LA COP21, comme le Grenelle de Nicolas Sarkozy, est un repère dans la liste des grandes mises en scène environnementales. Une "COP" c'est une "Conférence des Parties" à la Convention de l’Onu sur le climat qui s'est tenue en 1992 à Rio. Pendant deux semaines, les COP rassemblent les 195 États ayant ratifié la Convention. Ils sont supposés y négocier, y adopter des décisions, et veiller à leur suivi. Les COP ont lieu chaque année depuis l’adoption de la Convention Climat, et toujours en novembre-décembre.
Sur proposition de la France, Paris a été choisi pour la tenue, en 2015, de la 21ème COP, la"COP 21". D'entrée de jeu, François Hollande veut en faire un événement qui marquera les esprits. Pour la préparer, fin novembre 2014, il réunit une "Conférence environnementale". Ces conférences font suite au "Grenelle de l'environnement" et doivent se réunir chaque année. Celle de 2014 est la troisième. François Hollande a décidé de frapper un grand coup : la conférence se tiendra sous les ors de la république : à l'Elysée.
"C'est la troisième conférence environnementale, c'est la première fois qu'elle se tient ici à l'Elysée", déclare-t-il en introduction à son discours d'ouverture. "Elle marque donc la volonté qui est la mienne, qui est celle de l'État, de faire de l'environnement non pas simplement une cause nationale, mais un enjeu européen et mondial.
C'est la tradition de la France de porter un message universel. Longtemps, elle a pensé que c'était sur les droits de l'Homme et les droits économiques qu'elle pouvait faire entendre sa voix. Aujourd'hui, consciente des risques et des menaces, la France veut être exemplaire."
Et pour poursuivre sur le même ton cocardier :
"La France doit être et doit porter un modèle[.]. Ce modèle, c'est celui de la transition, c'est-à-dire de la réconciliation entre le présent et l'avenir, entre la précaution et l'innovation, entre l'environnement et l'économie, entre les ressources naturelles et l'agriculture, entre le local et le mondial."
Suit, la liste habituelle des vœux pieux : la jeunesse à écouter (avec une évocation de la mort de Rémi Fraisse à Sivens), la démocratie participative, la simplification administrative, la participation des citoyens, l'école et l'éducation à l'environnement, la biodiversité, la lutte contre la pollution de l'air, la santé... Suivie d'une série d'annonces sur la future loi de transition vers la "nouvelle France énergétique".
La conclusion du discours est dans la tonalité du début :
"Il y a près de 70 ans, c'était le 10 décembre 1948, la France accueillait les Nations-Unies au Palais de Chaillot pour adopter la Déclaration universelle des droits de l'Homme. L'année prochaine, à Paris, la France va accueillir tous les pays du monde pour une nouvelle étape des droits humains. Après les droits de la personne, nous allons poser les droits de l'Humanité, c'est-à-dire le droit pour tous les habitants de la Terre à vivre dans un monde dont le futur n'est pas compromis par l'irresponsabilité du présent. "
La France nouveau pays des droits de l'Humanité, la France exemplaire dans la lutte contre le réchauffement climatique. Comment son président pouvait-il feindre d'ignorer, que deux mois plus tôt, sa ministre de l'écologie, Ségolène Royal, venait d'annoncer l'abandon de la taxe poids lourds, seule mesure rescapée du Grenelle de l'Environnement.
Moins d'un an plus tard, le 29 septembre 2015, à quelques semaines du lancement de la COP 21, Ségolène Royal, ministre de l'écologie, et Emmanuel Macron, ministre de l'économie, faisaient paraître, au journal officiel, trois arrêtés octroyant trois nouveaux permis exclusifs pour la recherche, en France, d’hydrocarbures liquides ou gazeux aux entreprises Vermilion, Lundin et Bluebach.
"Je me félicite maintenant que beaucoup de pays veulent être leaders en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Sur le plan verbal, il y a compétition ! Sur le plan des engagements, ce sera à voir." avait glissé François Hollande dans son discours, comme un défi à ceux qui oseraient parler pour ne rien faire. Effectivement sur le plan verbal, il n'y avait aucun doute, François Hollande venait de remporter la palme d'or.
COP21. Le grand jour.
Sur le plan de la mise en scène, l'événement est réussi. En ce décembre 2015, 150 chefs d'Etat sont présents sur le site du Bourget en présence du secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon et de la secrétaire exécutive de la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique Christiana Figueres. Laurent Fabius, ministre des Affaires Etrangères, assurant la présidence. Cette fois François Hollande a la sagesse de ne pas refaire le coup de "la France et son message universel" mais il ne résiste pas au plaisir de rappeler que c'est à son appel que la planète s'est rassemblée à Paris !
"Aujourd’hui, la France accueille le monde entier. 150 chefs d’Etat et de gouvernement. Et des milliers de délégués venus de tous les continents. Jamais une conférence n’avait accueilli autant d’autorités, venues d’autant de pays. Jamais l’enjeu d’une réunion internationale n’avait été aussi élevé puisqu’il s’agit de l’avenir de la planète, l’avenir de la vie".
La suite du discours est dans le droit fil de toutes ces conventions, colloques, conférences... où on déroule la liste des malheurs qui nous attendent. François Hollande rappelle que 2015 avait été une année de records : "record de température, record de concentration de CO2 dans l’atmosphère, record du nombre d’événements climatiques extrêmes, sécheresse, inondations, cyclones, fonte des glaces, hausse du niveau de la mer, acidification des océans. Les victimes de ces phénomènes se comptent par millions, et les dommages matériels par milliards."
Et puisque la règle veut que l'on dramatise à l'extrême :
"Le réchauffement annonce des conflits comme la nuée porte l’orage. Il provoque des migrations qui jettent sur les routes plus de réfugiés que n’en génèrent les guerres. Des Etats risquent de ne pas pouvoir satisfaire les besoins vitaux de leurs populations avec des risques de famine, d’exode rural massif et d’affrontement pour accéder à l’eau. Bref ce qui est en cause une fois encore, c’est la paix."
Comment ne pas s'engager devant le monde entier après un tel plaidoyer ? Pourtant, derrière la façade d'unanimité chacun tente d'en promettre le moins possible. Le vendredi 11 décembre, veille de la clôture de la COP, Nicolas Hulot, envoyé spécial du président de la République, entre dans l’une des salles de presse. La mine est sombre. Dans la nuit, il avait eu le loisir de décortiquer la dernière version du texte qui doit servir de base à l’accord de Paris sur le climat. Les insuffisances et les blocages sont légion dans la dernière ligne droite. Il menace : "Si les chefs d’Etat n’ouvrent pas le chemin, attention, leurs peuples le feront à leur place. Prenons garde à ce que la tentation du fatalisme ne nous conduise pas au fanatisme".
Le samedi 12 décembre, après une longue nuit, Laurent Fabius peut enfin faire sonner son marteau sur la table de la tribune. Les délégués des 195 états présents on adopté la déclaration finale les engageant à prendre les mesures nécessaires pour limiter à 2°C l'augmentation de la température du globe par rapport à l'ère préindustrielle. Un engagement qui n'a aucune valeur contraignante et que les principaux pollueurs savent déjà ne pas tenir. En effet, les contributions additionnées des premiers pays qui les avaient déposées amenaient déjà à un réchauffement probable de 3°C avant la fin du siècle c'est à dire à l'emballement irréversible prévu par les experts du GIEC. Personne ne pouvait d'ailleurs oublier que cette COP 21 était largement sponsorisée par les lobbies de l'énergie et des transports routiers et aériens : Engie (ex GDF Suez), EDF, Renault Nissan, Air France... et qu'ils y ont été à la fois très visibles et très influents !
En marge des débats, les représentants des pays qui se savaient les plus menacés, membres du partenariat créé en 2009 sous le nom de "Climate Vulnerable Forum (CVF)", s'étaient réunis pour rédiger en commun la "Déclaration de Manille-Paris". Remarquant que la limitation à 2°C exposerait toujours plus d'un milliard de personnes à la hausse du niveau des mers ainsi qu'à d'autres effets catastrophiques sur l'environnement, ils fixaient à 1,5°C le maximum acceptable pour limiter les effets dévastateurs du réchauffement qu'ils subissent déjà. Cela signifiait de s'engager à une véritable rupture : réduire de 70 à 95% les émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau actuel à l'horizon 2050 !
Que penser de la phrase de la déclaration finale et qui prévoyait de "poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C" ? Rajoutée au dernier moment pour permettre aux délégations des pays menacés d'un désastre immédiat de "rentrer chez elles la tête haute", elle ne trompait personne, et en particulier les intéressés.
