volontés se haussaient pour être à la mesure de cette nouveauté héroïque. C'est pour elle que ces hommes combattirent et moururent. C'est en son nom qu'ils refoulèrent les rois de l'Europe. C'est en son nom qu'ils se décimèrent. Et ils concentrèrent en elle une vie si ardente et si terrible, ils produisirent par elle tant d'actes et tant de pensées, qu'on put croire que cette République toute neuve, sans modèle comme sans traditions, avait acquis en quelques années la force et la substance des siècles. Et pourtant que de vicissitudes et d'épreuves avant que cette République que les hommes de la Révolution avaient crue impérissable soit fondée enfin sur notre sol. Non seulement après quelques années d'orage elle est vaincue, mais il semble qu'elle s'efface à jamais et de l'histoire et de la mémoire même des hommes. Elle est bafouée, outragée ; plus que cela, elle est oubliée. Pendant un demi-siècle, sauf quelques coeurs profonds qui gardaient le souvenir et l'espérance , les hommes, la renient ou même l'ignorent. Les tenants de l'ancien régime ne parlent d'elle que pour en faire honte à la Révolution : "Voilà où a conduit le délire révolutionnaire". Et parmi ceux qui font profession de défendre le monde moderne, de continuer la tradition de la Révolution, la plupart désavouent la République et la démocratie. On dirait qu'ils ne se souviennent même plus. Guizot s'écrie : "Le suffrage universel n'aura jamais son jour". Comme s'il n'avait pas eu déjà ses grands jours d'histoire, comme si la Convention n'était pas sortie de lui. Thiers, quand il raconte la révolution du 10 août , néglige de dire qu'elle proclama le suffrage universel, comme si c'était là un accident sans importance et une bizarrerie d'un jour. République, suffrage universel, démocratie, ce fut, à en croire les sages, le songe fiévreux des hommes de la Révolution. Leur oeuvre est restée, mais leur fièvre est éteinte et le monde moderne qu'ils ont fondé, s'il est tenu de continuer leur oeuvre, n'est pas tenu de continuer leur délire. Et la brusque résurrection de la République, reparaissant en 1848 pour s'évanouir en 1851, semblait en effet la brève rechute dans un cauchemar bientôt dissipé.

 

Et voici maintenant que cette République qui dépassait de si haut l'expérience séculaire des hommes et le niveau commun de la pensée que quand elle tomba ses ruines mêmes périrent et son souvenir s'effrita, voici que cette République de démocratie, de suffrage universel et d'universelle dignité humaine, qui n'avait pas eu de modèle et qui semblait destinée à n'avoir pas de lendemain, est devenu la loi durable de la nation, la forme définitive de la vie française, le type vers lequel évoluent lentement toutes les démocraties du monde.

 

Or, et c'est là surtout ce que je signale à vos esprits, l'audace même de la tentative a contribué au succès. L'idée d'un grand peuple se gouvernant lui-même était si noble qu'aux heures de difficulté et de crise elle s'offrait à la conscience de la nation. Une première fois en 1793 le peuple de France avait gravi cette cime, et il y avait goûté un si haut orgueil, que toujours sous l'apparent oubli et l'apparente indifférence, le besoin subsistait de retrouver cette émotion extraordinaire. Ce qui faisait la force invincible de la République, c'est qu'elle n'apparaissait pas seulement de période en période, dans le désastre ou le désarroi des autres régimes, comme l'expédient nécessaire et la solution forcée. Elle était une consolation et une fierté. Elle seule avait assez de noblesse morale pour donner à la nation la force d'oublier les mécomptes et de dominer les désastres. C'est pourquoi elle devait avoir le dernier mot. Nombreux sont les glissements et nombreuses les chutes sur les escarpements qui mènent aux cimes ; mais les sommets ont une force attirante. La République a vaincu parce qu'elle est dans la direction des hauteurs, et que l'homme ne peut s'élever sans monter vers elle. La loi de la pesanteur n'agit pas souverainement sur les sociétés humaines ; et ce n'est pas dans les lieux bas qu'elles trouvent leur équilibre. Ceux qui, depuis un siècle, ont mis très haut leur idéal ont été justifiés par l'histoire. Et ceux-là aussi seront justifiés qui le placent plus haut encore. Car le prolétariat dans son ensemble commence à affirmer que ce n'est pas seulement dans les relations politiques des hommes, c'est aussi dans leurs relations économiques et sociales qu'il faut faire entrer la liberté vraie, l'égalité, la justice. Ce n'est pas seulement la cité, c'est l'atelier, c'est le travail, c'est la production, c'est la propriété qu'il veut organiser selon le type républicain. A un système qui divise et qui opprime, il entend substituer une vaste coopération sociale où tous les travailleurs de tout ordre, travailleurs de la main et travailleurs du cerveau, sous la direction de chefs librement élus par eux, administreront la production enfin organisée.

