Stèle consacrée à Borvon et Damona.Noms;
Borvo ou Bormo (gaulois : Boruō, Bormō) était un ancien dieu celtique des sources
curatives vénéré en Gaule et en Gallaecia. Il a parfois été identifié au dieu
gréco-romain Apollon, bien que son culte ait conservé une grande autonomie
à l'époque romaine.
Le théonyme gaulois Boruō signifie « source chaude », « source chaude ».
Il provient de la racine verbale proto-celtique * berw- («bouillir, brasser»;
cf. vieil irlandais berbaid , moyen gallois berwi ), elle-même du
proto-indo-européen * bʰerw- («bouillir, brasser»; cf. latin ferueō 'être
intensément chaud, bouillir', Sanskrit bhurváni 'agité, sauvage').
La rivière Bhearú (River Barrow) en Irlande a également été liée à cette racine celtique.
Une variante apophonique * bʰreh₁w- a donné lieu à divers mots indo-européens
pour «source, printemps», y compris le grec phréar (φρέαρ), l'arménien ałbiwr,
le germanique *brunnōn et le latin Furrina (*Frūrina).
La variante Bormō pourrait avoir émergé d'une lénition, d'une différence de
suffixes ou d'une dissimilation. Les dérivés connus incluent
Bormanicus (Caldas de Vizela), de * Borwānicos, et Bormanus ou
Borbanus (Aix-en-Diois, Aix-en-Provence), d'un * Borwānos antérieur.
Une déesse nommée Boruoboendoa, reflétant peut-être le gaulois *
Buruo-bouinduā ou * Buruo-bō-uinduā, a également été trouvée à Utrecht.
Les toponymes Bourbon-l'Archambault, Bourbon-Lancy, Bourbonne-les-Bains,
Boulbon, Bormes, Bourbriac, La Bourboule et Worms sont dérivés de Borvo ou
de sa variante Bormo. Les noms de diverses petites rivières en France
proviennent également du théonyme, notamment Bourbouillon,
Bourban et Bourbière.
Centres de culte
En Gaule, il était particulièrement vénéré à Bourbonne-les-Bains,
dans le territoire des Lingons, où dix inscriptions sont recensées.
Deux autres inscriptions sont enregistrées, l'une (CIL 13, 02901)
d'Entrains-sur-Nohain et l'autre (CIL 12, 02443) d'Aix-en-Savoie
en Gallia Narbonensis. Des tablettes votives portant l'inscription
« Borvo » montrent que les offrants désiraient la guérison pour
eux-mêmes ou pour les autres. De nombreux sites où des offrandes
à Borvo ont été trouvées sont en Gaule : des inscriptions lui ont été
trouvées dans la Drôme à Aix-en-Diois, les Bouches-du-Rhône à
Aix-en-Provence, le Gers à Auch, l'Allier à Bourbon- l'Archambault,
Savoie à Aix-les-Bains, Saône-et-Loire à Bourbon-Lancy, en Savoie
à Aix-les-Bains, Haute-Marne à Bourbonne-les-Bains et dans la Nièvre
à Entrains-sur-Nohain.
Des découvertes ont également été découvertes aux Pays-Bas à Utrecht,
où il s'appelle Boruoboendua Vabusoa Labbonus, et au Portugal à Vizela
et à Idanha-a-Velha, où il s'appelle Borus et identifié à Mars. À Aix-en-Provence,
il était appelé Borbanus et Bormanus mais à Vizela au Portugal, il était salué
comme Bormanicus, et à Burtscheid et à Worms en Allemagne comme
Borbetomagus.
Entourage divin
Borvo était fréquemment associé à une épouse divine, généralement Damona
(Bourbonne, Bourbon-Lancy), mais parfois aussi Bormana lorsqu'il était vénéré
sous le nom de Bormanus (Die, Aix-en-Diois). Bormana était dans certaines
régions vénérée indépendamment de son homologue masculin, comme à Saint-Vulbas.
Deo Apol/lini Borvoni / et Damonae / C(aius) Daminius / Ferox civis / Lingonus ex
/ voto
— Corpus Inscriptionum Latinarum (CIL), 13 : 05911. Bourbonne-les-Bains.
Bormano / et Borman[ae] / P(ublius) Sappinius / Eusebes v(otum) s(olvit) /
l(ibens) m(erito)
— Corpus Inscriptionum Latinarum (CIL), 12 : 01561. Boubon-Lancy.
Borvo présentait des similitudes avec la déesse Sirona, qui était également une divinité
guérisseuse associée aux sources minérales. Selon certains chercheurs, Sirona
aurait pu être sa mère.
Dans d'autres domaines, le partenaire de Borvo est la déesse Bormana. Bormana
était, dans certaines régions, vénérée indépendamment de son homologue masculin.