Deux ans après la COP21. 2017 en France.
La France qui, depuis la COP 21, s'affichait comme le champion mondial de la lutte contre le changement climatique se devrait d'être la première à suivre ses engagements. Et pourtant, l'observatoire Climat-énergie publiait un bilan éclairant : une augmentation de l'émission de CO2 de 6,7% par rapport à l'engagement de la France en 2015 à la COP21. "Est-ce que nous avons commencé à réduire notre émission de gaz à effet de serre ? La réponse est non !" devait déclarer Nicolas Hulot en démissionnant, fin août 2018, d'un gouvernement dans lequel il avait servi de caution écologique. Au même moment le président de la république française, Emmanuel Macron, se voyait décerner le titre de "Champion de la Terre" par l'ONU en raison de son action en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Faut-il se contenter d'en sourire ?
Les délégués des États de l’ONU, réunis à Incheon en Corée du Sud à partir du lundi 1er octobre 2018, ont eu à se pencher sur le dernier rapport des scientifiques du Giec consacré à la montée des dérèglements climatiques et au retard pris pour les contrer.
Ce texte, soumis à leur approbation, a été élaboré à partir de 6.000 études scientifiques. C’est à la COP21 à Paris fin 2015 que l’ONU avait chargé son Groupe des experts du Giec de produire un rapport sur l’objectif 1,5°C arraché en dernière minute par les états les plus vulnérables. "Il y a trois ans il n’y avait pas beaucoup de littérature scientifique sur un réchauffement à 1,5°C" devait expliquer Jim Skea, professeur à l’Imperial College de Londres et co-président du Giec.
Le rapport de 400 pages constatait un impact important dès une augmentation de 1,5°C de réchauffement. Le risque d'inondations fluviales pourrait augmenter de 100 % (le double de la fréquence actuelle). 46 millions de personnes seraient menacées par l'élévation du niveau de la mer qui pourrait atteindre 48cm en 2100. Avec un demi-degré de plus, deux fois plus d'hommes, de femmes et d'enfants seraient privés d'eau, y compris en Europe. De nouvelles sécheresses toucheraient environ 60 millions de personnes supplémentaires dans le monde. L'élévation de la température alliée à l'humidité de l'air rendrait invivable de larges régions de la Planète.
L'augmentation de la température est déjà de 1°C et augmente de 0,2°C par décennie. Stabiliser à 1,5°C est donc une exigence. Pour autant, est-il encore faisable de rester à 1,5°C alors que 2017 a vu les émissions mondiales repartir à la hausse ? Cela signifierait que notre consommation d’énergie finale devra être réduite de 40% au niveau mondial. L’agriculture devrait réduire de moitié ses émissions de méthane (élevage et riziculture) et des deux tiers ses rejets de protoxyde d’azote (engrais azotés). Réaliste ? "On ne donne pas de réponse simple", prévient la climatologue Valérie Masson-Delmotte, qui a co-présidé cette session. Mais ajoute-t-elle, "on est maintenant à la croisée des chemins. Regarder 1,5 °C, c’est regarder ce qui va nous arriver, dans notre vie, pas à la génération suivante".
Pourtant comme le remarque le sociologue Stefan Aykut de l'Université de Hambourg, les climatologues, pour ne pas tuer l'espoir, proposent des scénarios qu'ils présentent comme étant encore scientifiquement et techniquement faisables. Pourtant dit-il, "lorsqu'on regarde la vitesse avec laquelle les émissions doivent décroître pour maintenir le climat sous le seuil de 1,5°C, on voit que l'exercice est complètement déconnecté des réalités politiques et économiques du monde". Même constat chez le climatologue Hervé le Treut : "Si nous voulons encore stabiliser le réchauffement à 1,5 °C, nous devons immédiatement engager des efforts colossaux. Des efforts qui pourront ne pas plaire à tous les acteurs de nos sociétés".
Quand des scientifiques laissent parler leur cœur.
A l'évidence, ce dernier rapport a révélé aux scientifiques eux-mêmes l'étendue de la catastrophe prévisible. Pour ne pas décourager ou démobiliser ceux et celles qui leur font confiance, ils préfèrent taire les pensées et les émotions qu'ils ne peuvent refouler quand ils quittent leur laboratoire. Pourtant, plusieurs d'entre eux interrogés, par la chaîne "France Info", au moment où elles et ils allaient publier leurs résultats, laissent parler le langage du cœur.
"C'est sans doute la période la plus difficile que j'ai vécue dans mon travail" constate Andrew Rosenberg, biologiste marin américain et directeur du Centre pour la science et la démocratie au sein de l'Union des scientifiques inquiets. "On a l'impression d'être toujours annonciateurs de mauvaises nouvelles. En tant que citoyen, j'y crois plus trop en fait, je ne crois plus au fait qu'on va arriver à lutter contre le changement climatique et à éviter ce qu'on prédit", déplore Benjamin Sultan, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). "C'est quelque chose qui prend une place importante dans ma vie quotidienne. C'estquelque chose qui nous tourne dans la tête tout le temps" confie Valérie Masson-Demotte, chercheuse en sciences du climat au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement de Paris-Saclay.
Tous déplorent un manque d'action de la part des pouvoirs publics.
"Depuis une trentaine d'années, rapport après rapport, les scientifiques montrent le changement climatique. A l'échelle globale, rien ne se passe", regrette Gilles Ramstein, directeur de recherche au CEA. "En tant que climatologue, on parle souvent des conséquences pour la fin du XXIe siècle et ça paraît loin. Finalement il y a peu de personnes qui s’intéressent ou qui veulent prendre des responsabilités sur un temps aussi long", explique Françoise Vimeux climatologue à l'IRD.
N'est-ce pas Jean-Pascal Van Ypersele, professeur de climatologie belge et ancien vice-président du GIEC qui résume le mieux le sentiment général de ses collègues. "On n'a pas arrêté de lancer l'alerte ! Face à ça, il y a un manque d'action, d'ambition. Il y a une très grande frustration de voir qu'alors que l'on sait que le climat se dégrade, les décideurs et les citoyens n'agissent pas suffisamment".
1er juin 2017. Il fallait une phrase au nouveau président de la république pour marquer le premier mois de son quinquennat. Donald Trump et son "Make America great again", en décidant de quitter l'accord de Paris, l'a soufflée à Emmanuel Macron : "Make our planet great again". Et pour bien marquer la portée du défi adressé au président de la première puissance mondiale, la déclaration était assortie d'un appel à la résistance, inspiré de celui de Londres du 18 juin 1940, invitant les chercheurs, les enseignants, les entrepreneurs, les associations, les O.N.G, les étudiants et toute la société civile américaine, à se mobiliser et à rejoindre la France, leur nouvelle patrie, pour mener la lutte contre le réchauffement climatique.
Après la défection des USA, la COP23, qui allait se tenir à Bonn, allait être une nouvelle occasion, pour le président français, de peaufiner son image. Le discours du nouveau champion du climat y est attendu. Après l'inévitable introduction sur le seuil de l’irréversible déjà franchi, sur les événements climatiques qui s’intensifient et se multiplient, sur les équilibres de la planète prêts à rompre, sur le réchauffement des océans, la disparition de nombreuses espèces menacées, vient le moment de rappeler l'accord de Paris et les responsabilités que prendraient celles et ceux qui ne s'y tiendraient pas, en particulier vis à vis des peuples les plus menacés. Alors que l'objectif de l'accord est de se limiter à 1,5 degré d'augmentation de la température en 2100, chacun peut constater que les engagements actuels des états amèneraient cette augmentation à plus de 3 degrés. Si nous continuons comme nous le faisons aujourd’hui, déclare Emmanuel Macron, "cela veut dire que nous acceptons tacitement, collectivement ici la disparition d’un bon nombre des populations ici représentées. Qu’à horizon 2100 nous acceptons aujourd’hui tacitement que nombre de peuples qui sont là représentés disparaîtront. Nous n’y sommes pas prêts."
"Pour ce qui relève de la France, nous devons accélérer cette transformation avec une obsession, celle de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, nous nous sommes engagés durant les derniers mois - et ce fut l'engagement ferme au sein de mon gouvernement du ministre d’État Nicolas Hulot – nous nous sommes engagés clairement pour une sortie de la production des énergies fossiles et une vraie transformation de notre modèle de production.
