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11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 13:46

Cet article a pour objectif d'illustrer, à travers la découverte des rayons X en 1895, la fascination pour une technique nouvelle et l'absence d'esprit critique vis à vis de son usage.

Encore aujourd'hui le "principe de précaution" est une notion qui dérange. Les expériences passées devraient pourtant nous inciter à réfléchir.



Nous suivrons, mois après mois, la découverte qu'en font, à la fois, le grand public et les savants et ingénieurs les plus impliqués.

Nous verrons des anonymes exposés sans aucune retenue et des hommes de science entraînés jusqu'à en mourir par une passion dévorante.

Nous terminerons par une évocation rapide de l'évolution des normes de radioprotection.

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L'essentiel de la documentation sera extraite de "La Nature,  Revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie. " qui paraît depuis 1873. Quelques documents complémentaires proviennent de l'ouvrage de Guy et Marie-José Pallardy et de Auguste Wackenheim : "Histoire illustrée de la radiologie" (Editions Roger Dacosta - Paris - 1989).

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Bobine de Ruhmkorff, tube de Crookes : les éléments de la découverte.


Dans les années 1890 deux appareils occupent une place de choix dans tous les laboratoires qui se préoccupent de physique :

- une source de haute tension électrique : la bobine de Ruhmkorff.

- un tube cathodique : le tube de Crookes.

Ces appareils ne sortent pas du néant. Dès les débuts de l'électricité des machines électriques alimentent des sphères ou des tubes de verre dans lesquels on a réalisé le vide.

Les étranges phénomènes observés provoquent à la fois de l'admiration, de l'inquiétude et de nombreuses interrogations.

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La bobine de Ruhmkorff

 

 

 

 

A partir de la découverte de la pile électrique par Volta (1800), les applications chimiques et magnétiques du courant électrique occupent l'essentiel de l'activité des savants et ingénieurs. Les sources de tension généralement utilisées sont de l'ordre de quelque dizaines, voire quelques centaines de volts jusqu'à ce que des techniciens habiles proposent de nouveaux générateurs capables de produire des hautes tensions.

 

 

Heinrich Daniel Ruhmkorff (1803-1877) est un mécanicien et électricien allemand installé à Paris où il fabrique des instruments électriques et électromagnétiques de grande précision à un moment où l'électromagnétisme se développe.


Il réalise, en 1851, une bobine d'induction qui surpasse celles déjà imaginées par d'autres techniciens avant lui.


 

 

Sa bobine est un transformateur alimenté par un courant primaire de basse tension. Celui-ci est interrompu très fréquemment, ce qui produit un courant secondaire induit et de tension très élevée, capable de produire de fortes étincelles.

Les usages de la bobine seront multiples. L'étincelle permettra de provoquer l'explosion de mines à distance. La haute tension alimentera les ampoules à vide déjà utilisées par les premiers électriciens et qui deviendront les "tubes cathodiques" qui alimentent encore beaucoup de nous téléviseurs et écrans d'ordinateurs.



Et provoquent aussi de fortes secousses aux imprudents qui en touchent les deux pôles. Une propriété que des démonstrateurs forains s'empressent de faire sentir contre monnaie sur les quais de Paris.

 

 

 

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Le tube de Crookes



 

 

 

 

Crookes, sir William (1832-1919), chimiste et physicien britannique, a laissé son nom comme "l'inventeur" du premier tube à vide. La forme qu'il donne à ce tube (que l'on retrouve encore dans nos lycées) rend commode l'étude du rayonnement qui émane de sa cathode.

Alimenté par une bobine de Ruhmkorff, ce tube est présent dans tous les laboratoires, petits ou grands, de l'ensemble de l'Europe. La lumière qu'il émet fascine.

Elle peut être déviée par un champ électrique ou magnétique, elle rend fluorescent le verre qu'elle frappe.

Ces rayons que l'on nomme à présent "rayons cathodiques", que sont-ils ? Un jet de particules chargées d'électricité ? Une forme particulière de rayonnement lumineux ?