Des dieux comme Borvo et d'autres, assimilés à Apollon, présidaient aux sources
curatives, et ils sont généralement associés à des déesses, comme leurs maris
ou leurs fils. On le retrouve dans la Drôme à Aix-en-Diois avec Bormana
et en Saône-et-Loire à Bourbon-Lancy et en Haute-Marne à Bourbonne-les-Bains
avec Damona mais il est accompagné de "l'esprit candide" Candidus dans la Nièvre
à Entrains-sur-Nohain. Aux Pays-Bas à Utrecht sous le nom de
Boruoboendua Vabusoa Lobbonus, on le trouve en compagnie d'un Hercule celtique
, Macusanus et Baldruus.
Un mystère : Le nom de famille Borvon est noté, en Bretagne, bien loin du massif central. Essentiellement dans la petite commune de Landévennec dans la presqu'île de Crozon.
"Les diplômé.es de 2022 sont aujourd'hui réuni.es une dernière fois après trois ou quatre années à AgroParisTech. Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d'être fières et méritantes d'obtenir ce diplôme à l'issue d'une formation qui pousse
globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours.
Nous ne nous considérons pas comme les "Talents d'une planète soutenable". Nous ne voyons pas les ravages écologiques et sociaux comme des “enjeux” ou des "défis“ auxquels nous devrions trouver des ”solutions" en tant qu'ingénieures. Nous ne croyons pas que nous avons besoin de “toutes les agricultures”. Nous voyons plutôt que l'agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur terre. Nous ne voyons pas les sciences et techniques comme neutres et apolitiques. Nous pensons que l'innovation technologique ou les start-up ne sauveront rien d'autre que le capitalisme. Nous ne croyons ni au développement durable, ni à la croissance verte Ni à la "transition écologique", une expression qui sous-entend que la société pourra devenir soutenable sans qu'on se débarrasse de l'ordre social dominant.
AgroParisTech forme chaque année des centaines d'élèves à travailler pour l'industrie de diverses manières: Trafiquer en labo des plantes pour des multinationales qui asservissent toujours plus les agricultrices et les agriculteurs Concevoir des plats préparés et des chimiothérapies pour soigner ensuite les malades causées, Inventer des labels “bonne conscience” pour permettre aux cadres de se croire héroïques en mangeant mieux que les autres, Développer des énergies dites « vertes » qui permettent d'accélérer la numérisation de la société tout en polluant et en exploitant à l'autre bout du monde, Pondre des rapports RSE [Responsabilité Sociale et Environnementale] d'autant plus longs et délirants que les crimes qu'ils masquent sont scandaleux, Ou encore compter des grenouilles et des papillons pour que les bétonneurs puissent les faire disparaitre légalement, À nos yeux, ces jobs sont destructeurs et les choisir c'est nuire en servant les intérêts de quelques uns.
Si notre cursus à AgroParisTech nous a mis en avant ces débouchés, on ne nous a jamais parlé des diplômé.es qui considèrent que ces métiers font davantage partie des problèmes que des solutions et qui ont fait le choix de déserter.
Nous nous adressons à celles et ceux qui doutent,
A vous qui avez accepté un boulot parce qu'"il faut bien une première expérience", A vous dont les proches travaillent à perpétuer le système capitaliste, Et qui sentez le poids de leur regard sur vos choix professionnels,
A vous qui, assises derrière un bureau, regardons par la fenêtre en rêvant d'espace et de liberté, Vous qui prenez le TGV tous les week-ends, en quête d'un bien-être jamais trouvé,
A vous qui sentez un malaise monter sans pouvoir le nommer,
Qui trouvez souvent que ce monde est fou, Qui avez envie de faire quelque chose mais ne savez pas trop quoi, Ou qui espérez changer les choses de l'intérieur et n'y croyez déjà plus vraiment,
Nous avons douté, et nous doutons parfois encore. Mais nous avons décidé de chercher d'autres voies, de refuser de servir ce système et de construire nos propres chemins.
Comment est-ce que ça a commencé ?
Nous avons rencontré des gens qui luttaient et nous les avons suivis sur leurs terrains de lutte. Ils nous ont fait voir l'envers des projets qu'on aurait pu mener en tant qu'ingénieur.e.s.
Je pense à Cristiana et Emmanuel, qui voient le béton couler sur leurs terres du plateau de Saclay,
Ou à ce trou desséché, compensation dérisoire à une mare pleine de tritons,
Et à Nico, qui voit de sa tour d'immeuble les jardins populaires de son enfance rasé pour la construction d'un écoquartier.
Ici et là, nous avons rencontré des personnes qui expérimentent d'autres modes de vies,
qui se réapproprient des savoirs et savoirs-faire pour ne plus dépendre du monopole d'industries polluantes,
Des personnes qui comprennent leur territoire pour vivre avec lui sans l'épuiser,
Qui luttent activement contre des projets nuisibles
Qui pratiquent au quotidien une écologie populaire, décoloniale et féministe,
Qui retrouvent le temps de vivre bien et de prendre soin les uns les un es des autres,
Toutes ces rencontres nous ont inspirées pour imaginer nos propres voies:
Je prépare une installation en apiculture dans le dauphiné.
J'habite depuis deux ans à la ZAD de Notre Dame des Landes où je fais de l'agriculture collective et vivrière, entre autres choses
J'ai rejoint le mouvement des Soulèvements de la terre pour lutter contre l'accaparement et la bétonisation des terres agricoles à travers la France.
