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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 20:32

"Le seuil de l’irréversible a été franchi" déclare Emmanuel Macron à Bonn à la COP23.

La phrase de Emmanuel Macron a été reprise par les médias.

cliquer sur l’image.

"Le seuil de l’irréversible a été franchi.

Les équilibres de la Planète sont prêts à rompre comme le traduisent le réchauffement des océans où la disparition des nombreuses espèces menacées. C’est l’ensemble de l’humanité qui est ainsi touchée. Si nous continuons tel que nous le faisons aujourd’hui, quels que soient les efforts déjà faits ces dernières années, cela veut dire que nous acceptons tacitement, collectivement ici, la disparition d’un bon nombre de populations ici représentées.

Nous n’avons donc qu’une obsession, l’action. Qu’un horizon, c’est maintenant."

Monsieur le Président, n’attendez pas le "Sommet" du 12 décembre, organisé à Paris pour le deuxième anniversaire de l'accord sur le climat.

C’est maintenant qu’il faut annoncer la fin du projet de centrale à gaz à Landivisiau.

La déclaration que devra faire Emmanuel Macron avant le "Sommet International sur la lutte contre le réchauffement climatique", le 12 décembre 2017 à Paris.

 

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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 18:41

Dans un texte signé il y a 25 ans par 1.700 chercheurs, les auteurs exhortaient à réagir face à la destruction de l'environnement, craignant que « l'humanité ne pousse les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie ». Mais la situation s'est encore plus aggravée et devant l'ampleur du phénomène, plus de 15.000 scientifiques ont signé un cri d'alarme sans précédent. Si nous ne réagissons pas, nous allons droit dans le mur, expliquent-ils. Le temps presse.

  • Plus de 15.000 scientifiques, dans tous les domaines, ont signé un appel à réagir face à l’état de la planète.
  • Jamais un article publié dans une revue scientifique n’aura eu autant de signataires.
  • Ils soulignent non seulement l'urgence mais aussi l'importance de réduire le réchauffement climatique et la destruction des espèces vivantes.

En 1992, 1.700 scientifiques, dont près d'une centaine de prix Nobel, lançaient à l'occasion du Sommet de la Terre à Rio, premier du genre, le « World Scientist's Warning to Humanity ». Cet avertissement à l'humanité décrivait la destruction de l'environnement, peu conscientisée à l'époque, et soulignait combien notre espèce est « sur une trajectoire de collision avec le monde naturel », si elle ne réagit pas.

Vingt-cinq ans plus tard, les scientifiques constatent que la situation ne s'est pas améliorée. Au contraire, elle a empiré dans tous les domaines en crise, avec une exception, l'affaiblissement de la couche d'ozone, réduit grâce à une forte mobilisation internationale. Alors 15.364 scientifiques du monde entier (184 pays) ont signé un nouveau cri d'alarme, d'une ampleur sans précédent. Le texte a été publié le 13 novembre dans la revue scientifique BioScience et dans Le Monde (« Il sera bientôt trop tard » titrait en Une lundi le quotidien), alors que se déroule jusqu'au 17 novembre, la COP23, sur le climat, à Bonn.

 

Le péril climatique

Le climat, justement. « Particulièrement troublante est la trajectoire actuelle d'un changement climatique potentiellement catastrophique »écrivent les auteurs dans le « cri d'alarme » de 2017. Le taux de CO2dans l'atmosphère terrestre, nous l'avons vu récemment, n'a jamais été aussi élevé depuis au moins 800.000 ans. Il est désormais au-dessus de 400 ppm contre 280 ppm avant l'ère industrielle.

Et cela ne devrait pas s'améliorer car les émissions de ce gaz à effet de serre lequel, rappelons-le, peut séjourner 100 ans dans l'atmosphère, sont reparties à la hausse après trois années de stabilité selon le nouveau rapport annuel du Global Carbon Project. Elles devraient être de +2 % en 2017 et atteindre un record de 36,8 milliards de tonnes. « Le monde n'a donc pas atteint son pic d'émissions, affirment les auteurs de l'étude qui vient de paraître dans Nature Climate Change, Environmental Research Letters et Earth System Science DataCela montre qu'il faut agir plus fortement. Il faut oublier toute autosatisfaction. »

Courbe des émissions de CO2 dans l’atmosphère terrestre depuis 1990. 2017 s’annonce comme une année record. © Carbon Global Project

Pour Corinne Le Quéré, de l'université britannique d'East Anglia, selon des propos rapportés par l'AFP : « c'est une grande déception. Avec 41 millards de tonnes de CO2 émis estimés pour 2017 [si l'on ajoute ladéforestationNDLR], on risque de manquer de temps pour garder la température sous 2 °C, et a fortiori 1,5 °C ». D'ailleurs, l'objectif très enthousiaste de limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C lors des accords de Paris en 2015 semble de plus en plus hors d'atteinte. Cet été, des chercheurs annonçaient même qu'il n'y aurait que 5 % de chances de le limiter à 2 °C.

Le changement climatique provoqué par une hausse des émissions de gaz à effet de serre n'est qu'un des périls qui assombrit l'avenir de l'humanité et bien sûr avec elle, de la vie sur Terre. Affectés désormais par les perturbations créées par le réchauffement global dont nous sommes responsables, les écosystèmes sont aussi violemment impactés par leur destruction frontale par l'Homme depuis plusieurs siècles : déforestation, braconnage, exploitation minière, artificialisation des sols,agriculture intensive et usages massifs de pesticides... Sans oublier les océans et la vie marine. Tous les voyants passent au rouge. « Nous avons déclenché un phénomène d'extinction de masse, le sixième en 540 millions d'années environ, au terme duquel de nombreuses formes de vie pourraient disparaître totalement », déplorent les 15.000 signataires.

Un grand nombre de vertébrés et invertébrés, terrestres et marins, sont en danger d'extinction. Nous avons appris il y a quelques semaines que la population d’insectes volants s'est effondrée de 75 % en 30 ans en Allemagne. Un chiffre que l'on peut élargir à l'Europe où les conditions sont similaires sur de nombreux territoires. Leur perte est non seulement dommageable pour la pollinisation mais aussi pour l'ensemble de lachaîne alimentaire, avec les conséquences que l'on peut craindre.

Interrogé par Le Monde, le biologiste Gilles Bœuf, ancien président duMuséum national d'histoire naturelle, rappelle une évidence : « Labiodiversité, nous en faisons partie : la nature, c'est nous. Nous ne sommes pas à côté d'elle. Dès que l'on admet cela, on comprend que détruire les écosystèmes revient à s'auto-agresser, qu'opposer la protection de la nature d'un côté à la création d'emplois et au court terme économique de l'autre est d'une totale stupidité ».

L’expansion de Shanghai en Chine en 32 ans. À gauche, photo prise le 23 avril 1984. À droite, le 20 juillet 2016. © Nasa images of change

Le problème de la gestion des ressources

Pas plus tard qu'il y a huit jours, le célèbre physicien Stephen Hawkingdéclarait lors d'une conférence que si nous ne faisons rien, la Terre serait inhabitable dans un avenir proche, en proie à une surpopulation, des terres devenues incultivables et un épuisement croissant des ressources naturelles. Il exhortait l'humanité à préparer l’exploration interstellaire.

Depuis la signature du premier appel en 1992, la population mondiale a augmenté de 35 % (nous sommes à présent 7,6 milliards, selon les derniers chiffres des Nations Unies de juin 2017), ce qui n'est pas sansincidences sur les ressources comme l'eau douce. En effet, « le volumed'eau douce disponible par habitant a chuté de moitié » depuis les années 1960.