 

Messieurs, je n'oublie pas que j'ai seul la parole et que ce privilège m'impose beaucoup de réserve. Je n'en abuserai point pour dresser dans cette fête une idée autour de laquelle se livrent et se livreront encore d'âpres combats. Mais comment m'était-il possible de parler devant cette jeunesse qui est l'avenir, sans laisser échapper ma pensée d'avenir Je vous aurais offensés par trop de prudence ; car quel que soit votre sentiment sur le fond des choses, vous êtes tous des esprits trop libres pour me faire grief d'avoir affirmé ici cette haute espérance socialiste, qui est la lumière de ma vie. Je veux seulement dire deux choses, parce qu'elles touchent non au fond du problème, mais à la méthode de l'esprit et à la conduite de la pensée. D'abord, envers une idée audacieuse qui doit ébranler tant d'intérêts et tant d'habitudes et qui prétend renouveler le fond même de la vie, vous avez le droit d'être exigeants. Vous avez le droit de lui demander de faire ses preuves, c'est-à-dire d'établir avec précision comment elle se rattache à toute l'évolution politique et sociale, et comment elle peut s'y insérer. Vous avez le droit de lui demander par quelle série de formes juridiques et économiques elle assurera le passage de l'ordre existant à l'ordre nouveau. Vous avez le droit d'exiger d'elle que les premières applications qui en peuvent être faites ajoutent à la vitalité économique et morale de la nation. Et il faut qu'elle prouve, en se montrant capable de défendre ce qu'il y a déjà de noble et de bon dans le patrimoine humain, qu'elle ne vient pas le gaspiller, mais l'agrandir. Elle aurait bien peu de foi en elle-même si elle n'acceptait pas ces conditions.

 

En revanche, vous, vous lui devez de l'étudier d'un esprit libre, qui ne se laisse troubler par aucun intérêt de classe. Vous lui devez de ne pas lui opposer ces railleries frivoles, ces affolements aveugles ou prémédités et ce parti pris de négation ironique ou brutale que si souvent, depuis, un siècle même, les sages opposèrent à la République, maintenant acceptée de tous, au moins en sa forme. Et si vous êtes tentés de dire encore qu'il ne faut pas s'attarder à examiner ou à discuter des songes, regardez en un de vos faubourgs. Que de railleries, que de prophéties sinistres sur l'oeuvre qui est là ! Que de lugubres pronostics opposés aux ouvriers qui prétendaient se diriger eux-mêmes, essayer dans une grande industrie la forme de la propriété collective et la vertu de la libre discipline. L'oeuvre a duré pourtant ; elle a grandi : elle permet d'entrevoir ce que peut donner la coopération collectiviste. Humble bourgeon à coup sûr mais qui atteste le travail de la sève, la lente montée des idées nouvelles la puissance de transformation de la vie. Rien n'est plus menteur que le vieil adage pessimiste et réactionnaire de l'Ecclésiaste désabusé : "II n'y a rien de nouveau sous le soleil". Le soleil lui, même a été jadis une nouveauté, et la terre fut une nouveauté, et l'homme fut une nouveauté. L'histoire humaine n'est qu'un effort incessant d'invention, et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création.

 

C'est donc d'un esprit libre aussi, que vous accueillerez cette autre grande nouveauté qui s'annonce par des symptôme multipliés : la paix durable entre les nations, la paix définitive. Il ne s'agit point de déshonorer la guerre dans le passé. Elle a été une partie de la grande action humaine, et l'homme l'a ennoblie par la pensée et le courage, par l'héroïsme exalté, par le magnanime mépris de la mort. Elle a été sans doute et longtemps, dans le chaos de l'humanité désordonnée et saturée d'instincts brutaux, le seul moyen de résoudre les conflits ; elle a été aussi la dure force qui, en mettant aux prises les tribus, les peuples, les races, a mêlé les éléments humains et préparé les groupements vastes. Mais un jour vient, et tout nous signifie qu'il est proche, où l'humanité est assez organisée, assez maîtresse d'elle-même pour pouvoir résoudre par la raison, la négociation et le droit les conflits de ses groupements et de ses forces. Et la guerre, détestable et grande tant qu'elle était nécessaire, est atroce et scélérate quand elle commence à paraître inutile.