Je vis à la montagne où j'ai fait un boulot saisonnier et je me lance dans le dessin.
Je m'installe en collectif dans le Tarn, sur une ferme Terres de Liens, avec 4 autres maraîchers, un céréalier et 3 brasseurs.
Je m'engage contre le nucléaire.
Je me forme aujourd'hui pour m'installer demain et travailler de mes mains.
Nous sommes persuadées que ces façons de vivre nous rendront plus heureuses, plus fortes, et plus épanouies.
Nous voulons pouvoir nous regarder en face demain et soutenir le regard de nos enfants.
Vous avez peur de faire un pas de côté parce qu'il ne ferait pas bien sur votre CV?
De vous éloigner de votre famille et de votre réseau?
De vous priver de la reconnaissance que vous vaudrait une carrière d'ingé agro?
Mais quelle vie voulons-nous ?
Un patron cynique, un salaire qui permet de prendre l'avion, un emprunt sur 30 ans pour un pavillon, tout juste 5 semaines par an pour souffler dans un gîte insolite, un SUV électrique, un fairphone et une carte de fidélité à la Biocoop ?
Et puis.. un burn-out à quarante ans ?
Ne perdons pas notre temps!
Et surtout ne laissons pas filer cette énergie qui bout quelque part en nous !
Désertons avant d'être coincés par des obligations financ ières
N'attendons pas que nos mômes nous réclament des sous pour faire du shopping dans le métavers, parce que nous aurons manqué de temps pour les faire rêver à autre chose
N'attendons pas d'être incapable d'autre chose qu'une pseudo-reconversion dans le même taf, mais repeint en vert.
N'attendons pas le 12ème rapport du GIEC qui démontrera que les États et les multinationales n'ont jamais fait qu'aggraver les problèmes et qui placera ses derniers espoirs dans les révoltes populaires.
Vous pouvez bifurquer maintenant.
Commencer une formation de paysan-boulanger,
Partir pour quelques mois de wwoofing,
Participer à un chantier dans une ZAD ou ailleurs,
Rejoindre un week-end de lutte avec les Soulèvements de la Terre,
S'investir dans un atelier de vélo participatif?
Ca peut commencer comme ça.
Aurélien Barrau est astrophysicien, directeur du Centre de Physique Théorique Grenoble- Alpes et il est aussi un ardent défenseur de la planète. Il est l'auteur de "Il faut une révolution politique, poétique et philosophique" (éditions Zulma).
Dans son dernier livre "Il faut une révolution politique, poétique et philosophique" édité chez Zulma , l'astrophysicien Aurélien Barrau aborde toutes les questions d'actualité brûlantes. Selon l'auteur, ardent défenseur de la planète, "les petits gestes et autres initiatives individuelles" sont certes bienvenus. Mais ce n'est pas la question de fond. Un problème systémique ne peut avoir de solution que systémique. Il faut une révolution politique, poétique et philosophique et pour cela il faut changer les règles et fonder un autre monde « Il ne s’agit plus de commenter ou de comprendre le réel : il s’agit de produire du réel. Ce qui tue aujourd’hui et avant tout, c’est notre manque d’imagination . L’art, la littérature, la poésie sont des armes de précision. Il va falloir les dégainer. Et n’avoir pas peur de ceux qui crieront au scandale et à la trahison. » En répondant aux questions de Carole Guilbaud, Aurélien Barrau remet le politique et le social au cœur de l’écologie . Il nous aiguillonne vers un renouveau démocratique où la liberté la plus fondamentale est d’abord celle du pouvoir vivre .
« Il ne s’agit plus de commenter ou de comprendre le réel : il s’agit de produire du réel. Ce qui tue aujourd’hui et avant tout, c’est notre manque d’imagination . L’art, la littérature, la poésie sont des armes de précision. Il va falloir les dégainer. Et n’avoir pas peur de ceux qui crieront au scandale et à la trahison. » En répondant aux questions de Carole Guilbaud, Aurélien Barrauremet le politique et le social au cœur de l’écologie . Il nous aiguillonne vers un renouveau démocratique où la liberté la plus fondamentale est d’abord celle du pouvoir vivre .
Extrait. "Un autre facteur de risque majeur de pandémie est l'élevage industriel qui va jouer un rôle d'amplificateur de l'agent pathogène tout simplement parce que ces animaux qui sont dans ces fermes industrielles sont en fait des clones au niveau génétique et dès que vous avez un agent infectieux qui trouve la clef pour entrer contaminer un individu il va contaminer le reste de l'élevage.
Et ensuite pour peu qu'il survienne par exemple dans un élevage de porcs il y a une très grande proximité entre le porc et l'être humain, on partage 95% de notre génome en commun avec le porc, et donc là c'est la voie royale pour accéder à l'être humain. Et ensuite dans un contexte de mondialisation, de globalisation, d'hyper mobilité, vous avez une diffusion très rapide à l'échelle de la Planète, dans des villes qui sont de plus en plus denses, avec des systèmes de santé qui sont de plus en plus fragilisés, et la vous avez le cocktail parfait pour des pandémies."