Tout est une question de gestion des ressources. Dans Le Monde, le démographe Hervé Le Bras rappelle que « si l'ensemble de l'humanité mangeait comme les Français, les ressources de la planète permettraient de nourrir seulement 4 milliards d'humains. A contrario, avec le régime du Bangladesh, ce serait 12 milliards ».

La Terre est notre seul foyer

Enfin, la pression démographique s'exerce sur les milieux naturels, les fragmentant de plus en plus jusqu'à les réduire à peau de chagrin. On le voit en Amazonie ou en Indonésie, exemples les plus connus où les grandes forêts, foyers des plus riches biodiversités de la planète, sont mises en pièce — idem dans les milieux marins avec la destruction notamment des coraux en raison du réchauffement des eaux et de leur acidification — pour des monocultures (huile de palme, soja pour les animaux...), mais c'est aussi le cas dans nos campagnes où la nature laisse la place au béton (environ 236 hectares de perdus par jour en France).

« Nous mettons en péril notre avenir en refusant de modérer notre consommation matérielle intense mais géographiquement et démographiquement inégale, et de prendre conscience que la croissance démographique rapide et continue est l'un des principaux facteurs des menaces environnementales et même sociétales. »

Il sera bientôt trop tard !

Pour les chercheurs, nos seules chances de salut passent par un sursautcollectif et aussi individuel : « grâce à un raz-de-marée d'initiatives organisées à la base, il est possible de vaincre n'importe quelle opposition, aussi acharnée soit-elle, et d'obliger les dirigeants politiques à agir », écrivent-ils. Et cela passe aussi par nos comportements individuels « en limitant notre propre reproduction [...] et en diminuant drastiquement notre consommation par tête de combustibles fossiles, de viande et d'autres ressources ».

« Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l'échec car le temps presse, conclut l'appel de 2017. Nous devons prendre conscience, aussi bien dans nos vies quotidiennes que dans nos institutions gouvernementales, que la Terre, avec toute la vie qu'elle recèle, est notre seul foyer. »

 

 

Le manchot royal, témoin de l’état alarmant de l’écosystème marin  Observés au quotidien par des balises Argos, les manchots sont un bon indicateur des stocks de poissons dans une zone donnée. Obligés de parcourir des distances toujours plus grandes, ils pourraient bientôt disparaître. Le Cnes nous explique pourquoi au cours de cette vidéo. 

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1 novembre 2017 3 01 /11 /novembre /2017 20:36

Le Lancet, prestigieuse revue médiale, évalue pour la deuxième année consécutive les effets sanitaires du réchauffement climatique. L’agriculture est déjà atteinte. Et cela ne devrait pas s’arranger.

Voir sur le journal de l’environnement

Le Lancet a tenu parole. L’an passé, à l’orée de la COP 22 de Marrakech, la revue médicale de référence avait lancé une initiative originale : le Lancet Countdown. En se basant sur les travaux de 24 établissements universitaires internationaux et organisations intergouvernementales (OMS), le journal a quantifié les effets sanitaires des principales conséquences du changement climatique (sécheresses, événements climatiques extrêmes, perturbations des moussons, etc.). Des chiffres que le journal britannique entend mettre à jour tous les ans. C’est chose faite.

Sous sa houlette, climatologues, écologistes, économistes, ingénieurs, experts de l’énergie, de l’agroalimentaire et du transport, géographes, mathématiciens, chercheurs en sciences sociales, politologues, spécialistes de santé publique et médecins ont élaboré une quarantaine d’indicateurs dans 5 domaines : exposition et vulnérabilité au changement climatique ; plans d’adaptation pour la santé ; mesures d’atténuation ; finances et engagement public.

En filigrane, le message adressé aux politiques est clair : si vous n’agissez pas, les changements climatiques à venir ruineront les avancées en termes de santé publique obtenues ces 50 dernières années. A contrario, lutter efficacement contre le réchauffement et ses effets pourrait être « la plus grande opportunité du XXIe siècle en matière de santé à l’échelle mondiale ».

Sans surprise, de très nombreux indicateurs sont au rouge : depuis 2000, ce sont plus de 125 millions de personnes qui subissent des canicules de plus en plus intenses chaque année ; durant la même période, les agriculteurs du monde entier ont vu baisser leur productivité de 5% du fait de la dégradation des conditions climatiques ; à cause du réchauffement, le moustique Aedes aegypti peut transmettre la dengue dans un plus grande nombre de régions.

Des phénomènes anthropiques, comme la pollution de l’air urbain, sont aggravés par le réchauffement. Un réchauffement qui, en réduisant les précipitations dans certaines régions, diminue la capacité de l’agriculture à nourrir et à fixer les populations locales. Estimé à plusieurs dizaines de millions aujourd’hui, le nombre de réfugiés climatiques pourrait flirter avec le milliard d’ici la fin du siècle, pronostique The Lancet. De quoi faire trembler sur leurs fondations bien des Etats fragiles, incapables d’accueillir ces vagues annoncées de migrants.

Les effets du réchauffement sur notre santé ne sont pas une découverte. La question a été posée dès 1990 par les auteurs du premier rapport d’évaluation du Giec[1]. En moyenne, la littérature scientifique s’enrichit d’un article par jour sur le sujet depuis des années. Mais les politiques de santé publique ne suivent pas au même rythme. « Le retard de la réponse au changement climatique ces 25 dernières années a mis en péril la vie humaine et les moyens de subsistance », s’alarment les contributeurs au ‘compte à rebours’ du Lancet.

La revue compte actualiser les données jusqu’en 2030. En attendant, ses experts distillent déjà quelques idées pour améliorer la situation : supprimer les centrales au charbon, encourager l’économie bas carbone, développer les énergies renouvelables, investir dans la recherche, accroître les financements dans les systèmes de santé résilients.

[1] Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat

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28 octobre 2017 6 28 /10 /octobre /2017 07:57

Thalassa . Reportage - Cap sur l’île de Sein en Bretagne !

Cliquer sur l’image.Retour ligne automatique

« Sein c’est un petit territoire entouré d’eau, exactement comme un bateau ! Nous on veut piloter notre bateau ! »Dernier pêcheur en activité, François Spinec est un peu « l’éminence verte » de l’ile de Sein.Verbe haut et sensibilité à fleur de peau, il dénonce toutes les aberrations qui font le quotidien de sa terre natale. A commencer par l’approvisionnement en énergie : à Sein, comme dans la plupart des îles françaises, l’électricité provient d’une centrale à fioul, procédé extrêmement coûteux et très préjudiciable à l’environnement. Avec d’autres Sénans il a créé I.D.S.E. (Ile De Sein Energies) afin de lancer la transition énergétique déjà réalisée dans d’autres îles européennes (Samsoe au Danemark, Hierro aux Canaries, Eigg en Ecosse).L’idée fait son chemin et, en attendant d’aboutir, François peut rêver d’hydroliennes, d’éoliennes et de toits solaires qui rendront Sein totalement verte et propre...

Un reportage de Antoine Mora et Christian AuxemeryUne production FTV Thalassa

 

 

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22 octobre 2017 7 22 /10 /octobre /2017 08:00

La France est la championne de la consommation de pesticides (insecticides, fongicides et herbicides) en Europe. Ces produits sont pulvérisés et se retrouvent pour l’essentiel dans l’air. Pourtant aucune réglementation n’oblige actuellement à évaluer leur concentration dans l’air ambiant ou ne fixe des seuils limites, et ce malgré leurs effets avérés sur la santé. Or nous savons maintenant que c’est essentiellement par l’air que nous absorbons ces pesticides.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié la liste de 90 molécules pesticides qu’elle préconise de suivre et dont dont la présence est avérée dans l’air des villes et des campagnes françaises. Une première étape dans la (lente) mise en œuvre d’une stratégie de surveillance nationale, alors que la part de l’exposition aérienne, bien qu’avérée, reste une terre inconnue.