Ainsi la France a-t-elle décidé la fermeture de toutes les centrales à charbon d’ici la fin de l’année 2021, l'absence de toute construction de nouvelles centrales thermiques, et surtout à travers un projet de loi hydrocarbure voté à l'Assemblée nationale et qui sera parachevé dans les prochaines semaines, l'interdiction de tout nouveau permis d'exploration et d'exploitation d'hydrocarbures dans notre pays.
C’est la première fois qu'un pays développé décide pour son propre territoire d'une telle politique ; nous l'assumons parce que c'est celle qui est indispensable pour être au rendez-vous du climat et de la transition que nous avons actée."
Un obsession, réduire nos émissions de gaz à effet de serre ? Le premier bilan fait sur l'application de l'accord de Paris par le ministère de Nicolas Hulot montrait que, dès 2016, la France avait dépassé de 3,6% ses objectifs. Les transports et l'agriculture étaient les principaux responsables de cette augmentation et, connaissant le poids des lobbies dans ces secteurs, rien ne semblait indiquer que la tendance allait s'inverser.
Sortir de la production des énergies fossiles ? En octobre 2018, le préfet de Guyane signait un arrêté autorisant Total à mener des travaux d'exploration dans les eaux territoriales de Guyane. Difficile d'imaginer que le gouvernement n'avait pas donné un feu vert.
Limiter l'importation d'énergies fossiles ? La France qui a interdit l'exploitation du gaz de schiste sur son territoire a commencé à en importer massivement et en toute discrétion des USA depuis fin 2018. Pendant que Total, le fleuron français, se prépare à exploiter un vaste gisement de gaz de schiste en Argentine.
Ne plus construire de centrale thermique ? Les habitants de la commune de Landivisiau en Bretagne ont retenu la phrase et pourtant c'est bien contre un projet de construction, subventionnée par l'Etat, d'une centrale électrique à gaz de 450Mw, par Total-Direct Énergie, qu'ils se battent depuis déjà plus de sept ans. Nous en reparlerons.
La liste serait trop longue des interventions et décisions de Emmanuel macron destinées à soigner l'image de "champion de la Terre" qui lui a été décernée par l'ONU après ce "One Planet sumnit" tenu à Paris en décembre 2017 et dont plus personne ne se souvient des résultats.
Nous voilà en guerre ? Trois jours avant les élections européennes, on découvre la création d'un "conseil de défense écologique" qui devrait réunir le Premier ministre, les principaux ministres et les grands opérateurs de l’État. Avec en première ligne le président lui-même. Le Conseil aura pour mission de définir les orientations en matière de transition écologique, "et notamment de lutte contre le changement climatique, de préservation de la biodiversité et de protection des milieux et ressources naturels" . Et alors ? Quoi de neuf ? N'est-ce pas déjà le rôle du conseil des ministres. Celui en charge de l'écologie n'y est-il pas ministre d’État ?
Nouvelle annonce : une "conférence citoyenne sur le climat". 150 citoyennes et citoyens tirés au sort et qui "auront pour mission de proposer une série de mesures pour lutter contre le réchauffement climatique". Encore une excellente façon de détourner l'attention. Elle va occuper les médias pendant plusieurs mois. Les simples commentaires sur la méthode du tirage au sort, suivis du trombinoscope des sélectionnés, vaudront des pages dans la presse et des heures à la télévision. Il est certain que les députées et députés qui constituent l'actuelle majorité, et dont ce serait le rôle, n'ont pas fait la preuve de leur capacité à se saisir du problème mais peut-on espérer que de la réunion des "150" sortira le nouveau serment du jeu de paume annonçant une future révolution climatique. On connaît la suite et la désillusion des participantes et participants malgré la qualité de leur travail.
Et voilà qu'arrive, en supplément, un "Haut Conseil pour le Climat". Cette fois les membres qui le composent sont reconnus pour leur compétence et leur engagement. La présidente, la climatologue Corinne Le Quéré professeure de sciences du changement climatique à l'université de East Anglia, est considérée comme une référence internationale. On y note également Valérie Masson-Delmotte coprésidente du groupe n°1 du GIEC citée par la revue scientifique Nature parmi les dix personnalités qui ont le plus compté en 2018. Manifestement leur parole est libre et leur premier rapport, qui a été remis au gouvernement en juin 2019, devrait amener notre président à plus d'humilité quant il rappelle l'accord de Paris dans les conférences internationales.
Urgence climatique : la France en retard sur ses objectifs.
Les émissions liées aux transports n’ont pas diminué depuis 10 ans et les émissions provenant des bâtiments ont diminué trois fois moins vite que ce qui avait été anticipé. Résultat : La baisse annuelle des émissions de 1,1% sur cette période est près de deux fois moindre que l’objectif fixé. Ce rythme devra tripler d’ici 2025 si la France veut respecter ses engagements de neutralité carbone.
Le titre du rapport est sans ambiguïté : " Agir en cohérence avec les ambitions". Quant au sous-titre, il résume l'ensemble du constat : "Urgence climatique : la France en retard sur ses objectifs". "L’urgence imposée par la crise climatique demande d’agir vite et en profondeur", déclare Corinne Le Quéré, la présidente. "Les engagements de la France sont ambitieux, mais, au rythme actuel de mise en œuvre, ils ont peu de chance d’être tenus. Tant que l’action en réponse au changement climatique restera à la périphérie des politiques publiques, la France n’aura aucune chance d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour cela, il faut que les mesures pour réduire les émissions deviennent une priorité nationale, et qu’elles entrent au cœur des décisions des acteurs publics et privés."
Parmi les recommandations du rapport : "Plus de cohérence dans l’action. Utiliser plus vigoureusement les instruments des politiques climatiques : taxes, quotas, normes, subventions. Le bas-carbone, c’est une exigence d’efficacité, de transparence, et de justice. Agir en profondeur dès maintenant. Les efforts marginaux sont insuffisants. La neutralité carbone, c’est des réformes structurelles dans tous les secteurs (transports, énergie, bâtiments, agriculture, et aussi éducation/formation)."
Et pourtant, dans le même temps, Emmanuel macron est au G20 à Osaka et il ose encore s'y afficher comme le défenseur résolu d'un accord de Paris auquel plus personne ne croit : " Il y a beaucoup de gens maintenant qui ne veulent plus signer des communiqués en G7 ou en G20 parce qu’il y a des lignes rouges, déclare-t-il. Moi, j’en ai une : si on ne parle pas de l’accord de Paris et si pour se mettre d’accord dans une salle à vingt on n’est plus capables de défendre l’ambition climatique, ce sera sans la France. C’est simple ".
Piètre résultat de cette colère simulée, le communiqué final signé à 19, sans les USA, fait simplement mention de "l'irréversibilité" de l'accord. Ce qui à l'évidence n'engage plus personne, et en premier lieu son principal promoteur. Celui-ci ne manquera pas pourtant de se faire gloire de cette "victoire". Un an plus tôt, Nicolas Hulot, déclarant ne plus vouloir se mentir, avait démissionné en grand fracas du gouvernement. C'est certain, il n'avait , compris que le mensonge diplomatique est le b.a.ba du discours politique.
Bla, bla... suite
Fausses promesses, mépris du processus démocratique initié, manque d’ambition et de réalisme face à l’urgence climatique, voilà un bon résumé de l’histoire de la loi Climat et résilience. Depuis la publication du rapport des 150 de la Convention citoyenne pour le climat, jusqu’au vote définitif du texte à l’Assemblée nationale ce 20 juillet 2021, la montagne a accouché d’une souris verte.
Cette loi climat restera un révélateur du climato-cynisme du gouvernement et d’Emmanuel Macron qui aura marqué le quinquennat. Les annonces en grand pompe et les promesses aux citoyens et citoyennes de la Convention pour le climat auront été suivies de renoncements successifs et de petits arrangements avec les lobbys. Alors que le Conseil d’Etat vient d’ordonner à l’Etat d’agir sous neuf mois pour remettre le pays sur la bonne trajectoire climatique, et que le Haut Conseil pour le climat a dénoncé une nouvelle fois le retard de la France, cette loi est l’occasion ratée de redresser véritablement la barre en impulsant des mesures structurantes et socialement justes.
Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France
Les délégués des Etats de l'ONU, réunis à Incheon en Corée du Sud à partir du lundi 1er octobre 2018, ont eu à se pencher sur le dernier rapport des scientifiques du GIEC consacré à la montée des dérèglements climatiques et au retard pris pour les contrer.