Un propos qui devrait alerter la population de la région bretonne qui concentre sur 6% de la surface agricole utile française : 60% de la production porcine, 40% de la production de volaille, 20% de la production laitière.
La plateforme intergouvernementale, scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) vient de sortir un rapport intitulé «Échapper à l’ère des pandémies».
Extrait : « Ce sont les mêmes activités humaines qui sont à l'origine du changement climatique, de la perte de biodiversité et, de par leurs impacts sur notre environnement, du risque de pandémie. Les changements dans la manière dont nous utilisons les terres, l'expansion et l'intensification de l'agriculture, ainsi que le commerce, la production et la consommation non durables perturbent la nature et augmentent les contacts entre la faune sauvage, le bétail, les agents pathogènes et les êtres humains ».
En conclusion : Échapper à « l’ère des pandémies », nécessitera un profond changement d'approche pour passer de la réaction à la prévention.
extrait : le porc fait partie des potentielles espèces qui a pu servir d’hôte intermédiaire dans l’évolution d’un coronavirus de chauves-souris vers le virus responsable de la Covid-19.
Des travaux expérimentaux récents suggèrent que le porc serait réceptif au SARS-CoV-2 ; divers coronavirus sont d’autre part présents chez cet animal. En Chine, un nouveau virus de cette famille (SADS-CoV) a été isolé dernièrement. Ce rôle d’intermédiaire joué par l’élevage porcin entre la chauve-souris et l’homme avait déjà été décrit pour le virus Nipah en Malaisie lors d’une épidémie en 1998.
On observe des épidémies de façon incessante dans les élevages. Standardisation et promiscuité des bêtes ont transformé les fermes en véritables poudrières. Les flambées infectieuses se propagent et ne sont pas sans risque pour notre santé
D'après un rapport du Forum pour l'investissement responsable FAIRR, près de 73% des entreprises de viande, de pisciculture et de produits laitiers sont classées à "haut risque" d'encourager des pandémies. Une évaluation qui se base sur sept critères.
44 des 60 plus grandes entreprises du secteur de la viande, des produits de la mer et des produits laitiers représenteraient un "haut risque" d'encourager les pandémies. C'est le constat alarmant que dresse le Forum pour l'investissement responsable FAIRR dans un rapport destiné aux investisseurs leur proposant un aperçu des incidences financières du Covid-19.
Le sujet de l'étude est apparu alors que les cas de contaminations au Covid-19 se sont multipliés dans les abattoirs à travers le monde. "L'agriculture industrielle est à la fois vulnérable aux pandémies et coupable de les avoir créées. C'est un cycle d'auto-sabotage qui détruit beaucoup de valeur et met des vies en danger", observe Jeremy Coller, fondateur de FAIRR.
Le professeur Rottier, qui enseigne la virologie à l’université d’Utrecht, est formel : Plus il y a d’animaux dans un petit espace, plus les virus circulent facilement et plus il y a de chances que, tôt ou tard, l’un d’entre eux passe à l’homme. À cet égard, l’élevage intensif est un risque pour la santé publique.
L’élevage industriel – encouragé par notre surconsommation de viande, d’œufs et de produits laitiers – contribue à la propagation de maladies zoonotiques telles que la grippe aviaire. On estime que 73 % de toutes les nouvelles maladies infectieuses proviennent des animaux. Les animaux d’élevage transmettent à l’homme un nombre extraordinaire de virus, tels que les coronavirus et les virus de la grippe.
Inspirés des militants d’Extinction Rebellion, les membres de Scientist Rebellion vont s’essayer à la désobéissance civile à l’occasion d’un nouveau rapport du Giec. Leurs actions vont durer toute la semaine dans vingt pays.
Manifestation du groupe Scientist Rebellion lors du sommet du Giec à Glasgow, en novembre dernier. (andy buchanan/AFP)
Puisque les multiples rapports, tribunes, appels à agir n’ont pas suffi, ils passent à la vitesse supérieure. À partir de cette semaine, des scientifiques d’une vingtaine de pays réunis au sein de Scientist Rebellion prévoient des actions de désobéissance civile pour souligner l’urgence à agir pour le climat.
Le début de leur campagne se cale sur la publication prévue lundi du rapport des experts climat de l’ONU (Giec) sur les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit du dernier de trois volets importants qui résument les connaissances scientifiques.
Des actions non violentes sont prévues dans des universités, des centres de recherche et des revues scientifiques de premier plan, pour encourager tout leur personnel à s’exprimer plus fortement et à se battre contre ce que le groupe décrit comme une menace existentielle pour l’humanité.
Un millier de scientifiques à travers le monde
«Les scientifiques sont des messagers particulièrement puissants, et nous avons la responsabilité de faire preuve de leadership», estime Charlie Gardner, spécialiste en biodiversité tropicale à l’Université britannique du Kent. Mais «nous manquons à notre devoir. Si nous disons que c’est une urgence, nous devons agir en conséquence».