La question agite tout le monde des savants européens et partout des tubes de Crookes, alimentés par des bobines de Ruhmkorff,  sont sollicités afin de lui apporter une réponse satisfaisante.

 

 

 

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Sur la voie d'un étrange rayonnement

 

 

Plusieurs chercheurs, dont Hertz, avaient mis en évidence l'existence d'un rayonnement sortant du tube à partir de la zone d'impact des rayons cathodiques sur le verre. Ce rayonnement pensaient-ils ne pouvait être que de nature lumineuse. Une lumière particulière capable de traverser une fine plaque d'aluminium et d'impressionner une plaque photographique placée derrière elle.

Lénard, élève et préparateur de Hertz perfectionne la méthode en utilisant un tube fermé par une mince feuille d'aluminium. Le tube lui même est enfermé dans un cylindre métallique afin que la phosphorescence provoquée par le rayon cathodique à l'intérieur du tube ne viennent pas perturber l'observation.


 

 

 

Par ce moyen il vérifie la possibilité d'impressionner un papier photographique enfermé dans une boîte ou de rendre  lumineux un écran fluorescent placé à quelque distance.

Il approche de très près une découverte d'importance. C'est son collègue Wilhelm Röntgen qui sera à ce rendez-vous.

 

 

 

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Röntgen et les rayons X

 

 

Wilhelm Röntgen est professeur à l'université Julius Maximilian de Würzburg en Allemagne. L'observation qu'il révèle en décembre de l'année 1895 va rapidement faire le tour de l'Europe.

«Si on laisse passer la décharge d'une grosse bobine de Ruhmkorff à travers un tube à vide et que l'on recouvre le tube d'un manteau suffisamment ajusté de carton noir mince, écrit-il, on voit alors, dans la pièce complètement obscure, qu'un écran de papier recouvert de platinocyanure de baryum, amené à proximité de l'appareil, s'illumine fortement et devient fluorescent lors de chaque décharge. Cette fluorescence est encore visible à deux mètres de l'appareil. On est rapidement convaincu que cette fluorescence provient de l'appareil à décharge et d'aucun autre endroit de la conduite électrique.»

Il constate alors que ces rayons, jusqu'alors inconnus et qu'il baptise pour cette raison rayons "X", sont si pénétrants qu'ils sont capables non seulement de traverser l'air mais aussi le verre, le papier, le bois.

 

 

L'observation a déjà été faite mais Röntgen réalise une expérience inédite qui  parle immédiatement à l'imagination. 


S'il place sa main entre le tube et l'écran. Il en voit alors distinctement l'ombre et aperçoit également celle, plus claire, de ses os.

 

 

Voir à travers le corps humain, quoi de plus merveilleux ? On est bien loin des austères observations de laboratoire !

 

 


 
En recevant le rayonnement sur une plaque photographique encore plus sensible que l'oeil humain,  il prouve que tout ceci n'est pas une illusion et il en laisse une trace qu'il peut immédiatement diffuser dans l'Europe entière.



Méticuleux, Wilhelm Röntgen va rester seul dans son laboratoire  durant, dit-on, sept semaines pour multiplier les observations.  Quand il publie ses premiers clichés, et en particulier la photo d'une main féminine, celle de son épouse, portant une bague, c'est une véritable frénésie qui s'empare des laboratoires tous équipés du matériel qui permet de les reproduire dans l'instant.

 

 

 

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L'épopée des Rayons X

 

 

Dès lors nous allons suivre à travers les articles de "La Nature" l'avancée fulgurante des applications imaginées pour ces rayons inconnus. Elles recouvrent, dès les premiers mois, l'ensemble des applications actuelles. Nous constaterons que l'exaltation détruit tout réflexe de précaution.

Décembre 1895. Annonce de la découverte des rayons X de M. le professeur Wilhelm Conrad Röntgen.

