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2 octobre 2018 2 02 /10 /octobre /2018 15:11

20 minutes

Des membres des délégations internationales jouent avec un globe géant, lors de la conférence de la COP22, le 18 novembre 2017 à Marrakech, au Maroc. 

Les experts parviendront-ils à trouver une solution pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C ? Les délégués des Etats de l’ONU, réunis à Incheon en Corée du Sud à partir de ce lundi 1er octobre, vont se pencher sur le dernier rapport des scientifiques du Giec consacré à la montée des dérèglements climatiques et au retard pris pour les contrer.

Ce texte, soumis à leur approbation, a été élaboré à partir de 6.000 études scientifiques et met en garde contre des impacts forts à 1,5 °C de réchauffement. Le rapport liste les options, désormais limitées, pour agir si le monde veut rester sous ce seuil (dont 1 °C est déjà acquis du fait des gaz à effet de serre déjà émis).

Rester « bien en deçà de 2°C »

C’est à la COP21 à Paris fin 2015 que l’ONU avait chargé son Groupe des experts duclimat (Giec) de produire un rapport sur l’objectif 1,5 °C. Les Etats venaient de s’engager à réduire leurs émissions pour rester « bien en deçà de 2°C » par rapport à l’ère pré-industrielle. L’ajout de l’engagement à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5 °C », arraché en dernière minute, était d’abord une revendication des Etats les plus vulnérables, comme les petites îles.

Mais la recherche en a depuis précisé les implications et revu le curseur des risques, dans un monde déjà secoué par une recrudescence de vagues de chaleur et autres feux de forêts. « Il y a trois ans il n’y avait pas beaucoup de littérature scientifique sur un réchauffement à 1,5 °C, » explique Jim Skea, professeur à l’Imperial College de Londres et co-président du Giec.

Une nette différence d’impacts entre 1,5 et 2°C

Le rapport de 400 pages décrit aujourd’hui une nette différence d’impacts entre 1,5 et 2°C, et ce partout, qu'il s'agisse d'ampleur des canicules, d'extinctions d'espèces ou de productivité agricole. « C’est important car ça clarifie la question : oui, ça fait une grosse différence (1,5 ou 2) », dit Laurence Tubiana, architecte de l’accord de Paris. « Je me souviens de discussions avec pas mal de pays avant Paris, on nous disait : pourquoi 2°C ? pourquoi pas 2,5°C ? »

Pour autant, est-il encore faisable de rester à +1,5 °C ? Et, ce, alors que 2017 a vu les émissions mondiales issues de l’énergie repartir à la hausse. « On ne donne pas de réponse simple », prévient la climatologue Valérie Masson-Delmotte, qui co-présidera cette session coréenne du Giec. Mais « on est maintenant à la croisée des chemins. Regarder 1,5 °C, c’est regarder ce qui va nous arriver, dans notre vie, pas à la génération suivante ».

Une révision des engagements de 2015 prévue à la COP24

Stabiliser à 1,5 °C exige une neutralité en émissions de CO2 au milieu du siècle, note aussi le projet de texte : ne plus émettre dans l’atmosphère plus que ce que nous sommes capables d’en retirer.

L’ONU n’a pas fixé la date de sortie de ce rapport de manière anodine : dans deux mois, aux négociations climat de la COP24, prévue en Pologne, les pays doivent entamer un processus de révision de leurs engagements de 2015, insuffisants car promesse d’un monde à +3°C. La réunion doit durer jusqu’à vendredi 5 octobre, mais le rapport doit être rendu public officiellement lundi 8 octobre.

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