À partir de lundi, le groupe espère voir «des niveaux élevés de désobéissance civile» de la part d’un millier de scientifiques à travers le monde, dans des actions contre des représentations de gouvernements et d’institutions académiques.
Avec un réchauffement d’environ +1,1 °C depuis l’ère pré-industrielle, le monde est déjà victime d’une multiplication des événements extrêmes, canicules, sécheresses, inondations ou tempêtes. Et ce n’est qu’un début, comme l’ont montré les deux premiers volets du Giec sur la physique du climat et les impacts publiés récemment.
Le groupe Scientist Rebellion a été créé en 2020 par deux doctorants en physique du St Andrews College en Écosse, sur le modèle des militants climat d’Extinction Rebellion qui font parler d’eux depuis quelques années.
«Une question de survie»
Lors de la COP26, la conférence climat de l’ONU de Glasgow en novembre 2021, plusieurs de leurs membres avaient été arrêtés. «À notre connaissance, c’était la première arrestation massive de scientifiques dans le monde depuis que Carl Sagan s’était opposé aux essais nucléaires dans les années 1980″, commente Charlie Gardner.
«En tant que scientifiques, nous avons une aversion au risque, nous ne voulons pas mettre en danger nos emplois, nos réputations, notre temps», souligne Rose Abramoff, spécialiste des sols au Laboratoire national Oak Ridge dans le Tennessee. «Mais ça ne suffit plus de faire nos recherches et d’attendre que d’autres les lisent et comprennent la gravité et l’urgence de la crise climatique», insiste cette militante de Scientist Rebellion, qui veut que cette crise soit désormais «impossible à ignorer».
De nombreux membres du groupe vivent dans les pays en développement, en première ligne face aux impacts du réchauffement, mais où le mouvement citoyen pour le climat a jusqu’à présent été plus limité que dans les pays riches. «Je ne sais pas si c’est notre dernière chance, mais il est certain que le temps commence à manquer», alerte Jordan Cruz, ingénieur basé en Équateur qui étudie l’impact de l’industrie minière sur les communautés andines. «Je suis terrifié», dit-il à l’AFP. «Mais c’est de la peur que vient la motivation. C’est une question de survie.»
Un très beau texte qui manifeste une réelle prise de conscience.
Extrait à partir de 10:00
Plus de 600 polytechniciens ont signé le Manifeste étudiant pour un réveil écologique. Ce texte a été écrit par des élèves de notre école avec d'autres étudiants de grandes écoles. En signant ce texte nous exprimons notre frustration. Ce que nous ne pouvons accepter c'est que malgré d'une part la prise de conscience aigüe de la crise écologique et cours et d'autre part notre volonté de l'enrayer au plus vite, les structures existantes ne nous permettent pas de nous engager pleinement dans cette voie. C'est pourquoi nous nous disons prêts à sortir de notre zone de confort et à choisir nos employeurs en fonction de leur prise en cause de ces enjeux écologiques. Nous avons eu l'occasion de rencontrer beaucoup de dirigeants d'entreprises pour leur porter ce message et nous constatons que ce sujet est trop souvent traité à la marge et nous déplorons un manque d'ambition face à l'enjeu.
Nous voulons travailler pour des entreprises qui intègrent au cœur de leur stratégie les questions environnementales et qui sont prêtes à entamer la transformation profonde qui est nécessaire.
Nous voulons travailler pour des entreprises qui prennent en compte la finitude des ressources. Notamment en mettant en place des modèles crédibles de sobriété, j'ai bien dit sobriété, pas efficacité, d'économie circulaire et en refusant d'accélérer l'épuisement des ressources par des stratégies marketing agressives.
Nous voulons travailler pour des entreprises qui assument la responsabilité de leurs externalités négatives et qui prennent en compte leur impact sur la biodiversité.
Nous voulons travailler pour des entreprises qui repensent la finalité de leurs produits et questionnent leur utilité.
Nous voulons travailler pour des entreprise qui mettent en place des objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre planifiées et compatibles avec la trajectoire de 2°C. Sans recourir à des technologies miracle dont le déploiement et le développement restent incertains. Face à l'enjeu nous nous voulons pas jouer cet avenir pour un pari.
Nous ne travaillerons que dans des entreprises qui ont déjà initié ces changements ou qui sont prêtes à remettre en cause leur modèle de développement.
Nous, les étudiants et les jeunes engagés, nous sommes peut-être déterminés mais nous ne pouvons pas seuls changer les modes de consommation d'un pays tout entier. En effet, la prise en compte des enjeux du changement climatique et de l'effondrement de la biodiversité est une responsabilité commune. Les actions individuelles, isolées, n'ont qu'un impact négligeable sur cet élan collectif vers l'autodestruction. De nombreuse décisions urgentes pour enrayer la crise écologique devront être prises avant que nous arrivions dans la vie active. On ne peut pas se permettre d'attendre que nous, jeunes engagés, soyons aux manettes pour entamer le changement.