Février 1896. Un premier article dans la revue "La Nature" avec la photographie du squelette d'une main. "Est-il nécessaire d'insister sur les immenses applications de cette nouvelle découverte ?" écrit l'auteur de l'article, " La possibilité de voir à travers le corps humain donnera au médecin un puissant moyen d'investigation. Un os brisé montrera toutes ses esquilles, que l'on pourra rechercher à l'endroit précis où elle se trouvent ; une balle, une aiguille même révélera sa présence par l'ombre qu'elle projettera sur l'écran ou sur la plaque sensible."

Mars 1896. Annonce de premiers usages médicaux des rayons X. Une balle est repérée dans une main blessée, une fracture de la jambe non consolidée est observée.

Mai 1896. La méthode se perfectionne. De superbes "radiographies" sont proposées.


 
Les ustensiles contenus dans une trousse de couture



ou le "squelette" de coquillages.





Juin 1896. Une nouvelle est arrivée d'Amérique. Le célèbre Edison a mis au point un fluoroscope qui permet d'observer directement à travers les corps. Un écran sensible est placé à l'extrémité d'une "chambre noire" dans laquelle l'observateur plonge le regard. Il suffit donc d'un tube de Crookes et de cette boîte pour que chacun puisse observer les os de sa propre main placée sur l'écran et irradiée par la lampe placée en face.



Edison précise bien que la réussite dépend de la puissance du tube de Crookes utilisé, c'est-à-dire du vide réalisé. Ce sont donc des rayons X de forte intensité qui viennent frapper l'observateur et en particulier son visage et ses yeux.

Une nouvelle version du fluoroscope de Edison, plus commode, est proposée pour les médecins. Comme la première, elle expose fortement l'utilisateur.




La douane également s'en équipe.



Septembre 1896. Un homme a reçu une balle dans la tête mais il n'en est pas mort. Une radiographie localise la balle après {{"sept quarts d'heures de pose"}} qui ont fatigué le patient et interdit une autre prise de vue.

On annonce aussi la radiographie d'une enfant nouveau né. De quoi faire frémir le lecteur contemporain quand on sait que l'exposition à une source intense de rayons X a duré plus de une heure. On observera bientôt les enfants à naître au sein même de leur mère !

Par une radioscopie des poumons d'un homme atteint de pleurésie, il a été possible d'étudier l'évolution de la maladie. La tuberculose osseuse ou pulmonaire, maladie caractéristique de l'époque, sera bientôt la cible privilégiée des auscultations par rayons X.

Octobre 1896. Encore une balle. Cette fois c'est dans la tête d'un enfant. Le tube à rayons X a été placé à ½ pouce du crâne des l'enfant. La pose a duré une heure.

L'intérêt de la communication réside dans la suite de l'article titré :

"Action dépilatoire des rayons X".

L'auteur explique : "au bout de 21 jours après l'expérience, les cheveux se mirent à tomber à l'endroit de pénétration des rayons X sur un diamètre de deux pouces à peu près ; la peau est saine ; le malade n'éprouve aucune douleur ; il n'y avait là aucune lésion".

Nulle inquiétude chez l'auteur qui propose, en guise de conclusion, d'utiliser cette méthode rapide et commode pour la dépilation.

 

 

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Les rayons X, le dernier cri de la mode


Une bobine de Ruhmkorff, un tube de Crookes, un écran fluorescent ? Quoi de plus simple qu'un équipement pour rayon X, d'autant plus que plusieurs fabricants se disputent un marché qui promet d'être juteux.




Ils offrent eux mêmes des démonstrations et ouvrent des cabinets de radiologues où leurs assistantes tiennent souvent le rôle du cobaye. {{Elles découvriront bientôt les effets de ces expositions répétées}}.




Mais c'est dans la rue que le succès devient le plus fort. De grands magasins attirent leur clientèle avec {{les deux spectacles du moment : le cinématographe et les rayons X.}}

Le grand chic pour un magasin de chaussures consiste à radiographier le pied de leurs clientes.








L'appareil à rayon X, comme avant lui le tube de Crookes, devient même l'un des éléments des cabinets d'occultisme.