On se souvient qu'à la COP21 à Paris, fin 2015, un objectif de 1,5°C avait été arraché en dernière minute par les états les plus vulnérables. L’ONU avait donc chargé le groupe des experts du Giec de produire un rapport sur cet objectif. "Il y a trois ans il n’y avait pas beaucoup de littérature scientifique sur un réchauffement à 1,5°C "devait expliquer Jim Skea, professeur à l’Imperial College de Londres et coprésident du Giec. Le manque avait été comblé et le texte, soumis à l'approbation des délégués en 2018, avait été élaboré à partir de 6.000 études scientifiques.
Il en résultait un rapport de 400 pages qui constatait un impact important dès une augmentation de 1,5°C de réchauffement. Le risque d'inondations fluviales pourrait augmenter de 100 % (le double de la fréquence actuelle). 46 millions de personnes seraient menacées par l'élévation du niveau de la mer qui pourrait atteindre 48cm en 2100. Avec un demi-degré de plus, deux fois plus d'hommes, de femmes et d'enfants seraient privés d'eau, y compris en Europe. De nouvelles sécheresses toucheraient environ 60 millions de personnes supplémentaires dans le monde. L'élévation de la température alliée à l'humidité de l'air rendrait invivables de larges régions de la Planète.
Et tout cela est peut-être pour demain.
L'augmentation de la température est déjà de 1°C et augmente de 0,2°C par décennie. Stabiliser à 1,5°C est donc une exigence. Pour autant, est-il encore faisable de rester à 1,5°C alors que 2017 a vu les émissions mondiales repartir à la hausse ? Cela signifierait que notre consommation d’énergie finale devra être réduite de 40% au niveau mondial. L’agriculture devrait réduire de moitié ses émissions de méthane (élevage et riziculture) et des deux tiers ses rejets de protoxyde d’azote (engrais azotés). Réaliste ? "On ne donne pas de réponse simple", prévient la climatologue Valérie Masson-Delmotte, qui a co-présidé cette session. Mais ajoute-t-elle, "on est maintenant à la croisée des chemins. Regarder 1,5 °C, c’est regarder ce qui va nous arriver, dans notre vie, pas à la génération suivante".
Stefan Aykut, sociologue de l'Université de Hambourg, remarque que, pour ne pas tuer l'espoir, les climatologues présentent leurs scénarios pour limiter les dégâts comme étant encore scientifiquement et techniquement faisables. Pourtant dit-il, "lorsqu'on regarde la vitesse avec laquelle les émissions doivent décroître pour maintenir le climat sous le seuil de 1,5°C, on voit que l'exercice est complètement déconnecté des réalités politiques et économiques du monde". Même constat chez le climatologue Hervé le Treut : "Si nous voulons encore stabiliser le réchauffement à 1,5 °C, nous devons immédiatement engager des efforts colossaux. Des efforts qui pourront ne pas plaire à tous les acteurs de nos sociétés".
Quand des scientifiques laissent parler leur cœur.
A l'évidence, ce dernier rapport a révélé aux scientifiques eux-mêmes l'étendue de la catastrophe prévisible. Pour ne pas décourager ou démobiliser ceux et celles qui leur font confiance, ils préfèrent taire les pensées et les émotions qu'ils ne peuvent refouler quand ils quittent leur laboratoire.
"C'est sans doute la période la plus difficile que j'ai vécue dans mon travail" constate Andrew Rosenberg, biologiste marin américain et directeur du Centre pour la science et la démocratie au sein de l'Union des scientifiques inquiets.
"On a l'impression d'être toujours annonciateurs de mauvaises nouvelles. En tant que citoyen, j'y crois plus trop en fait, je ne crois plus au fait qu'on va arriver à lutter contre le changement climatique et à éviter ce qu'on prédit", déplore Benjamin Sultan, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
"C'est quelque chose qui prend une place importante dans ma vie quotidienne. C'est quelque chose qui nous tourne dans la tête tout le temps" confie Valérie Masson-Demotte.
Tous déplorent un manque d'action de la part des pouvoirs publics.
"Depuis une trentaine d'années, rapport après rapport, les scientifiques montrent le changement climatique. A l'échelle globale, rien ne se passe", regrette Gilles Ramstein, directeur de recherche au CEA. "On n'a pas arrêté de lancer l'alerte ! Face à ça, il y a un manque d'action, d'ambition. Il y a une très grande frustration de voir qu'alors que l'on sait que le climat se dégrade, les décideurs et les citoyens n'agissent pas suffisamment", abonde Jean-Pascal Van Ypersele, professeur de climatologie belge et ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
"En tant que climatologue, on parle souvent des conséquences pour la fin du XXIe siècle et ça paraît loin. Finalement il y a peu de personnes qui s’intéressent ou qui veulent prendre des responsabilités sur un temps aussi long", explique Françoise Vimeux climatologue à l'IRD.
Cassandre.
"Nous nous approchons du bord du gouffre..."
Dans un discours prononcé au siège des Nations Unies à New York, en septembre 2018, António Guterres, le Secrétaire général de l’Organisation, adressait aux peuples du monde un discours d'une profonde sensibilité. "Chaque jour où nous ne parvenons pas à agir est un jour où nous rapprochons un peu plus du destin qu'aucun d'entre nous ne souhaite. Un destin qui résonnera à travers les générations dans les dommages causés à l'humanité et à la vie sur terre".
Incendies monstres, vagues de chaleur, tornades, inondations... "Le monde change sous nos yeux", nous rappelle-t-il. Le message s'adresse en particulier aux "policymakers" tel que l'ONU désigne les responsables politiques et dirigeants d’entreprises, tous ceux qui s'attribuent le titre de "décideurs" : "ce qui rend cela encore plus inquiétant, c'est que nous avons été prévenus. Les scientifiques nous le disent depuis des décennies. Encore et encore... Beaucoup trop de dirigeants refusent d'écouter."
Valérie Masson-Demotte, qui a co-présidé la cession du Giec d'octobre 2018 en Corée, lui répond comme en un écho :"Il y a un peu parfois l'impression d'observer une tragédie grecque. Vous savez ce qu'il va se produire et vous voyez les choses se produire"
Une tragédie grecque...
Cassandre, fille de Priam, roi de Troie, dont la beauté égalait celle d'Aphrodite, refusa les avances d'Apollon qui lui avait fait le don de prophétie. Vengeance indigne d'un dieu solaire, il la condamna à ce que personne ne la croie. Quand Troie fut assiégée, ses compatriotes refusèrent de l'entendre. Elle dut assister, impuissante, à la mort de ses proches et à la ruine de la ville.
"Pourquoi m’as-tu chargée de proclamer tes oracles avec une pensée clairvoyante dans une ville aveugle ? Pourquoi me fais-tu voir ce que je ne puis détourner de nous ? " lui fait dire Friedrich Schiller dans le poème qu'il lui dédie.
Et maudissant le dieu qui l'a condamnée :"Rends-moi mon aveuglement ; rends-moi le bonheur de l’ignorance" !
Les scientifiques du Giec, comme toutes celles et tous ceux qui s'engagent dans la lutte contre le dérèglement climatique, ne retrouveront plus jamais le "bonheur de l'ignorance". Il leur faudra résister au découragement, informer sans cesse, imaginer les bons gestes, saisir les dernières chances d'éviter le désastre. Et lutter contre l'aveuglement volontaire de celles et ceux qui, spéculateurs, dirigeants d'entreprises, lobbies divers et dirigeants politiques, tirent profit de cet emballement.
Quelle sera la forme de cet affrontement ? Quelle en sera la conclusion ? Cassandre n'est plus là qui nous le dira.
Il souhaitait nous quitter sur la scène, il y est presque arrivé. Et toujours, fidèle à Molière, derrière l'humour, un regard lucide sur la petitesse des "grands" du moment. Ci-dessous, un de ses derniers messages.
Jean Yves le Kergrist,ministre des affaires étranges
ex futur éternel président de la Région BZH, président des "Progressistes Bretons"
(ouaf ouaf ! je ne sais plus trop quoi inventer pour conserver mon fief !)
parrain de la mafia bretonne(dixit l'Emmanuel en me présentant au pape en juin 2018)
recordman international des marchands d'armes,
grand bandit de Britany("li plou pitit, pipan pipan, marchait devant, pipan pipan !"),
mutant porçin adoubé produit à Locarn,
a annoncé à Planguenoual (22), le 14 septembre 2019(cf photo ci-dessus),
de vigoureuses mesures destinées à contrer(par la com)le délicat problème des algues merdes.
"Beurtagne Beurtagne, cadeaux cadeaux !"
il était assisté de ses 2 grands experts scientifiques :
- Thierry le Burlesque,père fondateur de l'abbaye de Lantic, découvreur du célèbre "élixir de Lantic" à l'algue verte (très apprécié des riverains), et spécialiste des bulots.