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21 septembre 2017 4 21 /09 /septembre /2017 18:56

 

Le printemps a parfois d'étranges couleurs. Une photo publiée par une association agréée de protection de l'environnement du Finistère montre un champ dont le couvert végétal est d'un orange éclatant. La légende qui l'accompagne précise que cette photo n'a pas été prise pendant la canicule de l'été 2003 mais dans un mois d'avril bien arrosé.


 

Pourquoi cette couleur ?


 

Ce champ a la particularité d’être situé à proximité des sources de l'Élorn, la rivière qui alimente l’agglomération brestoise en eau potable ainsi que la majorité de la population du Nord-Finistère (300.000 habitants). Directive Cadre Européenne oblige, dans cette région en excédent structurel de nitrates dans les rivières, les exploitants agricoles doivent semer un couvert végétal pendant l’hiver pour capter les excédents de nitrates présents dans leur sol.


 

Au printemps ce couvert doit laisser la place au maïs qui bientôt absorbera les mètres cubes de lisier accumulés pendant l’hiver et qui déborde des fosses. Il faut donc le détruire. Comment ? Par un moyen mécanique respectueux de l’environnement ? Ce serait trop demander. Place au Roundope* qui vous nettoie tout cela en un seul passage et tant pis pour la pollution de l’air et de l’eau.


 

D’où ces couleurs lumineuses des champs de Bretagne en ce beau printemps.


 

*Note : Les militants locaux ont pris l'habitude de désigner par "Roundope" toute espèce de mélange à base de glyphosate utilisé comme désherbant. Toute ressemblance avec une marque connue, ajoutent-ils, ne serait pas totalement fortuite.


 

La folie du Roundope, dont le glyphosate est le produit actif, a été contagieuse. Ce sont les services de l'équipement qui en aspergeaient les bords des routes. Ce sont les employés communaux qui le pulvérisaient sur les trottoirs, y compris au ras des cours de récréation et des aires de jeu. Il a fallu la pression persistance des associations de protection de l'environnement pour que la pratique régresse. Grâce à leur action, les mêmes qui hier arrosaient copieusement leurs espaces publics de désherbants divers, affichent aujourd'hui des panneaux dont le décor, agrémenté de fleurs, d'abeilles et de papillons, fait savoir au visiteur que les pesticides sont désormais bannis de leur commune.


 

Mais les dealers de dope glyphosatée ne renoncent pas si facilement.


 

Le Roundope ça suffit !


 

Ce jour d'avril 2008, de nombreux lecteurs matinaux de leur quotidien préféré, ont eu du mal à avaler leur première tasse de café : sur une demi page ils pouvaient découvrir un placard publicitaire de la société Monsanto en faveur de son produit phare, le Roundup. Celui-ci avait clairement pour cible les "jardiniers du dimanche".

 


 

Le placard publicitaire annonçait d'entrée la couleur : "Encore un week-end perdu a arracher les mauvaises herbes. Il suffit d'oublier un fragment de racine pour devoir tout recommencer. Et si vous demandiez un coup de main à Roundup, le complice de votre tranquillité ? "


 

L'opération était habile et le vocabulaire bien choisi : faire de chaque amateur de jardinage un "complice". Ceci à condition qu'aucun d'entre-eux n'ait la curiosité de lire l'étiquette du produit sur laquelle il lui est recommandé :


 

  • de ne pas pulvériser quand il y a du vent.

  • de ne pas traiter par temps de pluie.

  • de ne pas traiter en plein hiver ni par temps très sec.

  • de ne pas traiter par grande chaleur.

  • de ne pas traiter à moins de 5 mètres d'un point d'eau ou de bouches d'eau pluviale ou d'eaux usées.

  • d'éloigner les enfants et les animaux domestiques de la zone traitée pendant environ 6 heures.

  • de porter une tenue recouvrant intégralement le corps avec gants et bottes.

  • de rincer trois fois son matériel après application sans faire de rejet dans les eaux usées.


 

Résumons : ne pas utiliser quand il pleut ou quand il fait sec, quand il fait chaud ou quand il fait froid. Ne pas oublier les gants, les bottes, le masque, la tenue de cosmonaute. Séquestrer les enfants et les animaux. Bref, quel est le jardinier, sachant lire une notice et soucieux de sa santé, de celle de ses proches et surtout de sa "tranquillité" pendant le week-end, qui pourrait avoir envie d'utiliser un tel produit !


 

Parmi les lecteurs de ce pavé publicitaire, les plus scandalisés étaient certainement les militants de l’association "Eau et Rivières de Bretagne" qui s'étaient fortement engagés dans la lutte contre les publicités mensongères des marchands de phytotoxiques. Pour ces militants la nouvelle publicité de Monsanto, producteur du Roundup, constituait une incroyable provocation.


 

En juillet 2001, l'association avait porté plainte pour publicité mensongère, à l’encontre des dirigeants de la société : dans plusieurs campagnes publicitaires télévisuelles ainsi que sur les emballages de ses produits, Monsanto affirmait que le Roundup était « 100 % biodégradable, respectait l’environnement, et était sans danger pour l’homme » ! Un procès-verbal d'infraction avait été dressé par la Direction de la Concurrence et de la Consommation.

 


 

Aux États-Unis, dès 1996, Monsanto avait dû abandonner cette publicité à la suite d’une procédure judiciaire engagée par le procureur général de l’État de New-York. Cette publicité avait, hélas, eu le temps d'atteindre son objectif et permis le développement des ventes du désherbant qui représentaient alors environ 60 % du marché.


 

En France, l'affaire était traitée par le tribunal correctionnel de Lyon. Le 26 janvier 2007, il condamnait, deux responsables des sociétés Monsanto et Scotts France, pour publicité mensongère sur les pesticides de la marque commerciale "Roundup". En plus de l'amende 15 000 euros, les deux sociétés étaient condamnées à verser des dommages et intérêts aux deux associations, Eau & Rivières de Bretagne et CLCV (Consommation Logement Cadre de Vie), qui s’étaient constituées partie civile.


Monsanto ayant fait appel de cette décision, le jugement définitif, n'était pas encore rendu au moment où passait cette publicité qui, cette fois, se gardait bien de déclarer que le Roundup "protégeait" l'environnement. Seul, sous forme de provocation, un gentil "toutou" à l'angle du placard publicitaire rappelait la précédente campagne dans laquelle l'animal était sensé traiter au Roundup la plante qui avait poussé au dessus de l'os qu'il convoitait.


 

La sanction était finalement confirmée par un arrêt du 9 octobre 2009 de la chambre criminelle de la cour de cassation. Selon les magistrats, le mensonge publicitaire résultait d’une "présentation qui élude le danger potentiel du produit par l’utilisation de mots rassurants et induit le consommateur en erreur en diminuant le souci de précaution et de prévention qui devraient normalement l’inciter à une consommation prudente". L'affaire était donc entendue, grâce à l'action des associations, le Roundup ne pourrait plus se présenter comme inoffensif et de surcroît "biodégradable".


 

Côté scientifiques, d'autres "lanceurs d'alerte" avaient pris le relais.


 

Dangereux le Roundope ?