 

 

 

 

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Le revers de la médaille

 

 

Novembre 1896. Un premier article titré : "les méfaits des rayons X". Le témoin a été démonstrateur en rayons X pendant l'été à Londres. Il a, donc, payé de sa personne pendant tout l'été à raison de plusieurs heures par jour d'exposition. Il témoigne :

"Dans les deux ou trois premières semaines je n'en ressentis aucun inconvénient mais au bout de quelque temps apparurent sur les doigts de ma main droite de nombreuse tâches foncées qui perçaient sous la peau. Peu à peu elles devinrent très douloureuses ; le reste de la peau était rouge et fortement enflammé. Ma main me faisait si mal que j'étais constamment obligé de la baigner dans de l'eau très froide… ". Une pommade calme momentanément la douleur mais " l'épiderme s'était desséché, il était devenu dur et jaune comme du parchemin et complètement insensible ; je ne fus donc pas surpris lorsque ma main se mit à peler".

 


Bientôt la peau puis les ongles tombent, les doigts enflent, les douleurs sont incessantes,

 

 

 

"j'ai perdu trois épiderme de la main droite et un de la main gauche, quatre de mes ongles ont disparu de la main droite et deux de la gauche et trois autres sont prêts à tomber. Pendant plus de six semaines j'ai été incapable de faire quoi que ce soit de ma main droite et je ne puis tenir une plume que depuis la perte de mes ongles… "

Le journaliste, rédacteur de l'article se veut cependant rassurant. Ce récit dit-il " pourrait effrayer quelques personnes qui tiennent à leur peau et les éloigner pour toujours du tube producteur des mystérieux rayons, c'est pourquoi nous croyons devoir insister sur le fait que les premiers désordres se sont produits après plusieurs semaines d'une exposition quotidienne d'un tube assez puissant pour permettre les démonstrations publiques."

Février 1897. Les médecins ont découvert ce qui sera l'un des usages essentiel des rayons X : on peut détecter une affection pulmonaire et en particulier une tuberculose par une radioscopie.

Un médecin détecte une tuberculose au dernier stade chez un jeune homme de 20 ans. Son père ayant entendu parler de cobayes tuberculeux guéris après exposition aux rayons X, demande de faire appliquer le traitement à son fils.

Le patient est soumis à {{une heure d'exposition aux rayons X chaque matin}} pendant plus d'un mois. On s'est assuré au préalable du fait que les rayons produits étaient suffisamment pénétrants. 

Même si la peau de sa poitrine doit subir de multiples brûlures, l'état du malade s'améliore au point qu'on le considère bientôt comme guéri.

L'a-t-il été définitivement ? Cette exposition a-t-elle eu des effets secondaires ? Nous ne le saurons pas.

 

 

 

Mai 1897. Deux expérimentateurs qui utilisent les rayons X depuis un an signalent l'effet produit sur leurs mains. L'épiderme s'est épaissi, les poils sont tombés, les ongles se sont exfoliés au point que l'on craint de les voir tomber.


 

 

 

 

 

Ce n'est qu'un début. Bientôt les plaies ne cicatrisent plus. Des cancers apparaissent sur les parties exposées. Il faudra amputer les doigts puis les membres de manipulateurs trop assidus. Ce sera souvent insuffisant et l'issue en sera fatale.

On observe aussi une modification de la formule sanguine et de nombreux cas de stérilité.

Des mesures de précaution sont préconisées. Dès 1904 un praticien américain conseille d'améliorer les tubes par l'usage d'une enceinte imperméable aux rayons X; de verre au plomb devant les écrans d'observation, d'une protection pour les opérateurs. On commence à comprendre les mécanismes de l'action des rayons X sur les cellules vivantes.


Mais bientôt ce sera la guerre 14/18 et l'usage massif des rayons X dans les infirmeries de campagne. "A la guerre, comme à la guerre" est une slogan bien connu. Les précautions viendront plus tard !