Pour résumer nos propos nous ne nous considérons pas comme des utopistes mais comme des pragmatiques. Tout au contraire, l'utopie est du côté de ceux qui pensent que le "business as usual" peut se poursuivre calmement sur cette planète en plein bouleversement. Il est devenu très urgent de nous mobiliser massivement pour un changement et ne pas laisser aux jeunes qui vont en hériter un monde invivable. Nous ferons partie de cette mobilisation.
Mais ce que l'on ne veut pas c'est qu'en sortant de ce colloque vous vous disiez les X se mobilisent, le problème est réglé. Pour que cette mobilisation réussissent, il faut que vous aussi, enseignants, chercheurs, dirigeants, citoyens, vous vous mobilisiez avec nous.
Nous, étudiants et jeunes diplômés, faisons le constat suivant : malgré les multiples appels de la communauté scientifique, malgré les changements irréversibles d’ores-et-déjà observés à travers le monde, nos sociétés continuent leur trajectoire vers une catastrophe environnementale et humaine.
"Épuisant", "stressant", "déprimant"... Des climatologues nous racontent leur désarroi face au manque d'actions contre le réchauffement.
Octobre 2018. Les délégués des Etats de l'ONU, réunis à Incheon en Corée du Sud avaient eu à se pencher sur le dernier rapport des scientifiques du GIEC consacré à la montée des dérèglements climatiques et au retard pris pour les contrer.
A l'évidence, ce dernier rapport avait révélé aux scientifiques eux-mêmes l'étendue de la catastrophe prévisible. Pour ne pas décourager ou démobiliser ceux et celles qui leur font confiance, ils préfèrent taire les pensées et les émotions qu'ils ne peuvent refouler quand ils quittent leur laboratoire.
"C'est sans doute la période la plus difficile que j'ai vécue dans mon travail" constate Andrew Rosenberg, biologiste marin américain et directeur du Centre pour la science et la démocratie au sein de l'Union des scientifiques inquiets.
"On a l'impression d'être toujours annonciateurs de mauvaises nouvelles. En tant que citoyen, j'y crois plus trop en fait, je ne crois plus au fait qu'on va arriver à lutter contre le changement climatique et à éviter ce qu'on prédit", déplore Benjamin Sultan, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
"C'est quelque chose qui prend une place importante dans ma vie quotidienne. C'est quelque chose qui nous tourne dans la tête tout le temps" confie Valérie Masson-Demotte.
Tous déplorent un manque d'action de la part des pouvoirs publics.
"Depuis une trentaine d'années, rapport après rapport, les scientifiques montrent le changement climatique. A l'échelle globale, rien ne se passe", regrette Gilles Ramstein, directeur de recherche au CEA. "On n'a pas arrêté de lancer l'alerte ! Face à ça, il y a un manque d'action, d'ambition. Il y a une très grande frustration de voir qu'alors que l'on sait que le climat se dégrade, les décideurs et les citoyens n'agissent pas suffisamment", abonde Jean-Pascal Van Ypersele, professeur de climatologie belge et ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
"En tant que climatologue, on parle souvent des conséquences pour la fin du XXIe siècle et ça paraît loin. Finalement il y a peu de personnes qui s’intéressent ou qui veulent prendre des responsabilités sur un temps aussi long", explique Françoise Vimeux climatologue à l'IRD.
Cassandre.
"Nous nous approchons du bord du gouffre..."
Dans un discours prononcé au siège des Nations Unies à New York, en septembre 2018, António Guterres, le Secrétaire général de l’Organisation, adressait aux peuples du monde un discours d'une profonde sensibilité. "Chaque jour où nous ne parvenons pas à agir est un jour où nous rapprochons un peu plus du destin qu'aucun d'entre nous ne souhaite. Un destin qui résonnera à travers les générations dans les dommages causés à l'humanité et à la vie sur terre".
Incendies monstres, vagues de chaleur, tornades, inondations... "Le monde change sous nos yeux", nous rappelle-t-il. Le message s'adresse en particulier aux "policymakers" tel que l'ONU désigne les responsables politiques et dirigeants d’entreprises, tous ceux qui s'attribuent le titre de "décideurs" : "ce qui rend cela encore plus inquiétant, c'est que nous avons été prévenus. Les scientifiques nous le disent depuis des décennies. Encore et encore... Beaucoup trop de dirigeants refusent d'écouter."
Valérie Masson-Demotte, qui a co-présidé la cession du Giec d'octobre 2018 en Corée, lui répond comme en un écho :"Il y a un peu parfois l'impression d'observer une tragédie grecque. Vous savez ce qu'il va se produire et vous voyez les choses se produire"
Une tragédie grecque...
Cassandre, fille de Priam, roi de Troie, dont la beauté égalait celle d'Aphrodite, refusa les avances d'Apollon qui lui avait fait le don de prophétie. Vengeance indigne d'un dieu solaire, il la condamna à ce que personne ne la croie. Quand Troie fut assiégée, ses compatriotes refusèrent de l'entendre. Elle dut assister, impuissante, à la mort de ses proches et à la ruine de la ville.