 

On connaît le combat du biologiste Gilles-Eric Séralini pour faire connaître ses travaux et ceux de son équipe sur la nocivité du Roundup. Dans leur première étude, publiée en 2007, les biologistes ont voulu voir quels étaient les effets du pesticide sur des cellules embryonnaires mises en culture. Ils constataient que, même à des doses considérées comme non toxiques, le produit empêchait la formation d’hormones sexuelles essentielles au bon développement du fœtus, de ses os et de son sexe. On connaît les pressions et interventions multiples pour combattre et dénaturer les résultats obtenus et la ténacité du chercheur à défendre sa méthode et à exiger que les études réalisées par les industriels pour la mise en marché du produit soient rendues publiques.


 

D'autres chercheurs, agissant par d'autres voies, avaient eux-mêmes trouvé des résultats analogues.


 

 

Fin juin 2007, le titre d'un article du journal Le Télégramme, diffusé en Bretagne, ne pouvait qu'attirer le regard : "Santé, Un herbicide hautement cancérigène". Le professeur Robert Bellé de la station biologique de Roscoff rendait compte des travaux qu'il menait avec son équipe sur des cellules d'oursins. Pourquoi l'oursin ? Les travaux menés à Roscoff, comme d'autres ailleurs, ont démontré que le génome de l'oursin est très proche de celui de l'homme. L’oursin, dont la femelle pond des millions d’œufs, est un modèle idéal d’étude de la fécondation et du développement embryonnaire. Les chercheurs l'utilisent donc comme matériau d'expérience. L'article évoque prudemment "l'herbicide le plus répandu en Occident". Chacun aura reconnu le Roundope.


 

Conclusion ? "Ce produit est cancérigène parce qu’il engendre un dysfonctionnement du point de surveillance de l’ADN. Le composant actif qu’il contient, dénommé glyphosate, n’est pas le seul élément toxique de cet herbicide. Ce sont les produits de formulation l’accompagnant qui rendent l’ensemble particulièrement dangereux pour la santé. Pour être efficace, le glyphosate doit pénétrer dans les cellules des plantes. L’herbicide, dont nous parlons, est composé d’une formule qui le permet, affectant l’ADN par la même occasion".


 

L'Association "Santé Environnement France" qui regroupe près de 2500 médecins donne la liste de 10 adjuvants de formulations de pesticides à base de glyphosate. Dans la liste de leurs effets toxiques, on note : réactions allergiques, dommages génétiques, problèmes thyroïdiens, réduction de la fertilité, tumeurs de la peau, cancers...


 

Des cancers ? Quels cancers ?


 

"Dès qu’elles seront possibles, les études épidémiologiques permettront de démontrer l’incidence de ce produit sur les différents types de cancer." affirmait l'équipe du Docteur Bellé "En particulier sur les cancers des voies respiratoires puisque le produit pulvérisé contient la formulation à des concentrations très supérieures (500 à 2.500 fois plus) à celles qui engendrent le dysfonctionnement du point de surveillance de l’ADN."


 

Ainsi le propos nous ramène à la pollution de l'air par les pesticides.


 

Ce Roundope que l'on respire.


 

Les publications françaises sont peu nombreuses concernant la présence des pesticides dans l'air. Le glyphosate, pourtant "l'herbicide le plus répandu en Occident", et son produit de dégradation tout aussi nocif, l'AMPA, sont particulièrement absents des quelques rares études qui ont été réalisées. La puissance du groupe Monsanto qui produit le Roundup y serait-elle pour quelque chose ?


 

Aux USA, une étude menée dans l'état du Mississippi, montrait que le glyphosate, largement utilisé sur les cultures OGM, se retrouvait dans 86% des échantillons d'air et dans 77% de ceux d'eau de pluie recueillis. En Europe l'association des "Amis de la Terre" fait état de tests menés dans 17 pays européens sur des prélèvements d'urine. Ils montrent que 43,9 % des échantillons contiennent des traces de ce produit chimique. Preuve d'une pollution généralisée : tous les volontaires qui ont donné ces échantillons vivent en ville et aucun d'entre eux n'a utilisé, ni manipulé de produits à base de glyphosate dans la période précédent les tests.

 

En dehors de son aspect cancérigène, le glyphosate, comme la plupart des pesticides, est soupçonné de perturber le système endocrinien, ce qui peut avoir des conséquences irréversibles à certaines phases du développement de l'enfant pendant et après la grossesse. Mais il faut franchir l'Atlantique pour en avoir quelques échos. Les Amis de la Terre rapportent que dans les secteurs d'Amérique du Sud où est cultivé le soja transgénique arrosé au glyphosate, le nombre de malformations congénitales a augmenté. Au Paraguay on constatait que les femmes qui vivent à moins d'un kilomètre des champs sur lesquels le pesticide est épandu, ont plus de deux fois plus de risques d'avoir des bébés mal-formés. En Équateur et en Colombie, où des herbicides à base de glyphosate ont été utilisés pour contrôler la production de cocaïne, il y avait un taux plus élevé d'altérations génétiques et de fausses-couches durant la saison d'épandage. Retour en France. Des études analogues sont faites, en Bretagne, sur l'effet de la contamination par un herbicide, sur des femmes enceintes et sur les enfants qu'elles mettent au monde. Mais, hélas, cet herbicide n'est pas le glyphosate. Ces études portent sur l'atrazine, un pesticide actuellement interdit et que le Roundup a remplacé. N'aurait-il pas été plus utile d'étudier la contamination par le pesticide aujourd'hui le plus utilisé et dont on sait déjà qu'il pollue l'air, les sols, les rivières, les nappes souterraines et les baies côtières. Mais veut-on vraiment savoir ?

 

Enfin le réveil ?

 

Le 20 mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) basée à Lyon, spécialisée dans le cancer qui a étudié l’ensemble de recherches scientifiques menées sur les effets de cette substance, a estimé qu'il existe suffisamment de preuves pour définir le glyphosate cancérogène chez les animaux. En laboratoire, des modifications chromosomiques ont été constatées, ainsi que des tumeurs au pancréas, aux reins et un risque accru de cancer de la peau. Réaction en France ? Allait-on enfin interdire ce produit comme on a interdit l'atrazine, le lindane ? "La France doit être à l'offensive sur l'arrêt des pesticides" déclarait La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal. Offensive ? Pas un mot sur l'usage agricole mais, fidèle à sa technique des effets d'annonce intempestifs suivis d'une retraite immédiate, elle faisait savoir que, à compter du premier janvier 2018, l'accès aux produits phytosanitaires "pour les jardiniers amateurs" ne pourra se faire que "par l'intermédiaire d'un vendeur certifié". Pas d'interdiction donc, ni dans les champs ni dans les jardins, mais trois ans accordés pour faire ses provisions en libre-service, trois ans pour oublier les propos de la ministre et trois ans pour permettre à Monsanto d'organiser sa riposte. Ce que l'entreprise à entrepris immédiatement.

 

Prudent, le CIRC s'était contenté de classer le glyphosate comme cancérogène "probable" sur l'homme. Cependant les preuves existent, et les études de Séralini , de Bellé et d'autres chercheurs en Suède, aux USA et au Canada l'ont montré, qu’il accroît fortement le risque de développer certains types de cancer.


 

Refusant d'attendre que le constat de milliers de morts par cancer amène le classement en "cancérogène certain" du glyphosate, plusieurs organisations, et entre autres la ligue contre le cancer, ont demandé l'interdiction de ce pesticide. On a attendu de constater les effets de l'atrazine sur les femmes enceintes et leurs enfants pour l'interdire. Le même laxisme concernant le glyphosate serait criminel.