C'est en 1921 que Stanley Melville, pionniers des Rayons X et atteint par des lésions, propose la création en Angleterre du "British X-Ray an Radium Protection Committee". Celui ci émet des recommandations généralement ignorées par les radiologues qui les trouvent incommodes.

En 1925 se tient à Londres le premier "Congrès International de Radiologie" qui met en place une commission internationale de protection à laquelle adhèrent la Grande Bretagne, les Etats Unis, la France, l'Allemagne, l'Italie, la Suède. Les recommandations portent à la fois sur les rayons X et les radiations radioactives, désignés globalement sous le terme de "rayonnements ionisants", dont les effets ont été reconnus similaires.

 

 

 

 

 

 

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Un monument à la mémoire des victimes des radiations
 


Le Professeur allemand, Hans Meyer,  directeur d'une revue de thérapie par les rayonnements prend l'initiative d'un "Monument à la mémoire des victimes des radiations".

Il est inauguré en 1936  au voisinage du Pavillon Roentgen de l'hôpital St-Georg, à Hambourg.

Sur une colonne il porte le nom de 159 victimes dont la mort pour cause d'irradiation est certifiée.

La dédicace est de celles qui s'inscrivent sur les monuments aux morts de la dernière guerre.

"Aux radiologues de toutes les nations : médecins, physiciens, chimistes, techniciens, laborantins et infirmières qui ont fait don de leur vie dans la lutte contre les maladies de l'humanité. Ils ont héroïquement préparé la voie à une utilisation efficace et dépourvue de dangers des rayons X et du Radium ! Les oeuvres des morts sont immortelles."

Mais bientôt une nouvelle guerre sera là qui se terminera par les explosions nucléaire de Hiroshima et Nagazaki. A travers la fission nucléaire, l'utilisation "efficace et dépourvue de danger" de la radioactivité s'est transformée en holocauste !

 

 

 

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Les rayonnements ionisants après l'entrée dans l'ère nucléaire.


L'ère du nucléaire militaire.

 

 

 

Des bataillons de médecins et de scientifiques ont investi le Japon. Les irradiés de Hiroshima et Nagazaki ont enrichi les connaissances sur les effets des radiations. Le public en sera-t-il mieux protégé ?

Une nouvelle guerre a été déclarée. Une guerre de l'ombre qui s'est traduite par l'escalade dans l'armement nucléaire. Des bombes vont exploser en plein ciel libérant sur l'ensemble de la Planète les radio-éléments qui vont la contaminer pour des millénaires.

 

 

 

Au Névada des militaires vont être contraints à sortir des tranchées sous le champignon radioactif. Les enfants des écoles seront invités à assister au spectacle à distance. Les populations voisines recevront les retombées.


A Semipalatinsk, en URSS, les villages voisins des explosions ne seront pas évacués et les habitants utilisés comme cobaye.

Dans le Sahara ou à Moruroa, la France exposera aux radiations, les militaires de carrière aussi bien que les "appelés". Les populations de Polynésie ont été exposées en toute connaissance de cause. Malades aujourd'hui ils se battent pour la reconnaissance des dommages qu'ils ont subi.


L'ère du nucléaire "civil"

 

 

Dans cette activité "civile" intimement liée à l'ctivité "militaire"  l'exposition aux radiations est également la règle. Exposition des travailleurs dans les mines, particulièrement en Afrique. Exposition des travalleurs employés en sous traitance pour les nettoyages des enceintes ou leur démantèlement. Exposition et surtout contamination des riverains à l'occasion des accidents. Three Miles Island aus USA et Tchernobyl en Ukraine sont suffisamment explicites.

 

 

 

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Cachez ces rayonnements que nous ne saurions voir.

 

 

Pour développer ces deux activités il était de toute importance d'endormir la vigilance des populations et en particulier de geler toute recherche et toute information sur les effets des "petites doses" de rayonnement ionisants.

 

 

Des "normes" étaient fixées par des organismes présentés comme "indépendants", comme la Commission Internationale de protection radiologiques (CIPR) mais ces normes étaient dictées par un impératif :


être un compromis acceptable entre la protection de la santé et le nécessaire développement de l'industrie nucléaire que des normes trop strictes pourraient gêner.