 

Je ne vous propose pas un rêve idyllique et vain. Trop longtemps les idées de paix et d'unité humaines n'ont été qu'une haute clarté illusoire qui éclairait ironiquement les tueries continuées. Vous souvenez-vous de l'admirable tableau que nous a laissé Virgile de la chute de Troie ? C'est la nuit : la cité surprise est envahie par le fer et le feu, par le meurtre, l'incendie et le désespoir. Le palais de Priam est forcé et les portes abattues laissent apparaître la longue suite des appartements et des galeries. De chambre en chambre, les torches et les glaives poursuivent les vaincus ; enfants, femmes, vieillards se réfugient en vain auprés de l'autel domestique que le laurier sacré ne protège plus contre la mort et contre 1'outrage, le sang coule à flots, et toutes les bouches crient de terreur, de douleur, d'insulte et de haine. Mais par dessus la demeure bouleversée et hurlante, les cours intérieures, les toits effondrés laissent apercevoir le grand ciel serein et paisible, et toute la clameur humaine de violence et d'agonie monte vers les étoiles d'or : Ferit aurea sidera clamor.

 

De même, depuis vingt siècles, et de période en période, toutes les fois qu'une étoile d'unité et de paix s'est levée sur les hommes, la terre déchirée et sombre a répondu par des clameurs de guerre.

 

C'était d'abord 1'astre impérieux de Rome conquérante qui croyait avoir absorbé tous le conflits dans le rayonnement universel de sa force. L'empire s'effondre sous le choc des barbares, et un effroyable tumulte répond à la prétention superbe de la paix romaine. Puis ce fut l'étoile chrétienne qui enveloppa la terre d'une lueur de tendresse et d'une promesse de paix. Mais atténuée et douce aux horizons galiléens, elle se leva dominatrice et âpre sur l'Europe féodale. La prétention de la papauté à apaiser le monde sous sa loi et au nom de 1'unité catholique ne fit qu'ajouter aux troubles et aux conflits de l'humanité misérable. Les convulsions et les meurtres des nations du moyen age, les chocs sanglants des nations modernes, furent la dérisoire réplique à la grande promesse de paix chrétienne. La Révolution à son tour lève un haut signal de paix universelle par 1'universelle liberté. Et voilà que de la lutte même de la Révolution contre les forces du vieux monde, se développent des guerre formidables.

 

Quoi donc ? La paix nous fuira-t-elle toujours ? Et la clameur des hommes, toujours forcenés et toujours déçus, continuera-t-elle à monter vers les étoiles d'or, des capitales modernes incendiées par les obus, comme de l'antique palais de Priam incendié par les torches Non ! non ! et malgré les conseils de prudence que nous donnent ces grandioses déceptions, j'ose dire, avec des millions d'hommes, que maintenant la grande paix humaine est possible, et si nous le voulons, elle est prochaine. Des forces neuves travaillent : la démocratie, la science méthodique, l'universel prolétariat solidaire. La guerre devient plus difficile, parce qu'avec les gouvernements libres des démocraties modernes, elle devient à la fois le péril de tous par le service universel, le crime de tous par le suffrage universel. La guerre devient plus difficile parce que la science enveloppe tous les peuples dans un réseau multiplié, dans un tissu plus serré tous les jours de relations, d'échanges, de conventions ; et si le premier effet des découvertes qui abolissent les distances est parfois d'aggraver les froissements, elles créent à la longue une solidarité, une familiarité humaine qui font de la guerre un attentat monstrueux et une sorte de suicide collectif.

 

Enfin, le commun idéal qui exalte et unit les prolétaires de tous les pays les rend plus réfractaires tous les jours à l'ivresse guerrière, aux haines et aux rivalités de nations et de races. Oui, comme l'histoire a donné le dernier mot à la République si souvent bafouée et piétinée, elle donnera le dernier mot à la paix, si souvent raillée par les hommes et les choses, si souvent piétinée par la fureur des événements et des passions. Je ne vous dis pas : c'est une certitude toute faite. Il n'y a pas de certitude toute faite en histoire. Je sais combien sont nombreux encore aux jointures des nations les points malades d'où peut naître soudain une passagère inflammation générale. Mais je sais aussi qu'il y a vers la paix des tendances si fortes, si profondes, si essentielles, qu'il dépend de vous, par une volonté consciente délibérée, infatigable, de systématiser ces tendances et de réaliser enfin le paradoxe de la grande paix humaine, comme vos pères ont réalisé le paradoxe de la grande liberté républicaine. Oeuvre difficile, mais non plus oeuvre impossible.