-Christian Bison,conférencier agricole, spécialiste des bigorneaux, dévoreurs d'algues vertes.
(Eric Orsonna,valet de pied, serveur de potage socialo à l'algue verte, s'était excusé pour motif pécunier -cachet trop faible.)
En présence deLoïc Goret, conducteur honoraire de bétaillères à cochons du côté de Lamballe
Merci à toi Jean de nous quitter sur cette belle phrase et de nous laisser le souvenir de ces merveilleuses rencontres que tu as su faire naître autour de toi.
" Qu'est-ce que l'électricité ? "Au bout de ce chemin la question a-t-elle trouvé sa réponse ?
L'histoire commence avec éclat quand Gilbert rencontre la propriété "magique" de l'ambre dans des matières aussi banales que le verre ou le soufre. Il franchissait ainsi les premières étapes de la construction d'une nouvelle branche du savoir : l'électricité.
Un nouveau pas est franchi quand la "vertu" électrique se concrétise sous la forme d'un "fluide" et quand Stephen Gray puis Dufay et Franklin établissent les notions de conducteur et d'isolant.
Un seul fluide comme le pensent Franklin et ses successeurs ? Deux fluides comme proposé par Dufay ? Il faudra plus d'un siècle et demi pour que l'existence de deux espèces d'électricité s'impose et que chacune trouve sa place respective dans l'atome : la négative dans les électrons, la positive dans les protons du noyau. Enfin un résultat stable !
Entre temps se sera posée la question de l'action externe de ce fluide. Gilbert avait sut établir la barrière entre magnétisme et électricité et voilà que ces deux propriétés se rejoignent dans les propriétés électromagnétiques des courants électriques.
Et à nouveau revient la question des actions à distance qui avait opposé "newtoniens" et "cartésiens" dans le domaine de la mécanique céleste. Les premiers acceptant une action sans contact matériel. Les seconds imaginant d'invisibles engrenages sous forme de "tourbillons" de cet "éther" mystérieux dont on emplira l'espace à chaque fois qu'on voudra en exclure le vide.
Newton et ses successeurs avaient su imposer leur schéma d'actions à distance. Coulomb avait appliqué le modèle avec succès dans le domaine de l'électrostatique. Ampère en avait fait de même dans celui des effets électromagnétiques des courants. L'affaire semblait entendue : les actions électromagnétiques sont des actions "a distance".
C'est alors que Faraday vient, à nouveau, peupler l'espace d'un "éther" structuré en lignes de "champ". C'est en coupant ces lignes de champ, dit-il, et non par une action à distance qu'un conducteur est le siège d'une force électromotrice.
Quand Maxwell aura établi l'équation de propagation, dans ces champs, d'ondes progressant à une vitesse égale à celle de la lumière, faisant du même coup de l'onde lumineuse un cas particulier d'onde électromagnétique, quand Hertz aura produit et étudié ces ondes, il ne sera plus possible de douter de leur existence et de celle des champs. Il existe donc alors deux entités bien définies : les charges électriques portées par les atomes d'un côté, les champs électriques issus de ces charges et portés par l'éther de l'autre.
Et pourtant à peine validées les ondes rencontrent un problème : l'éther n'existe pas. Or une onde demande un support. C'est le mouvement successif de chaque point de ce support à partir d'une source qui est le propre d'une onde. Les ondes lumineuses, les ondes hertziennes, n'auraient donc aucun support ? Comment alors parler encore d'ondes électromagnétiques ? Faut-il abandonner ce modèle ? Il décrit si bien la réalité observée qu'il faudra plutôt faire une entorse au "réalisme" et s'accommoder d'ondes sans support matériel même si l'intuition immédiate s'y refuse.
Même si les ondes électromagnétiques deviennent ainsi un être sans aucun lien autre que mathématique avec les phénomènes physiques dont elles portent le nom, l'électricité peuple encore deux univers séparés : celui de la matière où se trouvent et circulent les "charges" électriques, celui de l'espace vide qui est le domaine des champs et des ondes électromagnétiques.
Et voilà que Einstein, étudiant l'effet photoélectrique, revient à un modèle corpusculaire de l'onde lumineuse et que De Broglie imagine un modèle ondulatoire des corpuscules matériels. Voilà que les ondes lumineuses se matérialisent en photons pendant que les électrons se diluent en ondes. Voilà que, avec Heisenberg, naît un être nouveau, le quanta, objet insaisissable enfanté par les concepts d'onde et de matière et doué du don d'ubiquité. Voilà l'électricité réduite à un chiffre dans une matrice.
Et comment ne pas imaginer que, au moment où les quanta, à leur tour, sembleront avoir livré tous leurs secrets, d'autres questions apparaîtront qui obligeront à imaginer de nouveaux modèles et à explorer de nouveaux horizons encore plus étranges que les précédents.
Qu'en déduire ? Que, aussi spectaculaires que soient les applications de l'électricité, aussi prodigieuse que soit la façon dont elles ont transformé notre univers, l'histoire de la science électrique ne serait donc que celle d'une succession d'erreurs ?
Pourtant ces "erreurs" sont encore de solides vérités pour tous ceux dont l'électricité est le quotidien, qu'ils soient professionnels ou simples utilisateurs. On n'a pas trouvé mieux que les électrons pour expliquer ce qui se passe dans un circuit électrique ou électronique. Mieux que les ondes électromagnétiques pour décrire ce qui se transmet entre les multiples émetteurs et récepteurs qui peuplent notre quotidien. Dans les énormes accélérateurs dont se dotent les modernes physiciens, ce sont bien encore des particules qu'ils nous disent vouloir accélérer.
L'enseignement de l'électricité lui-même ne serait donc que l'enseignement d'erreurs successives ? A-t-on le droit, à travers les programmes d'enseignement, ou dans les revues de vulgarisation, de continuer à enseigner des modèles dépassés ?
D'autant plus que certaines de ces "erreurs" ont laissé des traces durables. Comment, sans faire passer la science électrique pour un bricolage approximatif, expliquer, par exemple, que le sens "conventionnel" du courant dans un conducteur est inverse de celui de déplacement des électrons. Ou encore qu'un ion négatif est une particule portant plusd'électricité que l'atome correspondant.
Comment ? En faisant appel à Dufay, à Franklin, à Symmer. En n'oubliant pas l'histoire dans l'enseignement des sciences et la diffusion de la culture scientifique.
Pas de science sans son histoire.
Seule l'histoire des sciences peut expliquer ces "cicatrices". Seule, aussi, elle est permet de combattre le dogmatisme qui guette tout enseignement scientifique.
Une loi physique n'est pas une vérité "révélée", c'est une création humaine. Connaître les tâtonnements, les réussites, les avancées et les doutes des hommes et des femmes qui s'y sont investis est aussi passionnant que d'apprendre à mettre en œuvre les lois et les méthodes qu'ils nous ont transmises.
Etudier les sciences à travers leur histoire, c'est leur donner une place, au côté de l'art ou de la littérature dans l'aventure culturelle de l'humanité. Rimbaud ne fait pas oublier Ronsard, Einstein ne doit pas faire oublier Newton. Lire un Mémoire de Dufay sur l'électricité, c'est établir une connivence, aussi forte que celle qui passe par l'émotion poétique ou artistique, avec un homme qui nous invite à partager sa passion. Lire une communication de Marie Curie à l'Académie des Sciences c'est, à la fois, vivre au jour le jour l'éclosion d'un nouveau et fantastique domaine scientifique, y compris dans ses moments de doute, mais aussi découvrir une femme qui réussit à imposer son énergie et son intelligence dans le milieu misogyne du monde scientifique de son époque.
Les sciences, à condition de ne pas occulter leur histoire, peuvent être le socle d'une culture qui franchisse les frontières. Les savoirs scientifiques, peut-être plus que d'autres, sont le résultat d'échanges permanents entre civilisations. La science "moderne" qui s'est développée dans l'espace européen, à partir du 17ème siècle, est aussi l'héritière des sciences nées en Chine, dans l'Inde ou dans le monde arabe. Le vocabulaire des sciences lui-même a emprunté à de multiples cultures. Aujourd'hui, enseignées et pratiquées dans les mêmes termes dans le monde entier, elles construisent un langage universel. Elles participent aussi, ce faisant, à la "mondialisation" de nos sociétés humaines, y compris dans leurs moments de crise.
Ce n'est qu'un début, l'histoire de l'électricité continue.