 
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16 septembre 2017 6 16 /09 /septembre /2017 12:41

 

Par Gérard Borvon

Utopie ! Le mot supposé tuer toute idée de changement. Du bio dans les cantines, vous rêvez ? Des villes, des routes, des champs, des jardins, sans désherbants chimiques, vous y croyez ? Trier ses déchets, recycler, composter dans son jardin ou au pied de son HLM, et quoi encore ? Oublier sa voiture, covoiturer, isoler son habitat, produire localement son énergie, qui allez-vous convaincre ?

Et pourtant tout cela entre, peu à peu et en douceur, dans le quotidien. Se nourrir en toute confiance, respirer un air qui ne nuise pas à sa santé, un air sans pesticides et sans particules fines, oui, c’est possible.

Des villes, des routes, des champs, des jardins, sans pesticides.

Faut-il encore rappeler les chiffres ? Les 30% à 75% des pesticides épandus qui se retrouvent dans l’air que nous respirons. Nous savons qu’ils contaminent déjà toute le planète et que certains le feront pendant des siècles. Qui peut imaginer de poursuivre leur usage ? Pouvons-nous laisser ce cadeau empoisonné à nos descendants ? Les promesses régulièrement repoussées de "réduction" ne trompent plus personne, l’objectif doit être leur suppression. Et ceci n’est pas une nouvelle "utopie", la voie est déjà ouverte.

Il semble déjà loin le temps des pionniers de l’agriculture biologique. Les modestes étals des agriculteurs bios sur les marchés se sont étoffés et multipliés. Les magasins bios, aux étagères bricolées par leurs premiers sociétaires-coopérateurs, ont laissé la place à des commerces spacieux, ayant pignon sur rue, que les grandes surfaces se sont empressées d’imiter, ajoutant un îlot "bio, solidaire, équitable" à leur océan de produits issus de l’agrochimie subventionnée. Des municipalités même ne craignent plus de se faire les promoteurs du bio.

L’exemple est encore trop rare en France mais il mérite d’être cité. A Lons le Saunier la cuisine centrale, établissement public géré par un syndicat intercommunal, sert 5000 repas par jour : 3000 scolaires (70 écoles), 1000 hospitaliers, 300 personnes âgées, 200 entreprises et 500 sur place, dans lesquels il y a 25% de produits bios issus de circuits courts.

Dans les années 90 la commune avait constaté une augmentation alarmante du taux de nitrate dans les eaux de la ville. Plutôt que de construire une usine de traitement des eaux, la municipalité et son maire Jacques Pélissard s’étaient adressés aux agriculteurs présents sur les champs captants alimentant la commune pour leur proposer de se convertir au blé bio. En échange la municipalité s’était engagée à acheter une partie de cette production en produisant du pain bio. Puis ce furent des yaourts et des fromages (depuis 2007, 100% des yaourts consommés par les enfants sont bio). Ensuite un jeune producteur de pommes de terre aidé à se lancer. Au total 14 tonnes de pommes de terre, des carottes, des navets, des choux, des radis, des betteraves produits localement et en bio sont transformés dans la cuisine centrale. Enfin la ville s’est intéressée à la valorisation de la filière d’élevage de la race locale, la Montbéliarde en achetant 200 bêtes par an à 45 éleveurs (100% de la viande consommée) à un prix supérieur au prix du marché. Le service souhaite introduire progressivement encore plus de produits bio en privilégiant les filières locales.

En France, la progression est déjà réelle et se lit dans les chiffres. De 3600 producteurs bios en 1995, leur nombre a dépassé le seuil des 25000 en 2013 avec une progression particulièrement forte (+104%) entre 2007 et 2012. Les surfaces cultivées passant dans le même temps de cent vint mille à un million d’hectares avec une progression de 85% dans les cinq dernières années. Certes, la production bio ne représente encore que 2,5% du marché mais la progression de 10% par an est régulière. Même progression du côté des consommateurs avec une croissance de 10% par an de 1999 à 2005 et un doublement entre 2007 et 2012.

Chez les bios la petite entreprise ne "connaît pas la crise". Pas de barrages sur les routes et d’édifices publics incendiés quand les Russes arrêtent d’importer du porc français ou quand l’Arabie Saoudite décide de ne plus manger de poulets nourris au soja transgénique brésilien et poussés aux antibiotiques. Il est vrai que le "bio" ne prétend pas nourrir la Planète entière et maintenir la France sur le podium des exportateurs mondiaux en compagnie des USA, de la Hollande et du Brésil. Son credo c’est la proximité, le plus court chemin du champ à la fourchette. Mais si les "bios" du monde entier, producteurs et distributeurs, aspirent d’abord à nourrir, chez eux, la part de l’humanité au sein de laquelle ils vivent, cela ne les empêche pas d’échanger leurs productions, de façon équitable et au moindre coût environnemental, avec celles cultivées sur d’autres terres et sous d’autres cieux .

La Planète et le bio.

Une "Conférence internationale sur l’agriculture biologique et la sécurité alimentaire", s’est tenue à Rome en mai 2007 dans le cadre de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture). L’objectif de ses travaux était "de déterminer de quelle manière l’agriculture biologique pourrait contribuer à l’émergence d’un nouveau paradigme de la sécurité alimentaire". Son rapport final a jeté un pavé dans la marre.

Une phrase en a été retenue :  " Une conversion planétaire à l’agriculture biologique, sans défrichement de zones sauvages à des fins agricoles et sans utilisation d’engrais azotés, déboucherait sur une offre de produits agricoles de l’ordre de 2640 à 4380 kilocalories par personne et par jour ".

Sachant qu’il est admis qu’une ration calorique jugée suffisante varie, suivant la personne et son activité, entre 2000 et 3500 calories par jour, il n’est pas exagéré de traduire la phrase par : "l’agriculture biologique pourrait nourrir la planète". Même si l’expression a déclenché le tir de barrage de tous les tenants d’une agriculture dopée à la chimie, l’ensemble du rapport prouvait bien, en effet, avec sagesse et pondération, que l’hypothèse d’un passage généralisé au bio était réaliste et qu’une sortie rapide du système industriel actuel était, non seulement indispensable, mais surtout possible.

La sortie est indispensable  : le rapport mettait d’abord en lumière l’échec du système actuel dans une introduction qui mérite d’être largement citée.

"Les travaux de la Conférence se sont inscrits dans le cadre du débat sur le caractère paradoxal du système alimentaire dans son ensemble, l’objectif étant de déterminer de quelle manière l’agriculture biologique pourrait contribuer à l’émergence d’un nouveau paradigme de la sécurité alimentaire. Concrètement, le paradoxe qui caractérise le système alimentaire tient aux aspects suivants :


. les approvisionnements alimentaires mondiaux sont suffisants, mais 850 millions de personnes souffrent de la faim ;

. l’utilisation d’intrants agricoles chimiques n’a cessé d’augmenter ces 20 dernières années, mais la productivité du secteur céréalier est en constant recul ;

. le coût des intrants agricoles est en augmentation, alors que le coût des produits agricoles de base diminue régulièrement depuis 50 ans ;

. on peut aujourd’hui avoir accès facilement et rapidement à un grand volume de connaissance grâce aux technologies de l’information, alors que, dans le même temps, les maladies liées à la malnutrition ne cessent de gagner du terrain ;

. les systèmes alimentaires de type industriel ont un coût environnemental et social qui menace la sécurité alimentaire (décès professionnels dus à des empoisonnements aux pesticides, suicides d’agriculteurs endettés, disparition de millions d’emplois dans les zones rurales)."