Le terme adopé par le CIPR en 1977 est :

« aussi bas que raisonnablement possible compte tenu des facteurs économiques et sociaux »

 

 

 

Ce sont les luttes antinucléaires qui, à partir des années 1970, ont relancé les interrogations sur ces normes.

C'est Alice Steward, aux USA, qui enquête sur la santé des 35 000 personnes employées entre 1944 et 1977 à la centrale nucléaire de Hanford. Elle établit avec certitude une corrélation entre "faibles doses" reçues et survenue de cancers. Elle met en évidence une notion admise par tous aujourd'hui : il n'y a pas de seuil ! Toute irradiation peut être à l'origine d'un cancer.

C'est la "Gazette du Nucléaire" en France ou encore l'association PRI (Protection contre les Rayonnements Ionisants) qui font l'information que les autorités officielles s'emploient à dissimuler.

 

 

 

 

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Et les rayons X ?

 

 

Dans ces années de développement de l'industrie nuycléaire, tout se passe comme si aucune nouvelle donnée sur la possible nocivité des rayons X n'avait été portée à la connaissance des services médicaux.

L'usage des rayons X a, certes, été utile dans de nombreuses applications médicales et l'est toujours mais la technique est-elle sans danger et ces dangers sont-ils bien évalués ? 

Dans les années de l'après guerre on a lutté contre la tuberculose dans les écoles à coup de radioscopie annuelle et obligatoire.

L'appareil de radioscopie a meublé tous les cabinets des médecins et était utilisé comme un banal stétoscope. Les femmes enceintes elles mêmes nétaient pas épargnées.

Là encore les militants antinucléaires sont intervenus. Ils interpellent les médecins, les autorité médicales et bientôt la radioscopie systématique disparaîtra de l'univers médical.

Les normes sont devenues plus strictes mais sont-elles encore satisfaisantes ?

 

 

Sait-on que c'est L'Euratom (CEEA, ou Communauté européenne de l'énergie atomique) qui a en charge la fixation des normes dans le domaine médical ?

L'Euratom a été institué par le traité de Rome en 1957 pour une durée « illimitée ». Dans l'esprit de ses membres fondateurs (les membres de la CECA et de la CEE), l'Euratom est chargé de coordonner les programmes de recherche sur l'énergie nucléaire. Il vise notamment la « formation et la croissance rapide des industries nucléaires ».


C'est donc cet organisme dont le but est d'abbattre tous les obstacles qui freinent le développement de l'industrie nucléaire, et donc les normes qui l'entravent, qui, le 30 juin 1997 publie la Directive 97/43/Euratom du 30 juin 1997
relative à la protection sanitaire des personnes contre les dangers des rayonnements ionisants lors d'expositions à des fins médicales, remplaçant la directive 84/466/Euratom  .link

 

 

 

Cette directive retranscrite, pour ce qui concerne l'aspect médical, en droit français à travers le Décret n° 2003-270 du 24 mars 2003 relatif à la protection des personnes exposées à des rayonnements ionisants à des fins médicales et médico-légales et modifiant le code de la santé publique  link


Cette fois l'objectif affiché évacue l'impératif économique.

 

 

 

 

"toute exposition d'une personne à des rayonnements ionisants, dans un but diagnostique, thérapeutique, de médecine du travail ou de dépistage, doit faire l'objet d'une analyse préalable permettant de s'assurer que cette exposition présente un avantage médical direct suffisant au regard du risque qu'elle peut présenter et qu'aucune autre technique d'efficacité comparable comportant de moindres risques ou dépourvue d'un tel risque n'est disponible."

 

 

 

Il aura fallu toutes ces années avant que l'intérêt des malades prenne le pas sur l'intérêt économique. Reste à espérer que les " techniques d'efficacité comparable comportant de moindres risques ou dépourvues d'un tel risque" seront partout à la disposition de chacun.