"Pourquoi m’as-tu chargée de proclamer tes oracles avec une pensée clairvoyante dans une ville aveugle ? Pourquoi me fais-tu voir ce que je ne puis détourner de nous ? " lui fait dire Friedrich Schiller dans le poème qu'il lui dédie.
Et maudissant le dieu qui l'a condamnée :"Rends-moi mon aveuglement ; rends-moi le bonheur de l’ignorance" !
Toutes celles et tous ceux qui s'engagent dans la lutte contre le dérèglement climatique, comme les scientifiques du Giec, ne retrouveront plus jamais le "bonheur de l'ignorance". Il leur faudra résister au découragement, informer sans cesse, imaginer les bons gestes, saisir les dernières chances d'éviter le désastre.
Et lutter contre l'aveuglement volontaire de celles et ceux qui, spéculateurs, dirigeants d'entreprises, lobbies divers et dirigeants politiques, tirent profit de cet emballement.
Quelle sera la forme de cet affrontement ? Quelle en sera la conclusion ? Cassandre n'est plus là qui nous le dira.
Il s’agit d’un sombre tableau que dresse le GIEC dans ce deuxième volet de son sixième rapport d’évaluation. Il montre que le changement climatique constitue une menace grave et croissante pour le bien-être humain et la santé de la planète.
« Ce rapport est un terrible avertissement sur les conséquences de l’inaction », a affirmé l’économiste sud-coréen Hoesung Lee, président du GIEC.
Finalement, ce nouveau rapport du GIEC reste « un recueil de la souffrance humaine et une accusation accablante envers l’échec des dirigeants dans la lutte contre les changements climatiques », a déclaré pour sa part, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, pointant du doigt une « abdication de leadership criminelle ». « Les coupables sont les plus grands pollueurs du monde, qui mettent le feu à la seule maison que nous ayons », a-t-il dit.
Pourtant, près de la moitié de l’humanité vit dans la zone de danger – aujourd’hui et maintenant. « De nombreux écosystèmes ont atteint le point de non-retour – aujourd’hui et maintenant (...) Les faits sont là, indéniables », a-t-il ajouté dans un message vidéo.
Pour le chef de l’ONU, le rapport du GIEC met en évidence deux vérités fondamentales. « La première est que le charbon et les autres combustibles fossiles étouffent l’humanité », a insisté António Guterres, rappelant que ces combustibles fossiles sont une impasse pour la planète, l’humanité et pour les économies aussi.
Les climatologues souffrent-ils de l’indifférence autour de leur travail ? Iris Dion leur donne la parole dans la bande dessinée « Horizons climatiques », qui mêle vulgarisation scientifique et réflexions intimes.
Résumer l’ensemble des enjeux climatiques et des connaissances scientifiques sur le sujet sans être trop abscons ni complètement anxiogène est un défi délicat. Il est brillamment relevé par une bande dessinée très pédagogique, dense (plus de 300 pages), passionnante et parfois même drôle. Horizons climatiques, rencontre avec 9 scientifiques du Giec (éditions Glénat), qui paraît le 20 mars, raconte les pérégrinations d’une jeune chercheuse et de son voisin de palier, qui frise le dénialisme climatique, à la rencontre des plus éminents climatologues français.
Avec le dessinateur Xavier Henrion, Iris Dion, qui est aussi docteure en sciences de l’atmosphère et du climat, fait œuvre de vulgarisation par cette BD qui se veut accessible aux néophytes du climat, tout en offrant moult occasions d’approfondissement aux personnes déjà conscientisées.
Alors que le chantage à la bombe revient dans la réthorique russe dans un contexte de guerre en Ukraine, une réunion réunissant les signataires du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires se tiendra à Vienne le 22 mars 2022. Quel rapport entretient l'Europe avec la dissuasion nucléaire ?
Des activités de Greenpeace projettent sur la façade du Reichstag, le parlement allemand, un message contre le nucléaire militaire le 21 janvier 2022• Crédits : Tobias Schwarz - AFP
Face à la menace nucléaire brandie par la Russie, les Etats européens sont renvoyés à leurs propres questionnements quant au principe de dissuasion. Que les Etats soient personnellement dotés de la bombe comme la France ou placés sous le parapluie atomique des Etats-Unis, la dissuasion demeure une pièce maîtresse du dispositif de défense continental. Au niveau de son efficacité stratégique comme de sa légitimité démocratique, elle est néanmoins de plus en plus discutée, notamment dans le cadre de la prochaine réunion des signataires du traité sur l’interdiction des armes nucléaires de Vienne, qui aura lieu le 22 mars prochain.
Sur quels présupposés la dissuasion nucléaire repose-t-elle ? Comment les Etats du Vieux Continent peuvent-ils concilier ce principe avec l’impératif démocratique ? Et enfin, qu’est-ce que les histoires atomiques françaises et britanniques nous disent du rapport des deux pays dotés de la bombe à la question ?
Florian Delorme reçoit Benoît Pelopidas, professeur associé au CERI Sciences Po, fondateur du programme d’études du savoir nucléaire.