La sortie est possible :

Rappelons la question initiale proposée à la réflexion de la Conférence

"Reconnaissant qu’il convient d’augmenter la productivité agricole de 56 pour cent d’ici à 2030, la Conférence a évalué dans quelle mesure l’agriculture biologique était à même de proposer un système de substitution permettant de corriger ce paradoxe en renforçant la santé du système agricole grâce à des améliorations dans les domaines suivants : accès à la nourriture ; technologies adéquates ; efficience économique ; suffisance nutritionnelle ; qualité de l’environnement et équité sociale."

Et voyons ses conclusions :

. L’agriculture biologique peut contribuer à la sécurité alimentaire, mais sa capacité à affirmer son rôle dépend en grande partie de l’existence d’une véritable volonté politique.

. L’agriculture biologique peut atténuer les effets des nouveaux problèmes, comme les changements climatiques, grâce à des mesures comme la fixation améliorée du carbone du sol.

. Elle propose également des solutions pratiques en matière d’adaptation aux effets des changements climatiques. L’agriculture biologique permet de renforcer la sécurité hydrique dans plusieurs domaines : qualité de l’eau potable, diminution des besoins en irrigation des sols biologiques et augmentation des rendements dans des conditions de stress hydrique dû à la variabilité climatique.

. L’agriculture biologique permet de protéger l’agrobiodiversité et d’en garantir une utilisation durable.

. L’agriculture biologique renforce la suffisance nutritionnelle, grâce à une diversification accrue des aliments biologiques, qui sont plus riches en micronutriments.

. L’agriculture biologique stimule le développement rural, en créant des revenus et des emplois dans des zones où les populations n’ont d’autre choix que de recourir à la main-d’œuvre, aux ressources et aux connaissances locales.

. L’agriculture biologique établit un lien entre les objectifs économiques et les objectifs environnementaux et sociaux.

 

Le bio, une agriculture savante.

Peut-être est-il utile de rappeler que l’agriculture biologique n’est pas une agriculture conventionnelle qui se contenterait d’abandonner subitement les pesticides et les engrais. Interrogé par le groupement des agriculteurs bios de Bretagne (GAB), Marc Dufumier, Ingénieur agronome et professeur émérite à AgroParisTech, définissait l’agriculture bio comme "un système d’agriculture savante".

Une agriculture savante issue, comme la plupart des sciences, d’une longue tradition empirique. "Nous ne proposons pas de retourner à l’âge de pierre" déclarait Marc Dufumier en introduction à son exposé, "mais ce n’est pas inutile de regarder dans le rétroviseur, de retrouver des variétés anciennes, de se ré-intéresser à la microbiologie des sols, de s’intéresser aux pratiques associées comme l’agroforesterie". Il expliquait alors comment il avait entamé sa carrière comme coopérant dans les pays du Sud, d’abord à Madagascar, puis au Venezuela et au Laos en restant deux à trois ans dans chaque pays. Il y avait observé la façon dont les paysanneries pratiquaient des agricultures complexes, souvent bio, sans le dire ou le savoir, car tout simplement ils n’avaient pas les moyens d’acheter des intrants chimiques.

Ce sont ces agricultures très savantes qui lui ont, dit-il "plus appris en agronomie, là-bas sur place, que dans mon institut d’origine. Et c’est de là que j’ai découvert qu’on pouvait aller vers des systèmes intensément écologiques", c’est à dire "une utilisation intensive de toutes les énergies renouvelables, un usage raisonnable des énergies fossiles et zéro agro-toxiques". Aujourd’hui, ajoute Marc Dufumier, "il faut penser une agriculture qui ne tue pas".

C’est ce savoir que recherchent également les agronomes qui, dans les Antilles, s’efforcent de découvrir les secrets des jardins créoles. Ces jardins où on cherche "à utiliser de manière intensive l’énergie solaire et le carbone du CO2 atmosphérique pour fabriquer notre énergie alimentaire, à utiliser de manière intensive l’azote de l’air pour fabriquer des protéines avec des légumineuses".

Une agriculture déjà savante avant la chimie.

Savante était déjà la pratique agricole développée et popularisée par ces agronomes de la fin du 19ème siècle tel Théophile de Pompéry. Propriétaire et agriculteur dans la commune du Faou dans le Finistère, membre de "l’Association bretonne" créée en 1843 pour "hâter le développement des progrès agricoles de la Bretagne et former un centre d’études et de relations". Fouriériste convaincu, républicain sous le Second Empire, il s’était attaché à améliorer les assolements, à utiliser au mieux les fumiers et à amender la terre de ce squelette d’algue calcaire, richesse des fonds marins bretons : le maërl. Cette expérience il avait cherché à la partager dans un ouvrage Français-breton sous le titre de "Nouveau guide du cultivateur breton – Quelennou var Labour pe gonnidegues an douar". La dédicace de l’ouvrage s’adressait à ses voisins, les agriculteurs de sa commune qui l’avaient accompagné dans ses expériences. Faites partager votre savoir, leur disait-il.

"Vous avez adopté les instruments aratoires perfectionnés, abandonné l’ancien mode de culture, en usage parmi vous, pour lui substituer une méthode raisonnée, qui diminue vos labeurs et augmente les produits du sol. Cependant , des hommes qui ne peuvent vous connaître, parce qu’ils n’ont jamais vécu parmi vous, vous accusent de vous complaire dans la routine et d’être rebelles à toute idée de progrès et d’améliorations. Vous continuerez à démentir, par vos judicieuses innovations, ces injustes reproches, et à donner d’utiles exemples aux autres populations agricoles, qui ne tarderont pas à vous suivre dans la carrière féconde que vous leur tracez".

Judicieuses innovations ? C’était un temps où un "catéchisme agricole à l’usage de la jeunesse bretonne" apprenait à ceux-ci à distinguer les "terres froides" des "terres chaudes", leur enseignait la façon de semer les ajoncs et le genêt avec le seigle et l’avoine sur les brûlis d’écobuage pour nourrir les chevaux et les troupeaux et comment installer étables et écuries pour un meilleur confort et une meilleure productivité des animaux. Un temps ou des conférenciers expliquaient, en langue bretonne, l’intérêt de cultiver du trèfle blanc pour l’ajouter au fourrage habituel et enrichir en azote le sol des prairies. Un temps ou un réseau serré de voies ferrées secondaires amenait vers la Bretagne intérieure le sable coquiller nécessaire à l’amendement des terres pauvres pendant que, dans la riche "ceinture dorée" des côtes du nord Finistère, productrice des primeurs expédiés par wagons entiers à Paris, des agronomes analysaient avec précision la valeur nutritive des goémons utilisés comme engrais.

Une ambiance de progrès agricole, construit sur les ressources locales, commençait alors à se manifester dans toutes les régions françaises avant que la guerre ne vienne faucher dans les tranchées le meilleur de leur jeunesse rurale. C’est alors que l’industrie des nitrates massivement développée pour la fabrication d’explosifs est venue chercher un débouché dans l’agriculture. Les utiliser étant alors présenté comme le nouveau devoir patriotique de l’agriculteur. Un phénomène qui s’est accéléré après la deuxième guerre mondiale et le débarquement massif des nitrates de l’industrie de guerre américaine à bord de ces "liberty ships" dont l’un, ’l’Ocean Liberty", est venu exploser en rade de Brest en Juillet 1947 faisant 33 morts, des centaines de blessés et détruisant des quartiers entiers d’une ville qui commençait à peine à se redresser de ses ruines. Marée de nitrates auxquels sont venus s’ajouter les pesticides, dérivés des armes chimiques, dont les tranchées de la première guerre mondiale et les camps d’extermination nazis nous rappellent la sinistre origine.

Le temps du retour à l’agronomie.