 

 

Reste à espérer aussi que tous les moyens de contrôle seront développés. De récentes affaires de surexposition par des appareils mal réglés prouvent que la vigilence est encore insuffisante.

Reste surtout à developper la recherche afin de limiter encore l'usage et l'intensité de ces radiations dont l'effet s'ajoute à celui de tous ces polluants du "progrès" : amiante, pesticides, colles, vernis....

Quant à l'irradiation due à l'industrie nucléaire. Le démantèlement de la centrale électrique de Brennilis  link qui vient d'être arrêté pour cause de non respect des procédures et des normes nous prouve que le "principe de précaution" est encore un terme sans contenu pour les promoteurs de cette industrie.

 

 

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APPEL DES PROFESSIONNELS DE LA SANTE POUR L’INDEPENDANCE DE L’OMS


adressé à Madame CHAN, Directrice Générale de l’OMS et au Ministre de la Santé de votre pays

 

 

 

 

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) tend à résoudre les problèmes de santé publique. À cet effet, elle doit « aider à former parmi les peuples, une opinion publique éclairée » (Constitution de l’OMS, entrée en vigueur le 7 avril 1948). Or, depuis la signature le 28 mai 1959 de l’Accord OMS-AIEA (WHA 12-40), l’OMS paraît soumise à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), pour ce qui concerne les risques liés à la radioactivité artificielle, notamment dans l’étude des conséquences sanitaires de l’explosion de Tchernobyl. Professionnels de la santé, nous nous joignons à ceux qui demandent que l’OMS recouvre son indépendance, conforme à sa Constitution, y compris dans le domaine des rayonnements ionisants.

Par le passé, l’OMS infiltrée par le lobby du tabac, a été paralysée dans la lutte contre le tabagisme passif. De la même manière, l’OMS est paralysée par le lobby de l’atome, incomparablement plus puissant, représenté par l’AIEA, placée au plus haut de la hiérarchie de l’ONU. Cette agence dépend du Conseil de Sécurité, d’où elle coordonne la promotion du nucléaire commercial. L’OMS et les autres agences dépendent, elles, seulement du Conseil Economique et Social.

L’objectif statutaire principal de l’AIEA est « l’augmentation et l’accélération de la contribution de l’énergie atomique pour la paix, la santé et la prospérité dans le monde entier ». L’Accord de 1959 exige que « chaque fois que l’une des parties se propose d’entreprendre un programme ou une activité dans un domaine qui présente ou peut présenter un intérêt majeur pour l’autre partie, la première consulte la seconde en vue de régler la question d’un commun accord ». L’Accord prévoit aussi, article III, « ... de prendre certaines mesures restrictives pour sauvegarder le caractère confidentiel de certains documents ». Cette confidentialité a conduit à la non-publication des actes des Conférences OMS de Genève sur Tchernobyl du 23-27.11.95. Promis pour mars 1996, les 700 participants attendent encore ces documents. Le Dr. Nakajima, alors Directeur Général de l’OMS, confirme en 2001, devant la télévision suisse italienne, que la censure des actes est due aux liens juridiques entre l’OMS et l’AIEA.

Pour les projets de recherche, « régler la question d’un commun accord », c’est ôter toute liberté à l’OMS dans le domaine des accidents nucléaires. L’annexe au programme des Conférences OMS de Genève, illustre ce fait, quand elle décrit la chronologie de l’accident de Tchernobyl. L’annexe confirme que sur le terrain, l’OMS s’est engagée trop tard. Les deux derniers points méritent d’être relus :
 « Début 1990 L’OMS [est] invitée par le Ministère soviétique de la Santé à mettre sur pied un programme international d’aide » ;
 « Mai 1991 Achèvement du Projet International par les soins de l’AIEA ».

 

 

 

Ainsi c’est l’AIEA qui a fourni les plans demandés par le Ministre de la Santé de l’URSS, en lieu et place de l’OMS. Ceci explique que les atteintes génétiques connues pour être essentielles depuis la publication en 1957 du rapport d’un groupe d’étude réuni par l’OMS sur les « Effets génétiques des radiations chez l’homme », aient été omises, les caries dentaires ayant pour l’AIEA une plus haute priorité.