 

Apaisement des préjugés et des haines, alliances et fédérations toujours plus vastes, conventions internationales d'ordre économique et social, arbitrage international et désarmement simultané, union des hommes dans le travail et dans la lumière : ce sera, jeunes gens, le plus haut effort et la plus haute gloire de la génération qui se lève. Non, je ne vous propose pas un rêve décevant ; je ne vous propose pas non plus un rêve affaiblissant. Que nul de vous ne croie que dans la période encore difficile et incertaine qui précédera l'accord définitif des nations, nous voulons remettre au hasard de nos espérances la moindre parcelle de la sécurité, de la dignité, de la fierté de la France. Contre toute menace et toute humiliation, il faudrait la défendre ; elle est deux fois sacrée pour nous, parce qu'elle est la France, et parce qu'elle est humaine. Même l'accord des nations dans la paix définitive n'effacera pas les patries, qui garderont leur profonde originalité historique, leur fonction propre dans l'oeuvre commune de 1'humanité réconciliée. Et si nous ne voulons pas attendre, pour fermer le livre de la guerre, que la force ait redressé toutes les iniquités commises par la force, si nous ne concevons pas les réparations comme des revanches, nous savons bien que l'Europe, pénétrée enfin de la vertu de la démocratie et de l'esprit de paix, saura trouver les formules de conciliation qui libéreront tous les vaincus des servitudes et des douleur qui s'attachent à la conquête.

 

Mais d'abord, mais avant tout, il faut rompre le cercle de fatalité, le cercle de fer, le cercle de haine où les revendications mêmes justes provoquent des représailles qui se flattent de l'être, où la guerre tourne après la guerre en un mouvement sans issue et sans fin où le droit et la violence, sous la même livrée sanglante, ne se discerneront presque plus 1'un de l'autre, et où l'humanité déchirée pleure de la victoire de la justice presque autant que sa défaite.

 

Surtout, qu'on ne nous accuse point d'abaisser, ou d'énerver les courages. L'humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement. Le courage, aujourd'hui, ce n'est pas de maintenir sur le monde la nuée de la Guerre, nuée terrible, mais dormante dont on peut toujours se flatter qu'elle éclatera sur d'autres. Le courage, ce n'est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l'exaltation de 1'homme, et ceci en est 1'abdication. La courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c'est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la vie. Le courage, c'est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c'est de garder dans les lassitudes inévitables l'habitude du travail et de l'action. Le courage dans le désordre infini de la vie qui nous sollicite de toutes parts, c'est de choisir un métier et de le bien faire, quel qu'il soit : c'est de ne pas se rebuter du détail minutieux ou monotone ; c'est de devenir, autant qu'on le peut, un technicien accompli ; c'est d'accepter et de comprendre cette loi de la spécialisation du travail qui est la condition de l'action utile, et cependant de ménager à son regard, à son esprit, quelques échappées vers le vaste monde et des perspectives plus étendue. Le courage, c'est d'être tout ensemble et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe. Le courage, c'est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l'approfondir, de l'établir et de la coordonner cependant à la vie générale. Le courage, c'est de surveiller exactement sa machine à filer ou tisser, pour qu'aucun fil ne se casse, et de préparer cependant un ordre social plus vaste et plus fraternel où la machine sera la servante commune des travailleurs libérés. Le courage, c'est d'accepter les conditions nouvelles que la vie fait à la science et à l'art, d'accueillir, d'explorer la complexité presque infinie des faits et des détails, et cependant d'éclairer cette réalité énorme et confuse par des idées générales, de l'organiser et de la soulever par la beauté sacrée des formes et des rythmes. Le courage, c'est de dominer ses propres fautes, d'en souffrir, mais de n'en pas être accablé et de continuer son chemin. Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille ; c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel ; c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense. Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.

 

Ah ! vraiment, comme notre conception de la vie est pauvre, comme notre science de vivre est courte, si nous croyons que, la guerre abolie, les occasions manqueront aux hommes d'exercer et d'éprouver leur courage, et qu'il faut prolonger les roulements de tambours qui dans les lycées du premier Empire faisaient sauter les coeurs ! Ils sonnaient alors un son héroïque ; dans notre vingtième siècle, ils sonneraient creux. Et vous, jeunes gens, vous voulez que votre vie soit vivante, sincère et pleine. C'est pourquoi je vous ai dit, comme à des hommes, quelques-unes des choses que je portais en moi.

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