La pression était forte. Peu d’agriculteurs ont choisi de prendre une autre voie, celle d’une agriculture sans chimie. Ces résistants font, à présent, figure de pionniers. Peu nombreux aux débuts, obligés de se serrer les coudes, ils ont su aller au devant des autres résistants de la société de consommation, tous ces protecteurs d’espaces naturels, ces empêcheurs de bétonner en rond, ces créateurs d’écoles bilingues, ces semeurs de solidarités locales et planétaires. Des magasins coopératifs se sont montés, des marchés se sont mis à revivre. Le phénomène est resté discret jusqu’au moment où ont éclaté les crises de la vache folle et des poulets à la dioxine. Les bios sont aujourd’hui dépassés par la demande. Ceux qui les regardaient avec suspicion reconnaissent enfin leur capacité technique et leur clairvoyance économique. La grande distribution s’y cherche de nouveaux créneaux. Les chambres d’agriculture, les syndicats agricoles majoritaires, les groupements de producteurs ne boudent plus ceux qu’ils traitaient encore il y a peu de temps de "jardiniers" et se sentent obligés d’accrocher un wagon "bio" à leur train productiviste.

Si les bios d’aujourd’hui retrouvent, souvent sans en être conscients, une partie des savoirs anciens, leurs méthodes sont loin d’être archaïques. Le tracteur, utilisé de façon conviviale, ne leur fait pas peur pas plus que internet et l’informatique. Plus savante est leur technique que celle qui consiste à cultiver, année après année, le même maïs consommateur d’engrais industriels, de lisier et de pesticides sur le même sol privé de matière organique et de vie biologique.

Signe d’un intérêt retrouvé, l’agriculture biologique commence à réinvestir les écoles et lycées agricoles. Témoin ce dossier sur le site du ministère de l’agriculture : "Ambition Bio 2017, un nouvel horizon pour la bio ! Apprendre autrement, la bio dans l’enseignement agricole". L’agriculture bio y revendique sa place dans l’enseignement : "Pour plus d’agriculture biologique, il faut davantage d’agriculteurs formés aux méthodes de l’agriculture biologique ! Dans cette équation mathématique somme toute très logique, l’enseignement agricole joue un rôle primordial. Dans les exploitations agricoles des établissements, où les élèves, apprentis et stagiaires acquièrent les gestes et les méthodes qu’ils utiliseront en tant que professionnels, l’agriculture biologique est bien présente ! "

Entre 2007 et 2012 le nombre d’exploitations scolaires ayant au moins un atelier de production bio a été multiplié par 3, ce qui porte à 54% le nombre d’établissements touchés par le bio dont 11% totalement bios. De nombreux enseignants s’en félicitent : l’agronomie a retrouvé toute sa place dans l’enseignement agricole. Exemple pour les plus jeunes, l’agriculteur bio se déclare "bien dans sa peau" et de plus en plus nombreux sont celles et ceux qui veulent les rejoindre, même si le métier nécessite un engagement permanent. Bonne nouvelle.

Personne ne peut ignorer la place essentielle des agriculteurs. Ils nous nourrissent, ils entretiennent l’espace rural, naturel et domestiqué. Pourtant, globalement, leur nombre diminue année après année. Au rythme de 3% par an, les petites et moyennes exploitations disparaissent au profit des grandes structures. Le rapport de la Conférence de la FAO de mai 2007 rappelle le coût social, pour les agriculteurs, de cette évolution : "décès professionnels dus à des empoisonnements aux pesticides, suicides d’agriculteurs endettés, disparition de millions d’emplois dans les zones rurales". Les dettes, le travail difficile, les crises de production, la pollution, la culpabilisation, constituent le lot de nombreux producteurs. De plus en plus nombreux sont ceux qui souhaiteraient sortir d’un système piloté, en amont et en aval, par l’industrie agroalimentaire, les grandes chaînes de distribution et des "coopératives" qui, ayant oublié leur fonction première, participent à leur exploitation. N’y aurait-il pas de politique plus salutaire que celle qui consisterait à aider à se reconvertir au bio les agriculteurs conventionnels qui le souhaitent et à libérer des terres pour les jeunes qui veulent s’installer.



On en parle dans :

 

 

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10 septembre 2017 7 10 /09 /septembre /2017 13:04

Par Gérard Borvon.

 

Robida, dans son ouvrage "Le 20ème siècle, la vie électrique", publié en 1890, nous décrit un monde soumis à des pollutions diverses. Eau et air pollués, malbouffe... il ne manque que l'effet de serre et le réchauffement climatique.

 

L'air et l'eau pollués.

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La malbouffe.

La chimie envahissante.

 

1913. Encore la malbouffe.

23 ans plus tard, le 1er avril 1913, paraissait le premier numéro d'une revue promise à un long succès : "La Science et la Vie", devenu "Science et Vie".

 

On pouvait y lire un article sur "La répression des fraudes alimentaire", avec une citation du professeur et académicien Paul Brouardel :

 

"Quand un homme a pris le matin, à son premier déjeuner, du lait conservé par l'aldéhyde formique, quand il a mangé à midi une tranche de jambon contenant du borax, accompagnée d'épinards verdis par du sulfate cuivre, quand il a arrosé cela d'une demi-bouteille de vin fuchsiné ou plâtré à l'excès, et cela pendant vingt ans, comment voulez-vous que cet homme ait encore un estomac ? ". 

 

Mais Robida n'avait pas prévu l'effet de serre et le dérèglement climatique.

 

 Relisons Robida.

 

" La science moderne a mis tout récemment aux mains de l'homme de puissants moyens d'action pour l'aider dans sa lutte contre les éléments, contre la dure saison, contre cet hiver dont il fallait naguère subir avec résignation toutes les rigueurs, en se serrant et se calfeutrant chez soi, au coin de son feu.

 

Aujourd'hui les observatoires ne se contentent plus d'enregistrer passivement les variations atmosphériques ; outillés contre pour la lutte contre les variations intempestives, ils agissent et ils corrigent autant que faire se peut les désordres de la nature.

 

Quand les aquilons farouches nous soufflent le froid des banquises polaires, nos électriciens dirigent contre les courants aériens du Nord des contre-courants plus forts qui les englobent dans un noyau de cyclone factice et les amènent se réchauffer au dessus des Saharas d'Afrique ou d'Asie, qu'ils fécondent en passant par des pluies torrentielles.

 

Ainsi ont été reconquis à l'agriculture les Saharas divers, d'Afrique, d'Asie et d'Océanie ; ainsi ont été fécondés les sables de Nubie et les brûlantes Arabies.

 

De même, lorsque le soleil d'été surchauffe nos plaines et fait bouillir douloureusement le sang et la cervelle des pauvres humains, paysans ou citadins, des courants factices viennent établir entre nous et les mers glaciales une circulation atmosphérique rafraîchissante.

 

Les fantaisies de l'atmosphère, si nuisibles ou si désastreuses parfois, l'homme ne les subit plus comme une fatalité contre laquelle aucune lutte n'est possible. L'homme n'est plus l'humble insecte, timide, effaré, sans défense devant le déchaînement des forces brutales de la Nature, courbant la tête sous le joug et supportant tristement aussi bien l'horreur régulière des interminables hivers que les bouleversements tempêtueux et les cyclones. 

 

Les rôles sont inversés, c'est à la Nature domptée aujourd'hui de se plier sous la volonté réfléchie de l'Homme" 

 

Inondations, incendies et cyclones dévastateurs... La Nature rappelle avec violence à  l'Homme du 21ème siècle, "humble insecte, timide, effaré", qu'elle ne se laisse pas si facilement dompter.