En conséquence, ce sont les promoteurs du nucléaire, l’AIEA et son porte-parole l’UNSCEAR, tous deux obligés aux cadres autoproclamés de la CIPR 1, qui informent l’ONU sur les problèmes de santé à Tchernobyl. Citant 32 morts par irradiation en 1996, ils en concèdent 54 en 2005, et 4000 cancers de la thyroïde chez l’enfant, que l’AIEA ne peut plus contester, comme elle le fit jusqu’en 1995.

Il est urgent que l’OMS vienne en aide à un million d’enfants condamnés à vivre en milieu contaminé par des radionucléides de Tchernobyl. L’irradiation se fait jusqu’à 90% par voie interne, le reste par voie externe. Certains organes concentrent énormément de radionucléides. L’irradiation très chronique qui en résulte a des effets délétères sur la santé. Au Bélarus aujourd’hui, 85% des enfants des régions contaminées sont malades ; avant l’explosion ce n’étaient que 15%.1 Le Médecin chef de la Fédération de Russie signalait, en 2001, que 10% des 184.000 liquidateurs russes étaient décédés et qu’un tiers était invalide. L’Ukraine a fourni 260.000 liquidateurs. Selon le communiqué de presse de l’ambassade d’Ukraine à Paris publié le 25 avril 2005, 94,2% d’entre eux étaient malades en 2004. Lors des Conférences de Kiev en 2001, on apprenait que 10% de ces travailleurs sélectionnés, la moitié étant de jeunes militaires, étaient décédés et qu’un tiers était gravement invalide, la situation se détériorant rapidement. L’ambassade d’Ukraine comptait 87,85% de malades chez les habitants des territoires encore radiologiquement contaminés. La proportion des malades augmentait d’année en année.

 

Des centaines d’études épidémiologiques en Ukraine, au Bélarus ou dans la Fédération de Russie ont établi l’apparition dans les territoires contaminés d’une augmentation significative de tous les types de cancers causant des milliers de morts, une augmentation de la mortalité périnatale et infantile, un grand nombre d’avortements spontanés, un nombre croissant de malformations et d’anomalies génétiques, des troubles et des retards du développement mental, un nombre croissant de maladies neuropsychiques, de cécités et de maladies des systèmes respiratoire, cardiovasculaire, gastro-intestinal, urogénital et endocrinien.

 

Nous, professionnels de la santé, nous nous joignons aux associations qui depuis plus de dix ans contestent ces dérèglements. Nous soutenons les vigies qui stationnent silencieusement à l’entrée de l’OMS depuis le 26 avril 2007. Nous demandons avec eux la révision de l’Accord (WHA 12-40) afin de rendre à l’OMS son indépendance conforme à sa Constitution.

 

Nous demandons que la révision de l’Accord soit inscrite à l’ordre du jour de la prochaine Assemblée Mondiale de la Santé (WHA), pour que l’OMS puisse « agir en tant qu’autorité directrice et coordinatrice, dans le domaine de la santé » ; « stimuler et guider la recherche... » ; « fournir toutes informations, donner tous conseils et toute assistance dans le domaine de la santé » [Articles 2 a, n et q de la Constitution de l’OMS], même lorsqu’il s’agit de rayonnements ionisants ou des conséquences sanitaires de Tchernobyl. Il faut étudier l’effet des faibles doses très chroniques, liées à l’incorporation prolongée de radionucléides artificiels.


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  • : Le blog d'histoire des sciences
  • : Comme l'art ou la littérature,les sciences sont un élément à part entière de la culture humaine. Leur histoire nous éclaire sur le monde contemporain à un moment où les techniques qui en sont issues semblent échapper à la maîtrise humaine. La connaissance de son histoire est aussi la meilleure des façons d'inviter une nouvelle génération à s'engager dans l'aventure de la recherche scientifique.
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