Crise environnementale, crise économique, crise sociale... Le mot "crise" semble être celui qui devrait marquer les premières années de ce XXIème siècle. Les sciences physiques n'y échappent pas.
Crise des concepts : Témoin l'interpellation à la une de la revue Sciences et Vie de février 2009 : "La physique quantique rend elle fou ?". Titre assorti du commentaire : "Être à Paris et à Marseille en même temps, ou à la fois en voiture et dans le train : impossible, à priori, ces situations ne le sont pas dans le monde quantique ! Face à ce constat, la raison vacille... et d'abord celle des physiciens". Le propose est volontairement provocateur mais révélateur du trouble qui agite le milieu des chercheurs et celui des "médiateurs" scientifiques.
Déjà Heisenberg, un des "pères" de la physique quantique, avouait sa difficulté à comprendre ce que décrivaient ses équations : "La Nature peut-elle vraiment être aussi absurde qu'elle nous semble l'être dans ces expériences atomiques ? ", écrivait-il, il y a un demi siècle. La nouveauté est cependant que, si Heisenberg et ses contemporains raisonnaient sur des expériences "virtuelles" qu'ils illustraient d'images exotiques comme celle du "chat de Schrödinger" à la fois mort et vivant, aujourd'hui des expériences de plus en plus nombreuses, dans la lignée de celle imaginée par l'équipe de Alain Aspect, prouvent que l'impensable est devenu réalité.
Alors que les sciences se fixaient l'objectif d'élaborer une vision unifiée du monde et qu'un premier pas avait été franchi par Einstein, en réunissant les notions de masse et d'énergie, d'onde et de particule, les expériences récentes introduisent une réalité non descriptible dans le monde "réel". "Mon cerveau reptilien n'est pas câblé pour comprendre la quantique", déclare Jean-Michel Raimond, directeur du département de physique de l’École Normale Supérieure tout en souhaitant que le temps et l'effort finissent par étendre les bizarreries quantiques jusqu"aux "zones d'intuition" des futures générations de physiciens. "Aujourd'hui les physiciens manipulent le formalisme quantique sans même comprendre à quoi ça renvoie", ajoute Miora Mugur-Schâfer, spécialiste de physique quantique qui fut collaboratrice de Louis de Broglie.
Pourtant certains commentateurs n'hésitent pas à annoncer une seconde révolution quantique. Dans les laboratoires, des équipes, comme celle de Serge Haroche, lauréat 2009 de la médaille d'or du CNRS, imaginent des applications possibles de "l'intrication" quantique dans les systèmes d'information et de cryptage. Un nouveau chapitre de l'histoire des sciences commence et on imagine assez facilement l'enthousiasme des jeunes chercheurs engagés dans cette aventure qui nous rappelle celui des Rutherford, Wilson, Langevin... regroupés par J.J Thomson au sein du Cavendish Laboratory au moment où ils allaient être les acteurs de la première révolution quantique.
Pour en revenir au sujet de ce livre, l'électricité, qui sait ce que ce mot signifiera pour les futures générations et quel sera leur étonnement devant la façon dont, aujourd'hui, nous concevons ce que nous appelons "électricité".
Crise de l'énergie. Nous ne pouvons conclure cette histoire sans évoquer une autre révolution à venir : celle de la production de l'énergie électrique. Les vulgarisateurs de la fin du XIXème siècle, tels Louis Figuier, ne s'étaient pas trompés : l'électricité a bien répondu à l'attente des savants, ingénieurs et industriels rassemblés à l'occasion de l'exposition internationale de l'électricité de 1881.Elle éclaire les villes, elle alimente les moteurs industriels et domestiques, après le son elle transmet les images. Par contre, nous devons aussi nous rappeler que s'ils imaginaient une électricité produite par les forces naturelles, les barrages hydraulique, le vent, les courants marins, la réalité a été toute différente.
L'essentiel de l'énergie électrique est aujourd'hui produite par des centrales thermiques consommatrices d'énergies fossiles, charbon, pétrole, gaz, dont on connaît l'impact négatif sur le réchauffement de la Planète par l'émission de gaz à effet de serre. La production d'électricité a également été le prétexte au développement d'une industrie nucléaire dont l'objectif principal reste souvent la production d'armes de destruction massive et dont on mesure, à présent, le danger de la version "civile" à la lumière des accidents de Three Mile Island, de Tchernobyl, de Fukushima, ou les problèmes de la gestion des déchets radioactifs dont l'héritage pèsera pendant des millénaires.
Aujourd'hui l'accord se fait pour un changement radical du modèle de consommation de l'énergie. Celui-ci passera par la recherche de la sobriété et le développement des énergies renouvelables. Parmi celles-ci l'énergie solaire. Découverte en 1839 par Edmond Becquerel, retrouvé sous une autre forme en 1887 par Hertz, expliqué en 1905 par Einstein, l'effet photovoltaïque est devenu le thème de recherche d'une multitude de laboratoires qui s'emploient à augmenter les rendements et diminuer les coûts de panneaux photovoltaïques.
"Solaire, pourquoi on peut enfin y croire" titrait le numéro de Sciences et Vie de mai 2009. Quoi de plus élégant, en effet, que ces cellules capables de transformer de façon immédiate la lumière en courant électrique. Quoi de plus satisfaisant que de produire, localement, l'énergie nécessaire à la plupart de ses activités quotidiennes.
L'électricité est une science récente. Elle donnera longtemps encore des raisons de s'émerveiller devant la complexité et la richesse du monde qu'elle nous révèle. La résistance qu'elle offrira à la compréhension des chercheurs sera, pour eux, autant de défis à relever et d'occasions de développer leur intuition, leur intelligence et leur sensibilité. Puissent les quelques repères que nous avons voulu rassembler ici être utiles à nos contemporains pour comprendre le présent et à nos successeurs pour imaginer l'avenir.
La Bretagne est malade, et, comme de nombreux indices le laissent à penser, le mal est contagieux. Avec 50% des captages dépassant les 50mg de nitrates par litre d’eau et le retour des algues vertes sur les plages chaque été, la cote d’alerte est largement dépassée.
Le "modèle" agricole breton se lit d’abord dans les statistiques. La Bretagne produit, aujourd’hui, sur 6% de la surface agricole française, 20% de sa production laitière, 40% de sa production de volaille, 60% de sa production porcine.
Une telle explosion ne pouvait se produire sans de profonds bouleversements.
Gérard Borvon, l’auteur du livre, alerte l’opinion publique pour que l’expérience bretonne soit utile à tous ceux qui sont menacés par le même problème. Pour aider aussi à résister à l’emprise des différents lobbies qui imposent leur stratégie de monopole et d’argent.
Dans le même temps, cet ouvrage aide à la prise de conscience d’un problème qui affecte l’ensemble de l’humanité. En effet, selon les experts réunis à l’initiative de l’ONU en février 1999 à Genève, les deux tiers de la planète pourraient rencontrer des problèmes d’approvisionnement et près d’un milliard de personnes pourraient être concernées par une crise majeure de l’eau à l’horizon 2025.
Publié en Octobre 2000, ce livre reste d'une évidente actualité.
Alors que le G7 vient de se terminer à Biarritz, avec le climat et la biodiversité annoncés au cœur des discussions, Emmanuel Macron a assuré : "nous allons agir". Et ce n'est pas le premier à le dire...
En fait, si on remonte jusqu'à Pompidou, tous les présidents ont fait de grandes déclarations. Paroles, paroles ? D'Emmanuel Macron à Georges Pompidou en passant par les "jeunes" de Valéry Giscard d'Estaing, quelles sont les plus belles paroles des politiques sur l'environnement ?
"Le 12 décembre 2015 restera une grande date pourla planète. C'est la plus belle et la plus pacifique des révolutions qui vient d'être accomplie, la révolution pour le changement climatique. Vive les nations unies, vive la planète, vive la France."
Nicolas Sarkozy en 2008 :
"Aujourd'hui, on sait : ne rien faire ne serait rien d'autre que criminel au regard de l'avenir de la planète, quel que soit le continent."
en 2002 : "Nous devons aujourd'hui réagir : c'est vital."
en 2006 : "Il y a l'enjeu écologique et il y a l'enjeu immédiat."
François Mitterrand en 1989 :
"La détérioration de l'atmosphère est aujourd'hui certaine. Ses conséquences peuvent ruiner les possibilités même de la vie sur la planète."
Valéry Giscard d'Estaing en 1977 :
"La France va organiser à l'automne prochain les Assisses européennes de l'environnement. C'est un problème qui se pose à l'échelle de notre continent."