"Le système absolu [des trois unités mécaniques] pouvait être considéré comme incontournable tant que l'on pouvait espérer déduire l'électricité de la mécanique. Ce temps est révolu." Arnold Sommerfeld (1935)
Le système CGS (centimètre, gramme, seconde) adopté par la British Association en 1873, puis par les premiers congrès internationaux d'électricité, repose sur le choix de trois grandeurs dites fondamentales : longueur, masse et temps. Ces trois grandeurs permettent en effet d'exprimer toutes les grandeurs de la mécanique.
Il est possible d'exprimer également les grandeurs électriques en fonction des grandeurs de la mécanique, et donc dans les unités du système CGS. Mais suivant la relation choisie pour relier l'électricité à la mécanique (loi de Coulomb, loi d'Ampère ou autre loi), on obtient des systèmes différents. Deux systèmes CGS distincts ont été utilisés pour l'électricité depuis les années 1860.
Formateur en Histoire des Sciences à l'Institut Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM) de Bretagne, j'illustrais mes cours sur l'histoire de l'électricité par les expériences de Gray sur la conduction électrique et de Dufay sur les deux espèces d'électricité.
Expérience de Gray sur la conduction (gravure de Yan D"Argent)
Particulièrement spectaculaire : l'expérience d'attraction-contact-répulsion de Dufay. Un fragment de feuille d'or (sinon d'aluminium) est suspendu à un long fil fin de soie (ou de nylon isolant) au plafond. Un long tube de verre (du pyrex de préférence) de quelques centimètres de diamètre est frotté par un chiffon de coton bien sec (ou par un film de plastique synthétique). Quand le tube est approché à quelques décimètres de la feuille l'attraction puis la répulsion sont spectaculaires.
L'enseignant qui a pratiqué ces expériences dans une classe embuée par la respiration d'une trentaine d'élèves sait qu'il faut les préparer avec soin. En particulier le tube doit être rigoureusement sec. Pour ma part j'avais bricolé une longue boîte dont la partie supérieure était munie d'ampoules électriques qui faisaient office de chauffage. Chaud et sec, le tube répondait généralement à notre attente.
Le climat breton est réputé pour être modéré mais cet hiver là un froid particulièrement vif avait gelé tout le pays. Au plus fort de la période j'étais amené à faire un cours à Rennes. Jamais attractions et répulsions n'avaient été aussi spectaculaires. A plus de un mètre de distance la feuille d'or était attirée puis violemment repoussée. Et l'expérience pouvait se poursuivre pendant une heure sans autre préparation. Explication : la sécheresse de l'air. Nous n'en faisons pas souvent l'expérience en Bretagne mais il est connu que c'est en effet dans les périodes de grand froid que l'air est le plus sec.
Et voilà qu'une hypothèse nous vient à l'esprit. William Gilbert considéré comme le "père de l'électricité" remarquait dans les années 1600 que "les apparences électriques étaient plus fortes lorsque l'air était sec et que le vent soufflait du Nord ou de l'Est [.] mais qu'un air humide ou un vent du Sud anéantit presque la vertu électrique".
Franklin à son tour notait qu'il arrêtait ses expériences quand on entrait " dans la saison des grandes chaleurs". C'est donc le froid hiver nord américain qui pourrait expliquer les nombreuses et inédites observations relatées par Franklin et ses amis et que nous peinons souvent à reproduire dans nos classes.
Les expériences de Franklin rencontrent un tel succès en France que Louis XV demande à les voir réaliser. C'est ainsi qu'en mai 1752 l'expérience du paratonnerre est, pour la première fois, réalisée à Marly-le-Ville. Le physicien Guillaume Mazéas, qui y a assisté, fait connaître ces démonstrations à son correspondant britannique Stephen Hales. Sa dernière lettre date du 29 août. Il y fait savoir que "Comme l’année commence à tendre vers sa fin, je crois que ces observations seront les dernières pour 1752, époque qui sera toujours bien célèbre pour les amateurs de l’électricité". Sans doute cette "fin" est celle de la période de l'année où les expériences d'électrostatiques sont peu démonstratives. A noter : l'hiver 1752 a été particulièrement sec en France et l'été suivant particulièrement humide.
Quant aux Hauksbee, Gray, Dufay, Nollet... les spectaculaires démonstrations qu'ils donnaient dans les salons de la noblesse de leur temps n'étaient peut-être pas étrangères à ce "petit âge glaciaire" qui a régné sur l'Europe au cours des 17ème et 18ème siècle.
Hypothèse aventureuse ? Elle pourrait cependant rassurer les professeurs de physique, nos contemporains, qui doivent multiplier les précautions pour réussir leurs expériences d'électrostatique dans une époque où les hivers rigoureux et secs se font de plus en plus rares.
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Comme l'art ou la littérature,les sciences sont un élément à part entière de la culture humaine. Leur histoire nous éclaire sur le monde contemporain à un moment où les techniques qui en sont issues semblent échapper à la maîtrise humaine.
La connaissance de son histoire est aussi la meilleure des façons d'inviter une nouvelle génération à s'engager dans l'aventure de la recherche scientifique.