 

 

 

 

 
 

 

 

 

 
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1 mai 2017 1 01 /05 /mai /2017 08:39

par Gérard Borvon

22 avril 2017, des milliers de personnes dans le monde marchent pour la science en réponse à l'hostilité de certains milieux politiques à l'égard des sciences. L'appel issu des USA a été relayé en France par de nombreux scientifiques. Dans une tribune publiée dans Le Monde, plusieurs d'entre eux expliquaient la démarche :

 

"Depuis le 20 janvier 2017 et l’investiture de Donald Trump, chaque jour amène son lot d’annonces fracassantes et de décrets liberticides. Les sciences, et plus généralement le monde académique, font partie des premières cibles de la nouvelle administration. Une hostilité idéologique à l’égard des sciences s’exprime désormais dans la doctrine officielle de la Maison Blanche. Le président Trump a ainsi dès les premiers jours cherché à contrôler les programmes de recherche susceptibles de recevoir des crédits fédéraux, et restreint la diffusion des résultats de grandes agences fédérales comme l’Agence pour la Protection de l’Environnement (EPA), à la tête de laquelle a été placé un climatosceptique proche des lobbies de l’énergie."

 

Mais le problème débordait largement des USA, la France elle même n'était pas épargnée. Nous y avions aussi nos scientificoscepticles.

 

"Si la négation des résultats scientifiques (issus des sciences de la nature comme des sciences humaines et sociales) est pour l’heure moins développée en France qu’aux États-Unis, les motifs d’inquiétude n’en restent pas moins nombreux. Cela concerne des prises de position répétées de nos responsables politiques : du haro sur la soi-disant « culture de l’excuse » des sciences humaines et sociales au retour du « roman national » dans les programmes d’histoire, jusqu’aux sorties de route climatosceptiques d’un ancien Président de la République, sans oublier l’intronisation du moteur diesel « au cœur de la mobilité environnementale ». Les orientations « stratégiques » de l’État sur la recherche et l’enseignement supérieur ces dernières années sont une autre source de préoccupation. Dans la maigre part consacrée aux sciences des programmes politiques des principaux candidats à la prochaine élection présidentielle de 2017, et ce quel que soit leur bord, celles-ci ne comptent qu’à travers leur mise au service de l’innovation et de l’« économie de la connaissance ». Cette vision étriquée et à court-terme contribue à l’affaiblissement des recherches fondamentales, menées sur le long terme, qui seules permettent de suffisamment comprendre notre monde et nos sociétés pour détecter et aider à anticiper ses évolutions futures.

 

Aux États-Unis, en France et partout ailleurs, les sciences doivent être remises au cœur du débat public. Marcher en nombre, comme ont décidé de le faire les scientifiques états-uniens, et ceux d’au moins huit pays européens, est un moyen d’y parvenir. La Marche citoyenne pour les Sciences en France initiée le 27 janvier participe de ce mouvement international. Synchronisée dans plusieurs villes de France où des comités locaux sont en cours d’organisation, elle rassemblera le 22 avril prochain toutes les citoyennes et tous les citoyens qui estiment que, dans notre démocratie, la reconnaissance de la démarche scientifique fondée sur la collecte, la vérification, et l’analyse rationnelle de faits et la garantie de son indépendance vis-à-vis des pouvoirs en place sont des enjeux essentiels. Hasard du calendrier, cette grande manifestation aura lieu la veille du premier tour de la présidentielle. C’est une formidable opportunité de montrer que sciences et démocratie forment un couple inséparable." 

 

__________________________________________

 

 

Londres 1772. Joseph Priestley publie "Experiments and Observations on different kinds of Air". Un ouvrage fondamental sur le chemin de la découverte de nombreux gaz dont, en particulier, l'oxygène. L'auteur à conscience de la hardiesse de ses découvertes. Il y aurait donc "plusieurs sortes d'airs" et non pas cet élément unique issu de la physique des quatre éléments de Empédocle, Platon et Aristote. Nous lisons dans l'introduction de la traduction française de son ouvrage : "Je passerai pour un Enthousiaste chez quelques-uns, mais je m'embarrasse fort peu de cette imputation, parce que je trouve mon bonheur dans les vues  qui m'y exposent."

 

Nous avons aussi nos "Enthousiastes". Eux aussi nous parlent de l'air. Ils sont membres du GIEC et nous alertent sur cette découverte de la fin du 20ème siècle : l'activité humaine a enrichi l'atmosphère de cet "air" que Priestley désignait comme "air fixe" car il savait déjà qu'on le trouvait "fixé" dans les calcaires d'où il pouvait être extrait par l'action des acides et dans les végétaux, libéré par la combustion, la putréfaction ou la fermentation. Cet "air fixe" que de puis Lavoisier on désigne sous le nom de dioxyde de carbone et que, avec Berzéluis, nous résumons dans la formule CO2.. Ce gaz, à l'origine de la vie sur terre, dont l'excès aujourd'hui menace l'équilibre biologique de la Planète.

 

Mais pourquoi citer Priestley au moment où des scientifiques marchent pour la science ? Parce que, lui même, dans l'introduction de son ouvrage s'insurge contre ces politiques si dédaigneux des sciences. Plus de deux siècles nous séparent, et pourtant quelques vérités nous rassemblent et méritent d'être rappelées.

 

Lisons Priestley. Il s'adresse aux personnes "qui affectent de parler avec un mépris arrogant" des ouvrages scientifiques. Parmi ceux-ci les "personnes distinguées par leur rang ou par leur fortune" qui, essentiellement attirées par les carrières politiques font peu de cas des sciences. Pourtant leur dit-il :

 

"Si l'on veut acquérir une réputation étendue & durable, les travaux littéraires, & surtout les travaux scientifiques sont préférables aux travaux politiques à bien des égards. Ceux-là sont d'autant plus favorables au développement des facultés humaines que le système de la nature est au-dessus de tout système politique.

Si l'on considère l'utilité la plus étendue, les sciences ont le même avantage sur la politique. Les grands succès dans cette dernière s'étendent rarement au delà d'un état particulier & d'un temps limité ; tandis qu'un travail heureux dans les sciences rend un homme le bienfaiteur de tout le genre humain et de tous les siècles. La réputation du plus grand homme d'Etat que ce pays ait jamais produit, est-elle comparable à celle des Bacon, des Newton ou des Boyle ? & n'avons-nous pas de plus grandes obligations à des hommes pareils qu'à tout ce qu'il y a de plus illustre dans la Biographie Britannique ? Chaque région où les sciences ont fleuri peut fourni des exemples semblables".

 

Nous avons, nous aussi, la chance d'habiter une de ces régions "où les sciences ont fleuri".  Les noms de Descartes, de Lavoisier, de Laplace, d'Ampère, de Pasteur, de Becquerel, de Curie, et déjà de quelques-uns de nos contemporains, ont franchi nos frontières et sont devenus des repères durablement inscrits dans cette nouvelle culture "sans frontière" qui irrigue la Planète. Mais qui, dans le monde, se souviendra d'un Sarkozy ou d'un Hollande et même d'un De Gaulle ou d'un Mitterrand ?

 

 

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18 décembre 2016 7 18 /12 /décembre /2016 10:33
Par rennesensciences dans Vidéos le

 

Le 23 novembre 2016, notre ami Gabriel Gorre nous a présenté, lors d'une conférence-expérience sur la "Chambre à brouillard".

Selon les mots d'Ernest Rutherford il s'agit du "plus original et plus merveilleux instrument expérimental". Il permet de détecter et de visualiser les émissions radioactives.

 

Merci à Florence et Gabriel !

 

 

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