"Je crois qu'il y a dans les thèmes de l'écologie, un réservoir d'enthousiasme et d'action pour les jeunes et je compte en automne m'adresser à un grand rassemblement de jeunes sur le thème de l'écologie."
Et finalement Georges Pompidou au début des années 70 :
"Le problème c'est de travailler à faire qu'un bon environnement soit compatible avec le progrès. C'est ce que nous cherchons à faire en France. C'est pour cela en particulier que j'ai créé le ministère de l'Environnement. Mais nous ne réussirons qu'à l'échelle internationale."
Les manifestations physiques du changement climatique se multiplient et son impact socio‑économique s’accroît. Les concentrations record de gaz à effet de serre entraînent en effet à la hausse les températures mondiales qui atteignent des niveaux inquiétants, selon un rapport que vient de diffuser l’Organisation météorologique mondiale.
La Déclaration de l’OMM sur l’état du climat mondial, dont c’est la 25eédition, met en exergue la hausse record du niveau de la mer et les températures exceptionnellement élevées observées ces quatre dernières années à la surface des terres et des océans. Cette tendance au réchauffement ne s’est pas démentie depuis le début de ce siècle et devrait se poursuivre.
"Depuis qu’a été publiée la première Déclaration sur le climat, le savoir climatologique a atteint une rigueur sans précédent. On a pu mettre ainsi en évidence de manière irréfutable la hausse de la température moyenne et ses corollaires que sont, entre autres, l’élévation du niveau de la mer à un rythme accéléré, le recul de la banquise et des glaciers et des phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur," a souligné le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.
Ces indicateurs clefs du changement climatique sont de plus en plus révélateurs: la concentration de dioxyde de carbone, qui était de 357,0 parties par million (ppm) en 1993, première année faisant l’objet de la Déclaration sur le climat, ne cesse de croître, se chiffrant à 405,5 ppm en 2017. Pour 2018 et 2019, les valeurs devraient être encore plus hautes.
La Déclaration de l’OMM sur le climat bénéficie de la contribution des Services météorologiques et hydrologiques nationaux, d’un large éventail d’experts et de scientifiques ainsi que des organismes compétents des Nations Unies. Elle décrit les risques liés au climat et l’impact de ce dernier sur la santé humaine et les conditions de vie, les mouvements migratoires et les déplacements de populations, la sécurité alimentaire, l’environnement et les écosystèmes terrestres et marins. Enfin, elle répertorie les phénomènes extrêmes survenus dans le monde.
«Les phénomènes météorologiques extrêmes se sont poursuivis au début de 2019, comme en témoigne le cyclone tropicalIdaiqui a provoqué tout récemment des inondations dévastatrices et fait de très nombreuses victimes au Mozambique, au Zimbabwe et au Malawi. Ce pourrait bien être une des catastrophes d’origine météorologique les plus meurtrières qu’ait connues l’hémisphère austral», a déclaré M. Taalas.
«Idaia commencé par frapper la ville portuaire de Beira, au Mozambique, ville en pleine expansion située à faible altitude sur un littoral exposé aux ondes de tempête et subissant déjà les conséquences de la hausse du niveau de la mer. L’ampleur de la catastrophe démontre la nécessité d’agir à l’échelle internationale en faveur du développement durable, de l’adaptation au changement climatique et de la prévention des catastrophes», a ajouté M. Taalas.
L’année 2019 a débuté par une douceur record, en moyennes journalières, sur le continent européen, par un froid exceptionnel en Amérique du Nord et des vagues de chaleur extrême en Australie. Quant à l’étendue de la banquise arctique et antarctique, elle est une fois encore bien inférieure à la normale.
D’après le dernier bulletin saisonnier de l’OMM sur le climat (période mars–mai), l’anomalie positive affichée par les températures de surface de la mer, en raison notamment d’un épisode El Niño de faible intensité dans le Pacifique, devrait se traduire par des températures supérieures à la normale à la surface des terres, en particulier sous les tropiques.
Sommet sur le climat
La Déclaration de l’OMM sur l’état du climat mondial sera rendue publique à l’occasion d’une conférence de presse conjointe qui sera organisée au Siège de l’ONU, à New York, et à laquelle participeront le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, António Guterres, la Présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, María Fernanda Espinosa Garcés et le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. Cette conférence de presse coïncide avecune réunion de haut niveau sur «le climat et le développement durable pour tous».
«Les données divulguées dans le présent rapport sont très inquiétantes. Les quatre dernières années sont les plus chaudes jamais répertoriées, et la température moyenne à la surface du globe en 2018 était supérieure d’environ 1 °C aux valeurs préindustrielles», a indiqué M. Guterres dans l’introduction à la déclaration.
«Ces données confirment qu’il est urgent d’agir pour le climat, comme l’a souligné récemment le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans son rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C. Le GIEC fait valoir que pour limiter à 1,5 °C le réchauffement du climat, il faudra procéder à des transitions rapides et de grande envergure dans les domaines de l’aménagement du territoire, de l’énergie, de l’industrie, du bâtiment, du transport et de l’urbanisme; les émissions mondiales nettes de dioxyde de carbone (CO2) d’origine anthropique devront être réduites d’environ 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici à 2030, et il faudra atteindre un «bilan nul» des émissions aux alentours de 2050».
«Il n’est plus temps de tergiverser», a-t-il ajouté, après avoir précisé qu’il convoquerait le 23 septembre 2019 unsommet sur le climatau niveau des chefs d’État. La Déclaration sur le climat fera partie de la contribution de l’OMM à ce sommet, dont M. Taalas présidera le Groupe consultatif scientifique.
En ma qualité de Présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, j’ai particulièrement à cœur de souligner les répercussions du changement climatique sur notre aptitude à réaliser les objectifs de développement durable, ainsi que la nécessité de considérer dans leur totalité les conséquences socio-économiques des conditions météorologiques extrêmes, qui frappent de plus en plus durement les pays du monde entier. Ce rapport très actuel représente une précieuse contribution aux efforts que nous déployons pour attirer l’attention de la communauté internationale sur cette problématique," a déclaré Mme Espinosa Garcés.
Points saillants de la Déclaration de l’OMM sur l’état du climat mondial en 2018
Incidences du climat(d’après les informations fournies par les organisations partenaires du système des Nations Unies)
Dangers naturels:En 2018, la plupart des dangers naturels, dont ont été victimes près de 62 millions de personnes, étaient liés à des extrêmes météorologiques et climatiques. Comme par le passé, ce sont les inondations qui ont touché le plus de personnes – plus de 35 millions – selon une analyse portant sur 281 phénomènes répertoriés par le Centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres (CRED) et le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes.
Les ouragansFlorenceetMichaelfont partie des 14 catastrophes ayant entraîné des milliards de dollars de pertes aux États-Unis d’Amérique en 2018. Ils ont causé des dégâts qui se chiffrent à 49 milliards de dollars de dégâts et entraîné la mort de plus de 100 personnes. Quant au super typhonMangkhut, il a touché plus de 2,4 millions de personnes et fait au moins 134 victimes, surtout aux Philippines.
Plus de 1600 décès ont été liés aux vagues de chaleur intense et aux incendies de forêt qui ont frappé l’Europe, le Japon et les États-Unis, les dommages matériels avoisinant le chiffre record de 24 milliards de dollars dans ce dernier pays. En Inde, l’État du Kerala n’avait pas connu de pluies aussi abondantes et d’inondations aussi dévastatrices depuis presque un siècle.
Sécurité alimentaire:L’exposition du secteur agricole aux extrêmes climatiques menace de compromettre les progrès réalisés dans la lutte contre la malnutrition. Il s’avère que la faim dans le monde, qui avait reculé durablement, est repartie à la hausse, selon les données récentes recueillies par plusieurs organismes des Nations Unies, dont l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM). En 2017, selon les estimations, le nombre de personnes sous-alimentées avait augmenté, atteignant 821 millions, notamment à cause des graves sécheresses liées au puissant Niño de 2015/16.
Déplacements de populations:Sur les 17,7 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays recensées par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 2 millions l’étaient en raison de catastrophes liées à des phénomènes météorologiques et climatiques (situation en septembre 2018). La sécheresse, les inondations et les tempêtes (y compris les ouragans et les cyclones) sont les phénomènes qui ont entraîné le plus grand nombre de déplacements liés à des catastrophes en 2018. Dans tous les cas, les populations déplacées ont besoin de protection et sont vulnérables.
Selon le Réseau pour la surveillance des retours et des dispositifs de protection du Haut‑Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), quelque 883 000 nouveaux déplacements internes ont été enregistrés entre janvier et décembre 2018, dont 32 % étaient causés par des inondations et 29 % par la sécheresse.
Chaleur, qualité de l’air et santé:Il existe de nombreuses interconnexions entre le climat et la qualité de l’air qui sont exacerbées par le changement climatique. On estime que le nombre de personnes exposées aux vagues de chaleur a augmenté d’environ 125 millions entre 2000 et 2016, la durée moyenne des vagues de chaleur s’étant allongée de 0,37 jour par rapport à la période 1986–2008, d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ces tendances sont autant de signaux d’alerte pour le secteur de la santé publique, dans la mesure où l’intensité, la fréquence et la durée des épisodes de chaleur extrême devraient continuer d’augmenter.
Conséquences pour l’environnement:On mentionnera le blanchissement des coraux et la diminution de la teneur en oxygène de l’océan, la disparition du «carbone bleu» associé aux écosystèmes côtiers comme les mangroves, les herbiers et les marais salés, et la perturbation d’écosystèmes très divers. Le réchauffement du climat devrait contribuer à la diminution de l’oxygène qui est observée en haute mer et dans les eaux côtières, y compris dans les estuaires et les mers semi-fermées. Depuis le milieu du siècle dernier, la teneur en oxygène de l’océan à l’échelle du globe aurait baissé de 1 à 2 % d’après les estimations de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO.
Le changement climatique est devenu une grave menace pour les écosystèmes des tourbières, car il exacerbe les effets du drainage et accroît le risque d’incendie, d’après le Programme des Nations Unies pour l’environnement. Les tourbières sont importantes pour les sociétés humaines du monde entier. Elles contribuent considérablement à l’atténuation du changement climatique et au processus d’adaptation grâce à la fixation et au stockage du carbone, au maintien de la biodiversité, à la régulation du flux hydrologique et de la qualité de l’eau, et à la fourniture d’autres services écosystémiques offrant des moyens de subsistance.
Indicateurs climatiques
Contenu thermique de l’océan:Ce dernier a atteint de nouveaux pics en 2018 entre 0 et 700 m de profondeur (relevés remontant à 1955) et entre 0 et 2 000 m (relevés remontant à 2005), pulvérisant les records de 2017. Les océans absorbent plus de 90 % de l’énergie piégée par les gaz à effet de serre, et leur contenu thermique traduit directement cette accumulation d’énergie dans les couches marines supérieures.
Niveau de la mer:La hausse du niveau de la mer s’est poursuivie à un rythme accéléré. En 2018, le niveau moyen de la mer dépassait de quelque 3,7 mm celui de 2017 et c’était le plus haut jamais constaté. Entre janvier 1993 et décembre 2018, le rythme annuel moyen d’élévation du niveau de la mer était de 3,15 ± 0,3 mm, l’accélération étant estimée à 0,1 mm/an2. Le rythme accru de perte de masse glaciaire des inlandsis est la cause principale de l’accélération de la hausse du niveau moyen de la mer ainsi qu’il ressort des données altimétriques transmises par satellite, d’après le Groupe sur le bilan du niveau de la mer relevant du Programme mondial de recherche sur le climat.
Acidification des océans:Ces dix dernières années, les océans ont absorbé environ 30 % des émissions anthropiques de CO2. Le CO2absorbé réagit avec l’eau de mer et modifie le pH de l’océan. Ce processus d’acidification peut influer sur l’aptitude des organismes marins, comme les mollusques et les coraux constructeurs de récifs, à fabriquer et maintenir de la coquille et du squelette. Les observations faites en haute mer ces 30 dernières années ont clairement mis en évidence la diminution du pH. Comme l’annonçaient déjà un certain nombre de rapports et de projections, le processus d’acidification des océans se poursuit, le pH de l’océan mondial continuant de baisser, d’après la COI de l’UNESCO.
Glaces de mer:L’étendue de la banquise arctique a été bien inférieure à la normale tout au long de 2018, affichant des records à la baisse en janvier et février. Le maximum annuel a été observé à la mi-mars et la superficie moyenne pour ce mois figure au troisième rang des plus faibles qui aient été constatées pour un mois de mars depuis 1979, lorsqu’ont débuté les observations par satellite. L’étendue moyenne de la banquise arctique en septembre se classe au sixième rang des plus faibles jamais observées pour un mois de septembre, et les 12 moyennes de septembre les plus faibles sont toutes postérieures à 2006. À la fin de 2018 l’étendue des glaces de mer, en moyenne journalière, était proche des plus faibles jamais observées.
L’étendue de la banquise antarctique a atteint son maximum saisonnier à la fin du mois de septembre et au début du mois d’octobre. Après son pic du début du printemps, l’étendue de la banquise antarctique a diminué rapidement, chaque valeur mensuelle, jusqu’à la fin de l’année, se classant parmi les cinq plus faibles jamais constatées.
L’inlandsis groenlandaisaccuse une perte de masse glaciaire presque chaque année depuis 20 ans. Le bilan de masse en surface a enregistré une hausse en raison de chutes de neige plus abondantes que la normale, en particulier sur la partie orientale du Groenland, et d’une saison de fonte proche de la normale. Cette situation s’est traduite par une augmentation globale du bilan de masse en surface mais n’a eu guère d’incidence sur la tendance générale constatée depuis deux décennies, l’inlandsis du Groenland ayant perdu environ 3 600 gigatonnes de glace depuis 2002. Une étude récente a porté sur des carottes de glace prélevées au Groenland, qui nous renseignent sur les épisodes de fonte survenus entre aujourd’hui et le milieu du XVIesiècle. Il s’avère que la nappe glaciaire du Groenland n’avait pas connu d’épisodes de fonte d’une telle intensité depuis au moins 500 ans.
Recul des glaciers:
Le Service mondial de surveillance des glaciers suit de près le bilan de masse de ces derniers en s’appuyant sur un ensemble de glaciers de référence, répartis dans 19 régions montagneuses du monde, pour lesquels on dispose de plus de 30 ans de données d’observation sur la période 1950–2018. D’après les résultats préliminaires disponibles pour 2018, qui concernent une partie de ces glaciers de référence, l’année hydrologique 2017/18 est la 31eannée consécutive affichant un bilan de masse négatif.
Notes à l’intention des rédacteurs
Les informations figurant dans la Déclaration proviennent d’un grand nombre de Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) et d’organismes apparentés, ainsi que des centres climatologiques régionaux, du Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC), de la Veille de l’atmosphère globale (VAG) et de la Veille mondiale de la cryosphère (VMC). Des renseignements ont également été fournis par d’autres organisations du système des Nations Unies, dont l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM), le Haut‑Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et la Stratégie internationale des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (SIPC).
Pour suivre l’évolution des températures à l’échelle du globe, l’OMM utilise les jeux de données (fondés sur les relevés climatologiques mensuels des stations d’observation) émanant de l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA), du Goddard Institute for Space Studies (GISS) de l’Administration américaine pour l’aéronautique et l’espace (NASA) ainsi que du Centre Hadley du Service météorologique britannique et de la Section de recherche sur le climat de l’Université d’East Anglia (Royaume-Uni).
Elle a aussi recours aux jeux de données de réanalyse émanant du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) et de son service Copernicus de surveillance du changement climatique, ainsi que du Service météorologique japonais. Elle peut ainsi combiner des millions de données d’observation météorologique et océanique, y compris par satellite, avec les résultats de modèles de façon à obtenir une réanalyse complète de l’atmosphère. Cette méthode permet d’estimer les températures partout dans le monde et à tout moment, même dans les régions où le réseau d’observation est peu dense comme au voisinage des pôles.
Pour de plus amples renseignements, veuillez prendre contact avec Clare Nullis, attachée de presse (courriel:cnullis@wmo.int; tél. port.: +41 (0)79 709 13 97)
Il faut absolument lire cette bande dessinée de Inès Léraud et Pierre Van Hove. Enfin une journaliste qui a le courage de dénoncer un demi siècle d'omerta bretonne. Elle est accompagnée d'un dessinateur qui a l'art de la mise en scène sans oublier la dose d'humour qui rend supportable le récit d'une lâcheté généralisée ayant conduit à la mort de trois personnes et d'une quarantaine d'animaux.
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Comme l'art ou la littérature,les sciences sont un élément à part entière de la culture humaine. Leur histoire nous éclaire sur le monde contemporain à un moment où les techniques qui en sont issues semblent échapper à la maîtrise humaine.
La connaissance de son histoire est aussi la meilleure des façons d'inviter une nouvelle génération à s'engager dans l'aventure de la recherche scientifique.